Les propositions de la Grèce pour mettre un terme à la crise : mon intervention à l’Euro-groupe Par Yanis Varoufakis

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Ce discours détaillé de Yani Varoufakis le 18 juin, quelques jours avant l’ultimatum de la commission européenne et le blocus de la Grèce par la BCE, est très instructif. Les leaders de Siriza cherchent "à tout prix" une solution dans le cadre de l’Euro, et pour cela cherchent une "austérité" qui ne frappe pas trop les plus pauvres.

Mais la description de la situation grecque que fait Varoufakis est terrible. Il s’agit bien d’une guerre qui a dévasté ce pays en quelques années, et le coût social fait peur. Siriza cherche un accord pour retrouver la paix, en supposant qu’une reconstruction serait possible. Quoi qu’on pense de ces négociations, elles ont un immense mérite après le discours ce 10 Juillet de Tsipras obtenant le vote large du parlement grec.

Chacun peut juger de plus plus en plus clairement si le refus de l’austérité est possible dans le cadre de l’Euro, si un "capitalisme social" est ou non possible, s’il est possible de faire la paix avec ce capitalisme mondialisé. Et quand on constate ce que doit accepter la Grèce, malgré la force des 61% de NON, on réalise que c’est impossible. Il faut alors regarder la vérité en face, affronter la nécessité de la rupture avec ce système et ces institutions. Et les stratèges de la théorie des jeux n’y peuvent rien...

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Le seul antidote à la propagande et aux "fuites" malveillantes est la transparence. Après tant de désinformation sur ma présentation de la position du gouvernement grec à l’Euro-groupe, la seule réponse est de publier les mots précis prononcés. Lisez-les et voyez par vous-mêmes si les propositions du gouvernement grec peuvent constituer une base pour un accord.


(18 juin)
Chers collègues,

Il y a cinq mois, lors de ma toute première intervention à l’Euro-groupe, je vous ai dit que le nouveau gouvernement grec devait faire face à un double enjeu :

Nous devions créer une monnaie précieuse sans dépouiller notre patrimoine.

Cette monnaie précieuse que nous devions créer était un sentiment de confiance, ici, parmi nos partenaires européens et au sein des institutions. Battre cette précieuse monnaie nécessitait un ensemble de réformes significatives, ainsi qu’un plan de stabilité financière crédible.

Le patrimoine important que nous ne pouvions pas nous permettre de dépouiller était la confiance du peuple grec qui aurait à se ranger derrière n’importe quel programme de réformes accepté qui mettrait un terme à la crise grecque. Afin de ne pas dépouiller ce patrimoine, le pré requis était – et demeure – unique : l’espoir tangible que l’accord que nous rapporterions à Athènes :
- soit le dernier qui soit forgé en condition de crise ;
- comprenne un ensemble de réformes qui mette un terme à six ans de récession ininterrompue ;
- ne frappe pas sauvagement les pauvres comme le firent les précédentes réformes ;
- rende notre dette soutenable et donc crée des perspectives réelles d’un retour de la Grèce sur les marchés financiers, mettant un terme à notre dépendance indigne vis à vis des partenaires auxquels nous remboursons les prêts qu’ils nous avaient accordés.

Cinq mois se sont écoulés depuis, et le bout de la route est proche, mais cet accord finement équilibré ne s’est pas matérialisé. Certes, au Groupe de Bruxelles nous en avons été proche. A quel point ? Sur le plan fiscal, nos positions sont vraiment proches, particulièrement pour 2015. Pour 2016, il reste un écart s’élevant à 0,5% du PIB. Nous avons proposé des mesures paramétriques à hauteur de 2% du PIB au lieu des 2,5% sur lesquels insistent les institutions. Nous proposons de combler cet écart de 0,5% par des mesures administratives. Cela serait, et je vous prends à témoin, une erreur majeure de permettre à un écart si minuscule de briser radicalement l’unité de la zone euro. Un grand nombre de sujets ont aussi atteint un point de convergence.

Néanmoins, je ne nierai pas que nos propositions ne vous ont pas inspiré la confiance dont vous avez besoin. Et, dans le même temps, les propositions des institutions que M. Juncker a communiquées à M. Tsipras, premier ministre, ne peuvent pas susciter l’espoir dont nos citoyens ont besoin. Ainsi, nous sommes proches de l’impasse.

