Appel à dissoudre le Parti dit "socialiste" Par Robert Guediguian (cinéaste)

, par  auteurs à lire , popularité : 2%

Certes, nous n’avons pas l’illusion du cinéaste demandant aux dirigeants socialistes critiques de la politique gouvernementale de fonder un nouveau parti... Nous pensons que c’est au monde du travail de (re)fonder son parti... Mais Robert Guédiguian écoute le peuple, et pas seulement sa vieille mère... et c’est un beau et court texte !

pam

Après avoir regardé toutes les chaînes de télévision le 25 mai de 19 heures à 21 heures, j’ai noté :

Quel étrange spectacle que de voir tous ces gens propres sur eux, bien maquillés, généreux et si ouverts à toutes les transformations du monde, à toute la "modernité", à toutes les réformes dites sociétales… De voir tous ces gens aisés et si à l’aise pour clamer leur tristesse, leur amertume au lendemain de ces élections… Pour clamer leur déception.

Mais qui les avait déçus ? Le peuple bien sûr, au sens "la plèbe" évidemment. Mon Dieu, le peuple ne vote plus, ou alors il vote pour le Front national ! Que peut-on faire ? Le dissoudre comme disait Brecht ou plutôt dissoudre l’Assemblée comme le dit Marine Le Pen.

Moi, si je pouvais, je dissoudrais le Parti dit socialiste. Cela obligerait peut-être la centaine de députés râleurs, frondeurs, rebelles, bref la centaine de députés restés socialistes dans son cœur et son cerveau à créer un nouveau parti.

En quoi croient-ils encore ces députés ? En la synthèse dans laquelle ils trahissent leurs idées depuis trente ans ?

Ma vieille mère m’a téléphoné hier. Elle a fait ses comptes. Le conseil général diminue de 51 euros par mois l’aide qu’il lui octroie, alors qu’elle touche en tout 750 euros par mois. Je lui ai expliqué qu’elle devait participer à la diminution de la dette publique comme tous les smicards qui gagnent trop car ils sont si peu qualifiés, comme tous les chômeurs qui sont trop indemnisés car ils sont si fainéants…

Écœurement

Assez d’hypocrisie, je dis mon écœurement à tous ces spécialistes raisonnables qui continuent à appliquer le même dogme en France et en Europe, qui échoue depuis trente ans, à toutes ces élites politiques, industrielles, médiatiques et artistiques qui ne font que se protéger, à tous ces lâches de droite et "de gauche" qui n’osent rien changer de peur que leur petit pouvoir vacille, à tous ces fossoyeurs de l’idée même de la politique comme activité la plus noble qui soit. Comment appelle-t-on quelqu’un qui croit que la réalité a tort ? Un fou, non ?

Et je ne parle pas des affaires, que l’on devrait plutôt appeler des ordures, dont les protagonistes devraient être éliminés définitivement de la citoyenneté, plutôt que de réapparaître, après une courte absence, au grand jour.

Ma capacité au dégoût s’épuise depuis Cahuzac et Guéant, depuis Balkany et Strauss-Kahn, depuis Copé et Guérini…

Une société a le peuple qu’elle mérite, le peuple qu’elle affame ou qu’elle rassasie, le peuple qu’elle éduque ou qu’elle réprime, le peuple qu’elle méprise ou qu’elle respecte !

J’écoute pour ma part le peuple lorsqu’il souffre, d’autant plus lorsque je pense qu’il s’égare, car c’est une question de morale de le comprendre… Et car c’est la seule manière de continuer, si c’est encore possible, à faire de la politique.

À tous les déçus par le peuple que j’ai vu hier soir, je veux dire avec Victor Hugo :

« Ils n’ont pas eu leur part de la cité

C’est votre aveuglement qui crée leur cécité. »

Robert Guediguian (cinéaste)

Voir en ligne : Tiré du journal Le Monde

Brèves Toutes les brèves

Navigation

Annonces

  • (2002) Lenin (requiem), texte de B. Brecht, musique de H. Eisler

    Un film
    Sur une musique de Hans Eisler, le requiem Lenin, écrit sur commande du PCUS pour le 20ème anniversaire de la mort de Illytch, mais jamais joué en URSS... avec un texte de Bertold Brecht, et des images d’hier et aujourd’hui de ces luttes de classes qui font l’histoire encore et toujours...

  • (2009) Déclaration de Malakoff

    Le 21 mars 2009, 155 militants, de 29 départements réunis à Malakoff signataires du texte alternatif du 34ème congrès « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps ». lire la déclaration complète et les signataires

  • (2011) Communistes de cœur, de raison et de combat !

    La déclaration complète

    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

    Un peu plus d’un tiers des adhérents a participé à cette consultation, soit une participation en hausse par rapport aux précédents votes, dans un contexte de baisse des cotisants.
    ... lire la suite

  • (2016) 37eme congrès du PCF

    Texte nr 3, Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF et son résumé.

    Signé par 626 communistes de 66 départements, dont 15 départements avec plus de 10 signataires, présenté au 37eme congrès du PCF comme base de discussion. Il a obtenu 3.755 voix à la consultation interne pour le choix de la base commune (sur 24.376 exprimés).