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Alors que l’année a été (...)
Karl Marx ne pouvait pas être de gauche...
Suite à une interview de Jean-Claude Michea
Jean-Claude Michéa, auteur d’un déjà remarqué "Impasse Adam Smith" que j’avais diffusé à l’époque de sa sortie, est dans cette émission de Marc Vounchet en discussion avec Jacques Julliard et Brice Couturier sur la situation politique actuelle et ce qui la caractérise à l’occasion de la sortie d’un ouvrage récent "Le complexe d’Orphée, la gauche, les gens ordinaires et la religion du progrès".
Les animateurs auraient souhaité qu’elle soit placée sous le sceau des primaires socialistes, ce que refusera l’auteur, malgré plusieurs tentatives de le replacer sur ce terrain.
Pour l’auteur il y a une coupure qui s’est faite entre ceux qu’il appelle les gens ordinaire et la gauche. Les primaires qui appellent le peuple de gauche a venir choisir ses candidats, signe en fait la fin des partis qui sont ramenés à des machines électorales et non plus considérés comme des outils donnés aux citoyens pour changer la société.
La notion de peuple de gauche, qui suppose son contraire le peuple de droite fige les positions autour de caractéristiques sociétales et topologiques, la droite, la gauche, et dissous les antagonismes de classe.
Ainsi un ouvrier peut se reconnaître proche d’un intellectuel, d’un artisan ou d’un patron sur des questions de sociétés (l’écologie, le féminisme, l’homosexualité, etc).
Chacun perd son identité classique (de classe), pour une posture sociétale. Selon Jean-Claude Michéa est ainsi réalisée la prédiction Orwellienne "There is no alternative", il n’y a pas d’alternative.
Après l’ère du parti unique, nous vivons l’ère de l’alternance unique. Ainsi la doxa BHL (celle promue par les nouveaux philosophes et les courants modernistes) est-elle devenue celle de la gauche. Sortir du capitalisme, vouloir construire le socialisme ne peut conduire qu’au goulag, au totalitarisme.
Nous reviendrions selon lui en deçà du tournant engagé par l’affaire Dreyfus où la gauche républicaine avait noué une alliance avec le mouvement ouvrier. Quand un compromis historique s’était construit avec le signifiant gauche (ce qui du coup ouvre des boulevards a l’extrême-droite puisque les valeurs du mouvement ouvrier -les luttes et la solidarité- sont découplées de celles plus morales de la république -les droits de l’homme, la citoyenneté).
Il rappelle que depuis la révolution française jusqu’à cette date, la France était tricolore. Elle était partagée entre les blancs qui représentaient les chouans et le camps ultra, les bleus qui rassemblaient les républicains et les libéraux et les rouges, les révolutionnaires qui étaient le plus souvent illégaux et combattus.
Jean-Claude Michéa rappelle que Karl Marx, intellectuel engagé, appartenait alors à cette dernière catégorie. Il ne pouvait donc selon les critères actuel être de gauche. Il appartenait à cette catégorie de la pensée critique qui est aujourd’hui en complète décomposition.
En effet, revenu a la situation post-Dreyfus, nous sommes en passe avec le système des primaires socialistes de voir s’imposer un paysage politique d’où les rouges étant exclus, nous n’aurions plus qu’à choisir entre les blancs et les bleus, les libéraux et les conservateurs. Un tel système gauche-droite devient une prison. Il n’autorise pas qu’on en sorte. Le capitalisme pourrait alors s’installer comme fin de l’histoire avec comme dans "1984" le livre D’Orwell, la guerre comme moyen permanent de régulation dans un système à trois empires dont les alliances se font et se défont selon leurs intérêts du moment.