Depuis, le 38e Congrès, notre Parti a fait le choix d’une réorientation majeure avec pour objectif de retrouver une visibilité et une autonomie vis à vis des autres forces de gauche, lui permettant de mettre en avant ses propositions sur la base d’un contenu classe. Il a également fait le choix de remettre les cellules et notamment celles des entreprises au cœur de son organisation, afin d’être au plus proche de la vie de la cité et des lieux de production, mais dans quel but, pour quelle rupture et pour quel projet ?
Une fuite en avant vers la barbarie
A l’offensive, les forces du capital, avec l’aide des bourgeoisies, travaillent à une nouvelle guerre mondiale menée par la prédation impérialiste états-uniens, et ses bras armés que sont l’OTAN et le dollar. D’autres peuples font eux le choix de se tourner vers les BRICS+, rejetant ce système de domination obsolète et mortifère pour les hommes et la planète.
Même si les BRICS+ ne proposent pas de prime abord une sortie du capitalisme, elles constituent néanmoins une étape d’’émancipation du système avec comme socle un monde multipolaire.
Ce rejet, au profit de coopérations équilibrées entre les peuples et nations souveraines, entraine de facto une réaction des tenants de la suraccumulation du capital. Ces derniers, pour accroitre leur hégémonie s’exonèrent même de pratiques dites démocratiques, dont le capital n’a plus besoin pour s’accumuler. Le système capitaliste en crise évolue donc inexorablement aujourd’hui vers sa forme la plus aboutie qui est le fascisme et la guerre.
L’Ukraine en est l’exemple depuis 2014, avec le coup d’état de Maïdan soutenu par l’occident. Elle devient alors une base de l’OTAN au cœur de l’Europe, pour l’intérêt exclusif du capital avec l’aide des néonazis des bataillons Azov. Ukraine où le Parti Communiste et l’ensemble des forces progressistes sont interdites, tout comme le droit de grève.
Le ventre est malheureusement encore fécond, puisque la bête est au pouvoir en Italie, Hongrie, Finlande et Pays-Bas, en tête des élections européennes en France et en Autriche, puis progresse dans la majorité de l’union européenne.
Europe soumise aux injonctions atlantistes d’une Amérique où les deux partis uniques, inféodés au capital, alternent au pouvoir (institutionnel, médiatique…) avec un mépris de classe assumé et une soif guerrière à assouvir.
Le rôle déterminant du Parti communiste
L’urgence à s’organiser contre ce système et son inexorable fascisation, est donc bien une nécessité, pour le monde du travail, c’est-à-dire pour celles et ceux qui produisent les richesses mais qui n’en profitent pas. Illusoire en outre, de croire que l’on puisse réaliser toutes formes de Front populaire antifasciste, sans établir au préalable l’unité d’action des travailleurs. Il s’agit là, d’aider à l’élaboration de la conscientisation des forces productives autour d’une idée, pour qu’elle devient une force matérielle. Notre campagne autour du coût du capital, par exemple, pourrait jouer ce rôle. Ce travail doit se faire dans la durée et avec pugnacité, afin d’être à la hauteur de l’hégémonie culturelle imposée par la bourgeoisie. La capacité de réaction à la dureté des rapports de production est un processus long, inversement proportionnel à l’exigence du capital de s’inscrire dans l’immédiateté. C’est la raison pour laquelle la survie et le rôle du Parti sont essentiels et ses tâches liées à son organisation et sa formation déterminantes.
D’autant que les dernières expériences de type NUPES et NFP, décrétées d’en haut et aux contenus réformistes, n’ont pas convaincu la classe travailleuse d’une rupture possible avec le système, et pour cause. Pire, elles la livrent aux forces les plus réactionnaires et précipitent dans l’invisibilité le seul parti en capacité d’offrir une perspective.
Certes, l’union est un combat mais faut-il que le prix à payer soit toujours le plus élevé pour le Parti Communiste Français ? L’accord inique sur les législatives en est un exemple, celui-ci nous contraignant de facto à l’effacement. Le Parti des fusillés se voit donc réduit à une part congrue injustifiable et insultante.
Et pourtant, il n’y aura pas de politique de gauche dans notre pays, sans un Parti communiste fort, capable de porter une analyse et des propositions au contenu de classe assumé. C’est-à-dire véritablement en rupture avec le système et donc, avec le discours dominant. L’union reste néanmoins possible mais uniquement si elle s’articule sur des bases claires qui soient dans l’intérêt unique des travailleurs, qui se sentent abandonnés voire trahis.
Nous ne devons pas être frileux, et nous réapproprier ce qui nous a conduit aux décisions du Congrès de Tours en 1920, en faisant de nous, un Parti révolutionnaire de tous les combats et de toutes les luttes. Possiblement enclin aujourd’hui à poursuivre et approfondir la démarche et la réorientation engagées par les communistes au travers du « Manifeste » lors du 38e Congrès.
