Le dernier des ministres franquistes vivants, Manuel Fraga Iribarme, vient de mourir avec tous les honneurs dus à ses états de service. Il y a quelques mois, dans une lettre qui « filtra », le président socialiste des Cortès, le socialiste José Bono, le couvrit d’éloges. C’est que rester autant de temps fidèle au « caudillo », au franquisme, qu’il ne cessa de légitimer, mérite des couronnes.
Un saint facho ce Fraga, ex ministre de « l’info ?!! » du temps où l’on fusillait, garrotait. Fraga répondait : ce sont les détenus, devenus cascadeurs, qui se jettent par les fenêtres des commissariats où ils sont interrogés avec la courtoisie que vous savez. Fraga sut ensuite se reconvertir, se « transitionner », et devint même président de Galice.
« Le Monde », peu suspect de sympathies franquistes, blanchit l’ex-fasciste ; il souligne son expérience politique et sa conversion à la démocratie. Comme « Le Figaro ». Dieu que c’est touchant !
Au même moment, ô combien symbolique, commence le deuxième procès (un troisième suivra), soit l’exécution professionnelle du juge Garzon, qui eut l’outrecuidance de s’attaquer à l’impunité du franquisme, à ses « crimes contre l’humanité », donc imprescriptibles (entre 130 000 et 150 000 républicains « disparus » gisent encore dans des fosses communes). Qu’ils y restent et ne rappellent pas de vieux souvenirs !
Garzon mena la vie dure à l’ETA, à Pinochet, aux scandales financiers du PSOE et du Parti Popular, aux GAL, aux ripoux cinq étoiles, à la délinquance en col blanc... Qu’il se mêle donc de ses affaires et laisse les deux grands partis politiques espagnols verrouiller consensuellement la « loi d’amnistie » (d’impunité) de 1977, « la transition modélique », la « monarchie immaculée ». « Garzon : paredon !! » : Garzon , au poteau !!
Jean Ortiz
Lu sur son blog
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