Sous le titre « Non à la réforme Sarkozy-Jospin », un internaute nous rappelle combien il ne faut pas oublier le rôle de l’Union Européenne dans la stratégie du capitalisme vis-à-vis de sa reprise en main des acquis sociaux et donc des retraites (http://www.lalettrevolee.net/article-retraites-non-a-la-reforme-sarkozy-jospin-58793212.html)... et dès qu’on parle d’Union Européenne, qu’il ne faut pas oublier non plus le rôle du PS.
Ainsi, dès le Conseil européen de Barcelone des 15 et 16 mars 2002, l’ensemble du gouvernement Jospin entérine notamment ce point numéroté 25 des conclusions de la présidence du Conseil (http://www.consilium.europa.eu/ueDocs/cms_Data/docs/pressdata/fr/ec/71026.pdf) :
« Soucieux de relever le défi que constitue le vieillissement de la population, le Conseil européen demande que la réforme des régimes de retraite soit accélérée en vue de garantir tant leur viabilité financière que la réalisation de leurs objectifs au niveau social ; dans cette optique, il souligne l’importance du rapport conjoint de la Commission et du Conseil sur les pensions qui sera présenté au Conseil européen du printemps 2003 et qui sera établi sur la base des rapports sur les stratégies nationales prévus pour septembre 2002 ».
Où l’on peut lire que l’argument du vieillissement des populations était déjà à la base de l’arnaque fomentée aujourd’hui contre les retraites.
Comme il est mentionné dans les conclusions de Barcelone, le rapport conjoint de la Commission et du Conseil « sur des pensions viables et adéquates » suivra à la date du 6 mars 2003. On peut le trouver en ligne sur le site de l’UE (http://ec.europa.eu/employment_social/soc-prot/pensions/2003jpr_fr.pdf). Il nous donne à lire le passage suivant qui s’apparente à une prescription politique incontournable :
« Prolonger la vie active — À l’heure actuelle, la plupart des Européens prennent leur retraite avant d’avoir atteint l’âge légal de départ. S’il était possible de relever d’un an l’âge effectif du départ à la retraite sans augmenter les droits à pension, l’accroissement prévu des dépenses de pension baisserait de 0,6 à 1 point de pourcentage du PIB en 2050. Ainsi, un relèvement d’un an de l’âge effectif de la retraite permettrait d’absorber environ 20 % de l’augmentation moyenne prévue des dépenses de pension en 2050. Les États membres se sont engagés à retarder les départs en préretraite et réforment actuellement les régimes de préretraite et les politiques en matière de marché du travail et favorisent le vieillissement actif (23). Dans de nombreux cas, cependant, le rythme des réformes est trop lent pour atteindre les objectifs de Stockholm et de Barcelone en ce qui concerne le taux d’emploi des travailleurs âgés (50 % en 2010 contre 38,5 % aujourd’hui) et pour permettre de relever de cinq ans l’âge effectif de départ à la retraite d’ici à 2010 ».
Ainsi allonger de cinq ans la durée du travail est devenu un objectif commun à l’ensemble des gouvernements de l’Union Européenne. Difficile dans ces conditions de masquer encore plus longtemps combien l’Union Européenne est une structure antidémocratique au service des intérêts du capitalisme. Sarkozy n’étant qu’un petit soldat de la bourgeoisie capitaliste, obéit le doigt sur la couture du pantalon aux injonctions de Bruxelles et du patronat avec la loi Woerth.
Le fonctionnement dictatorial de l’U.E. apparaît dans toute son horreur. La décision initiale émane du Conseil européen dont les conclusions sont signées par tous les chefs d’État (apparence démocratique). Et par la suite, la toute puissante Commission (non élue) met en œuvre cette politique en élaborant un rapport entièrement dicté par le patronat et les intérêts capitalistes, rapport qui a presque rôle d’obligation.
La conclusion est toute trouvée : peut-on continuer longtemps à faire croire que l’on pourra changer de politique en restant soumis à l’Union Européenne, cette arme de guerre contre les peuples et leur souveraineté ?
Pascal Brula