Réflexions militantes

, par  Danielle Trannoy , popularité : 1%

Notre camarade Danièle Trannoy nous livre ces réflexions politiques et appelle de ses vœux un texte commun.

Le capitalisme a besoin de "faire sauter" les États-nations : UE-Euro, Grèce, Régionales... : pour les communistes, il faut garder le cap de la souveraineté nationale et populaire.

Communistes, nous n’entendons pas entretenir d’illusions. Dire que la « lutte contre l’austérité » passe obligatoirement « par rester dans l’UE et l’Euro » (*), est une erreur politique grave au risque de se condamner à l’esclavage !

Le bras de fer contre le peuple grec et sa libre détermination nous interpellent sans nous étonner. Les médias se déchainent comme ils le firent contre le Non en 2005. Au nom de l’intérêt collectif européen, le pouvoir supranational de l’UE serait inexorable et il serait vain de s’y opposer dans le cadre « rétrograde » des vieux États-nations. Exit, les élus du peuple… Leurs volontés se transforment en leurs contraires...

Les diktats imposés à la Grèce interdiraient toute expression démocratique plaçant les peuples dans une totale soumission au capitalisme, puisqu’il vaudrait mieux y rester que de sortir de l’UE et de sa monnaie unique.

Le capitalisme est à un nouveau stade, pour avancer, il lui faut faire sauter les barrières des États, des peuples et de ses représentants… La pleine souveraineté des peuples est dangereusement mise en cause.

La France a, contre la volonté de son peuple (référendum 2005), perdu la maitrise de sa monnaie, confié le crédit à la finance, livré ses entreprises et ses territoires à la loi du marché, abandonné ses travailleurs « à la concurrence libre et non faussée ». Elle s’est mise sous le joug des institutions européennes, elle a lié son armée à l’OTAN, et elle est maintenant sommée d’en finir avec ce qu’il reste de son modèle social.

Le Capital et la finance ont pris le pouvoir. Les institutions internationales et les états ne sont plus que les antichambres des intérêts des puissances d’argent. Les gouvernements à leur service conduisent des politiques d’austérité de plus en plus sévères qui mettent les peuples à genoux sans rien régler de la situation. Elles ont mis les partis politiques dominants à leurs bottes. Après la droite et l’extrême droite, le parti socialiste confirme et amplifie son passage corps et âme dans le camp du Capital [1].

Peut-on sortir de ce carcan ? La chape de plomb de « l’Europe sociale ou rien d’autre », est un frein en France, pour les salariés, les citoyens, ne leur permettant pas d’avancer des perspectives de réappropriation de la souveraineté, de ruptures avec l’engrenage des offensives du capitalisme, d’ouvrir un projet pour la France, l’Europe, le monde et de véritables solidarités.

Les enjeux des élections régionales (décembre 2015) :

Le PS et son gouvernement veulent aller vite pour exécuter les volontés du Medef.

Le pacte pour les régionales lancé par le PCF [2] est très faible sur le plan politique et ne défendra pas les citoyens. Au mieux, il pourrait être « socialo-compatible » !

Au contraire, les analyses de l’ANECR, font percevoir la gravité des modifications faites à l’insu des populations ( [3] et [4]).

1/ Intégration européenne et nouveaux « länders » pour avancer vers une Europe fédérale :

Le contexte de ces élections régionales, après le bouleversement des communes, des départements et des régions, c’est l’éclatement de l’État-nation, des lois républicaines.

Les communistes se doivent, quel que soit leur position, de porter le débat chez les communistes, mais aussi dans la population.

En effet, il faut mesurer la gravité des bouleversements. Avec la loi "Notre" (qui sera votée en juillet) : « La région est seule compétente pour décider des interventions économiques dans son territoire. Elle détient le monopole des aides directes aux entreprises. Elle dispose d’un schéma régional prescriptif de développement économique, d’innovation et d’internationalisation. ».
Ce sont des prérogatives essentielles dans les domaines de l’emploi, l’aménagement, l’enseignement (supérieur et la recherche), permettant de traiter directement avec des États :
Les régions deviennent donc des mini-états, pouvant traiter avec d’autres états… passer par Bruxelles sans demander l’intervention de l’État.
C’est la mise en place du fédéralisme européen.
C’est la porte ouverte au Tafta… La soumission totale aux USA.

Ne peut-on pas craindre une stratégie du "chaos", une offensive de l’impérialisme américain qui porte en France et en Europe, la destruction des sociétés et des États ? N’est-ce pas la porte ouverte au "fascisme mou" ? N’est-ce pas laisser la voie au FN qui s’approprie pour la dévoyer, la souveraineté populaire ?