Dans cet ultime tour des négociations, et avant que des événements incontrôlables ne nous submergent, nous avons un devoir moral, sans parler des devoirs politique et économique, de sortir de cette impasse. Le temps n’est pas aux récriminations et aux accusations. Les citoyens européens nous tiendront collectivement pour responsables si nous ne trouvons pas une solution viable.

Même si certains, influencés par des rumeurs selon lesquelles un Grexit ne serait pas si dramatique ou que cela pourrait même être bénéfique au reste de la zone euro, se sont résignés à un tel évènement, c’est un évènement qui libérerait des forces destructrices que plus personne ne pourrait contrôler. Les citoyens de toute l’Europe ne s’en prendraient pas aux institutions, mais aux ministres des finances, à leurs premiers ministres et aux présidents. Après tout, ils nous ont élus afin de promouvoir une prospérité européenne partagée et d’éviter les écueils qui peuvent nuire à l’Europe.

Notre mandat politique est de trouver un compromis honorable qui fonctionne. Est-ce si difficile ? Nous ne le pensons pas. Il y a quelques jours, l’économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard, a publié un article intitulé « Grèce : un arrangement réaliste nécessitera des décisions difficiles pour toutes les parties » Il a raison, les mots clés sont : « pour toutes les parties ». Le Pr Blanchard a ajouté qu’« il y a une question simple au cœur des négociations. Dans quelle mesure la Grèce doit-elle s’adapter et dans quelle mesure ses créancier institutionnels doivent-ils s’adapter ? »

Il ne fait aucun doute que la Grèce doit procéder à des ajustements. Cependant, la question n’est pas de savoir combien d’ajustements sont nécessaires en Grèce, mais plutôt quelle est la nature de ces ajustements. Si par "ajustements" nous pensons à une consolidation budgétaire, à une coupe dans les salaires et les retraites, et à une élévation du niveau de taxation, il est clair que nous en avons faits bien plus que n’importe quel autre pays en temps de paix.
- Le déficit budgétaire structurel, ou ajusté cycliquement, du secteur public s’est transformé en excédent grâce à un ajustement de 20%, "nouveau record mondial"
- Les salaires ont chuté de 37%
- Les retraites ont été réduites de 48%
- La masse salariale de l’état a diminué de 30%
- La consommation a baissé de 33%
- Même le déficit chronique du compte des transactions courantes du pays a chuté de 16%

Personne ne peut affirmer que la Grèce ne s’est pas adaptée au nouvel environnement économique de l’après 2008. Mais ce que nous pouvons dire, c’est que ces ajustements colossaux, qu’ils fussent nécessaires ou pas, ont créé plus de problèmes qu’ils n’en ont résolus :
- Le PIB réel consolidé a chuté de 27% tandis que le PIB nominal a continué de chuter chaque trimestre et cela depuis 18 trimestres sans interruption
- Le taux de chômage s’est propulsé à 27%
- La proportion de travail non déclaré a atteint 34%
- Les banques sont grevées de prêts non productifs qui excèdent 40% en valeur
- La dette publique a dépassé les 180% du PIB
- Les jeunes diplômés abandonnent la Grèce en masse
- La pauvreté, la faim et la privation des énergies ont atteint des niveaux habituellement associés à une période de guerre
- L’investissement en capacité productive s’est évaporé

Donc, à la première partie de la question du Pr Blanchard « combien d’ajustements sont nécessaires en Grèce ? » doit être répondu : La Grèce a besoin de nombreux ajustements. Mais pas du même genre que ceux que nous avons effectués par le passé. Nous avons besoin de plus de réformes, pas de faire plus d’économies. Par exemple,
- Nous avons besoin de nous conformer à une nouvelle culture du paiement des taxes, mais nous n’avons pas besoin d’une augmentation des taux de TVA qui encourage la fraude et aggrave la pauvreté des citoyens respectueux des lois
- Nous avons besoin de créer un système de retraite pérenne en éradiquant le travail non rémunéré, en réduisant les départs en retraite anticipés, en éliminant la fraude aux caisses de retraite et en stimulant l’emploi – et non pas en supprimant la tranche solidarité des retraites les plus faibles parmi les basses retraites, comme cela a été exigé par les institutions, ce qui a poussé les plus pauvres vers une plus grande pauvreté et qui a généré une hostilité populaire massive contre un nouveau train de prétendues réformes

