La secu d’Ambroise Croizat, Macron et les réformes

, par  Michel Cialdella , popularité : 3%
Michel Cialdella, 38600 Fontaine.
Ex-administrateur de la CPAM de Grenoble.
Ex-administrateur de la CRAM
ex-administrateur du CHU de Grenoble.
Ex-administrateur de l’hôpital de La Mure
Ex-administrateur de la Mapad de St Egrève
Ex-administrateur de la maison des anciens d’Echirolles
 
Fontaine, le 5 juillet 2021
 
Monsieur Emmanuel Macron
Président de la République Française.
Palais de l’Élysée, 55 rue du Faubourg-Saint-Honoré.
75008 Paris.

Monsieur le Président.

Selon vous les Français n’aimeraient pas les réformes. Ces réformes qui devraient forcément être impopulaires. Je suis de ceux qui pensent que l’on peut faire des réformes populaires et efficaces. En témoigne le programme du Conseil National de la Résistance et la Sécurité sociale mise en œuvre par la communiste Ambroise Croizat ministre du Travail et de la Sécurité sociale. Tout d’abord, abandonnez jusqu’à l’idée de retraite par points dont nous savons maintenant qu’elle ne sert qu’à une chose à baisser le niveau des pensions

En mars 2016, François Fillon, devant un aréopage de patrons, expliquait crûment ce qu’est la retraite par points :

« La retraite par points ça permet de baisser chaque année la valeur des points et donc de diminuer le niveau des pensions ».

On ne peut pas être plus clair. Il faut également abandonner le rapport fallacieux cotisants / retraités qui ne tient pas compte des progrès de la productivité ni de l’évolution des richesses créées. Ainsi selon l’INSEE entre 1950 et 2018 le PIB a été multiplié par 8 et la population de France par 1,5. De plus les retraites n’ont pas été instaurées comme le résultat des cotisations mais comme la continuation du salaire. Et heureusement ! Si les retraités ne percevaient que la somme de leurs cotisations, la plupart serait dans la misère. La solution est donc de poursuivre l’œuvre d’Ambroise Croizat qui consiste à instaurer la retraite comme la poursuite du salaire d’activité. D’un salaire qui permette aux plus modestes de vivre décemment avec une hiérarchie d’un à trois. C’est-à-dire un SMIC à 2000 € et un maximum à 6000 €. Ceci vaut pour les ministres, le président de la République et les PDG. Cela dégagerait des sommes importantes pour financer une Sécurité sociale étendue.

Cette retraite comme salaire continué s’inscrirait dans une Sécurité sociale avec une caisse unique qui regrouperait l’ensemble des complémentaires onéreuses et inégalitaires, donc inutile.
Cette caisse unique. « L’unité de la Sécurité sociale est la condition nécessaire de son efficacité » [1] comprendrait cinq branches :
- La branche maladie qui gérerait aussi la maternité et la perte d’autonomie. (prise en charge à 100%)
- La branche des accidents du travail et des maladies professionnelles.
- La branche vieillesse.
- La branche famille. Entre 1945 et 1990,100 % des recettes de la branche famille provenaient des cotisations d’entreprises. La loi Ambroise Croizat du 22 août 1946 établit une base mensuelle de calcul des allocations familiales égales à 225 fois le salaire horaire moyen d’un OS de la métallurgie de la région parisienne. Posant ainsi les allocations comme un élément du salaire qui reconnaît le travail de la famille en direction des enfants. Même si, le patronat pendant longtemps refuse, contre toute évidence, de reconnaître à ses prestations le caractère d’un élément du salaire. (Pierre Laroque) [2].
- Le financement des privés d’emploi.

Il y aurait une caisse par département, « Propriété sociale », qui encaisserait directement les cotisations versées par les entreprises. La caisse unique, qui doit être le plus près possible de l’assuré, par ses sections, à la gestion et au contrôle desquels l’assuré se trouvera ainsi participer, éloigne de l’étatisation contre laquelle, à peu près tout le monde, nous nous prononçons vigoureusement. [3]

Une caisse nationale serait chargée de la coordination.