2/ Une attaque sans précédent contre l’ensemble des services publics : des régions seront riches, d’autres pauvres. C’est la fin de la République et de l’égalité des citoyens sur l’ensemble du territoire national français.

Prétendre défendre les services publics alors qu’ils sont directement menacés par les directives européennes sous l’impulsion de l’OCDE et du FMI, est un très grave renoncement à assurer la pérennité de l’État-nation. On le voit déjà avec la mise en place des métropoles et les déstructurations des statuts. Pour accroitre les profits du capital et mettre en concurrence les travailleurs, tous les textes sont en élaboration ou déjà votés :
- Éclatement du code du travail (ANI, Macron… ) permettant des rémunérations en fonction de la concurrence,
- Transports : fin de la SNCF et du statut des cheminots,
- Enseignement supérieur : les diplômes n’auront plus de caractère national…
- Recherche (ouverture au mécénat et pilotage par l’industrie : donc casse du CNRS et recherche universitaire…),
- Fonction publique et services publics « à la française » : mis à la casse,
- Impôts, ressources : perte de l’égalité entre les citoyens.
- Etc…

Avec la diminution des ressources des collectivités dont les régions feront les frais, la voie est ouverte aux privatisations et aux fermetures de services.

De grandes interrogations traversent l’opinion des citoyens et des salariés :
- 62 % des électeurs de 2005, voteraient aujourd’hui « Non » à l’UE
- Seulement 8 % des ouvriers votent pour le parti communiste
- 60-80 % des couches populaires s’abstiennent, y compris dans l’électorat communiste.
Les luttes sociales ne trouvent pas de débouchés, ni relais, ni coordination.

Peut-on bercer l’opinion de slogans PCF-PGE « Europe sociale » ? Des expressions récurrentes et évolutives sur l’abandon de la Nation parcourent le texte « Refonder l’Europe » et les déclarations de dirigeants : « …une union des nations et des peuples souverains et associés… » ; puis, « …la création d’un nouvel espace... » ; récemment, le PCF a déclaré « …s’engager pour une construction régionale de nations et de peuples souverains, libres et associés, au plan régional… pour le progrès social. » (Communiqué suite au congrès du PGE, le 16.12.2013).

Deux exemples d’interrogation : lors d’un dernier CN, deux interventions résument, à mon avis, les deux points occultés du débat sur l’UE et le projet. Je cite :
- « Qu’est-il possible de faire dans l’UE aujourd’hui ? Notre projet européen empêche notre projet pour la France… C’est une question maltraitée depuis longtemps… »
- Un autre camarade… « …on ne retrouve pas dans le texte du projet l’affirmation du changement de système, du communisme, un projet sur le temps long avec une dimension nationale, européenne, mondiale… ».

Sans citer d’autres interventions toutes aussi importantes, mais non publiées, nous pensons que ces questionnements traversent les communistes dans et hors PCF et qu’ils ne sont pas travaillés et mis en débat dans le peuple et les salariés en lutte et notamment par les communistes dans leur parti.

Non, vraiment, nous n’entendons pas entretenir d’illusions qu’il n’y a pas d’autre solution que rester dans l’UE et l’Euro.

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  • (2002) Lenin (requiem), texte de B. Brecht, musique de H. Eisler

    Un film
    Sur une musique de Hans Eisler, le requiem Lenin, écrit sur commande du PCUS pour le 20ème anniversaire de la mort de Illytch, mais jamais joué en URSS... avec un texte de Bertold Brecht, et des images d’hier et aujourd’hui de ces luttes de classes qui font l’histoire encore et toujours...

  • (2009) Déclaration de Malakoff

    Le 21 mars 2009, 155 militants, de 29 départements réunis à Malakoff signataires du texte alternatif du 34ème congrès « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps ». lire la déclaration complète et les signataires

  • (2011) Communistes de cœur, de raison et de combat !

    La déclaration complète

    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

    Un peu plus d’un tiers des adhérents a participé à cette consultation, soit une participation en hausse par rapport aux précédents votes, dans un contexte de baisse des cotisants.
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  • (2016) 37eme congrès du PCF

    Texte nr 3, Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF et son résumé.

    Signé par 626 communistes de 66 départements, dont 15 départements avec plus de 10 signataires, présenté au 37eme congrès du PCF comme base de discussion. Il a obtenu 3.755 voix à la consultation interne pour le choix de la base commune (sur 24.376 exprimés).