Pour préparer l’AG du réseau à la rentrée
Réflexions municipales-crise sanitaire

, par  Paul Barbazange , popularité : 5%

Avant les prochaines échéances, avec une rentrée sociale et économique qui sera terrible, nous avons besoin d’ajuster notre réflexion aux réalités. Nous avons donc besoin de nombreuses contributions émanant des sections et de l’action de chacun. Quelques éléments à partir de mon militantisme à Béziers.

Béziers, le 12 juillet 2020
Je viens de recevoir l’appel à réflexions de MCB pour préparer l’AG de rentrée du réseau.

J’ai lu le rapport de Fabien Roussel au CN de juillet et l’intervention de MCB à ce CN.
J’espère que d’autres interventions de membres du réseau seront vite publiées.
Et j’ai bien entendu participé à la bataille des municipales dans ma ville, mon département et ma région ainsi qu’au maintien du maximum d’activités du PCF (journaux de section, collecte pour le premier mai, appels individuels et conférence téléphonique) pendant la période de confinement.

D’abord je me reconnais tout à fait dans la courte intervention de MCB. Ce qui n’est pas nouveau, ce qui l’est plus, c’est que je me retrouve aussi bien dans celle de Roussel. Ce n’était pas le cas depuis des dizaines d’années pour nos secrétaires généraux successifs et de mois en mois, je me sens mieux avec celles de Roussel.
Autant le souligner.

Mes remarques sur les municipales : Robert Ménard a été réélu dès le premier tour haut la main avec 68% des voix, une participation dans les très faibles moyennes nationales et un vote encore plus faible dans les quartiers populaires.
Aucun rejet massif de Ménard alors que rien de fondamental n’a changé en un mandat hormis des mesures tape à l’œil comme des aménagements de la place principale pour plus de dix millions d’Euros, l’installation d’une grande roue qui ne tourne jamais, l’explosion du budget de la police municipale et un bilan de deux morts lors des interventions de celle-ci ces trois dernières années, la baisse des subventions d’aide sociale, un journal municipal d’extrême droite s’exprimant sur toutes les questions, une bataille idéologique soigneusement menées par Ménard sur tous les terrains (racisme, colonialisme, violences sociales contre les pauvres, rassemblement des droites...). Je relève que lors de la manifestation post COVID avec les hospitaliers devant l’hôpital, manifestation nombreuse d’ailleurs, le secrétaire du syndicat FO hospitalier qui a pris la parole est un soutien public de Ménard sans que cela ne crée le moindre remous dans l’assistance.

Notre tête de liste, Nicolas Cossange, a été élu en remplacement d’Aimé Couquet. Il est le seul élu de la liste d’union de la gauche (PC, PS, radicaux, personnalités). Après de très longues tentatives de jonction (que nous avons menées de façon publiques !) avec EELV, parti finalement avec la FI et une liste dite citoyenne, classée plutôt à gauche mais insignifiante en dehors du tapage "citoyen". Tapage qui a pour certains un sens, à nous de bien le comprendre.

La section du parti socialiste a explosé en deux parties et seule une moitié légèrement majoritaire est venue avec nous (comprenant quand même l’élue régionale, ancienne députée élue avec 13 voix d’avance il y a quelques années). La liste FI-EELV est derrière nous. Notre liste n’a réunie que 6,12% des voix... Ce qui est vraiment très peu pour la liste de Gauche. En 2014, premier tour : PC 6,30% ; PS 18%, Ménard élu au second tour avec 47%, liste d’union de la gauche 37%, Aboud LR 17%.

Pendant des mois certains militants socialistes et même des membres de l’électorat et du parti communiste ont été tentés par un regroupement avec la droite centriste soutenue par Larem. L’idée de battre Ménard et le FN à tout prix effaçant tout. Finalement cette liste n’a réuni que 12% des voix. A Béziers l’opération Ménard-FN de regroupement de la droite extrême fonctionne toujours à fond comme en 2014.
Nous nous sommes fortement appuyés dans la campagne sur nos liens avec une partie des militants et dirigeants CGT et les fortes mobilisations contre la réforme Macron des retraites, même si la FI a essayé de nous concurrencer dans ce domaine tout en étant gênée par son attelage avec EELV.

Les questions du lien "question écologiques questions sociales", du rejet par certains groupes sociaux de salariés des élus en place, du mythe "citoyen" sont bien là. La question déterminante restant celle du retour des milieux populaires au vote et au vote incluant les communistes à chaque premier tour. Par quels chemins le gagnerons nous ?
Celui de la participation aux luttes sera décisif, il ne suffira pas. Pour avoir longuement discuté politique et politique municipale dans les manifestations "retraites" à la veille du premier tour, je m’interroge sur l’abstention et même sur le vote de nombreux de mes interlocuteurs avec qui nous arpentions le pavé. Le cas extrême étant un postier en lutte qui m’a vanté le vote Ménard : "Nous avons un bon maire, gardons le". L’argument que j’ai donné : "Mais sa femme est députée apparentée FN à l’Assemblée nationale et vote les pires mesures contre lesquelles tu manifestes" lui a glissé dessus sans aucun effet.

