In extenso...
André Gérin / André Chassaigne (III) Débat animé par Bruno Benoit, Professeur d’Histoire à l’IEP Lyon

, par  lepcf.fr , popularité : 1%

Rappel des articles "in extenso"

Première partie publiée le 10 mars
- « Comment réagissez vous devant les Révolutions émergentes dans les pays arabes ? »
- Pourquoi depuis 40 ans êtes vous toujours au parti communiste ?
- Que représente pour vous ce sigle CNR ?
- Alors que représente la laïcité pour vous ?

Deuxième partie publiée le 18 mars
- Ou se situe pour vous, le vrai changement, terme facile à employer, mais difficile, en effet, à définir et à réaliser.
- Que vous inspire ce terme « populisme », est ce que vous vous accommodez de ce terme ou celui-ci vous paraît inadmissible pour le combat que vous venez.
- Quel sens a pour vous l’écologie, vous venez de la découvrir comme objet politique ou est elle l’aboutissement d’un long cheminement ?
- André Chassaigne vous parler, dans votre Lettre ouverte, de co-élaboration avec le Front de Gauche, alors qu’André Gerin vous dit que le Front de Gauche est dépassé, étriqué, alors expliquez nous vos positions.

La suite du débat avant la partie avec le public...

Bruno Benoît : … Est ce que si André Chassaigne, en fin de compte, s’impose, au printemps 2011, face à Jean Luc Mélenchon, vous vous ralliez à lui ; si en revanche André Chassiagne doit laisser passer Jean Luc Mélenchon, comme candidat dit du Front de Gauche, quelle sera votre position ? Non, je vous laisse dans un débat non pas de solitaire par rapport à la base, par rapport aux Français, par ce que ça on vous a entendu et vous avez méritez avant même la fin des applaudissements. Mais je crois que par rapport à une structure, une structure vis-à-vis de laquelle vous n’êtes pas toujours en accord.

André Chassaigne :

Je voudrais parler parce que tout à l’heure je n’ai pas précisé ma pensée… Après ce qu’a dit André, il faut que je dise véritablement quel est mon positionnement puisque je n’ai pas le même qu’André sur cette question là. En toute honnêteté, je voudrais d’avantage préciser mon positionnement par rapport au Front de Gauche. Pour ma part j’étais un artisan du Front de Gauche. Je suis un artisan du Front de Gauche ou tout au moins je prends en compte que le Front de Gauche a été retenu par la grande majorité des communistes lors du dernier congrès dans le texte qui a été voté par la grande majorité des communistes.

J’ai pour ma part mis en œuvre, de façon extrêmement loyale la politique du Front de Gauche lors des dernières élections régionales alors que l’on avait tout à fait possibilité de faire différemment, en conduisant une liste en région Auvergne mais véritablement avec le respect des différentes composantes du Front de Gauche, en essayant de faire avancer quelle était ma conception de la politique… ce que j’expliquais tout à l’heure. Ça n’a pas été facile puisque on a affaire (je vais prendre un tout petit peu plus de temps pour que les choses soient claires, parce que c’est important que j’explique). Ca n’a pas été facile, j’ai découvert les différents partenaires, notamment le Parti de Gauche, une culture politique et une pratique politique à l’opposé de celle que moi j’essaie de porter des décennies, c’est à dire qu’elle s’appuie sur le plus grand nombre, sur le peuple, sur une proximité quotidienne, si l’on puis dire… et là j’ai découvert un parti où tout partait du haut véritablement et ça descendait vers le bas.

Et quand je leurs ai parlé de faire des réunions avec des citoyens pour construire le projet, ils ne pouvaient pas y croire. Et j’avais l’impression qu’il découvraient quelque chose. Ils me collaient aux fesses à toutes les réunions que j’animais, ils ont découverts que l’on pouvait faire un pacte électoral avec les citoyens, construire, ce que l’on appelait le pacte citoyen. On avait un véritable bouillonnement sur la base du Front de Gauche en région Auvergne avec un résultat de 14,2%, il y avait dans le Département du Puy de dôme 20,75% . Tout ça, ça m’a convaincu dans l’idée que l’on pouvait créer une dynamique, je ne dis pas une organisation ! une dynamique de lutte, voire électorale pour pouvoir peser d’avantage sur la vie politique. C’est le premier message que je voulais faire passer.

Donc les choses sont claires en ce qui me concernent. Et ce n’est sans doute pas clair pour tout le monde. Mais pour moi en aucun cas le Front de Gauche ne doit préfigurer quelconque organisation politique nouvelle, et en aucun cas le Front de Gauche ne doit préfigurer la disparition du Parti Communiste Français, parce que André Gerin l’a bien montré, on a besoin d’un parti révolutionnaire, du Parti Communiste et là où les partis communistes ont disparu on voit le résultat qu’il y a eu, en Italie où il n’y a plus de mouvement progressiste, on peut dire qu’il n’y a plus de gauche, où le capitalisme fait ce qu’il veut, donc pour moi c’est sans ambiguïté ! Sans ambiguïté ! (Applaudissements) Ah je suis content d’avoir des applaudissements.

