200 ans après la naissance de Marx
De 68 au 38ème congrès, un même besoin de dialectique

, par  Francis Velain , popularité : 2%

Mai 68 et le 38ème congrès ? Mêmes combats ; mêmes débats ? impossible de ne pas prendre au sérieux ce possible clin d’œil de l’histoire. Les deux événements obligent au minimum à prendre en compte Marx, dont le bicentenaire n’avait déjà pas besoin de cela pour s’imposer.

« 1968 » n’est finalement pas fêté par Macron : il a d’autres chats à fouetter. Plus encore, il a mesuré combien serait hasardeux de tenter une récupération présidentielle de l’évènement...

Le repli stratégique de notre Président tyran grec ne sera pas suffisant. Mai 1968 est de fait commémoré : Sur France culture comme par l’Humanité et par beaucoup d’autres, à Beaubourg et dans bien d’autres lieux. Sa mémoire est réactivée dans la société française.

Parce qu’elle aime faire politique, la France reste un vieux pays romantique. Le populisme cultivé de Mélenchon, celui bien plus fruste d’un Ruffin ou d’un London, puisent quelques racines dans ce terreau. Jaurès lui-même était un romantique et avait bien du mal avec Marx le dialecticien formé à la philosophie allemande.

Victor Hugo et Lamartine doivent à ce romantisme d’avoir été députés ! Le romantisme est partagé par les tchèques qui firent Vaclav Havel président. Prague, l’autre 68 parmi d’autres 68. Au plan international, il faut bien en effet considérer non pas un 68 mais plusieurs. Chacun de ces 1968 est singulier et pourtant tous partagent quelques caractéristiques communes.

Prague vaut ainsi comme la confrontation de deux visions des besoins d’évolution de la société, en l’occurrence socialiste, du fait de l’évolution universelle des forces productives (Cf. Les efforts théoriques sous-entendus par "La révolution au Carrefour" de Richta).
Le même défi était posé à l’Ouest. Nulle part les sociétés n’en sortirent indemnes et nulle part de révolution du mode de production et des rapports sociaux de production et d’échange à part entière...

La France ici n’a rien de singulier. Le joli moi de mai 68 y fut écrasé politiquement par une immense marée politique de droite. 1981 ne renoua en rien avec les dynamiques de ce Mai historique.

Naïvement (?), certains se demandent encore pourquoi il n’y eu pas pleinement révolution ! D’autres considèrent qu’il y eu bien révolution (De laquelle parlent-ils ? Sur quel chemin a-t-elle mis la société ?), et les derniers jettent la pierre à d’autres comme saboteurs d’une révolution qui aurait été déjà là ou à portée de main...

Les hommes ont besoin de récits pour faire histoire affirment certains. Mais de quels récits ont-ils besoin quand l’histoire réelle fut bien plus complexe que le présentaient les commentateurs accrédités au plus fort des événements, et ne fut pas celle que pensaient écrire les acteurs de ce joli mois de mai ?

Les communistes sont invités à dresser un bilan à l’occasion de leurs 38ème. Ils sont devant la même problématique.
En 1968, il y avait plusieurs 68 en même temps. Grossièrement trois.

1. Il y avait le mai 68 du capital. Son enjeu était de dresser le prolétariat au double besoin de travailler et de consommer en « insider » ou en « out-sider ». Michel Clouscard décrivit cela assez précisément. La phase actuelle continue de s’y nourrir, notamment pour le travail.
Un capital éclairé était déjà à la manœuvre en appui sur les enfants déclassés de la Bourgeoisie capitaliste et sur la petite bourgeoise de droite et de gauche qu’est de tout temps la mouvance libertaire, y compris dans ses versions pseudo-marxistes ou communistes. Un Cohn-Bendit, un July, la FNAC, puis les radios-libres, l’industrie du spectacle et des festivals, le Larzac, l’écologie faite partis politiques et politiciens et aujourd’hui les afficionados de l’économie libre, coopérative, partageuse des communs et du numérique, les ZAD, sont dans la plupart des cas à inscrire dans cette mouvance encore bien vivante.

2. Il y avait le mai du monde du travail qui se reconnaissait dans les organisations historiques de classes plus fortement qu’aujourd’hui, même si déjà des faiblesses intrinsèques minaient ces organisations malgré quelques lucidités sur ce qui allait se jouer dans les décennies à venir dans les entreprises... Ces lucidités et les efforts qu’elles permirent mériteraient d’être redécouvertes...