Dans nos propositions aux institutions nous avons offert :
- Un agenda de privatisations étendu (mais optimisé) pour la période 2015-2025
- La création d’une Autorité pour les Taxes et les Douanes complètement indépendante (sous l’égide et sous la supervision du Parlement)
- Un conseil fiscal qui contrôle le budget de l’état
- Un programme à court terme pour restreindre les saisies et pour gérer les prêts en souffrance
- Une réforme du code de procédure civil et du code de procédure judiciaire
- La libéralisation de plusieurs marchés de produits et services (en sauvegardant les valeurs et les professions de la classe moyenne qui est une partie intégrante du tissu social)
- L’élimination de nombreux coûts de nuisances
- Une réforme de l’administration publique (en introduisant des systèmes d’évaluation du personnel, en réduisant les coûts non-salariaux, en modernisant et en unifiant les traitements dans le secteur public)

En plus de ces réformes, les autorités grecques ont sollicité la participation de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) au projet d’Athènes pour mettre en place et contrôler une seconde série de réformes. J’ai rencontré hier le secrétaire général de l’OCDE, M. Angel Guirria et son équipe, pour présenter ce programme de réformes conjoint, complété par un plan de route détaillé :
- Un plan de lutte contre la corruption audacieux, et les institutions pour l’appuyer, particulièrement dans le domaine de passation des marchés
- La libéralisation du secteur de la construction, y compris le marché et les normes des matériaux de construction
- La libéralisation du commerce de gros
- Un code de conduite pour les médias (électronique et papier)
- Un centre d’affaires universel pour supprimer les tracasseries administratives qui empêchent de faire des affaires en Grèce
- Une réforme du système des retraites – où l’accent est mis sur une étude actuarielle sur le long terme, sur la suppression des retraites anticipées, sur la réduction des coûts de fonctionnement des caisses de retraites, sur la consolidation de ces caisses – plutôt que sur de simples réductions des retraites.

Oui, chers collègues, les Grecs doivent encore s’adapter. Nous avons désespérément besoin de réformes profondes. Mais je vous exhorte à prendre sérieusement en considération la différence entre :
- Des réformes qui s’attaquent aux comportements de parasite, de rentier, ou à l’inefficacité, et
- Des modifications paramétriques qui augmentent les taxes et réduisent les revenus des plus faibles.

Nous avons bien plus besoin de vraies réformes et bien moins de réformes paramétriques.

Il a beaucoup été dit et écrit au sujet de notre "retour en arrière" sur la réforme du marché du travail et notre détermination à réintroduire une protection pour les salariés à travers la négociation de conventions collectives. Est-ce notre orientation à gauche qui met en péril l’efficacité ? Non, chers collègues, ce n’est pas le cas. Prenez par exemple la situation critique de jeunes travailleurs qui, dans plusieurs chaînes de magasins, sont licenciés à la veille de leur 24ème anniversaire pour que leurs employeurs puissent les remplacer par des travailleurs plus jeunes, afin de ne pas payer le salaire minimum normal qui est plus bas pour les salariés de moins de 24 ans. Ou prenez le cas des salariés qui sont engagés à temps partiel pour 300 euros par mois, qui travaillent à plein temps et sont menacés de licenciement s’ils se plaignent. Sans négociations collectives, ces abus abondent et ont des effets néfastes pour la compétitivité (les employeurs corrects sont en concurrence déloyale avec des employeurs sans scrupules), mais ont également des effets néfastes pour les caisses de retraite et les recettes de l’état. Est-ce que quelqu’un pense sérieusement que l’introduction de conventions collectives équilibrées, en collaboration avec l’OMT et l’OCDE, puisse constituer une "contre-réforme", un exemple de "retour en arrière" ?

Pour revenir brièvement sur le sujet des retraites, on a beaucoup parlé du fait que les retraites coûtent plus cher que par le passé : jusqu’à 16% du PIB. Mais considérez ceci : les retraites ont été réduites de 40% et le nombre de retraités est stable. Donc les dépenses de retraite ont diminué, elles n’ont pas augmenté. Ce taux de 16% du PIB n’est pas lié à une augmentation des dépenses, mais au contraire à la chute dramatique du PIB qui entraîne avec lui une réduction tout aussi dramatique des contributions, liée à la baisse de l’emploi et à l’augmentation du travail non déclaré.

