Conseil National du 27 novembre 2010
Le rôle et les objectifs d’action du PCF Intervention de Eric Jalade (Tarn)

, par  Eric Jalade , popularité : 3%

Il y a un grand absent dans le rapport, le rôle et les objectifs d’action du PCF, alors que nous sortons d’un mouvement social à bien des égards exceptionnel, dans l’implication, dans tout le pays de millions de françaises et de français, notamment des jeunes et des salariés, alors que nous vivons et subissons une crise très grave du capitalisme, crise qui frappe très durement notre peuple dans son immense majorité.

L’opinion demeure toujours largement opposée à la fin de la retraite à 60 ans et le niveau de mécontentement par rapport à la politique gouvernementale reste très élevé. Le problème, c’est bien aujourd’hui celui de la perspective politique et qu’il y eu, au moins à l’heure actuelle, victoire provisoire du pouvoir et du MEDEF sur ce dossier des retraites. Cela dit, la combativité demeure et les luttes ne sont pas arrêtés (ainsi, les salariés de Pôle Emploi ont mené récemment une grève nationale).

Quelques exemples très rapides : Localement, nous avons eu, encore, mardi 23 novembre, plus de 2000 personnes dans les rues de Castres – chiffres donnés par la presse – ce qui témoigne d’une combativité persistante, au-delà des cercles militants traditionnels, de même, en l’espace de 2 manifestations dans la seule ville de Castres, les militants communistes ont collecté près de 2 200 euros, remis par une délégation de notre parti aux cheminots grévistes et à leur organisation syndicale. Nous avons pris notre place dans ce mouvement, avec une expression régulière de notre parti, appréciée très largement, avec des adhésions de salariés, de syndicalistes, de jeunes, … qui ont bien vu la différence, au quotidien et sur le terrain, entre la pratique politique des communistes et celle des autres formations. L’enjeu, c’est de prouver, sur le terrain, notre utilité politique dans la situation actuelle, qui est terrible pour notre peuple, ce qui est directement la conséquence de la politique du capital, ici comme ailleurs en Europe. J’ai à l’esprit les mots de Denis Kessler, vice-président et un des principaux idéologiques du MEDEF, qui décrivait ce qu’était l’objectif réel de Nicolas Sarkozy, quelques mois après l’élections présidentielle de 2007. Les forces du capital mènent la lutte des classes avec cet objectif en tête : « En finir avec 1945 ». Sur les retraites, sur la Sécu, sur les services publics, nous sommes engagés dans un affrontement de grande ampleur entre le capital et le travail. Je suis étonné de ne pas avoir entendu un mot dans le rapport sur le publication – gravissime – ces derniers jours, du décret qui, prolongeant la loi sur la mobilité de 2009, permet et va faciliter le licenciement des fonctionnaires – ce qui est clairement un « cheval de Troie » pour démanteler le statut de la Fonction Publique. Nous devrions mener une bataille politique d’ampleur sur ce sujet. De même, nous devrions être à l’initiative, partout, pour exiger l’arrêt des hausses de tarif de gaz et d’électricité (et revenir sur les hausses scandaleuses de ces derniers mois), qui vont encore être aggravées par le loi NOME, adoptée récemment au Parlement. Une telle bataille permettrait à la fois de répondre à la souffrance et aux difficultés quotidiennes de notre peuple et de porter concrètement l’exigence d’en finir avec la déréglementation et la concurrence tous azimuts, de revenir à un service public unifié de l’Energie, tel qu’a pu l’être EDF-GDF à la Libération : c’est aussi une exigence d’une grande actualité. Les questions de l’emploi, notamment de l’emploi industriel, devraient être au cœur de nos préoccupations, avec le niveau de chômage qui demeure très élevé, dans nos villes et sur nos territoires. Quelles initiatives à ce propos ?

A partir des luttes et des aspirations populaires, nous devons travailler :
- A reconstruire une cohérence idéologique qui puisse nous permettre d’agir sur les contradictions actuelles.
- A mener des batailles structurantes qui répondent à l’urgence sociale et portent notre ambition d’une rupture avec le capitalisme. Il me semble nécessaire de réfléchir à nouveau sérieusement sur la question du socialisme.

J’ai le sentiment que nous continuons à confondre, avec la stratégie du Front de Gauche, le rassemblement – nécessaire, impérieux – et un processus de « fusion-dilution ». On prend, en particulier depuis le dernier congrès, cette question du rassemblement de manière finalement politicienne, par le haut, « petit bras », alors que nous devrions porter l’ambition d’un rassemblement populaire majoritaire, pour lequel un PCF plus fort, plus influent, est nécessaire et indispensable. On a survalorisé les résultats électoraux et le bilan du Front de Gauche, notamment, lors du dernier congrès, alors qu’en réalité, nous ne sommes pas parvenus à rassembler réellement avec cette stratégie.

Aujourd’hui, nous sommes devant le piège des élections présidentielles et des institutions de la Ve République (conséquence aussi du quinquennat et de la subordination des législatives aux présidentielles), face à une candidature, celle de Jean-Luc Mélenchon, portée par sa formation, mais aussi et surtout, choisie et promue très largement par les médias et les instituts de sondages. Je ne suis pas d’accord avec le calendrier proposé – notamment entre le 7 janvier, date proposée pour le CN et le 8 janvier, assemblée des secrétaires de section : alors qu’il n’y a toujours pas d’ordre du jour pour cette réunion.

Dernier point, nous aurions intérêt à regarder ce qui se passe aussi ailleurs en Europe, et à ce propos, le succès de nos camarades du Parti Communiste grec (le KKE) lors des dernières élections locales et régionales doit aussi nous faire réfléchir à la fois au plan stratégique et sur nos relations à l’échelle européenne, notamment avec le PGE. En Grèce, le KKE réussit, progresse, se renforce, là où le parti soutenu et promu par le Parti électoral, malgré son opportunisme. L’enjeu de la commémoration du 90e anniversaire du PCF et du congrès de Tours ne revêt pas simplement une dimension culturelle ou mémorielle, mais il porte sur la nécessité pour nous de mener – aussi sur le terrain de l’histoire – la bataille idéologique, sur la portée et la signification de la création de notre parti lors du congrès de Tours et sur son actualité dans la France du XXIe siècle. L’heure est bien, en France comme ailleurs en Europe, au déploiement de l’activité des communistes, dans un esprit de résistance et de contre-offensive, à l’opposé d’une stratégie d’effacement décidée à marche forcée et souvent sans les communistes, avec tous les risques que cela comporte quant aux divisions dans notre parti.

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