Dans son article paru dans l’Humanité hors-série « 68, un rêve qui court », Xavier Vigna renvoie utilement et de fait trop rapidement à mon gout à une réalité majeure : « Ces jeunes ouvriers ont connu une scolarisation un peu plus longue que leurs ainés et partagent des aspirations [...] avec les lycéens et les étudiants. C’est d’autant plus important que pour la première fois, des enfants issus des milieux populaires accèdent, dans ces années, au lycée et à l’université » tandis qu’effectivement les ouvriers « ont appris de l’ordre usinier : l’organisation sociale du travail, la non-reconnaissance des qualifications. [...] Dans cette contestation, si les jeunes sont en première ligne, le mouvement emporte des générations plus anciennes, qui ont connu 1936  ».

En 1967, un conflit unitaire, celui des métallo ETDA et ouvriers de Saint-Nazaire cristallisera à lui seul ces caractéristiques. Il dura deux mois, suscita une immense solidarité interprofessionnelle locale et nationale, et se termina sur un succès qui pesa lourd dans la renégociation des grilles de classification cadres et non cadres qui suivirent 1968 dans la métallurgie...

Où en sont ces ingrédients aujourd’hui ? Jeanine Marest a raison (dans la même publication de l’Humanité) : « La jeunesse d’aujourd’hui sait mieux ce qu’elle veut que celle que 1968 ».
Les ingrédients liés aux besoins des forces productives déjà à l’œuvre en 68 dans le travail sont en effet toujours bien là, en quantité et qualité plus importantes encore. Mais sont-ils assez nourris de ce 68 là ? Par exemple, que savent-ils de la dynamique de cette immense démocratisation dans l’accès à un enseignement supérieur que permit le BTS, 1er et toujours seul diplôme supérieur professionnel délivré par l’éducation nationale : une piste politique autant que pédagogique que même les communistes n’osent mettre en débat pour élargir au plus vite et sans doute plus efficacement l’accès de la jeunesse aux licences et aux Master des filières professionnelles. Et pourtant...

3. Enfin le dernier des mai 68 : Celui des « réformistes », vieux concept tombé en désuétude dont la précision serait bien utile aujourd’hui pour analyser les déconfitures actuelles de la gauche, l’émergence de la France Insoumise, l’état du PCF etc. Dans ce dernier 68, Mitterrand l’aventureux ténébreux stratège, ambitieux tenace, et le déjà grand réformiste M. Rocard...
Ce 68 est toujours là avec leurs enfants : l’essentiel du personnel actuel de l’écologie politique qui savent se renouveler autant que se reclasser (cf. les Delphine Batho, Cécile Duflot), ou encore un Moscovici coopté commissaire européen. D’autres comme Hollande, Hamon, Mélenchon, entendent en revenir encore et encore à la fin de l’histoire que visait Mitterrand, par une voie ou une autre.

L’anticommunisme était un commun grandement partagé par deux de ces trois 68, néanmoins en concurrence politique pour gérer la rénovation du mode de production du capital. Plus largement un immense anticommunisme idéologique et pratique fut à l’œuvre dans tout l’occident.
En France, de Gaulle était un homme du passé devenu inutile au capital. Il fallait qu’il tombe mais pas le capital. Il fallait déjà de la disruption, c’est-à-dire une révolution non révolutionnaire, mais circulaire, pour que rien ne bouge au niveau des fondements du mode de production du capital.

Pompidou fit l’intérim, puis Giscard ouvrit à la France à la révolution sociétale. A partir de la décennie 80, Mitterrand aurait dû fermer la parenthèse de Tours, c’est-à-dire effacer la mémoire et la culture française de classes des XIXème et XXème siècles... Il a échoué, comme Tiers l’assassin de la Commune échoua à éradiquer « le mouvement ouvrier ». Un certain syndicalisme, plus rouge que tout en 68, prête à cette critique, d’un E. Maire à une Nicole Notat par exemple et leurs enfants...

Les victoires à la Pyrrhus annoncent toujours aux classes dirigeantes de futures défaites et de vraies avancées et reconquêtes révolutionnaires.

