Point de vue d’un communiste finlandais sur l’adhésion de la Finlande à l’OTAN
Le non-alignement militaire de la Finlande a été enterré au Parlement le 17 mai. Le Parlement a approuvé à 188 voix pour et 8 voix contre les propositions unanimes du gouvernement et de la commission parlementaire des affaires étrangères sur l’adhésion à l’alliance militaire de l’OTAN.
Le député Markus Mustajärvi (alliance de gauche) avait déposée la contre-motion, rejetée par le parlement, selon laquelle « la Finlande ne demandera pas son adhésion à l’alliance militaire OTAN, mais continuera à être militairement non alignée. Ce n’est qu’en dehors des alliances militaires que la Finlande a la possibilité de rester en dehors de la guerre si une Grande Guerre éclatait ».
La demande d’adhésion de la Finlande à l’OTAN a été préparée et décidée à la hâte après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Bien que le gouvernement ait déclaré dans son rapport au Parlement que la Finlande n’était pas menacée par une attaque militaire, il justifiait cette précipitation par la menace émanant de la Russie.
La poursuite d’un statut de non-alignement militaire n’a même pas fait l’objet d’un examen
Initialement, le président et le premier ministre de la République avaient promis qu’un rapport thématique serait préparé pour le Parlement, dans lequel diverses options seraient évaluées de diverses manières. Cependant, le rapport a été fait pour justifier une seule option, rejoindre l’OTAN. La possibilité et les avantages du non-alignement militaire n’ont pas du tout été abordés dans le rapport approuvé à l’unanimité par le gouvernement.
Le Parlement n’a même pas eu le temps de commenter ce rapport, que le gouvernement avait déjà présenté un deuxième rapport, dans lequel la demande d’adhésion à l’OTAN était soumise pour décision. Ce second rapport n’a pas été, comme d’habitude, soumis aux commissions qui avaient entendu l’avis d’experts.
Lorsque la Finlande a rejoint l’Union européenne, il y a eu un vaste débat dans la société suivi d’un référendum. Aujourd’hui, même le Parlement n’a pas eu la possibilité réelle d’évaluer les différentes options. Son rôle était seulement de bénir une solution faite dans un cercle plus restreint.
Le lobbying pro-OTAN et la Russie
Selon Ben Zyskowicz, un député vétéran et respecté du Parti de la coalition de droite, c’est le « gouvernement de gauche qui était le mieux placé d’amener la Finlande à l’OTAN, car aucun autre gouvernement n’aurait trouvé un aussi large consensus sur l’adhésion à l’OTAN.
Parmi les partis, le SDP et l’Alliance de gauche ont même dû s’humilier devant le fait que les décisions étaient effectivement prises avant que leurs organes décisionnels aient eu le temps de modifier leurs lignes politiques sur le non-alignement militaire. Seuls 6 des 16 représentants de l’Alliance de gauche ont voté contre et aucun représentant du SDP.
Dans une longue interview accordée à Helsingin Sanomat (14 mai), la Première ministre Sanna Marin a déclaré qu’elle était favorable à l’adhésion à l’OTAN depuis longtemps, en fait depuis 2020.
L’adhésion à l’OTAN a été motivée en particulier par le Parti de la coalition, en 1999 avait été créée l’Atlantic Society pour un travail de lobbying en faveur de l’OTAN, et la plupart des médias sont en faveur de l’OTAN.
L’attaque de la Russie contre l’Ukraine et l’intimidation d’une éventuelle attaque contre la Finlande ont également créé une situation dans laquelle l’opinion publique s’est également largement tournée en faveur de l’OTAN.
Où sont les conditions délimitant l’adhésion ?
En plus d’avoir présenté l’adhésion comme unique urgente option, il est étrange que le gouvernement et le parlement aient décidé que la Finlande n’imposerait aucune condition préalable à l’adhésion. À cet égard, la ligne finlandaise diffère de tous les autres pays nordiques. Dans le même temps, la Suède a annoncé qu’elle n’implanterait pas sur son territoire d’armes nucléaires ni des forces et bases permanentes de l’OTAN. Des conditions similaires ont été fixées par la Norvège, le Danemark et l’Islande.
Dans son opinion dissidente, Markus Mustajärvi a proposé un amendement : La Finlande déclare que 1) elle n’autorise en aucun cas le déploiement d’armes nucléaires en Finlande ou l’utilisation de son territoire pour les transporter, 2) les pilotes finlandais ne sont pas formés pour transporter ou utiliser des armes nucléaires, 3) aucune force permanente n’est déployée ni aucune base de l’OTAN installée en Finlande, 4) la Finlande n’autorise aucun autre État ou ses forces armées à utiliser le territoire ou l’espace aérien de notre pays à des fins hostiles contre d’autres États, et 5) un référendum doit être organisé sur l’adhésion de la Finlande à l’OTAN.
Lorsque le président et la première ministre expliquent que le renforcement de la sécurité de la Finlande n’est dirigé contre personne, pourquoi de telles conditions limites ne pourraient-elles pas être incluses dans la décision du gouvernement et du parlement ? Il semble qu’en matière de politique de sécurité, une alliance avec les États-Unis soit plus importante pour le leadership politique finlandais et la coopération nordique.
Si tous les pays de l’OTAN ratifient le traité d’adhésion de la Finlande (et de la Suède), il devra encore être ratifié par notre Parlement. Pour nous, partisans du non-alignement militaire, c’est un défi pour continuer à travailler largement contre l’OTAN et pour que le gouvernement et le parlement s’engagent envers des objectifs de politique de paix, de désarmement et de sécurité commune, même en tant que membre de l’OTAN.
Construire une sécurité internationale commune basée sur la coopération n’est pas facile en ce moment, mais c’est d’autant plus nécessaire pour mettre fin aux guerres, lutter contre les menaces mondiales telles que le changement climatique et accroître la sécurité des personnes au quotidien. L’Europe et le monde n’ont pas besoin de plus de puissance militaire mais de plus de bâtisseurs de paix.
Ensuite, tu as raison, militairement la Finlande est prête depuis longtemps déjà, complètement équipée en armements américains, même pas européens. Les Américains sont maîtres ici, Je me dis qu’il y a encore autre chose : les grands groupes finlandais ont un actionnariat qui est majoritairement américain et à partir de ce moment là on sait bien que les marges de manœuvre en politique étrangère sont très exigües.
Nous sommes confrontés à une réelle menace dans le Nord, autour de Mourmansk, où la Russie est totalement encerclée de pays membres de l’Otan. Dans la Baltique aussi, avec un étroit corridor international entre la Finlande et les pays baltes, véritables chiens sanguinaires à totalement dépendant des USA.
La classe dirigeante a trahi le peuple pour la 3e fois : en 1918 dans la guerre civile où le sénat a fait appel à l’armée allemande pour mater les Rouges qui autrement l’auraient emporté, en 1939-1944 en signant un accord avec Hitler et en ouvrant le territoire finlandais à quelques 200 000 soldats allemands et en participant à l’encerclement de Leningrad et maintenant avec le concours actif et décisif de la gauche, la demande d’entrée dans l’Otan.