Appel des partis de gauche, adapté à l’urgence, mais il reste l’essentiel… par Danielle Bleitrach

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En lisant cet appel écrit dans l’urgence et – ajouterai-je dans l’émotion – on ne peut s’empêcher d’admirer ce “génie” français vers l’action mais dont on ne peut pas dire que la réflexion soit son point fort. Honnêtement en ce qui concerne l’urgence qui n’est pas quoiqu’on en dise la lutte contre le fascisme mais la tentative nécessaire d’empêcher que l’extrême-droite s’empare de la plupart des sièges de députés et oblige le crétin mégalo belliciste qui nous gouverne à accomplir son projet : mettre en place tel Hindenburg et Von Papen un gouvernement aux sympathies fascistes. A cette urgence, ces partis ont répondu par une consigne à leurs militants, adhérents, électeurs, simple : vous voterez pour le candidat unique de la gauche quel qu’il soit, il n’y en aura qu’un. C’est correct. Maintenant et c’est plus ou moins le sujet traité par tous les articles d’aujourd’hui, au-delà de cette nécessité de sauver les meubles, que peut-on espérer en matière de lutte antifasciste y compris à partir de cet appel ? On parle beaucoup de Front populaire, il ne faut pas oublier que ce grand mouvement antifasciste qui est né dans d’immenses conquêtes sociales est mort devant la réalité du fascisme et de la guerre en Espagne… Aujourd’hui, nous devons plus que jamais comprendre ce qu’est le fascisme en 2024, en France, en Europe et sur la planète…

Un tel appel s’il fait appel à la mémoire comme à la volonté d’unité évacue complètement et ce n’est pas un hasard la nature de ce à quoi nous sommes confrontés. La seule base au-delà de la volonté de sauver les meubles, est le refus du racisme qui est la carte de visite du Rassemblement national, son “patriotisme” dévoyé. Ce n’est pas rien, c’est même l’essentiel, l’existentiel pour des centaines de milliers de nos compatriotes et de réfugiés provoqués par “nos” guerres et nos pillages. Comme c’est l’existentiel pour ceux qui auront le plus à souffrir de la vague de conservatisme qui est déjà là…

Donc sans minimiser le moins du monde ces souffrances, il faut mesurer que rien jusqu’ici ne s’attaque réellement au fond, si ce n’est ce qui existe déjà en filigrane l’appel des syndicats contre la régression sociale que porte non seulement ce courant mais son alter ego le “libéralisme” de Macron. C’est là, comme cela l’a été dans la campagne de Deffontaines un point fort : donner un contenu revendicatif à l’antifascisme et quand tel est le cas on perçoit mieux ce qui crée le partenariat, la cohabitation entre Macron et le Rassemblement National. Ils servent les mêmes maitres et toute la campagne des Européennes n’a été qu’une manipulation en ce sens. C’est pour cela que personnellement je suis allée voter pour la liste gauche unie qui était celle qui percevait bien ces fondamentaux et a toujours refusé la polémique à gauche, on peut dire que cette déclaration est dans le prolongement de cette campagne.

Une telle orientation devrait déboucher non seulement sur des manifestations et un vote d’urgence mais sur les comités antifascistes que partout sur les lieux de travail avant le Front populaire et en préparation de celui-ci le parti communiste et la CGT s’ingéniaient à créer.

Parce qu’il y a encore beaucoup de choses à examiner y compris au niveau de ceux qui partout et en particulier en France votent pour les fascistes.

Tous les commentaires internationaux et nous en publions aujourd’hui déccrivent ce qui s’est passé aux élections européennes (et dans d’autres élections comme l’Inde) témoigne d’un mécontentement populaire et d’un refus de la guerre, les deux cas qui sont le symbole de ce bellicisme Macron et les verts sont les plus lourdement sanctionnés, la guerre fait partie d’une logique néolibérale, libertaire, à laquelle Macron et les verts ont donné l’apparence du caprice méprisant. Si les dirigeants fascistes face à un tel pouvoir semblent jouer le bon sens, ils ont les mêmes maitres mais il n’en est pas de même de leur électorat. On l’avait déjà perçu avec les desperados des gilets jaunes.

Il faut savoir voir dans ce vote massif comme dans l’abstention un réflexe de classe y compris dans le refus d la guerre. Tant que l’on ne percevra pas ce fondamental on restera dans la proclamation morale et culpabilisante qui n’a plus d’effet. C’est pour cela que je parle de comités antifascistes s’il existait comme jadis un parti communiste conscient de la nature réelle du fascisme et de la nature de ce qui le nourrit.

Pour qu’il existe un tel parti, il faudrait se donner les moyens d’une réflexion au sein de ca parti sur la nature impérialiste et capitaliste du fascisme non dans les années trente mais bien aujourd’hui. Tant qu’on ignorera complètement ce contexte international et qu’on le limitera à des cas susceptibles de provoquer émotion, division, voire exaspération des racismes, on n’avancera pas. D’ailleurs c’est là-dessus que ce bel élan autour du sauvetage des postes de députés et ultérieurement des mairies risque d’échouer et de perdre toute assise populaire.

Le bon côté de cet élan tel que cet appel le provoque c’est qu’avec cet instinct français qui fait de nous ce pays politique, de la lutte des classes, les réflexes vont dans le bon sens (y compris même le vote antimacron sur des bases de classe et de refus de la guerre) et cette union des partis de gauche a le mérite de ne pas préférer le dit Macron à son alter ego, le Front National. Le mérite encore de lier revendications que l’on peut qualifier de “syndicales” à ‘antifascisme, ce qui donne du corps au refus de l’extrême-droite et de Macron. Donc il peut devenir la base d’une véritable perspective politique à condition de pousser partout en particulier à la base dans la dénonciation du fascisme et de la guerre.

Je terminerai en prenant appui pour cela sur les résultats des européennes, les seuls partis communistes qui auront des élus au parlement européen sont ceux qui sont restés sur une ligne marxiste léniniste et ont feraillé pied à pied sur ces bases de l’antifascisme réel non seulement en terme d’analyse mais par une présence continue sur le terrain en partant des problèmes quotidiens pour aller jusqu’à la dénonciation de l’OTAN et du capital.

Donc si l’on peut et doit accepter ce choix dans l’urgence, cela ne doit en aucun cas occulter la nécessité impérieuse d’un dialogue et d’une réflexion collective des communistes sur la perspective dans les réalités d’aujourd’hui.

danielle Bleitrach

Voir en ligne : sur le blog histoireetsociete

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