Il en sera ainsi pour la SNCF, EDF et leurs statuts depuis des années niées dans leurs fondements, plus largement la fonction publique, l’impôt direct républicain, les improbables congés payés et la retraite à 60 ans, de nouvelles avancées en matière de réduction du temps de travail, le retour aux ambitions initiales de la sécurité sociale, du SMIC, du code du travail et de la hiérarchie des normes, des prérogatives économiques des CE et de ce suffrage universel, l’arme de destruction décisive, massive, démocratique et pacifique d’un prolétariat bien représenté, c’est-à-dire organisé politiquement par des organisations syndicales et politiques de classe, sachant prendre la mesure de l’anticommunisme distillé par l’idéologie dominante dans et via les autres organisations : comme le firent remarquablement le manifeste dans le contexte de son temps, ou la main tendue de Thorez au moment du Front populaire.
Penser le rassemblement des organisations en prenant en compte cet anticommunisme, voilà un effort de pensée toujours nécessaire, sous-estimé sans doute depuis les années 80, conséquence sans doute de l’abandon du concept de réformisme.

De l’autre côté de la lutte des classes, dès 1968, il y avait plusieurs visions du communisme en confrontation au sein du PCF (comme à l’Est...). Ici la mutation des années 90 est un épiphénomène comme il y en eu d’autres depuis 1917 : le soutien au printemps de Prague, la signature puis la rupture du programme commun, l’autre mutation des années 80 ouverte par l’abandon du concept la Révolution Scientifique et Technique pour celui de Révolution informationnelle etc. Des choix ont été fait au titre de rapports de forces comme en connaissent en permanence toutes les organisations de classes qui ont le juste et nécessaire souci d’être de masses.

La commémoration de 1968 et la préparation du 38e congrès ont ainsi en commun de partager la réalité de plusieurs récits rétrospectifs parce que l’histoire réelle fut celle de plusieurs réalités et projets en confrontation...

Mais faire bilan, n’est pas seulement témoigner, c’est établir les faits pour établir « la mécanique » qui fit le réel. Ce n’est pas convoquer le passé pour donner raison à d’anciens engagements ou pour justifier ceux du présent des uns contre ceux du présent des autres.
Tirer bilan est la première étape pour apprendre de l’histoire qui, de toute manière, ne sera pas réécrite parce qu’elle ne peut pas l’être. Alors tirer bilan pourra rassembler et ne pas déchirer.

L’exercice est périlleux mais vital. Un Marx, écrivant à chaud « la Lutte des classes en France 1830-1850) ou un Engels revenant sur la guerre des paysans dans la fournaise des défaites des luttes ouvrières du milieu du XIXe avaient l’autorité pour se prêter à l’exercice. Mais même-eux ne furent pas toujours suivis et compris : la preuve par la Commune, puis plus tard les aventureuses tentatives de révolutions « ouvrières » de 1917-1920 en Allemagne ; Ou autres temps, la tentative des communistes grecs de prendre le pouvoir à l’occasion de la défaite des forces de l’axe...

Aussi le bilan à tirer à l’occasion du 38e ne saurait se limiter à un retour à 2016/17, et pas plus aux années 90 ou 80. Il faut y inclure manifestement les années 60 et pas même seulement 68. Il faudrait en fait de nouveau regarder du XIXe jusqu’à l’épisode 1914 (1917) 1945, puis des années 50 à aujourd’hui en tant que deux périodes d’enjeux et de contextes différents.

Durant les 150 premières années, ce qui se joua fut l’affirmation du mode de production capitaliste devant suffisamment s’adapter à ses besoins de mondialisation et d’ancrages territoriaux. Ces 150 ans furent donc aussi, de fait, le choc des affirmations politiques des deux classes qui ont désormais dans leurs mains et leur conflictualité l’avenir du genre humain et de ce mode de production dominateur.

Depuis 1945, nous sommes entrés dans le régime de croisière du capital, c’est-à-dire dans le capital décrit pour l’essentiel par Marx avec une rare clairvoyance anticipatrice.
A un bémol près. Durant presque 50 ans, une partie du genre humain échappa à son emprise totale et osa des raccourcis politiques courageux, divers,
pour construire une voie de développement menant à un mode production communiste sans recourir au mode de développement capitaliste. Durant 50 ans le capital fut à al fois en régime de croisière dans sa zone d’influence, et en dehors, en "guerre froide" dans une compétition mondiale longtemps très ouverte, au plan scientifique, industriel et en matière de déploiement et la conquête du progrès social.

Une partie de l’expérience s’arrêta dans les années 90, avec la fin du socialisme réel centré sur l’URSS, après une lente agonie de quelques 20 ans. Depuis, le capital en rythme de croisière tente d’imposer son modèle à ce qui reste de toutes ces parties du genre humain qui lui échappèrent de longues décennies. Il n’y est pas encore totalement parvenu.

