Mesdames et messieurs, chers camarades, chers camarades autrichiens, belges, chypriotes, espagnols, italiens, portugais et tchèques qui nous faitent l’amitié d’être présents ce soir, merci à vous, merci Vincent pour cette initiative avec tout le secteur international du Parti communiste français. C’est un honneur et une grande joie pour le Parti communiste français de vous recevoir ici, sous cette coupole. Nous sommes huit partis communistes et ouvriers venus de toute l’Europe à partager tant de luttes communes et cet idéal au service de la paix, au service de l’être humain et de son bonheur.
Merci d’avoir répondu présent à notre invitation et de faire vivre cet internationalisme qui nous est à toutes et à tous si cher. Vous pouvez bien sûr compter, chers camarades, sur le Parti communiste français pour poursuivre avec vous ce dialogue et la construction commune d’une autre Europe, avec l’esprit qui nous a toujours animés, être offensifs et sans compromission avec nos adversaires, être constructifs et respectueux avec tous nos partenaires.
Chacune et chacun de vous l’a exprimé à sa façon ce soir et au cours de cette journée de travail que nous avons passée ensemble. Nous n’avons pas d’autre intérêt à défendre que celui des peuples et du monde du travail. Nous n’avons pas d’autre intérêt que celui d’agir en solidarité dans chacun de nos pays à l’échelle européenne pour la paix, pour le progrès social, pour le respect des choix démocratiques des peuples.
Et cette solidarité concrète plonge dans l’histoire de nos luttes communes. De la défense de la République espagnole, et nous sommes ici dans un lieu historique, celui où se sont regroupées les brigades internationales françaises, à la résistance contre le fascisme, de la solidarité avec les luttes des peuples colonisés, à celle pour la paix et la sécurité collective en Europe, nous avons, nous sommes, nous serons de tous les combats.
Chacune et chacun ici le sait, nous sommes à la veille de deux anniversaires importants. Et vous en avez parlé. Celui, bien sûr, de la victoire contre le fascisme et le nazisme, il y a 80 ans, et c’est aujourd’hui le jour anniversaire de la libération du camp de Mauthausen, mais aussi celui des référendums en France et aux Pays-Bas contre le traité constitutionnel il y a 20 ans. Deux dates, bien sûr, dont la place dans l’histoire n’est évidemment pas égale, mais que toutes celles et ceux qui travaillent à un avenir démocratique et pacifique pour les peuples d’Europe doivent avoir en tête et faire résonner avec force.
Parce qu’aujourd’hui, nous, Peuples européens, nous sommes à un carrefour. Soit la classe dirigeante capitaliste réussit à nous entraîner dans le puits sans fond de l’économie de guerre et de l’austérité, avec le concours des forces d’extrêmes droites, soit la mobilisation des peuples européens pour le progrès social et pour la paix permet de faire émerger une alternative sociale et politique à la catastrophe qui s’annonce.
C’est un enjeu vital pour les peuples, pour la démocratie, pour la paix. Et c’est ce à quoi nous travaillons toutes et tous car nous croyons profondément à la possibilité de construire de nouvelles majorités sociales et politiques pour la transformation sociale et démocratique, pour la paix, pour la démocratie, pour la justice sociale.
Et dans cette lutte, nous avons aujourd’hui face à nous un ennemi puissant. Une bête immonde qui chaque jour se renforce. Cette bête-là, elle porte le visage de Trump aux Etats-Unis d’Amérique. Celui de Meloni en Italie de Netanyahou en Israël, de Miley en Argentine, de Marine Le Pen ici en France. Elles se renforcent partout, chez vous, dans vos pays et dans quasi tous les pays d’Europe. La liste est longue. Tout le monde est concerné, tout le monde est menacé par ces agitateurs de haine, par le racisme, par l’antisémitisme, par ces agitateurs de haine qui théorisent et mettent en pratique leur nationalisme agressif, violent, expansionniste et qui veut faire capituler dans le sang s’il le faut les peuples et les travailleurs.
