Une euphorie fatale

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Par Thanasis Spanidis, militant politique en Thuringe, Allemagne fédérale
Article paru dans le quotidien Junge Welt du 05/08/2015

Traduction Alexandra Liebig

Rappel : de larges parties de la Gauche européenne étaient transportées de joie, en janvier, quand le parti de la gauche grecque, Syriza, a gagné les élections parlementaires avec son leader charismatique, Alexis Tsipras. Avec le parti nationaliste de droite, Anel, ils ont formé un gouvernement, car aucun des deux « partis du peuple », Nea Dimokratia (ND) et Pasok, n’était apte à gouverner, une nouveauté depuis des décennies. En Allemagne, le parti Die Linke, des Syndicats et des scientifiques sociaux critiques, partageaient l’opinion que « ce raz-de-marée politique en Grèce » serait une « chance pour l’Europe » (voir leur appel commun [1]) de surmonter la politique d’austérité.

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Après le 13 juillet, il semble subsister une certaine morosité, car en UE, rien ne s’est amélioré. Et Syriza a accordé brutalement une nouvelle orgie de privatisations et de régressions, qui éclipse encore les précédentes, tout cela en tant que conditions préalables pour les négociations d’un troisième « programme d’assistance » avec les institutions des créanciers. La TVA pour beaucoup de denrées alimentaires et services a été énormément augmentée (dix points). L’âge de départ en retraite sera augmenté et les allocations pour les petites retraites, abolies. Le Mécanisme européen de stabilité sera appliqué dans les législations nationales, et une réduction budgétaire d’État aura lieu automatiquement sans que le Parlement ou le gouvernement ait une influence. Les licenciements massifs seront plus faciles à faire, les marchés libéralisés et le comble est qu’un fonds fiduciaire chargé de brader la propriété de l’État restante, d’un montant estimé à 50 Milliards d’Euros sera mis en place. Ce montant n’étant pas réaliste, en conséquence les créanciers ont assuré que les premiers 25 Milliards seront exclusivement utilisés pour le remboursement aux banques grecques des prêts de recapitalisation, c’est seulement après, qu’une partie des recettes de privatisation pourra affluer dans les investissements.

Bien sûr, cette circonstance n’a pas empêché Tsipras de vendre ces « investissements » au public comme une conquête importante. On peut être curieux de savoir : quelles atrocités sociales se cacheront encore derrière les accords négociés dans ses versions finales ?

En plus de la poursuite - et donc de la radicalisation - de la politique d’austérité de l’UE, Syriza a obtenu que le pays se trouve officiellement en récession, depuis le début de l’année, et que le système financier du pays soit saigné à blanc par la fuite des capitaux. Ainsi, il était devenu nécessaire de le recapitaliser avec environ 90 milliards d’Euros. La dépendance économique du pays s’est ainsi aggravée.

Un parti bourgeois

En vue de ce bilan dévastateur, Thomas Sablowski [2] a ouvert de manière méritoire la discussion sur le résultat des négociations, ses compréhensions et ses conséquences. Il a analysé la constellation des pouvoirs dans le système européen impérialiste, je le rejoins à quelques détails près. Il suggère en plus, que la gauche en Europe devrait reconsidérer son rapport à l’intégration européenne. Quand même, son point de vue sur le gouvernement de Syriza ainsi que ses conclusions politiques méritent quelque contradiction.

Sablowski décrit très justement dans son article le recul du mouvement de résistance et protestataire en Grèce, depuis 2012. Notamment, il en déduit que le gouvernement se serait déclaré implicitement comme représentant de ce mouvement. En effet, le gouvernement aurait ainsi contribué au retrait des acteurs du mouvement social qui avaient mis leur espoir dans le parlementarisme. Toutefois, Sablowski comprend cette situation comme un "dilemme", un effet non intentionnel de la politique de Syriza qui a négligé les chances venues du résultat des élections.

Mais en effet, réfréner les actions de masses radicales et intégrer leur potentiel de résistance à l’avance – c’est-à-dire avant l’arrivée au gouvernement –, était la fonction sociale essentielle de Syriza et la raison pour laquelle il a reçu le soutien d’une partie considérable de la bourgeoisie.

