Mais pourquoi Macron est-il si soutenu par BFM TV ?

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A moins de vouloir l’ignorer on ne peut que s’étonner du soutien de Paris-Match et surtout de BMTV à « Bel-ami » Macron. Ce jeune affairiste qui est passé de la Banque d’affaire aux couloirs du pouvoir élyséen sans jamais avoir été élu nulle part est lancé comme un produit de high tech par le patron de Numericable auquel s’était opposé Montebourg . C’est une opération coordonnée dont visiblement les promoteurs attendent quelque chose en retour, mais quoi ? Voici un coin du voile qui est soulevé par un homme qui visiblement à lui-même beaucoup navigué en eaux troubles, soit on peut en déduire qu’il sait de quoi il parle, soit qu’il défend des intérêts concurrents. Bon appétit messieurs ô ministres intègres. . (note de danielle Bleitrach)

A noter que cet auteur est un haut fonctionnaire typique des années "de gauche", passé de la mairie de Paris (!) à l’éducation nationale après être devenu énarque, cumulard (administrateur de l’ACOSS, de la CNAV, de l’UNEDIC, de Pole Emploi, de l’AGIRC, de l’ARRCO, président de l’APEC, trésorier de l’OPCA de l’assurance, administrateur de B2V), et bien entendu grand libéral pourfendeur de tout ce qui fait "la république sociale", partisan de la suppression totale des cotisations sociales, de l’éducation nationale remplacée par un chèque étude... Autant dire que c’est un macroniste puissance 10... (pam)

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Pas mal, le soutien massif de BFM TV à Emmanuel Macron. On a l’habitude de voir les mêmes informations passer en boucle sur cette chaîne, donc on n’est pas complètement surpris. Mais à ce point tout de même… La chaîne n’en a pas démordu de toute la journée, comme si plus rien d’autre ne se passait en France que la déclaration de candidature de l’ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée.

Quand on y regarde de près, on se pose quand même quelques questions sur la machine médiatique qui a décidé (avec maladresse) d’installer le jeune Macron dans le fauteuil du sauveur de la République.

Drahi, Macron et Bernard Mourad

Les amateurs d’entrefilets à signaux faibles ont évidemment noté cette information passée inaperçue début octobre : Patrick Drahi, homme d’affaires sulfureux, surendetté et très influent pèse de tout son poids dans la campagne du jeune Macron. Il lui a même délégué l’un de ses meilleurs colonels : Bernard Mourad.

Bernard Mourad, le patron d’Altice Media Group va abandonner ses fonctions dans les prochains jours pour rejoindre l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron comme conseiller spécial. (…) Ce proche de Patrick Drahi a choisi de démissionner pour éviter tout conflit d’intérêt dans ses nouvelles missions auprès de l’ex ministre de l’Economie, un ami de plus de 15 ans.

Son arrivée structure le mouvement « En Marche ! », lancé en avril dernier par Emmanuel Macron, pour le transformer en véritable parti politique. Bernard Mourad sera plus spécifiquement en charge des questions et relations avec les sphères économiques. Cet ancien banquier d’affaires devrait également apporter une aide précieuse, grâce à ses réseaux, dans la recherche de financements pour la campagne présidentielle. (…)

Auparavant directeur général de Morgan Stanley à Paris, Bernard Mourad s’est fait connaître pour avoir épaulé Patrick Drahi sur ses deals dans les télécoms, notamment le rachat de SFR, en 2014. Durant sa carrière de banquier d’affaires, il s’était également construit une solide réputation dans le secteur des médias en conseillant l’américain Hearst dans le rachat des magazine internationaux de Lagardère. Il avait aussi conseillé Mondadori dans l’acquisition d’Emap France et accompagné des fonds d’investissement pour la reprise d’une partie de Vivendi Publishing.

Tiens ! tiens ! on en apprend des choses. En tout cas, Macron est bien placé pour expliquer qu’il est « contre le système » et qu’il veut rompre avec lui.

Drahi et BFM TV

À propos, je ne sais pas si vous vous souvenez que, après avoir racheté SFR en 2014, Drahi a racheté NextRadio, propriétaire de… BFM TV, en 2015. L’ensemble, appelé Altice Media, est fusionné par Mourad avec SFR en 2016. Il comporte d’autres titres bien connus comme l’Express qui, lui non plus, ne ménage ni son temps ni sa peine pour donner une bonne image de Macron.

Amusant non ? un patron de presse qui soutient massivement un candidat à la présidentielle jusqu’à lui faire occuper la une de tous ses titres en disant du bien de lui…

Quand Macron faisait un gros cadeau à Drahi

Oui, mais… en 2014, l’histoire du rachat de SFR par Drahi mérite qu’on s’y arrête de près.

Lorsque Drahi présente sa candidature au rachat, il entre en concurrence avec Bouygues. Montebourg est alors ministre de l’Economie et s’oppose à la candidature de Drahi :

« Numericable a une holding au Luxembourg, son entreprise est cotée à la Bourse d’Amsterdam, sa participation personnelle est à Guernesey dans un paradis fiscal de Sa Majesté la reine d’Angleterre, et lui-même est résident suisse ! Il va falloir que M. Drahi rapatrie l’ensemble de ses possessions, biens, à Paris, en France. Nous avons des questions fiscales à lui poser ! »

disait à l’époque Montebourg. Nous sommes alors en mars 2014.

Et puis Montebourg, à la rentrée 2014, est viré du gouvernement. Et puis Macron lui succède. Et puis BFM TV nous apprend un jour que Macron vient d’autoriser discrètement le rachat de SFR par Drahi.

Le 28 octobre, le ministre de l’Economie a discrètement donné son feu vert à l’opération.

Ce feu vert était nécessaire suite au décret sur les investissements étrangers, signé le 14 mai dernier par Arnaud Montebourg justement. Ce décret soumet à l’approbation de Bercy tout rachat dans les télécoms.

Oh ! le joli cadeau… dont Le Monde a décrit les bienfaits financiers pour Drahi lui-même.

Macron attendu au tournant ?

Ces petites histoires, évidemment, tout le monde les connaît, et elles ne devraient pas tarder à jouer un vilain tour à Macron. Celui-ci va très vite devenir un puissant gêneur. Donc…

Dans le cas des soutiens très voyants accordés à Macron par les titres de Drahi, il ne s’agit plus seulement de maladresse. Il s’agit d’une véritable provocation, que ses adversaires ne tarderont pas à torpiller. Macron a beaucoup fricoté avec les milieux d’affaires… Jouer, aujourd’hui, aux parangons de la rupture va constituer un exercice véritablement difficile à mener.

Voir en ligne : sur le site de l’auteur

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