Utopie… ? D’une construction révolutionnaire de l’alternative !

, par  Pascal Brula

Le 23 février 2016 à 16:27, par Pascal Brula En réponse à : Utopie… ? D’une construction révolutionnaire de l’alternative !

D’accord pour l’analyse de l’échec du Front de gauche, encore que l’on peut rajouter bien d’autres causes, notamment celle du programme qui n’est absolument pas crédible, voire même horriblement réformiste : par rapport à « l’humain d’abord », les 110 propositions de Mitterrand font même figure « révolutionnaire » (cf. notre analyse, http://lepcf.fr/Programme-partage-du-FG-l-heritier). De plus, il faut rajouter l’acceptation par le FDG de l’UE et de l’euro qui l’a rendu encore moins crédible, sauf aux yeux des « couches moyennes » hypnotisées par le Saint-Graal européen.

Ce qui me gène dans cette analyse, c’est qu’elle est vraiment utopique, à savoir idéaliste au sens marxiste du terme, c’est-à-dire entièrement créée par la pensée et ne reposant pas sur une base concrète. Ce qui est proposé ressemble beaucoup à la démarche mouvementiste, comme par exemple celle de Podemos, car même s’il s’en garde, l’auteur met de côté « les partis » dont on ne sait pas bien à quoi ils peuvent servir dans son schéma. Or d’où pourraient bien venir ces « collectifs citoyens » ? D’une génération spontanée, qui serait capable de s’extraire de l’idéologie dominante de manière spontanée ? Ces comités tomberaient du ciel, ne reposant que sur l’air du temps ? Désolé de contredire l’auteur de ce texte, mais si cela se réalisait, il y aurait toujours derrière de tels collectifs, un ou des militants politiques. J’ai beaucoup milité en milieu universitaire dans l’après mai 68, et c’est typiquement le genre de démarche que nous servaient les gauchistes (plutôt trotskistes) cherchant à avancer masqués derrière des comités Théodule…

Autre problème… Qu’est-ce qu’un citoyen ? Une sorte de membre « asexué » du peuple ? Mon ex-patron est un citoyen, l’éboueur est un citoyen, l’institutrice est une citoyenne. Là encore, les connaissances accumulées par les communistes de tous poils au fil des décennies, m’ont appris que nous n’avions pas les mêmes réactions, la même manière de penser, les mêmes intérêts, selon que nous vendions notre force de travail ou pas, de quelle manière nous exercions cette force de travail, combien nous la vendions, etc… Cela s’appelle les classes sociales. Il n’est donc pas possible de s’enfermer dans un schéma « citoyen », mais, en tant que communistes, nous devons raisonner en termes de classes, de lutte de classes, et d’alliance de classes, sous peine d’aller irrémédiablement au casse-pipe.

Au final, derrière tout cela, je sens encore et toujours cette méfiance, voire ce rejet des partis politiques, qui a des relents de spontanéisme, d’amateurisme et de naïveté politique, caractéristiques de l’idéologie des anars ou de la petite bourgeoisie. Or, dans la situation actuelle, le problème n’est pas de constituer des « collectifs citoyens », mais bien de reconstruire un parti communiste digne de ce nom. En l’absence de ce dernier, les tentatives de le remplacer en créant ce type de comités (antilibéraux, citoyens ou Théodule), basés sur des « citoyens », seront vouées à la marginalité et à l’échec. On ne peut pas penser « prendre le pouvoir » uniquement en manifestant de bonnes intentions, fussent-elles les meilleures. Face au capitalisme et ses énormes moyens, il y a besoin de s’organiser, de profiter des outils idéologiques et organisationnels que nous ont légués nos prédécesseurs, de s’armer de notre interprétation de l’histoire et de connaître dans ses moindres détails l’économie capitaliste que l’on est censée combattre, ainsi que de savoir où l’on va. Cela ne peut se faire que dans un parti communiste.

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