Alors agir pour la paix ce n’est pas uniquement un engagement moral, c’est une action politique. L’Europe en manque terriblement, elle qui reste spectatrice de tant de massacres et applique en matière de droit international un deux poids deux mesures insupportable.
Faire appliquer le droit international, faire appliquer la Charte des Nations Unies, protéger les peuples de l’impérialisme bestial implique une action concrète, urgente, vitale. En Ukraine comme à Gaza, en Syrie comme dans la région des Grands Lacs, au Kurdistan, dans le Haut-Karabagh ou à Cuba, partout dans ces pays. Et c’est l’impérialisme qui est au cœur de tous ces conflits actuels.
Alors que la situation à Gaza est celle d’un effondrement humanitaire, que la famine, les épidémies s’y multiplient, qu’un génocide se déroule sous nos yeux. Nos gouvernements doivent agir et suspendre jusqu’à nouvel ordre l’accord d’association avec l’Union européenne. Il y a urgence, urgence à reconnaître l’État de Palestine aux côtés de l’État d’Israël. Et c’est ce que le Parti communiste français et ses parlementaires exigent du gouvernement français depuis tant d’années et surtout ces derniers mois.
Avec l’OLP, nous organiserons ici même, le 4 juin prochain, date ô combien symbolique, puisqu’elle représente le dernier jour d’existence des frontières de 1967 et la veille de la guerre des six jours. Nous organiserons donc ici une conférence internationale pour la reconnaissance par la France de l’état de Palestine avec l’OLP et pour le droit du peuple palestinien.
Bien sûr, vous y êtes toutes et tous les bienvenus. Voilà le type d’action politique concrète que nous pouvons mener ensemble pour faire de notre combat pour la paix une lutte concrète et donner vie à une solidarité.
Solidarité entre les peuples, solidarité entre les travailleurs, solidarité en actes qui ne doit pas se résumer à des incantations ou des vociférations. Le droit international et les principes de la Charte des Nations Unies sont également notre fil rouge pour mettre fin à la guerre en Ukraine déclenchée d’une manière totalement injustifiable et brutale par le régime de Vladimir Poutine. La marginalisation des Européens et de l’Union Européenne par Trump et Poutine est la conséquence de l’inaction politique de l’Union Européenne.
Depuis plusieurs années, les Européens ont d’ailleurs brillé par leur hypocrisie. La France et l’Allemagne étaient garantes des accords de Minsk et ils n’ont rien fait pour les faire appliquer. Il est grand temps de changer de logiciel pour une solution politique, diplomatique, respectant la souveraineté et la sécurité des peuples. L’Europe doit participer plus activement aux négociations, directement même, et construire les voies de la paix en s’inspirant de ce que nous avons déjà su faire en 1975 avec les accords d’Helsinki.
Le respect de l’intégrité et de la souveraineté du peuple ukrainien est bien sûr incontournable. Mais pour trouver le chemin de la paix, il faudra aussi mettre le principe de la neutralité de l’Ukraine sur la table des négociations. Comme cela existe d’ailleurs en Autriche depuis 1955, aux sorties de la guerre mondiale, et nous en parlions tout à l’heure, le peuple autrichien est très attaché encore aujourd’hui à la neutralité de son pays.
Changer de logiciel, cela implique aussi d’agir en toute indépendance de l’OTAN. Il est temps de nous libérer de la tutelle américaine et de construire un traité de paix et de sécurité rassemblant tous les peuples, garantissant la sécurité à tous les peuples de l’Atlantique à l’Oural.