Nous devons également mettre en perspective la seule ligne théorique capable d’apporter une réelle réponse aux défis auxquels est confrontée l’humanité aujourd’hui. C’est pourquoi, il nous faut retravailler la question du socialisme, portée notamment par le texte des 168 jeunes et de nombreux camarades (33%) lors du 39e Congrès. Nous devons donc ré-appréhender le socialisme comme système économique, politique et social abolissant l’exploitation, l’oppression et l’aliénation du système capitaliste. Ce dernier n’étant, en outre, pas réformable, il nous faut donc en débattre sereinement et sérieusement.
D’autant que le 38e Congrès avait acté l’impasse d’une transition du capitalisme au communisme par un mouvement sans étape et simpliste, adossé au concept de « communisme déjà là » où qui arrive soi-disant « à maturité ». Ce concept idéaliste issu d’aucune expérience réelle ne fait que porter la confusion, voire engendre le renoncement. Il s’appuie faussement sur des conquis du monde ouvrier comme la sécurité sociale, eux bien réels, mais qui en aucun cas n’incarnent, ni ne valide cette idée.
Les jours heureux du socialisme
Raison pour laquelle, il faut à présent clarifier notre position sur cette construction en deux phases du communisme, en partant notamment de la Critique de programme de Gotha faite par K. Marx où il explique :
« Que le communisme se caractérise par une phase inférieure et une phase supérieure. La première phase, communément appelée socialisme, résulte de la prise du pouvoir par le prolétariat. Le socialisme est le système économique, politique et social qui abolit enfin, l’exploitation capitaliste, les aliénations et les oppressions. C’est une société nouvelle qui trouve sa finalité dans une phase supérieure répondant au slogan de : chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ! »
Cette première phase, qui constitue un saut qualitatif, est primordiale car elle pose la question démocratique et donc du pouvoir des travailleurs : au cœur de la production, dans la vie de tous les jours, mais aussi dans son rapport au pouvoir de l’Etat.
Elle assoit donc les bases d’une démocratie populaire et de proximité qui est notamment développée à Cuba. Notons par ailleurs que les Partis communistes et ouvriers se réfèrent ou se réapproprient ce concept, si tant est qu’ils l’avaient abandonné. Tous n’ont heureusement pas connu la joie d’un eurocommunisme béat ! Nos liens, en outre, avec ces Partis doivent se renforcer et être le fruit d’un travail de réflexion étayé, notamment au sein des Rencontres Internationales des Partis Communistes et Ouvriers (RIPCO)) comme l’exigeait le 39e Congrès. Les communistes du Parti devraient pouvoir également être détenteurs des comptes rendus et de tous documents internationaux signés par le Parti, comme pour la déclaration de la Havane par exemple, signée en octobre 2022. Déclaration essentielle qui prend tout son sens aujourd’hui et dans laquelle un appel à la Paix était déjà lancé au monde !
Combat pour la Paix qui fut, est et restera l’ADN de tous les communistes partout sur la planète.
Ne soyons donc pas à rebours de l’évolution du monde et de l’aspiration des travailleurs et des peuples. Car il ne s’agit pas de la fin de l’histoire, comme l’idéologie dominante s’est plu à l’asséner depuis la chute du mur de Berlin et du démantèlement organisé de l’URSS. Idéologie qui a agi pour son propre intérêt et profit en dépeçant le monde via l’OTAN.
En fait, il s’agit aujourd’hui de regarder avec lucidité l’avènement d’un monde nouveau porté par l’exigence de paix et de justice sociale, sous forme d’une communauté de destin pour l’Humanité. Cette perspective rend la citation de Rosa Luxemburg « Socialisme ou barbarie » encore plus d’actualité !
Car seul le socialisme permet d’atteindre cet objectif par l’appropriation collective des moyens de production et par la planification. Notre plan climat pose d’ailleurs, en partie, les bases d’une possible planification pour une réindustrialisation et la construction d’un véritable pouvoir populaire au service de l’intérêt général. Pouvoir populaire qui permettra à termes la transition du capitalisme vers la société sans classe qu’est le communisme.
L’objectif n’est bien sûr pas la mise en œuvre d’un dogme, mais bien celui d’un guide pour l’action disait Lénine, dans la perspective d’une réelle prise du pouvoir, vocation in fine, d’un Parti communiste et donc d’un Parti révolutionnaire. Ce qui permettra au Parti de reprendre tout sa place auprès des travailleurs, qui a abandonné depuis des décennies, au profit d’alliances chimériques et d’idéologies wokistes fallacieuses.
Néanmoins cela nécessite plusieurs conditions au-delà de notre renforcement et de la formation de tous :
• Le respect de toutes les décisions de Congrès ;
• Un véritable travail d’organisation, pour que ces décisions soient réellement appliquées ;
• La mise en débat du socialisme ;
• Renouer des liens de travail et de fraternité avec les Partis communistes et ouvriers du monde entier ;
• Faire du Parti, le grand parti de la Paix.
Au regard de la gravité de la situation, nous ne pouvons plus faire l’impasse de cette réappropriation idéologique et organisationnelle, c’est l’un des enjeux majeurs de la Conférence nationale, si nous voulons nous donner des bases solides, pour affronter réellement le combat de classe en cours et être utiles aux travailleurs !
Fabienne Lefèbvre
Fédération du Val-de-Marne