La poussée de l’extrême droite et les difficultés des communistes en ce moment historique (les deux thèmes qui sont à la base de la discussion de cette conférence nationale) font partie de la réflexion de tous les partis communistes dans le monde occidental. La séquence électorale française n’est qu’un élément d’un phénomène beaucoup plus large, qui se reflète au niveau électoral mais qui a des racines plus profondes et qui, en effet, dépasse les frontières françaises.
Il n’est donc pas possible de répondre à ces problèmes en maintenant le débat dans un cadre exclusivement français. Il ne suffit pas de rechercher les erreurs tactiques ou électorales du Parti communiste français pour trouver la solution au problème : l’interview inappropriée d’un tel leader, la campagne de communication mal conçue, une sélection insatisfaisante des candidats. Ces critiques, même lorsqu’elles sont fondées, ne suffisent pas à expliquer un phénomène historique mondial. S’en remettre à elles seules pour changer la situation conduira donc à de nouvelles déceptions à l’avenir.
Notre tâche principale est (ou devrait être) avant tout d’identifier les grandes tendances à long terme qui traversent le monde contemporain (celles qui dépassent la France et l’Europe et déterminent l’orientation générale du monde) et d’identifier leurs contradictions internes. Ces contradictions qui, à terme (mais l’histoire est soumise à des accélérations imprévisibles), peuvent permettre, à travers l’action politique, de dépasser ces tendances objectives et de déterminer un tournant des relations mondiales dans un sens progressiste et socialiste. En substance, la tâche des communistes est de faire exploser les contradictions objectives au sein des tendances à long terme afin de changer une réalité qui semble inéluctable.
Depuis cette perspective, le Parti Communiste acquiert une profondeur qui est aujourd’hui inconnue à notre époque, mais qui était normale dans le passé. C’est-à-dire que le Parti Communiste n’est pas simplement un instrument de participation électorale (comme tous les autres partis). Le Parti Communiste est (et dans ses meilleurs moments a été) beaucoup plus. Il a été l’instrument collectif avec lequel les classes subalternes se sont rebellées contre un destin qui semblait inéluctable. Une inéluctabilité due à un passé dans lequel leur rôle avait toujours été d’accepter passivement leur position sociale, et dans lequel les rébellions ne s’étaient jamais transformées en révolutions, c’est-à-dire en changements permanents de leur condition humaine et sociale.
Le Parti Communiste a été le lieu et l’instrument qui a permis à chacun de se dépasser, de surmonter ses limites individuelles et de changer une histoire sociale qui semblait déjà écrite. L’action collective a permis aux individus d’arriver à interpréter une réalité qui, autrement, semblait insaisissable ou transfigurée, et d’aller jusqu’à changer le cours de l’histoire. Cette réalité, faite de siècles d’assujettissement (qui semble inéluctable et nous domine) peut être interprétée et changée par l’action consciente des communistes, qui savent identifier ses contradictions et agir pour les faire éclater. Cette tâche est bien plus fascinante et plus riche que la simple participation électorale.
La Révolution d’Octobre a été cela : une rupture historique qui, pour la première fois, a amené les travailleurs, les subalternes, à diriger directement un État. Cela ne s’était jamais produit auparavant et, aux yeux de tous à l’époque, cela semblait impossible. L’analyse de l’impérialisme et de ses contradictions par Lénine a permis aux bolcheviks de transformer la guerre mondiale en Révolution sociale. La présence de l’Union soviétique, qui en est le résultat, a soutenu le processus de décolonisation du Sud pendant des décennies et a favorisé les conquêtes sociales des travailleurs dans les pays impérialistes.
La cause de l’affaiblissement des communistes en Occident et en France n’est donc pas due à un accident malheureux, mais à une incompréhension du moment historique que nous traversons et à une analyse erronée ou absente des contradictions actuelles. Le nombre de militants, beaucoup plus faible aujourd’hui que par le passé, est une fausse limitation : notre propre passé nous montre qu’un nombre limité de communistes, lorsqu’ils étaient bien organisés et lorsqu’ils savaient exploiter de manière appropriée le moment historique qu’ils vivaient, ont provoqué des changements d’époque dans l’histoire de l’humanité. Lénine ne disposait que de quelques milliers de militants, sans moyens et contraints à la clandestinité. Lors de la création du Parti Communiste Chinois, il n’y avait que 20 personnes. La crise numérique des militants est plus l’effet que la cause de la crise des communistes occidentaux. Elle est le miroir d’une crise idéologique qui les accompagne depuis des décennies et les entraîne dans une spirale descendante.