Même l’Association des entreprises grecques SEV a déclaré plusieurs fois son soutien à la stratégie de Tsipras, et la dernière fois, ce fut après la victoire électorale, dans sa lettre de félicitation à Tsipras : « L’Association en tant que représentante des entreprises grecques organisées sera du côté du gouvernement » [3]. Il est de plus en plus évident qu’il était payant pour Syriza d’avoir cherché, pendant des années, la bienveillance du capital. Encore début septembre 2014, Syriza avait invité l’Associations des entreprises à son siège, place Koumoundourou. Le président de la SEV, Theodoros Fessas, a résumé la visite : « Nous nous sommes mis d’accord sur le fait qu’il nous faut un plan de développement national basé sur les investissements et non sur la consommation » [4]. On pouvait, déjà à cette époque, tirer la conclusion de ces indications, que la tête de Syriza ne voulait ni une sortie des rapports de propriétés capitalistes, ni remettre en question les piliers d’angles des mesures dominantes de la politique économique.

Syriza se présentait sans cesse au capital comme facteur de stabilité. Il pouvait empêcher le "chaos" et "les (!) extrêmes", s’occuper « d’un climat commercial sain » et des investissements, et serait le seul capable d’appliquer des réformes fondamentales, parce que les autres partis seraient corruptibles [5]. Ici, il n’est plus question de vouloir d’autres principes que ceux des autres partis du système. La raison théorique en est fournie par le ministre des Finances Yanis Varoufakis, dans un article au Guardian, le 18 février : en tant que "marxiste" aujourd’hui, on devrait tout faire pour stabiliser le capitalisme, sinon la droite extrême en profitera. « Si cela veut dire que nous sommes, nous, les marxistes adéquats et erratiques qui devons essayer de sauver le capitalisme européen de lui-même, qu’il en soit ainsi » [6].

En conséquence, Syriza n’a pas utilisé, dans les années passées, son influence dans les syndicats pour avancer et radicaliser les luttes de classes, bien au contraire. Avec l’argument connu sur les contraintes matérielles, il a accepté, dans les négociations tarifaires, des débauchages de masse et le travail intérimaire et souscrit des baisses de salaires. Voici seulement quelques exemples : dans l’entreprise pétrolière ELPE et le centre de recherches Asprofos, les représentants de Syriza ont accepté des baisses des salaires de dix pourcent pour les nouveaux embauchés, ainsi que des prolongations de la durée de travail impayées. Au sein de la chaîne de supermarché Veropoulos, ils ont souscrit des baisses de salaires de dix à douze pourcent, et auprès du métro à Athènes allant même jusqu’à 35 pourcent. Ils ont verbalement et pratiquement poignardé les grévistes dans le dos, et dressé des listes communes avec les partis bourgeois et les briseurs de grève, pour affaiblir les forces des luttes de classes du front syndicaliste PAME – par ex. dans le cas de l’aciérie Aspropyrgos, où la grève a duré de 2011 à 2012 [7].

Tous ces faits ne correspondent pas à l’image du héros populaire Tsipras avec son parti "d’extrême gauche" derrière lui. Au sein de la gauche allemande, ces faits ont été presque entièrement ignorés [même chose pour le PCF ? ndt]. Une politique radicale consisterait à s’attaquer aux causes des dysfonctionnements sociaux actuels, cela veut dire attaquer le capitalisme et le capital. Mais attaquer le capital n’était explicitement jamais l’objectif de Syriza. Son programme est essentiellement compatible avec les intérêts du capital monopoliste, car il s’agit du « développement par le renforcement de la compétitivité et sur la base de l’initiative par les entreprises privées », d’autant plus que le programme électoral devait se révéler, dès le départ, totalement irréalisable pour chaque observateur raisonnable, comme une sorte de démagogie sociale.

Ne pas restreindre la bourgeoisie, ou mieux l’oligarchie dans ses privilèges [je pense par ex. au trafic des devises, ndt], n’est la conséquence d’aucune indécision et/ou concession face au chantage de Bruxelles, mais est en réalité un élément central de la stratégie de Syriza, qui mise sur des conditions favorables aux investissements dans la concurrence internationale entre places économiques, comme chaque autre parti bourgeois.

