Mais quel est ce faux débat mis en scène autour d’un président au milieu d’une salle avec une petite centaine de (...)
Très cher camarade chef... Un peu d’humour
Un peu d’humour, après avoir subi de longues journées de jeu de massacre dans beaucoup de conférences de section et de congrès départementaux...
Très cher camarade chef,
J’ai, comme tu me l’avais demandé, voté pour la nouvelle règle des trois tiers afin que la base soit asséchée et les sommets arrosés, que les permanents aient ce que l’activité de base n’aura plus, que les militants finançant le buffet, et le banquet, se voient aussi privés d’entrée.
Comme tu me l’as toi-même dit -divine auto-dérision-, si le mannequin se prive de manger pour garder la ligne, le permanent garde la ligne pour pouvoir manger.
Tu connais mon obéissance aux consignes données. Tu sais à quel point j’ai toujours tordu le coup à tous ces petits cons qui osaient contrevenir, leur barrant le passage, d’arguments dans un sens et d’argument contraire, usant sans vergogne de toutes les déformations de sens, manipulant tous les procédés malhonnêtes, utilisant tous les styles de la feinte camaraderie pour mieux les surprendre, les piéger, à l’insulte virulente afin de les décontenancer, variant les invectives : activistes, jeunes cons, rouges-bruns, gauchistes, staliniens, anarchistes, provocateurs, mais jamais soc’dém, car pour mon propre compte ce serait trop crédible...
Alors, tu sais à quel point, j’ai aussi suivi, à toutes les époques, toutes les lignes décidées d’en haut. Tu sais comment j’aime nos chefs et leur parole sainte. J’ai - sans lire le moindre texte - toujours été d’accord avec eux, et cela, avant même qu’ils ne formulent la moindre idée. Tu sais que pour une place dans l’ombre des puissants, je suis encore prêt à beaucoup. J’ai, tu le sais bien, su plier dans un sens, pour ensuite, plier dans l’autre, subir les repassages pour que les marques de plis ne puissent plus se voir au repliage suivant.
Parce que de nos jours être aussi soumis, aussi servile et aussi vil n’est chose facile pour personne ; qu’être vassal demande la reconnaissance du suzerain féal sans qui la féodalité ne saurait être, je vous demande l’hommage.
Alors aujourd’hui, très très cher camarade chef, ayant une fois de plus bien servi l’appareil, je demande la juste reconnaissance qui ne sera que la reconnaissance de mon immense mérite avec une carte de membre d’honneur du Front de Gauche.
Votre dévoué...