Mais ça veut dire que dans l’état actuel des rapports politiques, je ne sais pas de quoi demain sera fait. Mais on est dans cette dynamique du Front de Gauche, pour ma part je m’inscris dans cette dynamique du Front de Gauche, ce qui me fait dire, et je sais que c’est là que l’on a une divergence avec André Gerin [Bruno Benoît : Et c’est pour ça qu’il y a débat]. Ce qui me fait dire que pour ma part, dans la désignation du candidat aux élections présidentielles du candidat que je souhaitais pour ma part un candidat unique Front de Gauche, je rejette deux a priori.
- Je rejette le premier à priori qui consisterait à dire, il faut, parce que c’est la loi du nombre et la loi de l’histoire, il faut que le candidat du Front de Gauche soit automatiquement, obligatoirement, mécaniquement un candidat communiste. Ca je le rejette. Franchement je le rejette. Parce que dans le cadre d’un mouvement tel que l’on est en train de le construire, on ne peut pas imposer un rassemblement, un candidat qui serait issu du PCF parce que le Parti Communiste Français c’est 135 000 adhérents, que le PG en a à peu prêt 8 000, c’est à dire grosso modo le nombre d’adhérents que l’on fait chaque année et que la Gauche Unitaire en a quelques centaines, malgré cela je ne suis pas favorable à imposer par la voie du nombre un candidat qui serait communiste. Je donne mon idée.
- Par contre de la même façon, je rejette un deuxième à priori qui m’agace c’est avoir l’à priori que le candidat ne pourrait pas être communiste ! Au nom de quoi le candidat du Front de Gauche ne pourrait pas être communiste ? Au nom du résultat des dernières régionales où là on a fait les meilleurs résultats, on a déplacé les 10% avec des têtes de listes communistes. Au nom de quoi on exclurait que le candidat soit communiste. Je l’exclus ! et j’exclus encore d’avantage dans ce deuxième habillage, qu’il y aurait un candidat auto-proclamé, incarné, un candidat naturel, un candidat qui serait porté par les média en la personne de Jean Luc Mélenchon, ça je ne le supporte pas non plus ! parce que c’est contraire à la démarche collective du Front de Gauche.

Alors à partir de là, c’est là que la complication… et je suis très bien André, qu’est ce que l’on fait ? Moi ce que je dis peut être avec naïveté, je dis qu’il faut quelqu’un, il faut que l’on gagne le candidat communiste, le candidat du Front de Gauche, issu du parti communiste pour porter la parole collective du Front de Gauche, il faut que l’on le gagne par la conviction. Il faut qu’on le gagne par la conviction. Que l’on fasse déjà la démonstration, au sein du Parti Communiste Français, parce que ce n’est pas gagné, que le candidat peut ne pas être Mélenchon ! Et là il y a déjà une sacrée bagarre à accomplir et c’est ce que j’essaie de faire en allant de réunion en réunion, seul, sans équipe, pour essayer de convaincre que le Front de Gauche peut être représenté par un communiste.


(Applaudissements)

Bruno Benoît : André Gerin vous voulez conclure avant que la salle puisse poser des questions.

André Gerin :

Dans l’ordre, moi je vais préciser, on n’a tiré aucun enseignement de l’élection présidentielle de 2002, quand on regarde les régionales, ce que tu devrais dire André, par rapport à la cartographie nationale, c’est qu’il y a des quartiers où il y a 80% de gens qui ne vont pas voter, il y a des quartiers qui ont voté Front National, il y a quelque chose qui ne colle pas, à la limite, d’accord ou pas avec le Front de Gauche, ça ne colle pas. Je ne parle même pas des résultats quantitatifs…

Depuis Robert Hue, une accélération s’est engagé, poursuivie par Marie-George, Marie-George, ministre conséquent du gouvernement Jospin, pour abandonner l’idée d’un Parti Communiste de combat dans ce pays. C’est mon point de vue, je l’ai toujours dis, donc je le redis. Et que Jean Luc Mélenchon n’est qu’une filiale du PS. D’ailleurs, qu’est ce qu’il nous dit Jean Luc Mélenchon, il nous dit j’assume complètement l’héritage de François Mitterrand, mais il faut tourner la page de ce qu’il s’est passé avec Mitterrand qui a abandonné la bataille du socialisme et les restructurations industrielles etc., il faut tourner la page ou alors on ne comprend pas tout ce qu’il s’est passé depuis maintenant 30 ans. Et je termine parce qu’il y a quand même un point important : si Mélenchon n’est pas désigné par les communistes et bien moi je vous dis qu’il n’y a plus de Front de Gauche. Parce que le Front de Gauche, il a été créé avec Marie-George, Francis Wurtz, et Jean Luc Mélenchon, pour Jean Luc Mélenchon. Et moi je le dis comme ça : je pense que les communistes ne veulent pas « mélenchonner les torchons et les serviettes » (Rires). On ne peut pas « mélenchonner les torchons et les serviettes » (Applaudissements).

Bruno Benoît : Je tiens à remercier André Chassaigne, André Gerin. Un débat de 1h15, de passion, de conviction et j’aimerais maintenant, parce que ça fait partie d’un minimum d’interactif entre une salle nombreuse et qui n’a pas cessé de se remplir. Que la salle s’exprime. Merci

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