Tout doit être mis au service de cette paix car il n’y aura pas de progrès social sans paix, comme il n’y a pas de paix sans progrès social. Derrière ces guerres, une seule et même logique, la logique capitaliste, impérialiste, et qui se traduit en plus, depuis quelques semaines on le voit, par une guerre économique totale. La violence des attaques de l’administration Trump au monde et à l’Europe, en particulier, nous oblige à défendre des positions communes qui ne soient ni le renforcement du libre-échange, ni la surenchère des taxes douanières qui, au final, pénaliseront tous les travailleurs des États-Unis comme à ceux de l’Europe et auront des conséquences terribles pour leur pouvoir d’achat.
Travaillons au contraire à des solutions ici, chez nous, en Europe, dans nos pays, par la réindustrialisation de nos économies. Remettons en cause les traités de libre-échange européens. Reprenons la main sur l’argent public, sur la Banque Centrale Européenne. Luttons efficacement contre la fraude et l’évasion fiscale et ne laissons plus les puissances de l’argent et la technocratie décider à la place des peuples de notre avenir commun.
Cela a été dit par d’autres avant moi. Quand ils veulent produire des bombes, ils savent trouver des centaines de milliards d’euros immédiatement. Alors oui, l’argent existe. L’argent existe pour répondre aux besoins des peuples, pour répondre à la nécessaire politique en faveur du progrès social, pour pouvoir construire des hôpitaux, des écoles, des universités, investir dans la recherche. relancer le pouvoir d’achat des peuples européens.
Nous avons besoin d’un choc d’investissement important, massif, pour reconquérir nos appareils productifs, pour produire des richesses, pour planifier l’économie vers la transition écologique, pour être moins dépendants des importations qu’elles viennent des États-Unis ou d’Asie. Nous avons besoin de ces investissements massifs pour gagner la bataille de l’énergie, de l’acier, du logement. ce qui permettra de créer des centaines de milliers d’emplois ici dans nos pays et répondre aux attentes de nos concitoyens avec des services publics qui fonctionnent.
Agir pour la paix, c’est agir aussi pour ses politiques. C’est agir pour un autre ordre du monde, pour des peuples libres, associés, souverains. Écoutons les exigences des peuples du Sud, dit global. qui ne veulent pas être entraînés dans une politique de blocs, mais exigent au contraire un ordre du monde fondé sur le multilatéralisme.
Écoutons aussi les peuples d’Europe qui réclament depuis des décennies une autre construction européenne sans jamais être entendue et qui aujourd’hui, trop déçus par tous, se tournent vers l’extrême droite et ses fausses promesses de rupture.
Il y a 20 ans, ils nous proposaient La paix et la prospérité à travers le traité, le TCE. Aujourd’hui, depuis 20 ans que ce traité existe, nous n’avons ni la paix ni la prospérité. Et les classes dirigeantes européennes ont continué à accélérer les mêmes politiques rejetées par de nombreux peuples, dont le peuple français. Et on voit la conséquence de ces politiques, soumission accrue à l’OTAN, dépendance envers les États-Unis. à un point tel qu’aujourd’hui face à Trump, l’Union européenne ressemble à un canard sans tête. La désindustrialisation se poursuit, l’inaction climatique demeure et les grands industriels français, les grandes fortunes françaises sont prêts à faire des génuflexions devant Trump et à investir là-bas.
Alors oui, chers camarades, tous ces chantiers, toutes ces luttes, le Parti communiste français ne les mène pas seul. Des forces agissent dans le même sens en Europe et notre rassemblement ce soir en est la démonstration, vous en faites partie. Bien sûr, entre nous, des débats, des analyses restent à approfondir. Nous ne sommes pas d’accord sur tout, mais nous nous retrouvons sur l’essentiel. Sur l’exigence d’une remise en cause totale de ce monde capitaliste et impérialiste qui broie les peuples et détruit leur environnement, sur l’exigence d’une réponse immédiate aux besoins des peuples, aux intérêts du monde du travail et du plus grand nombre.
Alors, chers camarades, soyez certains que vous pourrez toujours compter aussi sur le PCF pour continuer de lutter avec vous et pour notre idéal commun en chemin vers le socialisme.