La cause de la crise des communistes en France comme dans le reste de l’Occident vient de l’abandon de l’analyse de la réalité, du processus historique, de sa dynamique, des rapports de force réels au niveau mondial et national. En d’autres termes, le 1989 a entraîné un recul idéologique des communistes en Occident, où l’analyse a été remplacée par un volontarisme inefficace. En effet, on a l’impression que pour beaucoup de militants et de dirigeants, l’action politique se limite à énoncer le monde tel qu’on voudrait qu’il soit, et que la transformation vers ce monde est déterminée par la répétition de ces énoncés à la population jusqu’à ce qu’elle soit convaincue, donc qu’elle adhère et participe au changement. L’inefficacité de cette approche est désormais évidente. S’appuyer sur le seul volontarisme, c’est-à-dire abstraire l’action politique des tendances actuelles, ou faire comme si elles n’existaient pas, les ignorer, rend l’action politique elle-même inefficace.
Le résultat est que les communistes ne peuvent pas sortir du bruissement de la politique quotidienne. À travers les médias, qu’ils soient traditionnels ou les médias sociaux plus modernes, le discours public est déterminé, et les communistes, en l’absence d’une réflexion longue, restent dans le cadre politique construit par leurs adversaires. Dans cette situation, les communistes se fixent, comme les autres partis, le seul objectif de la croissance électorale. Et pour ce faire, ils élaborent des programmes électoraux qui sont une liste d’affirmations volontaristes pour un changement possible, et les diffusent à la population dans l’espoir que celle-ci y adhère et vote pour eux, provoquant ainsi le changement attendu.
Si l’on veut contrer l’extrême droite et faire évoluer la société française et occidentale, il faut sortir de ce schéma. Les tendances à long terme nécessitent des stratégies à long terme et non une simple adaptation quotidienne à l’actualité politique. Sur ce chemin, il faut d’abord s’attacher à une analyse impitoyable de la réalité, aussi laide et douloureuse soit-elle, en remettant à un moment ultérieur les appréciations morales. Trop souvent, nous avons l’habitude de mélanger les deux, dans l’espoir que l’accent mis sur l’indignation morale conduira à une plus grande mobilisation. C’est peut-être vrai pour les classes moyennes, qui sont habituées à la critique morale du capitalisme, mais les classes populaires sont souvent trop pauvres pour se permettre l’indignation morale, et elles connaissent trop bien la réalité matérielle et ses contraintes pour comprendre que la morale seule ne suffit pas à les surmonter.
Le moment multipolaire comme crise de l’impérialisme
Il n’est pas possible en quelques lignes de remplacer individuellement un travail qui doit être collectif et approfondi. Ce que je peux faire, c’est indiquer quelques directions que l’analyse doit suivre pour identifier les tendances et les contradictions et déterminer ainsi l’orientation de l’action politique du Parti communiste.
Dans ce travail d’analyse, qui n’est pas purement théorique ou académique, mais politique, il est nécessaire de reprendre certains concepts classiques du marxisme qui ont été progressivement mis de côté au profit d’influences issues de l’orientation libérale majoritaire dans les sociétés occidentales contemporaines.