Leçons de la tragédie

Bien sûr, ce n’est pas une raison pour prétendre que la stratégie de Syriza a été la même que celle des fractions dominantes du capital monopoliste européen, surtout celle de l’Allemagne. Pendant cinq mois de négociations, le conflit entre les intérêts et les positions politiques était clairement visible. Le capital allemand et son gouvernement tendaient plutôt au "Grexit" pour ne pas accepter de concessions à la Keynes et diminuer ou même encadrer la politique d’austérité. Le gouvernement grecque a voulu justement cela et s’est vu agir conformément à la volonté des collègues français. Mais eux, en cas de doute, soutenaient les positions allemandes. L’administration états-unienne, dont Tsipras a toujours fait l’éloge dithyrambique de son caractère progressiste, ne s’est au moins pas vengée en améliorant le contenu humiliant de l’accord du 13 juillet. Si l’on veut, la tentative d’une alliance avec une partie des élites impérialistes a échoué.

Le cas Syriza montre, à côté d’autres points, que l’orientation sur les alliances avec une partie de la bourgeoisie ‒ souvent avec celle de la nation contre les compradores ou avec la bourgeoisie non-monopoliste contre la bourgeoisie monopoliste ‒ mène au réformisme et au désarmement du mouvement ouvrier. Il a été démontré, et on pouvait s’attendre à cela, que les contradictions entre les impérialismes allemands et français, n’ont rien à voir avec l’espoir de la population qui attend une vie meilleure. De telles avances contre une partie de la bourgeoisie ne favorisent pas la mise en forme d’une stratégie autonome de la classe ouvrière, mais elle l’entrave. Dans ce cas, il ne s’agit que de se disputer sur comment l’UE doit faire de la politique dans l’intérêt de différentes fractions du capital monopoliste. Aussi, un « Gouvernement économique européen », revendiqué par les politiciens français depuis très longtemps et récemment par François Hollande, ne s’occuperait que de la répartition des ressources du pouvoir et de la plus-value entre les centres impérialistes, mais non de la répartition de bas en haut, sans parler d’un changement du rapport de force en faveur de la classe ouvrière.

La fonction objective de Syriza comme de la social-démocratie en général consistait et consiste ‒ indépendamment de ce qui est subjectivement voulu ou pas, et c’est pourquoi il s’agit d’une question inutile ‒ à tempérer chaque résistance potentielle contre le capitalisme et l’UE réactionnaire. D’un point de vue objectif, l’électorat s’est laissé bercer, pendant des mois, par la démagogie des guignols du gouvernement d’Athènes. Le mirage d’un gouvernement négociant fièrement et véhément, a dû être maintenu au détriment des coûts économiques énormes pour justifier le mécontentement envers les vieux partis ND et Pasok, mais aussi pour minimiser le dommage politique qui verrait finalement le jour avec la conclusion inévitable d’un nouvel accord. Avec cela, semble-t-il, Syriza a obtenu des succès relatifs, et c’est pourquoi il serait trompeur de parler d’un échec. L’opinion très dominante en Grèce consiste, d’après un sondage de l’hebdomadaire To Vima, de prendre comme "nécessaire" le consensus avec les créanciers, bien que la moitié des personnes interrogées l’estime négatif. Beaucoup de ceux qui ont voté NON pendant le référendum sont pleins de compréhension envers le fait que leur vote a été trainé dans la boue, seulement quelques jours après. A cause de la propagation des illusions sur l’UE, sur le capitalisme et le parlement bourgeois, par la propagation des scénarios horribles dans le cas d’une réintroduction de la drachme, par l’usure dans une lutte sans résultats, en faisant que le discours a été tassé, la classe dominante et ses larbins de la droite et de la "gauche" ont recueilli finalement un large consensus : pour le programme de la transformation structurelle réactionnaire des sociétés européennes et la résiliation des compromis de classes par en haut.

Des personnes, dont les parents ont été dans la résistance communiste et ont voté, pendant des années, pour les communistes, votent depuis 2012 pour Syriza. Et ils ont été d’accord, lors du référendum de 2015, avec les obligations sévères des institutions européennes. En quémandant d’un air incrédule, on ne reçoit en règle générale qu’une réponse résignée : "un retour à la drachme nous ferait faire un bond en arrière de 50 années". Il y a trois ans, une telle poussée à droite dans la société était à peine imaginable.

