
Il faut un grand parti communiste pour permettre un rassemblement populaire majoritaire !
La base commune votée par le conseil national s’inscrit dans la continuité des stratégies d’alliance poursuivies depuis la mutation, avec les collectifs anti-libéraux puis le Front de Gauche. Elle affirme ainsi que « pour changer le rapport de forces, la construction de majorités populaires est la clé. Les échéances de 2017 sont une étape incontournable pour réaliser ces changements. ». Alors que de plus en plus de communistes mesurent l’impasse dans laquelle est la gauche, avec un parti socialiste à droite, et un Front de Gauche émietté, mesurent le piège de l’électoralisme qui conduit à subordonner le mouvement social aux alliances électorales, cette orientation est une impasse. Il est urgent de renverser nos priorités politiques, en travaillant d’abord à ce qui fait grandir le rassemblement populaire en nombre, en conscience, en efficacité. On ne le fait pas par assemblages de forces organisées, mais en lui permettant de grandir dans les entreprises et les quartiers. Pour cela, il faut un parti communiste portant une orientation nationale cohérente et lisible, aidant les mobilisations à s’inscrire dans la perspective du changement de société, et donc dans l’unité la plus large du peuple. Les fronts et les alliances électorales ne peuvent être qu’un moment et un moyen au service de ce qui fait un peuple uni, conscient et organisé.
Nous proposons une formule courte qui résume une alternative à l’orientation de la base commune : « Le parti sans rassemblement est impuissant, le rassemblement sans parti est inconscient ».
Que demande le peuple ? Une autre société !"
La base commune proposée par le conseil national, s’inscrit dans la rupture théorique et idéologique avec ce dont a été porteur le parti communiste de 1920 aux années 1990. Cela se traduit par un vocabulaire nouveau qui souvent ne résiste pas au réel. Ainsi le parti s’est mis à dire « libéralisme » à la place de « capitalisme », avant que le mouvement social lui-même ne réintroduise le mot. « Lutte de classes » a disparu des textes depuis le 33e congrès, avant de réapparaitre devant la violence capitaliste ces derniers temps. Nous pensons aujourd’hui que parler de « l’humain durable » ou de « temps en commun » pour ne pas parler de société socialiste, est une impasse illisible et inefficace. Un grand questionnaire pour savoir ce que demande le peuple nous enferme dans l’inutilité de la perte de repères, de références.
Oui nous avons un projet de société ! Et si nous tirons des leçons des expériences passées, nous devons dire à notre peuple « il faut une autre société, une société socialiste réduisant, par de larges nationalisations des grands moyens de production et d’échange, le pouvoir de la bourgeoisie, recherchant des coopérations internationales libérées de la domination des règles des marchés, rompant radicalement avec les règles de la concurrence et de la spécialisation, pour imposer la planification en réponse aux besoins, le pouvoir des travailleurs dans une république sociale ».
Accélérer la métamorphose du PCF ou relever le défi d’un grand parti communiste
Le texte « ambition communiste » constate que le PCF a beaucoup changé, mais affirme « qu’il faut aller plus loin ». Or le parti communiste a beaucoup changé dans la stratégie d’union de la gauche depuis les années 60. Il a progressivement privilégié les batailles électorales à l’effort d’organisation militant, la recherche du compromis à l’affirmation d’un projet révolutionnaire... Et les changements accélérés depuis la mutation de Robert Hue ont comme résultat l’affaiblissement militant sur le terrain, la disparition des cellules d’entreprises, l’organisation en quasi-tendance, et de lourdes pertes d’élus et de points d’appuis du « communisme municipal ».
Non seulement, nous ne pensons pas qu’il faut aller plus loin, mais nous affirmons que malgré les difficultés et le rapport de force défavorable, il faut d’urgence relever le défi de l’existence d’un grand parti communiste !
Sortir de l’impasse de l’union de la gauche, comme de la gauche de la gauche...
Depuis des années, nous payons lourdement notre participation aux gouvernements de gauche qui ont mené des politiques de privatisations, d’austérité, de désindustrialisation, de guerres... Mais nous continuons à chercher une nouvelle forme d’union électorale, avec un parti socialiste qui retrouverait la gauche, ce que propose Pierre Laurent, ou avec une gauche de gauche qui renverrait le parti socialiste au centre, ce que propose Marie-Georges Buffet depuis des années.
C’est ce que portent les deux textes issus de la direction nationale, « le temps du commun » et ’l’ambition communiste« qui ne veulent pas tirer les leçons des dernières décennies pour sortir enfin de l’électoralisme qui réduit la construction politique aux batailles électorales. Nous devons retrouver ce que le 25e congrès du PCF avait tenté de définir comme un »rassemblement populaire majoritaire", et situer nos stratégies électorales au seul service de ce rassemblement. Toute alliance ou formule d’appareil, quelles que soient son nom, front, mouvement ne fait toujours que renvoyer l’action nécessaire à la prochaine échéance. L’expérience des grands meetings des présidentielles de 2012 nous montre à quel point ces mobilisations se sont évanouies sur le terrain dès les législatives, n’ayant que faiblement et momentanément renforcé le parti.
Au contraire, nous avons l’expérience dans de nombreuses élections locales de notre capacité à construire de larges rassemblements autour de nos candidats, en assumant pleinement le rôle du parti communiste comme aux municipales de Vénissieux et Gardanne, ou aux régionales en Rhône-Alpes.
Cessons de cacher le parti communiste derrière des alliances !
C’est dans le monde du travail et les quartiers populaires que se joue l’avenir du PCF !
Le discours des 99%, malheureusement repris en titre par Pierre Laurent est totalement déconnecté des réalités vécues par le peuple. La situation du Brésil, comme d’autres expériences progressistes d’Amérique Latine, montre au contraire à quel point les peuples peuvent être divisés dans des contradictions sociales qui ne se limitent pas à leur opposition aux grandes oligarchies !
Le fait est que la grande bourgeoisie construit en permanence ses alliances et se préoccupe de ne pas se limiter aux « 1% » des plus riches. Nous avons tous fait l’expérience de cette droite populiste qui venait dans nos villes défendre les pauvres et les chômeurs, pleine de haine et de mensonges, mais marquant souvent des points contre nous.
Non, nous ne rassemblerons par les 99% sans avoir d’abord reconstruit nos forces là ou nous sommes indispensables pour contrer le Front National, faire grandir les résistances et les solidarités !
Oui, nous devons de nouveau être le parti des ouvriers, des paysans, des employés, des infirmières, des vendeuses, des agents de services... bref, de tous ces métiers qui font une large part du peuple, potentiellement majoritaires, mais qui savent qu’il y a d’autres couches sociales dans la société, qui sont de fait « supérieures » dans les institutions, les directions d’entreprises, les médias, le système financier. C’est la condition pour faire grandir la conscience de ce que le parti communiste et appelait les « 200 grandes familles », et donc les possibilités de rassemblement majoritaire.
C’est d’abord à cela que doit servir un parti communiste. Permettre au peuple travailleur de se sentir capable d’être la force sociale dirigeante.