La première est que dans l’analyse marxienne, c’est le tout qui détermine les parties, et non l’inverse. Penser à mettre en œuvre des transformations locales sans qu’elles soient inscrites dans un processus global est donc vain et inefficace. Pour reprendre une expression de Hegel, dont la pensée de Marx représente un développement contradictoire, « la vérité, c’est le tout, c’est la totalité ». Toute vérité partielle n’est donc pas une vérité. La recherche des tendances et des contradictions doit être la plus générale possible car ce sont elles qui détermineront les événements localement vrais dans des contextes différents. C’est-à-dire, pour le dire plus politiquement, que ce sont les tendances et les contradictions mondiales qui détermineront la situation française, et non l’inverse. La France, aussi importante soit-elle, ne peut échapper à cette loi. Et l’action du Parti devra se déplacer sur ce plan-là, s’inscrire sur le plan des tendances générales (comme le fait le capital français et mondial), certes à partir du contexte français, mais sans s’y limiter. C’est-à-dire que le Parti communiste devra agir dans le contexte français pour contribuer à la maturation des contradictions qui se développent au niveau mondial.
De plus, tant dans l’analyse que dans l’action politique, il est nécessaire de se concentrer sur la contradiction principale, c’est-à-dire de trouver celle qui, si elle explose, entraînera des changements en cascade dans tous les domaines. Non pas que les autres contradictions soient moins importantes, mais parce qu’elles n’ont pas le même potentiel de transformation et ne jouent pas le même rôle central dans la structure sociale actuelle. La contradiction la plus forte reste celle entre l’impérialisme et les nations soumises. Le moment historique actuel se caractérise par la fin de l’unipolarisme américain et l’émergence progressive et contradictoire du multipolarisme.
L’unipolarisme américain, qui s’est progressivement affirmé avec l’affaiblissement puis la disparition de l’Union soviétique, c’est en somme la domination de l’impérialisme américain sur le monde, sans plus de rivaux, ni socialistes ni capitalistes. Les autres impérialismes, qui existent encore aujourd’hui, reconnaissent le leadership de l’impérialisme américain et suivent ses besoins. La contradiction de l’unipolarité est inhérente à l’illimitation de sa domination : une domination illimitée couvrant l’ensemble du globe rend coûteux le contrôle militaire et politique nécessaire pour assurer l’assujettissement des autres pays (phénomène de l’overstretching). Cette contradiction crée les conditions du développement d’un monde multipolaire, dans lequel les pays périphériques, autrefois colonisés ou soumis aux impérialismes occidentaux, construisent de plus grands espaces de liberté et d’autodétermination économique et politique. Le phénomène le plus évident de cette contradiction est la montée en puissance des BRICS.
Le multipolarisme représente la fin de plus de cinq siècles de domination occidentale et capitaliste sur le monde et rouvre la possibilité d’avancées socialistes. D’une part, il allège le fardeau de l’impérialisme pour les pays (comme Cuba) qui en étaient étouffés. D’autre part, en ouvrant de plus grands espaces d’autodétermination pour les peuples du Sud (et compte tenu du rôle que des pays socialistes comme la Chine jouent dans la construction de ce monde multipolaire), il rouvre la possibilité de percées socialistes dans ces pays.
L’extrême droite comme réponse impérialiste au monde multipolaire
Les analyses sociologiques sur l’extrême droite et les classes sociales qui y sont attirées, pour intéressantes qu’elles soient, ne permettent pas de saisir l’ampleur d’un phénomène global.
On ne peut comprendre la montée de l’extrême droite dans le monde si l’on n’inscrit pas ce phénomène dans une tendance globale au multipolarisme, c’est-à-dire une tendance à la reconnaissance progressive de l’égalité de valeur des pays et des peuples, brisant ainsi le lien de dépendance et d’assujettissement de certains pays vis-à-vis d’autres.
L’importance de la Chine, grand pays sur la voie du socialisme, rend ce processus encore plus dangereux pour l’impérialisme. Pour Gramsci, le fascisme est la réaction de la bourgeoisie aux luttes des travailleurs. Là encore, Gramsci estimait qu’il n’y avait pas d’opposition entre la démocratie et le fascisme (comme le pensaient les libéraux), mais une continuité. Le fascisme prend le relais de la démocratie lorsque les organisations de travailleurs sont devenues trop fortes et peuvent, par le biais du processus démocratique, changer fondamentalement la société vers une voie socialiste. C’est pourquoi la bourgeoisie a abandonné les institutions démocratiques et soutenu le fascisme : l’objectif était d’écraser définitivement les organisations ouvrières (les partis, notamment le Parti Communiste, les syndicats, les coopératives) puis, une fois cet objectif atteint, de revenir à la démocratie sans risque de dérapage socialiste. Il y a essentiellement une continuité et une alternance entre démocratie et dictature, et non une opposition.