Dans une perspective démocratique et progressiste, un gouvernement ou même une force politique ne peut pas être jugé seulement sur son nom. Finalement, le SPD n’est pas plus socio-démocratique que la CDU [Union chrétienne et démocratique] n’est un parti dont le modèle correspond au christianisme original. Il faut plutôt juger à l’aide de l’effet que ces organisations ont sur le rapport de force entre capital et travail, entre progrès et réaction. D’après cela, Syriza a fait plus de tort à la cause du socialisme que chaque autre gouvernement grecque, depuis la fin de la dictature militaire. Ont été dissimulées les vraies raisons de la crise, non nommés les auteurs et profiteurs de la politique d’austérité. Les communistes grecques ont été obligés de nager à contre-courant des masses pour ne pas trahir leur programme. Et finalement, tous ceux qui les ont laissés tomber, ont crus que leurs soucis trouveraient une fin et que leurs problèmes seraient résolus par une voix de "gauche". Avec cela, il est probable qu’une partie des mécontents se soit retirée dans l’abstention politique ou se soit mise à pencher à droite ou dans la direction des fascistes de "l’Aube dorée".

Et maintenant ?

Dans son article, Sablowski en conclut que la gauche européenne aurait dû soutenir plus fortement Syriza. En tous cas, elle n’aurait pas été capable d’attacher de l’importance au fait d’empêcher la débâcle du juin. Après que le réformisme ait été démasqué spectaculairement, est-il vraiment sérieux d’en tirer les conséquences en en recommandant encore plus ? Ne serait-il pas beaucoup plus important de comprendre que les partis constituant le PGE (Parti de la Gauche Européenne) ne sont rien d’autre – et ne peuvent être rien d’autre ‒ que les défenseurs à gauche du capital ? A savoir, une réserve de la bourgeoisie qui entre en action avec ses illusions de réformes, quand elle doit préserver le système pour ne pas périr à cause de ses propres contradictions.

Un mouvement de la classe ouvrière [de tous ceux qui travaillent, ndt] doit développer sa stratégie non seulement indépendamment des forces de l’administration du système, mais, finalement, doit aussi sérieusement l’appliquer contre ces forces. L’Histoire a souvent prouvé que, plus la conscience des masses bouge à gauche ou s’approche même d’une situation révolutionnaire, plus augmentent les contradictions entre le parti progressiste révolutionnaire et les forces de modération et de l’intégration au système. Finalement, un côté doit sortir vainqueur de l’autre. La tâche du Parti communiste consiste à ne pas passer la pommade au camp réformiste, mais rendre clairement public son caractère autant que celui d’autres forces bourgeoises : frein dans la lutte des classes, instrument des porteurs de l’idéologie bourgeoise.

L’assemblage autoritaire dit UE, qui agit conformément aux principes des intérêts du grand capital, a une nouvelle fois montré son visage horrible. Pour le reste, il aime le cacher derrière des phrases mélodieuses comme la démocratie, la liberté et le « modèle social européen ». En effet, le temps presse pour que ces parties de la gauche qui sombrent toujours plus dans "l’europhorie", remettent du tout au tout leur position envers l’UE en question. Malgré tout, nous lisons toujours chez Sablowski que l’alternative consiste en une « nouvelle justification d’une Europe sociale et démocratique venant d’en bas ». Il justifie cette position par la réussite imminente d’un nationalisme réactionnaire si l’UE se dissolvait. Une position antiimpérialiste ne peut pas en effet consister à ignorer simplement cette possibilité. Le rassemblement institutionnel autoritaro-technocratique de l’UE représente plus les intérêts et stratégies du capital monopoliste que les institutions étatiques à l’échelle nationale, c’est pourquoi il n’est alors guère moins réactionnaire qu’un nationalisme réactionnaire. En plus, c’est lui qui contribue justement aux contradictions spontanées venant d’en bas qui mènent trop souvent à une expression nationaliste qu’aux luttes de classes.