Au plan départemental, nous avons eu de grandes difficultés à trouver des candidats communistes dans les petites et moyennes communes, y compris dans des endroits où l’objectif de "sortir les sortants" aurait pu susciter si ce n’est des vocations au moins des engagements ! L’état de désorganisation du parti pèse. Le recensement méthodique en cours des élus communistes et sympathisants permettra peut-être d’y voir un peu plus clair, tout comme le résultat des élections aux communautés de communes.

En biterrois nous avons perdu une importante municipalité viticole de vieille implantation communiste, en 2014 un maire communiste sur le départ y avait été réélu à la suite d’un accord personnel avec le PS et depuis le parti s’y est "éteint" par étapes avec la complicité de nombreux militants dits unitaires ! Cette situation locale contraste avec la belle réélection d’un maire communiste toujours soucieux de la vie du parti dans une autre commune viticole. Dans les deux cas, le FN avait été pratiquement majoritaire aux précédents scrutins.

Sète : l’impossibilité de construire une liste complète de gauche au premier tour et un accord bien trop tardif avec le PS au second tour, de très anciennes et violentes rivalités PS-PC, ont permis la réélection du maire LR sortant. Marginalisant un peu plus notre parti. Notons dans cette ville l’échec de la tentative d’union des droites-FN pour laquelle Ménard s’était déplacé en personne.
Échec du même type pour le FN à Frontignan où la liste de gauche repasse (avec changement de maire) ; nous aurions pu avoir un adjoint de plus si nous avions trouvé un candidat.

Reste Montpellier et c’est essentiel, la métropole regroupe plus de la moitié de la population du département !
Belle victoire de la liste de gauche avec les communistes, trois adjoints communistes et une adjointe à la métropole dans la 9ème ville de France. Avec plusieurs élus ayant fait les mêmes choix que nous lors des précédents congrès dont Clara Gimenez jeune élue sur notre proposition au CN. Ce malgré l’héritage du "frêchisme", une section du parti très divisée, des débats compliqués à la limite du délire... mais la réalisation de l’union de la gauche PS/PC (sans la FI très divisée et les verts explosés) a emporté le vote avec une abstention très élevée... Le travail de nos nouveaux élus sera rude et méritera toute notre attention et l’aide collective nécessaire. Les montpelliérains donneront leur analyse.

Au plan régional, concernant la ville de Perpignan. Succès de l’orientation Ménard-FN, échec du Front républicain dans une ville de plus de 100.000 habitants ; même schéma 5 ans plus tard qu’à Béziers : un candidat Front National implanté et combatif, une droite LR s’effaçant par usure, une des villes les plus pauvres de France. Notons cependant que les politologues estiment que le FN a connu dans la région de nombreux échecs dans des villes et villages où les résultats de ses candidats aux présidentielles, législatives, européennes pouvaient lui donner de sérieux espoirs.

Cette réflexion sur les municipales perdrait une grande part de son sens si elle n’était pas marquée par la crise sanitaire que nous traversons. Le monde, l’économie mondialisée est en crise. 12 ans après la grande crise de 2008 nous sommes entrés dans une nouvelle crise majeure ; les économistes marxistes qui l’attendaient au bout d’une dizaine d’années ne se trompaient pas. Encore faut-il prendre la peine de la caractériser avec finesse, être conscients déjà de son caractère dramatique, plus grave que 1929 et 2008. Un débat a été lancé dans ma section : "Énième crise économique du capitalisme après 1929, 1974, 2008... ou crise(s) d’un nouveau type : sanitaire et environnementale, écologique, économique, sociale, politique et donc culturelle. J’opte personnellement pour la seconde hypothèse et toutes les conséquences qu’elle implique : nécessité de la recherche de propositions de ruptures révolutionnaires avec le capitalisme, adaptées à chaque situation nationale, continentales (UE, Afrique, ALENA...). Toutes mettant le socialisme (droits et devoirs des travailleurs, planification, bataille idéologique intense, solidarité internationale...) et le communisme comme moyen et comme fin en fonction des possibilités de mobilisations locales.

La différence majeure avec la situation idéologico-politique avant la crise sanitaire étant que pour de très nombreux citoyens la question de la liaison de l’écologique et du social est si ce n’est infiniment mieux comprise au moins plus compréhensible.
Pour moi les municipales et le succès des listes d’union de la gauche a fort contenu écologique le démontrent dans de nombreuses villes de toutes tailles.

Je terminerai cette réflexion provisoire en une phrase de Fabien Roussel au dernier CN : "D’autre part ces résultats montrent, mais nous n’en doutions pas, que la question écologique est aussi importante que la question sociale... Recherchons l’articulation de ces enjeux" p.5 du rapport. Je trouve cette formulation juste, d’avenir si nous savons nous en saisir pour regagner peu à peu la confiance dans le vote pour le parti communiste porteur ("ou agissant en faveur" lorsque nous sommes très minoritaires) de changements révolutionnaires et de larges rassemblements dès le premier tour, d’une partie des plus pauvres leur permettant de sortir du sentiment d’abandon provoqué par plus de 20 ans de gauche "caviar". Les convergences à réaliser avec d’autres couches salariées ne seront possibles, à mon avis, qu’à ce prix.

Paul Barbazange

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