Mais aujourd’hui, ce danger n’existe pas : comme on l’a dit, partout en Occident, les partis communistes jouent des rôles marginaux et il n’y a pas de pays où il y a un risque réel de révolution socialiste. Alors pourquoi faire revivre les partis et mouvements fascistes (comme on le voit dans la stratégie des médias français, par exemple) ?
La lutte des classes aujourd’hui n’est plus nationale mais internationale. Cette lutte de classe internationale ne peut être résolue que par une guerre entre les puissances impérialistes et les pays du Sud, avec la Chine comme cible principale.
La Chine représente la plus grande menace pour l’impérialisme, car c’est un pays dirigé par des communistes qui joue aujourd’hui le même rôle de soutien à la libération politique et économique des pays du Sud que l’Union soviétique au 20e siècle.
L’extrême droite d’aujourd’hui est la préparation de cette guerre. Il est nécessaire d’enrégimenter les sociétés occidentales d’aujourd’hui et de les préparer progressivement à la confrontation des guerres. Les sociétés occidentales d’aujourd’hui ont expulsé la guerre des événements possibles. Elles ne sont pas préparées à cette éventualité. L’extrême droite a la tâche historique de réorienter les peuples en fonction des besoins du capitalisme impérialiste, c’est-à-dire de les préparer à la guerre mondiale contre les BRICS. Une guerre qui, comme l’a bien décrit le Pape François il y a une décennie, se déroule pour l’instant par chapitres (Ukraine, Palestine, etc.), mais un jour ces chapitres seront malheureusement réunis dans un seul livre appelé « Troisième Guerre mondiale ».
Le racisme exprimé par l’extrême droite n’est pas seulement moralement révoltant. Ce jugement moral partagé occulte son véritable rôle. Le racisme qui s’exerce aujourd’hui dans nos pays à l’égard des immigrés sert à construire dans la population une hostilité à l’égard des populations du Sud qui sera utilisée dans les années à venir dans la guerre contre les pays d’origine de ces mêmes populations. Nous apprenons à haïr les immigrés qui sont ici aujourd’hui, afin de faire la guerre demain à leurs pays d’origine et d’inverser le processus séculaire de décolonisation. En d’autres termes, le racisme joue un rôle dans la stratégie géopolitique impérialiste des pays du Nord, qui va au-delà du rôle moralement déplorable qu’il joue ici.
Il en va de même pour l’hostilité à la libération des femmes et aux nouvelles formes de sexualité. Elle aussi doit être orientée vers les besoins de guerre des pays impérialistes, afin de maximiser le taux de natalité et de jeter une fois de plus les nouvelles générations dans un massacre de guerre dans le seul but de sauver l’exploitation impérialiste occidentale, et en particulier américaine. Le couple hétérosexuel monogame est la formation qui maximise les possibilités de procréation. La conséquence est une réorientation de la sexualité de la satisfaction personnelle vers l’utilité nationale et nationaliste.
La question demeure : pourquoi les citoyens et les travailleurs, confrontés à la souffrance sociale qu’ils vivent depuis des décennies, préfèrent-ils de plus en plus adhérer aux positions de l’extrême droite plutôt que de soutenir ceux qui, comme les communistes et la gauche, proposent une expansion de l’État-providence, des droits, des augmentations de salaire, le renversement de la privatisation, etc. Cette question mérite une réponse, mais pour l’instant je préfère la reporter à une réflexion ultérieure.
Le moment historique actuel et le rôle des communistes Toute action des communistes dans un pays occidental qui négligerait, ignorerait ou ne reconnaîtrait pas les tendances actuelles serait vouée à l’échec. Les tendances représentent des contraintes objectives, donc indépendantes de notre volonté, sur les possibilités d’action politique que nous pouvons mettre en œuvre. Mais les contradictions qu’elles présentent permettent aux communistes de travailler à surmonter ce qui apparaît autrement comme un destin inéluctable. Le volontarisme, qui caractérise souvent notre action, consiste à faire comme si ces contraintes objectives n’existaient pas et que tout était déterminé par la seule volonté.