La proposition politique du KKE

La perspective d’une transition révolutionnaire au socialisme n’est même pas envisagée par cette discréditée gauche européenne, comme le fait par exemple Thomas Seibert (Neues Deutschland du 13/7/2015) en tant que chemin dans « l’administration autoritaro-socialiste d’une situation de misère ». Mais un pouvoir populaire socialiste pourrait socialiser les secteurs économiques restants (l’industrie agraire, chimique, la construction navale, la navigation), les transformer en partie en vue de l’autonomie économique du pays, et concentrer les capacités du pays sur la construction de nouveaux ou vieux secteurs ayant une importance stratégique : par ex. la large production de l’énergie solaire, la transformation de Cash Crops comme le coton et le tabac et la construction mécanique pour la réindustrialisation. Bien sûr que ce chemin ne serait pas facile, mais il pourrait être soutenu par la mobilisation et participation des masses, par le niveau culturel, les avantages d’une planification économique centrale et ses avantages des échelles graduées [un procédé de recherches, entre outre pour les besoins essentiels économiques, culturelles etc. de la société, ndt] et par l’implication des millions d’hommes et femmes exclu du marché de travail. L’industrie de l’État pourrait être complétée par une agriculture, organisée en coopératives ou semi-coopératives, et par les petites entreprises. On devrait en plus développer de nouvelles relations commerciales, celles avec la Russie seraient à renouveler. Ainsi, on aurait – même en vue de toutes les difficultés ‒ une perspective pour le peuple travaillant qui ne mènerait pas à un travail jusqu’à la mort ou une économie de tous les coûts au détriment du peuple et en faveur de grands groupes. Cette perspective s’orienterait vers la construction d’une vraie démocratie, vers une production en faveur des besoins de la société et vers la reconstruction nationale. Il va de soi que ces pas nécessiteraient non seulement la sortie de l’UE, mais aussi la suppression unilatérale de la dette de l’État. En effet, un "Grexit" pourrait dans ce cas ‒ et sans doute seulement dans ce cas‒ préparer le chemin vers un meilleur avenir.

Il y a longtemps que le Parti communiste de la Grèce prône cette option comme une solution contre la crise dans l’intérêt du peuple. A cause de cela, on ne parle de lui en Allemagne, ni à l’intérieur de la gauche européenne sociale-démocrate (La Gauche/Die Linke, Attac, Blockupy etc.), ni chez la plupart des extrémistes de gauche, sauf pour le diffamer. Il est connu qu’on rit toujours du malheur d’autrui. En conséquence, les sondages bas du KKE encouragent ceux qui lui ont toujours reproché le « sectarisme », des exigences irréalistes ou le manque d’une pratique au-delà des phrases révolutionnaires.

On en dissimule et oublie que le KKE a pris une part très active dans les mobilisations de 2010 et 2011 avec la grève de millions de personnes et de centaines de milliers dans les rues ; que le KKE a toujours mis en garde contre l’UE – et a eu bel et bien raison ‒ et le gouvernement de Syriza – et a eu bel et bien raison ‒ ; qu’il est toujours ancré plus profondément que Syriza dans les lieux de travail, dans les universités et quartiers. Sans doute, le KKE se trouve aujourd’hui dans une situation difficile, depuis 2012 sans doute, il a essuyé partiellement de lourdes défaites. Mais en déduire que sa stratégie (ou ses analyses) étaient mauvaises n’est rien d’autre qu’un volontarisme superficiel. Il masque implicitement l’idée que chaque unique combat est en principe à gagner si seulement la volonté est présente, indépendamment du rapport actuel des forces.

Personne n’ignore, le KKE non plus, que le parti a des faiblesses et pourrait travailler, par ex., à son comportement auprès des masses. D’accorder cela, est autre chose que de justifier une phrase populiste relative au nombre de personnes qui suivent.

Il est une conclusion amère de savoir que d’un côté les rapports de forces ne sont pas tels que le socialisme soit imminent, mais d’un autre côté qu’uniquement le socialisme ait une solution à la crise à offrir au peuple. Mais de cette révélation, il n’y a qu’une conclusion : mieux présenter le socialisme comme alternative, de manière plus compréhensible, plus concrète, et ne pas le repousser – contre toute raisons ‒ à la Saint-Glinglin, au lieu de se contenter, « pour le moment », des « propositions réalistes » de la réforme du système des exploiteurs.

Surtout, considérer la dialectique entre la réforme et la révolution est une toute autre chose. Car la dialectique signifie l’unité de la contradiction, ne pas séparer la stratégie de la tactique. Les mots d’ordre des luttes actuelles doivent toujours s’orienter vers l’objectif du socialisme. La justification des exigences d’un meilleur fonctionnement du système, comme le font inlassablement la social-démocratie à la Keynes, c.à.d. Syriza ou Die Linke [ou le PGE, ndt] y est incompatible.

Pour s’opposer à la marche inexorable des sociétés européennes vers la barbarie, une discussion fondée sur la bonne stratégie et la bonne tactique du mouvement communiste est nécessaire. Le KKE a soumis une proposition forte avec son programme contenant une stratégie d’alliance populaire et antimonopoliste/anticapitaliste. Elle vaut en tout cas une discussion.

Voir en ligne : Source en allemand

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