Gestion.

Des conseils d’administration aux pouvoirs étendus élus à la proportionnelle sur listes syndicales assureraient la gestion des caisses. S’agissant de la gestion d’un salaire socialisé, et que les salariés représentent plus de 90 % de la population active. Les salariés sont légitimes pour gérer l’institution. Vous êtes bien président de la République avec seulement 18 % des inscrits !

« Nous voulons que demain, les travailleurs considèrent que les institutions de Sécurité sociale sont des institutions à eux, gérées par eux et où ils sont chez eux » disait Pierre Laroque en 1946.

La généralisation et l’assouplissement de l’accès à la Sécurité sociale, y compris auprès des non-cotisants entre 1945 et 1980, prouve l’absurdité de penser la prestation comme un différé de ressources, une sorte d’épargne qui justifierait des versements proportionnels aux durées de cotisations antérieures, des hausses de durée de cotisation pour une pension à taux plein (ou des reculs d’âge de retraite, ce qui revient au même) ou de recevoir des soins à proportion de la durée de la cotisation antérieure [4].

Cette réforme s’opposerait à la guerre sociale menée par les riches et dénoncée par Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot dans leur ouvrage La Violence des Riches [5] : « à travers des chroniques de la guerre sociale en cours, nous allons observer les visages des vrais casseurs en nous appuyant sur du concret, des descriptions de lieux et de fait, et l’analyse des mécanismes de cette violence insidieuse venue d’en haut. La crise est celle des vies brisées, amputé de tout projet d’avenir, dans cette immense casse sociale à laquelle les dirigeants politiques de la droite et de la gauche libérale se sont associés ».

La bourgeoisie

« travaillant pour elle seule, exploitant pour elle seule, massacrant pour elle seule, il lui est nécessaire de faire croire qu’elle travaille, qu’elle exploite, qu’elle massacre pour le bien final de l’humanité. Elle doit faire croire qu’elle est juste. Et elle-même doit le croire. Monsieur Michelin doit faire croire qu’il ne fabrique des pneus que pour donner du travail à des ouvriers qui mourraient sans lui » [6]. Paul Nizan.

Laissons le mot de la fin à David Graeber :

« Depuis des millénaires, les violents disent à leurs victimes qu’elles leur doivent quelque chose. Au minimum, elles leur doivent la vie, puisqu’elles ne les ont pas tuées » [7].
Mais comme disait Jean-Paul Marat : « Pour enchaîner les peuples, on commence par les endormir ».

Voilà, Monsieur le Président de la République un exemple de réforme qui prendrait en compte l’intérêt général. Une réforme populaire digne des Jours Heureux.

Michel CIALDELLA
Citoyen en colère

[1Discours d’Ambroise Croizat à l’Assemblée nationale constituante. Le 8 août 1946

[2Histoire des prestations familiales en France. Dominique Ceccaldi. UNCAF. 1957. Extrait de la préface de Pierre Laroque.

[3Georges Buisson. Rapport à l’Assemblée Consultative provisoire le mercredi 31 juillet 1945.

[4L’enjeu de la cotisation sociale. Christine Jackse, 2012.

[5La violence des riches. Chronique d’une immense casse sociale. Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot. Éditions Zones. 2013.

[6Paul Nizan. Les chiens de garde. 1932.

[7David Graeber, économiste, Dette 5000 ans d’histoire.

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    Un peu plus d’un tiers des adhérents a participé à cette consultation, soit une participation en hausse par rapport aux précédents votes, dans un contexte de baisse des cotisants.
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    Texte nr 3, Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF et son résumé.

    Signé par 626 communistes de 66 départements, dont 15 départements avec plus de 10 signataires, présenté au 37eme congrès du PCF comme base de discussion. Il a obtenu 3.755 voix à la consultation interne pour le choix de la base commune (sur 24.376 exprimés).