La focalisation de toute notre attention et de notre action sur les élections semble être l’héritage d’une culture politique qui s’est formée jusqu’aux années 1970 et qui procède par inertie, quel que soit le contexte historique, politique et de rapports de force qui a changé.
La perspective pour les années à venir sera plutôt un rétrécissement progressif des espaces démocratiques, en particulier pour les communistes. C’est dans ce sens que vont les décisions prises par de nombreux pays d’Europe de l’Est, où les communistes sont illégaux ou empêchés de facto de militer. Mais c’est aussi dans ce sens que vont les votes au Parlement européen où le communisme et le nazisme sont mis sur le même plan, au nom de la lutte contre les totalitarismes opposés. C’est le premier pas d’une réhabilitation des nazis dans une logique néocoloniale, comme c’est déjà le cas aujourd’hui dans les pays d’Europe de l’Est.
Il est probable que la poursuite de cette tendance fera que d’ici 10 à 15 ans il n’y aura plus d’élections démocratiques (pas même en France) ou, s’il y en aura encore, il n’est pas certain qu’elles puissent être qualifiées de réellement démocratiques. C’est pourquoi le Parti Communiste a besoin d’une transformation radicale, car aujourd’hui encore, comme le montrent la plupart des interventions de cette conférence nationale, il reste très centré sur le moment électoral.
Nous devons nous poser la question de savoir de quel Parti Communiste nous avons besoin pour traverser la phase politique à venir, et de quelle phase politique il s’agit. En France comme ailleurs, nous assisterons à une limitation toujours plus grande de la démocratie et à une sclérose des institutions et des processus institutionnels. Ce n’est pas pour cela qu’il faut renoncer à la compétition électorale. Mais l’engagement intellectuel et militant en leur faveur devra représenter une part beaucoup plus réduite qu’aujourd’hui.
La société dans laquelle le parti sera appelé à agir sera une société radicalement différente de celle d’il y a quelques décennies. Ce sera une société dans laquelle l’hégémonie culturelle appartiendra à nos adversaires. Si tel est le cas, si l’hégémonie de la société nous sera hostile, il est nécessaire de construire un parti idéologiquement solide, qui sache se défendre contre l’hégémonie extérieure et qui sache y répondre. Les nouveaux adhérents en seront influencés, c’est pourquoi il faut poursuivre la formation des membres en renforçant la transmission de la pensée marxienne ainsi que des grands penseurs et dirigeants marxistes postérieurs (Lénine, Mao, Gramsci, Ho chi min, etc.).
Mais plus généralement, il est nécessaire de réfléchir à la forme que doit prendre le parti. Penser aujourd’hui à un parti communiste de masse, comme on peut le lire dans certaines contributions, c’est encore une fois penser en regardant vers le passé plutôt que vers l’avenir. Les chances de construire un parti de masse aujourd’hui sont faibles. Dans une société hégémoniquement hostile, un parti « immédiatement » de masse signifie importer l’hégémonie hostile dans le Parti, et donc l’affaiblir au lieu de le renforcer. Pour construire un parti avec une base de masse, il est nécessaire de construire un réseau solide de cadres communistes, qui savent comment construire des liens de masse autour d’eux dans les syndicats, les associations, les écoles, les universités, les quartiers populaires. En somme, il faut « un parti de cadres avec une influence de masse », idéologiquement préparé à lire la situation politique et sociale et à exploiter ses contradictions pour ouvrir de nouvelles avancées sociales et, surtout, pour contrer la progression de l’extrême droite et s’opposer à son idéologie dominante et rouvrir la question du socialisme en France aussi.
Veuillez excuser les éventuelles erreurs de français. Je ne suis pas français de naissance et la rédaction et la traduction de cette contribution individuelle n’ont pas été révisées par des personnes de langue maternelle française.
Lorenzo Battisti, PCF Paris