le jour le plus long était celui de la manifestation la plus courte

, par  Gilbert Remond , popularité : 1%

Cette année, le jour le plus long était celui de la manifestation la plus courte. C’était le 23 juin. Alors que des milliers de manifestants qui avaient réussi a passer les barrages filtrants dressés par les forces de l’ordre tournaient en rond pour défendre leurs acquis, des millions de sujets britanniques sortaient du cirque européen dressé en prison des peuples, pour regagner leur souveraineté par décision référendaire. Opération Overlord a l’envers contre opération maintien de l’ordre, tout un programme mais aussi quel symbole ! Nous piétinons contraint a limiter nos pas au parcours d’un bassin pour bateaux de plaisance, pendant que d’autres rembarquaient dans les ferrys pour un adieu aux euro-conditionnements austéritaires sous influence de la banque centrale.

La grande Bretagne rentrait dans la maison d’Angleterre, celle d’une démocratie bourgeoise de première main en voie de désuétude, qui fut la première puissance économique mondiale et par voie de conséquence dialectique le lieu de développement des trade unions et d’un mouvement syndical puissant et aguerri. En effet, elle était, avant que ne souffle la tornade libérale réactionnaire des Thatcher et autres Blair, un pays de chartes sociales et d’acquis sociaux, performance ambiguë certes, qui ne peut toutefois jamais s’effacer totalement, laissant les souvenirs de jours heureux, fussent-ils magnifiés, créateurs d’autres succès de par leur dynamiques latentes.

Sous les pavés, la plage, disions nous à l’époque des barricades du quartier latin. Sous la dureté des réformes-destructions, ces pavés nécessaire à la voirie des profits capitalistes, il demeure quelque chose, telle une plage où se dessine la mémoire et les coutumes. Bonnes ou mauvaises, ces dernières n’en demeure pas moins le substrat de visages souriants que l’on cherche à retrouver, tel celui d’Aline entrevu et esquissé avant l’orage. En outre, quelque soit l’emballage qui nous les présentent, demeure l’antagonisme dominant entre possesseur des moyens de productions et producteurs.

Ainsi que l’expliquait Engels "cela vient du fait que les forces productives engendrées par le mode de production capitaliste moderne ainsi que le système de répartition des biens qu’il a créé sont entrés en contradictions flagrantes avec ce mode de production lui-même, et cela à un degré tel que devient nécessaire un bouleversement du mode de production lui même et de répartition éliminant toutes différences de classes, si l’on ne veut pas voir toute la société moderne périr".

Certes avec le brexit, le mode de production et de répartition n’est pas bouleversé au sens de ce que peuvent attendre les marxistes, mais le bouleversement atteint tout de même une amplitude forte pour le système construit par les monopoles capitalistes. Du coup on aura beau qualifier cette sortie de sortie par la droite, il n’en demeura pas moins qu’elle s’est exprimée principalement dans les milieux populaires et qu’elle exprime les prémisses d’une nécessaire reprise de possession de leurs histoire avant de pouvoir la poursuivre dans le sens des luttes pour l’émancipation. Conscience en demi-teinte me direz vous, conscience aléatoire, marqué par une polarité droitière. Mais justement, il fallait prendre ce train, se saisir de cette opportunité pour entreprendre la suite du combat. En outre la nécessité devenue irrésistible du mécontentement populaire contre les institutions européenne s’est appuyée sur les témoignages et la campagne de forces politiques situées a gauche comme le parti communiste dont je donne le communiqué plus bas et de certains secteurs du syndicalisme comme celui des transports.

Il n’en demeure pas moins que cette décision ouvre une crise supplémentaire dans le camp de la bourgeoisie qui dans cette affaire comme dans d’autres, la loi Khomery pour rester dans l’actualité, se montre, fragilisée et divisée. Pour autant ses divisions n’ont nullement empêché ses chiens de garde d’hurler tout azimut leur rage et leur mépris devant ce résultat. Trop sûr de leur science et de leur savoir, ils ne l’avaient pas vu venir, à l’instar d’Alain Minc qui dans Marianne s’est laissé aller à son mépris de classe en déclarant que le brexit " c’est la victoire des gens peu formés sur les gens éduqués".

