A Mantes-la-Jolie, la municipalité de droite a célébré le 8 mai 1945, square Brieussel, là où un monument a été érigé « (...)
Propos de Jacques Sapir : Billet d’humeur !
Jacques Sapir a produit à plusieurs reprises des textes fort utiles à tous ceux qui considèrent que la sortie de l’euro et la rupture avec les institutions européennes sont des conditions nécessaires, mais non suffisantes, de la sortie de l’austérité et du combat contre le capital.
Mais nous pensons qu’il se trompe gravement lorsqu’évoquant la nécessité de « Front » pour la sortie de l’euro, il dit :
« A terme, la question des relations avec le Front National, ou avec le parti issu de ce dernier, sera posée. Il faut comprendre que très clairement, l’heure n’est plus au sectarisme et aux interdictions de séjours prononcées par les uns comme par les autres. »
Cela arrange bien évidemment ceux qui tentent depuis plusieurs années d’amalgamer les partisans de la sortie de l’euro et de l’Union européenne à l’extrême droite. Et ce d’autant qu’après la leçon grecque, ils n’ont que cela à se mettre sous la dent !
Il n’empêche que la question qui est posée n’est pas de donner une légitimité supplémentaire à un parti d’extrême-droite, mais au contraire d’ouvrir une perspective de combat et de transformation sociale qui contribue à le marginaliser dans le peuple.
Autant nous ne renonçons pas au dialogue et à l’action avec les citoyens qui se laissent emporter dans cette duperie, autant nous ne devons pas céder d’un pouce avec eux sur la nature du Front National : ce parti reste profondément un parti fasciste. Et ce qui se passe dans toute l’Europe et notamment en Ukraine doit conduire à ne pas plaisanter avec cela.
L’exclusion du Père, devenu incontrôlable, révèle surtout que Marine Le Pen ne veut pas prendre le risque de « la phrase qui tue » aux présidentielles, elle veut gagner. Et j’oserai ajouter que pour être à la hauteur de cette toute puissance qu’elle veut représenter, il faut bien symboliquement qu’elle tue le Père !
Regardons les faits : partout où le FN dirige, à Béziers comme à Hénin-Beaumont, les décisions s’en prennent au familles populaires et visent à désigner des boucs émissaires qu’il faudrait priver de droits qu’ils ne mériteraient pas.
Partout où le FN mène campagne, il le fait sur les idées de l’exclusion de l’autre et du chacun pour soi.
Le projet du FN reprend un certain nombre de propositions favorables au monde populaire, mais il n’est écrit nulle part quelles batailles et quels actes seront nécessaires pour mettre en œuvre de telles mesures. Car, dans la tradition du national socialisme comme du fascisme à la Mussolini, ce catalogue n’est pas destiné à être réalisé. Il peut toujours évoquer la hausse des salaires, tout est dit quand il propose « des syndicats plus représentatifs (...) à même d’entrer dans des logiques de concertation constructives et moins tentés de recourir à un rapport de forces ». Il s’agit d’appâter le peuple, voire de l’acheter, pour mieux le saigner ensuite.
Quant à sa vision du monde, elle est dite dans son passage sur l’immigration : chacun pour soi et tant pis pour ceux qui crèveront !
Le FN parle beaucoup de la nation. Pétain parlait lui aussi beaucoup de la patrie quand il venait de la vendre ! Et la nation et la République ont été mises au fil de l’histoire à toutes les sauces ! La nation que nous défendons « répond toujours de Robespierre » comme dit la chanson ! Il coupait les têtes des rois quand Jeanne d’arc, héroïne du FN, s’occupait de les couronner. Nous défendons la nation parce qu’elle est indissociable des luttes de classes, ce qui en fait une construction populaire, et que la souveraineté nationale est une conquête des peuples contre le pouvoir des seigneurs puis des colonisateurs et des affairistes.
Cartographie de l’extrême-droite (source la horde)
Si une part de l’extrême-droite nationaliste a pu effectivement se retrouver dans la résistance, elle n’était pas représenté au CNR, car elle ne pouvait accompagner les objectifs de transformation sociale qu’il portait !
Au delà du Front National, quelles sont ces forces politiques de droite qui porteraient la sortie de l’euro et de l’UE à part Dupont-Aignant, qui reste marginal et rencontre le tout aussi devenu marginal "Chevènement". Voilà bien un non évènement !
Le parti socialiste, les partis de droite sont complètement disqualifiés par leur ligne pro européenne qui les a conduits à voler, violer même, le Non de 2005 au peuple.
Si un Front doit se construire aujourd’hui en France, ce n’est pas à partir des "élites politiques" disqualifiées mais bien des forces sociales. Il s’agit de construire l’unité du peuple, celle de ceux qui sont nés en France et ceux qui sont venus d’ailleurs, celle des ouvriers, des fonctionnaires, des techniciens, des CDI avec les précaires… avec l’apport absolument nécessaire des intellectuels. Et bien sûr, dans un tel rassemblement, la force des propositions de transformation sociale est essentielle. Dans ce contexte, et quelle que soit sa faiblesse, nous pensons que la position du PCF sur l’euro et l’UE est déterminante et c’est pourquoi nous ne renonçons pas à la transformer !