Notre prétendu recul sur la "réforme des retraites" est que nous avons suspendu toute réduction supplémentaire des retraites qui ont déjà perdu 40% de leur valeur, quand les prix des biens et des services dont les retraités ont besoin, par exemple les produits pharmaceutiques, n’ont presque pas bougé. Prenez aussi en compte ce fait relativement méconnu : à peu près un million de familles survivent aujourd’hui grâce à la maigre retraite d’un grand-père ou d’une grand-mère, puisque les autres membres de la famille sont au chômage dans un pays où seulement 9% des chômeurs reçoivent des allocations de chômage. Réduire cette retraite, unique source de revenus, revient à jeter la famille entière à la rue.

C’est pourquoi nous répétons aux institutions que, oui, nous devons réformer les retraites mais, non, vous ne pouvez pas réduire de 1% la proportion des retraites dans le PIB sans causer une nouvelle misère et un nouveau cycle de récession, si ce 1,8 milliard multiplié par un grand multiplicateur fiscal (jusqu’à 1,5) est retiré du flux circulaire des revenus. Si de grosses retraites subsistaient, dont la réduction entrainerait une différence fiscale, nous le ferions. Mais la répartition des retraites est si compacte que pour faire des économies de cet ampleur, il faudrait rogner les retraites des plus pauvres. C’est pour cette raison, je suppose, que les institutions nous demandent d’éliminer les suppléments de solidarité des retraites versés aux plus pauvres parmi les pauvres. Et c’est pour cette raison que nous proposons à la place des réformes adaptées : une réduction drastique, presque une suppression, des retraites anticipées, la consolidation des caisses de retraite et des interventions sur le marché du travail qui réduiront le travail non déclaré.

Les réformes structurelles favorisent le potentiel de croissance. Mais de simples coupes budgétaires dans une économie comme celle de la Grèce favorisent la récession. La Grèce doit s’adapter en introduisant d’authentiques réformes. Mais dans le même temps, pour revenir à la réponse du Pr Blanchard, les institutions doivent revoir leur définition de réformes favorisant la croissance – pour reconnaître que les coupes paramétriques et l’augmentation des taxes ne sont pas des réformes, et que, au moins dans le cas de la Grèce, elles minent la croissance.

Certains collègues nous ont fait remarquer par le passé, et pourraient le faire à nouveau, que nos retraites sont trop élevées comparées à celles de leurs propres retraités, et qu’il est inacceptable que le gouvernement grec espère que leurs retraités paient nos retraites. Laissez-moi être clair sur ce point : nous ne vous demanderons jamais de financer notre état, nos salaires, nos retraites, nos dépenses publiques. La Grèce vit selon ses moyens. Durant les cinq derniers mois, nous avons même réussi, sans avoir accès aux marchés et sans déblocage de fonds, à payer nos créanciers. Nous avons l’intention de continuer à le faire.

J’entends les inquiétudes, la crainte que notre gouvernement renoue avec un déficit primaire, et pour cette raison les institutions nous pressent d’accepter une importante augmentation de TVA et d’importantes coupes dans les retraites. Alors que nous pensons que l’annonce d’un accord viable stimulera suffisamment l’activité économique pour produire un excédent primaire sain. Je comprends parfaitement bien que nos créanciers et partenaires aient des raisons d’être sceptiques et de vouloir des garde-fous ; une police d’assurance contre une éventuelle frénésie dépensière de notre gouvernement. C’est ce que veut dire le Pr Blanchard lorsqu’il appelle le gouvernement grec à proposer « des mesures vraiment crédibles ». C’est une idée, une « mesure vraiment crédible ».

Plutôt que de se disputer sur des mesures pour un demi-point de pourcentage (ou sur le fait que ces mesures fiscales devraient ou non être de type paramétrique), pourquoi ne pas mettre en place une réforme permanente plus intelligente et plus complète ? Un frein automatique au déficit inscrit dans la loi et surveillé par le conseil fiscal indépendant que les institutions et nous-mêmes avons d’ores et déjà accepté. Toutes les semaines, le conseil fiscal surveillerait l’exécution du budget de l’état, et s’il s’avérait que l’objectif d’un excédent primaire minimum ne peut pas être atteint, il donnerait des avertissements et, à un certain stade, déclencherait automatiquement des réductions générales de dépenses de façon à prévenir le glissement sous un seuil convenu au préalable. De cette manière, un système de sécurité garantit la solvabilité de la Grèce, et le gouvernement grec conserve l’espace politique dont il a besoin pour rester souverain et être capable de gouverner démocratiquement. Considérez ceci comme une proposition ferme que notre gouvernement mettra en place immédiatement après qu’un accord sera obtenu.