N’avions nous pas eu droit à un même déferlement de vomissures quand en 2005 une nette majorité de nos concitoyens avaient refusé la constitution européenne ? En quelques jours, tout a été dit, tout a été utilisé, a commencer par notre président qui confiait au micro tendu pour l’occasion, un solennel "c’est un choix douloureux que je regrette profondément" a près quoi il enchainait en père sévère avec la détermination que nous lui connaissons le châtiment qu’il convient a la situation avec les paroles suivantes "les procédures prévues par les traités seront appliqués c’est la règle, c’est la conséquence". Nous sommes prévenus, il y a des conséquences à nos décisions démocratiques parce qu’existent des règles plus fortes, celle des traités à la signatures desquels les peuples sont exclus.

Mieux, France Inter parvenait à trouver un supporter britannique, qui après la défaite de son équipe face a l’Islande disait sa honte d’être mis à la fois à la porte de l’Europe et de l’euro, transformant un geste politique en une affaire de mauvaise meurs et de morale. Ses commentateurs, unis a ceux de l’ensemble des médias, nous noyaient pendant plusieurs jours dans un flot de jérémiades et de visons apocalyptiques. Effondrement, déprime totale, erreur grave, folie économique, coup d’arrêt majeur à la construction européenne qui aura un impact sur l’emploi, légèreté de Cameron qui a joué avec le feu, échec tonitruant, séisme politique qui fait trembler les places financières, rien ne nous est épargné. Ceux qui fabriquent l’information en font des tonnes sans aucun scrupules. La police de la pensée brasse a longueur de formule, la dernière doxa que nous avons obligation de croire. Il faut faire peur, mimer l’horreur du destin contrarié, boucher l’horizon a toute volonté alternative. Il faut surtout nous sidérer sous l’effet d’un message massue. Il faut laisser les experts penser à notre place, ne pas se mêler d’affaires auxquelles nous ne pouvons rien comprendre et surtout pas de dire que les faits sont palpables et non "les idées de tel ou tel théoriciens en chambre sur le juste et l’injuste".

Le résultat le plus tangible de cet événement et de la campagne qu’il permettait d’instrumentaliser, fût d’occulter l’information sur les atteintes aux libertés de manifester orchestrées par notre exécutif, et le fond du débat sur la loi travail qui en était le motif. Ils sont en cela relayés par la gauche de chez nous et singulièrement par la direction de notre parti qui ne voit toujours rien venir et surtout ne veux pas remettre en cause ses schémas sur la structure de l’union européenne, qu’elle appelle toujours à transformer, ainsi que l’écrit son représentant au parlement européen, Le Hyaric, qui écrit dans l’huma dimanche du premier juillet : " Les forces du capital, avec leur mandataire politique et médiatique, ne veulent surtout pas qu’un débat s’engage autour d’un projet européen alternatif. C’est pourtant la question qui est posée ! Les dirigeants européens actuels gesticulent, palabrent, menacent, pour préserver leur système. On veut ici renforcer la seule zone euro autour d’un petit groupe de pays, là, comme Mme Merkel, changer les traités pour « renforcer le contrôle sur la politique financière et économique ». Nulle trace des préoccupations populaires dans leurs propositions. Nulle trace d’une quelconque autocritique des politiques passées. On nous disait que c’était l’Angleterre qui poussait l’Europe vers l’ultralibéralisme." S’engager autour d’un projet alternatif européen, rien ne compte donc que "cette impossible refondation" qui ronronne dans une indigence de pensée critique désarmante.