En France, nous sommes entrés dans ce régime de croisière du capital au moment même où la science su proposer au genre humain, donc à tous les modes de production en compétition, à tous les peuples et pays, deux improbables modèles mathématiques : la machine universelle à calculer de Turing et le modèle cybernétique de Wiener pouvant prétendre représenter universellement tout système complexe interagissant avec lui-même et son environnement. Nous parlons bien ici de machines, de simples machines, appelées à être introduites dans toutes les activités humaines, à faire l’architecture du système technique. Comme la machine-outil le fit sous les yeux de Marx...

Le régime de croisière du capital pris donc son essor avec la certitude immédiate pour la classe dominante de pouvoir révolutionner les forces productives issues de ses 150 années d’installation et par là d’avoir rapidement l’opportunité de remettre à zéro le compteur de l’autre classe décisive.
En France, ce régime de croisière était en action depuis plus de 20 ans en 1968, 40 dans les années 80/90, 70 en 2016/2017. Il n’y a pas de meilleur résumé et repère, de mon point de vue, pour qualifier la période que nous vivons.

Le bilan du 38e devrait donc affronter une grande question : avons-nous aujourd’hui la bonne lecture de ces deux modèles scientifiques qui nourrissent la révolution actuelle des forces productives et le mode de croisière du capital ?

Pour l’heure, la question reste systématiquement éludée alors que ces modèles scientifiques déploient leurs effets dans des déclinaisons concrètes de machines qui changent le travail autant que le regard des hommes sur eux-mêmes, sur leur monde et leurs liens avec la planète, les ressources et forces de la nature.

Prédomine l’opposition de deux types de lignes : Les unes se nourrissent avant tout de l’idéologie dominante, l’autre de la notion de révolution informationnelle. Elles cohabitent par ailleurs avec une posture typiquement romantique consistant, pour résumer un peu vite, à ne pas trop regarder le travail moderne et à en rester au seul mouvement d’organisation et de lutte des travailleurs des 150 premières années du capital.
Ici la figure de Lénine est souvent convoquée. Son internationalisme servant à occulter le besoin de traiter de réalités nationales bien différentes de celles qu’affronta le génie de Lénine. Parfois, c’est même Proudhon qui est convoqué, au nom d’une abolition du salariat qui n’a rien à voir avec l’abolition communiste...

Il est étrange mais pas vraiment surprenant de voir ces 3 approches prendre pour cible « la direction sortante » et avant tout « le premier secrétaire ». Etrange car chacune a participé quelque peu, parfois longuement, à cette « direction », du moins à soutenir certains moments ou périodes stratégiques... C’est donc d’abord sur eux-mêmes que tirent ces camarades ! Et cela vaut pour quelques "encore jeunes".

Il en va ainsi de ceux qui considèrent le communisme doit « ‘ouvrir » aux enjeux écologiques au nom des pratique de l’URSS... Triste réquisitoire à charge qui ne vise qu’à justifier leur abandon de la prise de parti matérialiste pour le prolétariat au nom d’un intérêt supérieur des rapports d’hommes idéalisés à la planète.

Ces camarades se tirent dessus car, avant tout, ils révèlent par là leur incroyable méconnaissance des travaux du PCF en la matière et tout autant la sensibilité de Marx et d’Engels sur cette immense question.
Le projet émancipateur communiste repose sur un immense usage énergétique des forces et ressources naturelles comme condition de la réduction du temps de travail à consacrer au règne de la nécessité. Mais il est affirmé par Marx et Engel comme conditionné à un usage responsable de ces forces et ressources. Jamais Marx et Engels n’oublient que l’homme conservera toujours ses pieds dans la glaise et le règne du vivant... Il suffit de lire le Capital en entier pour s’en apercevoir.

De même, quand des camarades en appellent à « un salaire à vie » au nom des travaux de B. Friot, ils se tirent là aussi une balle dans les pieds. Ils révèlent qu’ils ont abandonné plus ou moins en conscience l’économie politique comme garantie de prise de parti communiste.
Car « ce salaire à vie » repose sur un travail de décomposition des concepts clés de Marx présenté dès les années 2010/2012. Notamment sur la question de la valeur.

Marx pris parti pour la valeur objective comme clé d’analyse de l’économie politique (suivant en cela Aristote, A. Smith et Ricardo).
B. Friot propose d’en revenir à une valeur subjective. Il propose en effet l’hypothèse d’une valeur choisie par le capital et d’une autre choisie par l’autre classe, la classe révolutionnaire, sa classe salariale (et non le prolétariat).
Pour le coup, il innove au-delà ce que fit un Walras et plus largement les néoclassiques et leur embrouille marginaliste mathématisée !
A suivre B. Friot, puisque chaque classe a son idée de la valeur, il devient en effet dès lors impossible de faire science économique plus ou moins fondée en théorie ! Tout devient affaire de croyance en la valeur de son choix... Au grand dépit d’un Aristote qui formalisa le double problème de la valeur et de l’échange afin d’assurer la cohésion de la communauté.

