La disparition de l’URSS 25 ans plus tard : Réflexions (I) par Jose Luis Rodriguez

, par  dariokhos

Le 14 mai 2016 à 23:19, par dariokhos En réponse à : La disparition de l’URSS 25 ans plus tard : Réflexions (I) par Jose Luis Rodriguez

Il y a dans ce texte quelques inexactitudes et surtout l’oubli d’une problématique fondamentale.
Inexactitudes notamment quant à Cronstadt 1921 dont la responsabilité incombe quasi totalement à Trotsky (les 3 Géorgiens, par exemple, étaient absent lors de la décision). Inexactitude enfin et surtout quand il s’agit de prendre pour vérité absolue le soi-disant testament de Lénine (avec la soi-disant demande de rétrogradation de Staline) dont on sait aujourd’hui qu’il a été en réalité écrit par Nadejda Kroupskaïa, la compagne de Lénine. D’ailleurs, le comité central n’a absolument pas suivi cette « recommandation », preuve qu’elle était peu crédible.
Pas un mot non plus sur toutes les tentatives de renverser le pouvoir socialiste, notamment animées (mais pas seulement) par les trotskystes.
En revanche, des remarques justes sur le caractère daté et limité de la NEP et sur la difficulté et le temps pour changer les mentalités (ce qui relève de la révolution culturelle ; remarque neutre, je ne suis pas et n’ai jamais été maoiste).
Mais la question fondamentale est évitée : la constitution de 36 en finit avec les Soviets, au prétexte que « la lutte des classes est terminée en URSS ». Fausse évidence sur laquelle Jdanov et Staline reviendront après la guerre dans plusieurs écrits spécifiant qu’il y a encore de la lutte des classes. Donc, au-delà des arguties sur la « démocratie », la vraie question sur la disparition du socialisme en URSS est que
1. le capitalisme a des moyens qui lui ont permis de renverser le socialisme, et alors ? La Commune a duré 73 jours, l’URSS 70 ans, le prochain durera plus longtemps, mais le capitalisme ne se laissera pas abattre, il tentera toujours de reprendre ce qu’il a perdu, c’est la lutte des classe, c’est la guerre idéologique ou physique.
2. la lutte des classes dure longtemps après l’instauration de la dictature du prolétariat ; l’établissement de la constitution de 1936 est un erreur notable. La dictature du prolétariat doit durer le temps qu’il faut pour réduire tous les ennemis de classe définitivement.
3. C’est Khrouchtchev et le 20e congrès (très curieusement absents de ce texte) qui ouvrent la voie définitive à l’enterrement du socialisme. Le thème bourgeois du « culte de la personnalité » règne aujourd’hui encore et trop de gens pensent que ce congrès a servi à en finir avec l’autoritarisme de Staline (ou ses crimes). En réalité il a permis de développer la notion de coexistence pacifique (on ne combat plus les impérialismes) a donc fait baisser la garde du combat idéologique permanent et a assis la théorie droitière de Thorez et Togliatti comme quoi il était possible d’arriver au socialisme par les élections. On peut demander à Allende et Chavez ce qu’ils en pensent. Illusion totale. C’est cela qui a transformé tous les partis communistes d’Europe capitaliste (sauf le KKE) en partis opportunistes puis sociaux-démocrates.

Je terminerai en ajoutant qu’en 68 en Tchécoslovaquie, il s’agissait non pas de chercher je ne sais quelle réponse aux soi-disant questions d’un socialisme « moderne » mais bien de renverser la socialisme. A preuve Dubcek est revenu en 1989 et, aux côtés de l’ultra-réactionnaire Havel, a fait partie des fossoyeurs du socialisme. En général, quand on accole ce genre de qualificatif au socialisme (moderne, nouveau, à inventer, ou les étoiles, etc.), c’est un cache-sexe pour dire retour au capitalisme (mais peint en rose).

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