La direction du parti n’a d’yeux que pour la gauche qu’elle se fait fort de rassembler et pour les présidentielles de 17 qu’elle croit pouvoir dépasser dans les législatives en s’effaçant au profit d’un homme providentiel. La mobilisation contre la loi travail, durent depuis quatre mois sans qu’elle donne le sentiment de l’entendre. C’est tout juste si le 37ème congres lui a laissé une place dans ses travaux encore que celle-ci se manifestait sous la forme du spectacle par quelques minutes d’ovations adressées au secrétaire de la CGT dans un interlude chaleureux. Pour le reste il était urgent de parler des primaires et de leur remplaçantes appelées votation citoyenne. D’ailleurs nous n’en sortons pas.

A l’assemblée Valls revient avec sa loi et son 49-3, nous courrons derrière une improbable motion de censure, c’est à dire les 58 députés nécessaires à son dépôt avec une naïveté déconcertante. La droite s’abstient, Bayrou dénonce cette désertion mais pourquoi faut-il que ce soit Bayrou qui le dise ? Que valent la gauche et ses frondeurs ? Quatre qui sortent quatre qui rentrent. Nous en restons toujours a 56 c’est a dire à moins deux et après cela comme le chantait Brel dans Bruxelles "on voudrait que je sois sérieux" ! Brel disait "Bruxelles chantait" ? Ben oui et nous on déchante car c’est de là que partent tous les mauvais coups contre les classes populaires ! ( ce constat ne dédouane pas pour autant le medef qui sait très bien utiliser ce canal pour imposer par la bande ses mauvais coups) Devant un tel tableau, un partisan de la direction me répond : "Bayrou est un enfumeur qui sait très bien que la droite est d’accord avec la loi !"

Non La droite n’est pas d’accord avec la loi, qui ne va pas assez loin à son goût. Pour elle il s’agit tout juste d’un préliminaire à de plus sombres atteintes pour quand elle retournera au pouvoir. C’est d’ailleurs à quoi sert le PS : enlever les gardes fous résultant des luttes pour ouvrir la voie aux gros bataillons de la droite dure et à leurs projets. Bayrou n’enfume pas d’avantage que ses petits amis du PS qui laissent entendre qu’ils sont contre la loi mais se débinent quand il faut agir. La responsabilité du front de gauche dans cette affaire est de laisser croire qu’une entente reste possible avec de tels clowns.Les frondeurs finissent toujours a Versailles. Ils prétendent lutter contre l’arbitraire mais se retrouvent avec la livré du courtisan en fin de parcours : C’est la leçon de l’histoire. Versailles n’avait-t-il pas été conçu a cet effet : regrouper la noblesse dans un lieu de prestige pour la garder sous contrôle ? Aujourd’hui, la cour s’est déplacée au parlement où les charges législatives avec leurs investitures jouent le rôle des prébendes sous la monarchie. Ainsi se tiennent tranquilles les petits barons du PS comme tous ceux qui lui doivent leur élection. Et nous devrions attendre l’arme au pied le mois de novembre pour décider de notre attitude et quoi faire dans les luttes qui se déroulent dans le pays ?

C’est à cette situation que le réseau "faire vivre le pcf" répond par le communiqué qui demande la réunion d’ une conférence nationale des communiste. Il conclue :"la solution ne viendra ni des frondeurs, ni de Jean-Luc Mélenchon, ni d’un présidentiable improbable. Prenons nos décisions en toute autonomie. Il est urgent que le débat s’ouvre sur une candidature communiste à la présidentielle. Nous avons beaucoup de communistes expérimentés capables de mener cette bataille, et un résultat significatif, meilleur qu’en 2002, est à notre portée tant la colère populaire contre le gouvernement est forte.

La direction du PCF ne peut continuer à occuper les communistes jusqu’en Novembre pendant qu’elle négocie avec le PS le soutien à un frondeur contre quelques places hypothétiques aux législatives".

Gilbert Rémond

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