Qu’importe ce « détail », il s’agit d’apparaitre en tant que meilleurs pourfendeurs à la fois de P. Laurent, de la « direction », et des propositions communistes liées à la « révolution informationnelle », donc d’une commission économique qui peut être critiquée comme n’importe quel secteur mais dont il faut acter un immense mérite : n’avoir jamais cédé sur le besoin d’enracinement du PCF dans le monde de l’entreprise.

Et ce type de remarque vaut pour la question du féminisme ! Bien des camarades ignorent manifestement la place des femmes dans l’action du PCF qui l’autorise par exemple à faire la proposition de voir Martha Desrumaux entrer au Panthéon...

Que tout n’ait pas été aussi simple et limpide que cela aurait du ou pu être est une question à traiter au regard des différents contextes historiques. Ils n’en demeurent pas moins que Marx insista contre un Proudhon et bien d’autres sur un fait majeur. Dès lors que les femmes accèdent à un titre ou un autre au marché capitaliste du travail, l’ensemble des relations femmes-hommes, le patriarcat et la famille en sont radicalement bousculées.

L’accès à l’exploitation capitaliste fait des femmes des prolétaires à part entière. La totalité de la partie exploitée du genre humain est ainsi la plus à même à mesurer que le genre humain est sexué naturellement, divisé socialement en deux sexes et politiquement en classes... Alors l’autonomie économique s’impose comme facteur décisif de l’égalité de chaque individu devant l’émancipation du genre humain. En 68, la libération des femmes progressa en rapport avec l’augmentation des salaires et l’accès au carnet de chèque.

Par généralisation, les communistes sont les mieux placés pour traiter des questions sociétales car chaque prolétaire doit être traité sur le marché du travail à égalité indépendamment de ses choix et modes de vie, de ses origines, de sa culture etc.
Ceux et celles qui veulent voir dans cette considération une tentative d’échapper aux réalités des discriminations de nature sociétale, culturelle, souvent historiquement plus anciennes que le capital, peuvent se voir tout autant reprocher ne pas vouloir créer les conditions objectives de progrès durables et généralisés dans ces domaines, et tout autant ne pas vouloir se positionner clairement sur le terrain de la moderne lutte des classes.

Le mode de production du capital dissocie totalement la vie privée, domestique, sociétale, de la sphère de la production des conditions d’existences des individus et de la société. Le terrain du marché de la force de travail est devenu la plus grande agora de la société.
Sur cette immense espace du conflit de classes, les aspirations comme les discriminations jusqu’ici enfermées dans les sphères domestiques, sociales, ou privées à un titre ou un autre peuvent s’exprimer plus librement, plus efficacement que partout ailleurs... En témoigne l’écho de la dénonciation des violences faites aux femmes récemment dans le cadre des relations de travail et la tentative de dévoiement du défi par un gouvernement Macron tenant de ramener l’enjeu à la rue, aux transports ou à la vie privée...

Le terrain du marché de la force de travail est un lieu décisif pour les luttes contre toutes les dominations et discriminations, pour inventer les réponses politiques qui les régleront largement et pour généraliser, universaliser et consolider les acquis émancipateurs.

Ceux qui font des travaux de Marx une source trop étroite pour embrasser les réalités du monde moderne, ou pour expliquer l’affaiblissement de l’influence communiste, expriment avant tout une immense faiblesse idéologique et tout autant une volonté de se couper de la prise de parti radicale pour les intérêts de la classe des prolétaires dans laquelle Marx voyait celle qui supprimerait les classes et ainsi mettrait le genre humain sur l’orbite d’un mode de production et de civilisation supérieur.

Face à 68 comme à l’occasion du 38e, osons faire notre bilan depuis le tournant de la fin de la seconde guerre mondiale en y intégrant l’enjeu des forces productives. Et reprenons maille avec l’œuvre complète de Marx : Autant que possible dans le texte... Il nous apparaitra peut-être que notre usage du travail de Marx et d’Engels n’a pas été assez conséquent. Ce qui serait un enseignement notablement différent de celui d’un Marx et d’un Engels inconséquents, insuffisants, dépassés etc...

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