Étant donné que notre gouvernement n’aura plus jamais besoin d’emprunter à vos contribuables ou aux contribuables que représente le FMI, un débat entre états membres pour savoir qui a les retraités les plus pauvres, engendrant par là un nivellement par le bas, n’a pas de sens. Le débat doit se recentrer sur le remboursement de la dette. Quel sera le volume de notre excédent primaire ? Quelqu’un croit-il sérieusement que le taux de croissance est indépendant de l’objectif d’excédent primaire fixé ? Le FMI sait parfaitement que les deux chiffres sont intrinsèquement liés, et c’est pour cette raison que la dette publique grecque est une priorité.

Notre importante dette doit être considérée comme un gros passif d’impôt non consolidé. Alors qu’il est vrai que les tranches de notre dette auprès des FESF et GLF est ancienne, et ont des taux d’intérêt pas trop élevés, le passif d’impôt non consolidé de l’état grec, notre dette, inclut une "tumeur" irrégulière qui entrave l’investissement et la reprise aujourd’hui. Je fais référence ici aux 27 milliards d’obligation du SMP (Security Market Program) qui sont toujours détenus par la BCE. Ceci est un passif non capitalisé à court terme que les investisseurs potentiels en Grèce regardent avant de tourner les talons, car ils peuvent voir le déficit de financement que cette partie de la dette crée instantanément, et parce qu’ils reconnaissent que ces 27 milliards dans les livres de comptes de la BCE empêchent la Grèce de profiter de l’assouplissement quantitatif de la BCE au moment même où ce programme se déroule et atteint sa capacité maximale à venir à l’aide des pays secoués par la déflation. Il est cruellement ironique que le pays le plus affligé par la déflation est celui qui est exclu du remède anti-déflation de la BCE. Et il est exclu en raison de ces 27 milliards forfaitaires.

Notre proposition sur ce front est simple, efficace et mutuellement bénéfique. Nous ne vous proposons pas de nouvelles sommes d’argent, pas un seul nouvel euro, pour notre état. Imaginez l’accord suivant, composé de trois parties, qui sera annoncé dans les prochains jours :
- Partie 1 : De profondes réformes, y compris le coup de frein automatique sur les dépenses en cas de déficit prévisible, que j’ai mentionné.
- Partie 2 : Une rationalisation du calendrier de remboursement de la dette de la Grèce comme suit : Tout d’abord, pour effectuer un rachat des SMP, la Grèce acquiert un nouveau prêt du MES, puis rachète les obligations SMP à la BCE et les annule. Pour étayer ce prêt, nous sommes d’accord que le programme de profondes réformes est la condition commune pour mener à bien le programme actuel et pour sécuriser le nouvel arrangement avec le MES, qui se met en marche immédiatement après et continue en parallèle avec le programme du FMI jusqu’à fin mars 2016. Le financement à court terme repose sur le décaissement exceptionnel du programme et le financement à moyen et à long terme est complété par le retour des profits du SMP, jusqu’à 9 milliards sur les 27 milliards restants, qui vont dans un compte séquestre pour être utilisés afin de répondre aux remboursements de la Grèce au FMI.
- Partie 3 : Un programme d’investissements pour relancer l’économie grecque financé par le plan Juncker, la Banque européenne d’investissement – avec lesquels nous sommes déjà en pourparlers – la BERD et d’autres partenaires qui seront invités à participer également en collaboration avec notre programme de privatisation et l’établissement d’une banque de développement qui vise à développer, réformer et garantir les actifs publics, y compris l’immobilier.

Quelqu’un doute-t-il vraiment que cette annonce en trois parties changerait radicalement l’ambiance, donnerait aux Grecs l’envie de travailler dur dans l’espoir d’un avenir meilleur, inviterait les investisseurs dans un pays dont les prix des actifs ont baissé de façon spectaculaire, et donnerait confiance aux Européens en montrant que l’Europe peut, même à la 11e heure, prendre la bonne décision ?

Chers collègues, à ce stade, il est dangereusement facile de penser que rien ne peut être fait. Ne tombons pas en proie à cet état d’esprit. Nous pouvons forger un bon accord. Notre gouvernement est debout, avec des idées et déterminé à cultiver les deux formes de la confiance nécessaires pour mettre fin à la tragédie grecque : votre confiance en nous et la confiance de notre peuple dans la capacité de l’Europe à produire des politiques qui travaillent pour, et non contre, eux.

Yanis Varoufakis, le 18/06/2015

Voir en ligne : Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr.

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