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Belgique : le service public de la Poste toujours plus mis en cause
Bpost : en difficultés à cause de la Commission Européenne ?
Par Gérard Mugemangango du PTB (Parti du Travail Belge)
Fin janvier, la Commission européenne pourrait obliger Bpost à rembourser des aides de l’État accordées depuis 2003. Au moins 750 millions d’euros. Il y a pire : l’Union européenne met également en cause le subside annuel de 321 millions d’euros (indexés) pour les missions de service public, dont 200 millions pour la distribution des journaux.
Rien n’est encore sûr, le verdict tombera fin janvier ou début février. Cette décision fera suite à une plainte déposée par Deutsche Post et DHL pour concurrence déloyale. La seule perte de la distribution des journaux se traduirait par la suppression de 2.500 emplois, confirme-t-on de source syndicale.
Au-delà des difficultés pour Bpost, c’est toute la presse quotidienne qui sera mise en difficulté. Car si la Poste ne reçoit plus ce subside et ne distribue plus les journaux, comment fera cette presse ? La distribution via des libraires privés ou par un autre opérateur sera plus cher. La population n’aurait plus accès à des journaux bon marché ce qui a toujours été considéré comme un droit. Il s’agit donc vraiment de la suppression d’un service public : l’aide à l’existence d’une presse pluraliste !
Selon des postiers travaillant dans la distribution des journaux, des libraires s’y intéressent et piquent des clients à la Poste, mais font distribuer ces journaux par des gens payés au noir. Certains libraires ont ainsi une dizaine de distributeurs, qui doivent commencer avant 4.30 h du matin, car à partir de 4.30 h, le libraire risque un contrôle de la part du Ministère des Lois sociales.
Quant à DHL et Deutsche Post, les concurrents de Bpost qui ont déposé une plainte auprès de la Cour européenne, ont-ils l’intention de prendre des parts de marché et de travailler en Belgique avec des mini-jobs et mini-salaires comme en Allemagne ?
Inéluctable,les directives de l’Europe ?
Si La Poste a reçu des compensations de l’État belge entre 1992 et 2009, c’est pour les prestations de service public. Nous payons des impôts pour financer des services publics, c’est normal. Ce qui n’est pas normal, c’est que l’Europe ne veut plus que nos impôts aillent à cela. Veut-elle que cet argent serve à réduire les impôts sur les bénéfices des plus grosses entreprises ?
L’on sait que l’Union européenne est dirigée en réalité par les puissants groupes patronaux. La crème de la crème se retrouve au sein de la Table ronde des industriels européens (ERT). A peine 50 membres, mais ceux-ci dirigent les plus puissants groupes industriels d’Europe.C’est la Table ronde qui agit derrière les coulisses pour imposer sa politique à l’Europe entière : modération salariale, index, salaires dans le secteur public, tous ces points sont abordés dans le Pacte Euro plus, ratifié par le Conseil européen du 25 mars 2011. Les États membres sont sommés aussi de libéraliser davantage leur secteur public.
La stratégie du choc
Lorsque la crise a frappé l’ensemble de la zone euro, la Table ronde a sauté sur l’occasion et en février 2010, elle lançait sa nouvelle vision pour une Europe compétitive.
C’est ce qu’on appelle la stratégie du choc : les crises sont une belle occasion d’imposer toutes sortes de mesures restées longtemps au placard. On peut profiter de la confusion et des épais nuages de poussière pour faire ce qu’on voulait faire depuis longtemps : se débarrasser de ce qui reste du service public !
A nous de ne pas nous laisser prendre au piège !
Jusqu’à présent, l’Europe était encore obligée d’accepter un minimum : le service universel. Car il y avait les syndicats et l’opinion publique.
Aujourd’hui, elle espère que syndicats et travailleurs accepteront plus facilement ses directives sous prétexte de "sortir de la crise".
En réalité, pour ces grands groupes industriels, il ne s’agit pas de sortir de la crise, mais de supprimer davantage les dépenses publiques non-rentables. Ils n’en ont rien à faire des milliers de pertes d’emplois et de la perte de pouvoir d’achat de milliers de familles, qui contribueront à aggraver la crise.
Ce verdict sera illégitime
D’abord parce que ces aides avaient été soumises au préalable pour aval à la Commission européenne, celle-ci les avait approuvées.
Quand il s’agit d’ouvrir le marché au privé, cela ne dérange pas les eurocrates que les concurrents aient des obligations plus légères que l’opérateur historique qui, lui, est obligé de distribuer les 5 jours/ semaine et sur l’ensemble du territoire. Par contre, l’inverse déclenche un procès !
Quand on voit l’évolution du service postal, dans son développement vers toujours plus de privatisation :
les bureaux de poste et les boîtes postales qui disparaissent.
les points postes disparus qui ne sont pas remplacés.
la hausse du coût du timbre face à la baisse de la qualité du service.
l’augmentation sans précédent de la pression sur les travailleurs.
la création des DA, les facteurs auxiliaires qui gagnent entre 200 et 300 € en moins par mois.
On ne peut tirer qu’une seule conclusion, la privatisation est un danger pour la mission de récolte et de distribution du courrier entre les citoyens, qui est la mission de base de Bpost.
La seule manière de garantir la qualité du service et le caractère humain des conditions de travail, c’est de faire comme en Norvège : obtenir un moratoire, un arrêt du processus de libéralisation. Mieux : battons-nous pour que La Poste soit à nouveau publique.
La peur peut changer de camp !
L’Europe veut imposer ses diktats, sans aucune discussion démocratique. Nous ne sommes pas obligés de l’accepter. Tout dépend de notre détermination dans l’action.
A commencer par le 30 janvier [1], pour rejeter les réformes de ce gouvernement, qu’il soit belge ou européen !
Gérard Mugemangan
Tiré du site du PTB