L’avenir du PCF, du Parti de Gauche, et du Front de Gauche, à la Croisée entre 2 chemins

, par  Dan Bouche , popularité : 2%

A Lyon demain mardi 5 avril 2011 vient Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, pour rencontrer le conseil départemental et les chefs de section du Rhône, mais finalement aussi les militants PCF intéressés, ainsi qu’une délégation des communistes « orthodoxes » très bien implantés dans l’agglomération lyonnaise, voire le député André Gerin candidat « PCF » à l’élection présidentielle. Cette venue s’inscrit, juste après les cantonales, dans le lancement officiel du débat concernant le choix du candidat Front de Gauche pour la présidentielle.

Or il y a pile une demi-année a été publié dans un média national payant, l’article suivant, ainsi que les commentaires suscités.

L’article n’ayant pas pris une seule ride depuis sa publication le 5 octobre 2010, il est proposé à votre lecture et à votre sagacité :

1°) Les élections cantonales, les législatives et le (troisième) tour social :

En ce début d’automne 2010 sont importantes les luttes sociales, ainsi que les élections cantonales dans 8 mois puis législatives dans 21 mois, car le poids du Front de Gauche réside notamment dans ses élus de proximité, en plus des appartenances syndicales de ses membres.

Pour les législatives, il n’y a plus maintenant de négociations préalables avec le PS, car le Front de Gauche (et très probablement les Verts-EE), présentent systématiquement des candidats en compétition avec ceux du PS :
- ce changement de stratégie redonne toute leur importance aux législatives, ainsi qu’au contenu des programmes respectifs de propositions concrètes :
- sans répartition préalable des territoires, entre Front de Gauche, Verts-EE et PS, sera élu en grande partie le candidat dont le programme aura su séduire les électeurs.

Comme en 1936, ce qui compte lors de législatives historiques, c’est entre autres la position de groupe ayant une position charnière. Lors du Front populaire, le Parti radical a vu diminuer son poids relatif au sein de la gauche, mais c’est lui qui a mis fin au Front populaire. C’est pourquoi même avec un effectif non pléthorique, le groupe des députés Communistes et Républicains sera primordial pour une majorité de gauche à l’Assemblée nationale, donnant du poids au FdG.

Enfin, quel que soit le président élu en 2012, comme en 1936, le troisième tour social sera primordial en terme de rapports de force réels, et non pas fantasmés à propos de fractions de pourcent d’écart entre 2 candidats différents hypothétiques du FDG (par exemple A. Chassaigne AC et Jean-Luc Mélenchon JLM) présentés sous forme de deux options lors de sondages virtuels dans quelques mois ...

2°) La présidentielle :

La campagne électorale présidentielle va durer de nombreux mois, et le contenu du programme du (de la) candidat(e) PS sera influencé par le contexte politique et économique du début de l’année 2012, par les mouvements sociaux éventuels dus à une accélération probable de la gravité de la crise économique, et par les programmes des autres partis de gauche.

A l’issue du 1er tour, le (la) candidat(e) du PS sait que les reports de voix FDG en sa faveur seront excellents lors du second tour ; et de plus il (elle) pourra faire dire que le résultat est connoté de la personnalité du candidat en plus du poids politique réel des formations qui le soutiennent ; il (elle) se fichera que le candidat du FDG soit par exemple à 6,5 % par pure hypothèse avec Jean-Luc Mélenchon plutôt que 5 % avec A. Chassaigne ; d’autant qu’en matière de rapport de force électoral global gauche/droite, le résultat du 2nd tour se déduit très souvent des résultats du 1er tour.

Il est d’ailleurs curieux de voir l’écart actuel entre d’une part ce que le FdG préconise officiellement en matière institutionnelle, à savoir une re-parlementarisation et une dé-présidentialisation, et d’autre part avec l’importance un peu démesurée qu’y accorde Jean-Luc Mélenchon.

3°) L’avenir du Front de Gauche et du PCF :

Le PCF est à un tournant historique de son histoire de 90 ans. Il s’agit d’avoir une vision long terme, sachant que surviennent de temps en temps des moments cruciaux décisifs, avec des embranchements empruntés sur lesquels on ne peut plus revenir.

On peut simplement constater que le candidat d’une formation politique à la présidentielle est ou sera à terme le patron de cette formation ou fédération, la probabilité étant fortement corrélée avec le plus ou moins grand appétit exprimé publiquement par ce candidat.

Et de surcroît, ce qui semble plus important, ce n’est pas le match entre deux personnes pour être élue afin de représenter le Front de Gauche, mais bien le positionnement politique futur du PCF et du FdG !

Au-delà des apparences, le temps joue en faveur de JL. Mélenchon et de son choix stratégique, mais qui n’est pas celui du PCF tel qu’il est actuellement ; en effet l’objectif de JLM est d’assurer son leadership personnel sur une fédération de tout ce qui est à gauche du parti actuel des Verts hors EE, à gauche de l’aile gauche du PS, incluant notamment des trotskystes modérés en nombre croissant, ce qui reste du PCF, ainsi que les Alternatifs et la FASE (Clémentine Autain, Patrick Braouezec, un certain nombre de maires ex-PCF de la couronne parisienne, etc.), et ceci en opposition réellement très frontale contre le PS, c’est-à-dire un front pas tellement éloigné du NPA et relativement soft pour ne pas indisposer excessivement ; tandis que le choix collectif du PCF est d’être relativement très critique vis-à-vis du PS, mais en restant le maître du jeu à la charnière entre les 2 gauches (dans une liaison constructive et respectueuse avec la gauche antilibérale), pour pouvoir peser sur la vie politique française compte tenu du poids du FdG par rapport au futur ensemble [Verts + Europe Ecologie] et par rapport au PS.

4°) JL. Mélenchon :

En ce qui concerne l’homme JLM en tant que tel : chapeau l’artiste pour le parcours effectué jusqu’à aujourd’hui. Mais les cultures trotskyste, libertaire et communiste placent toutes les trois la direction collective collégiale de leur organisation, fût-elle parfois un peu coercitive, avant un destin individuel personnel.

Pourquoi une telle insistance de la part de JLM, et aussitôt au début de la création du PG. Par exemple, 3 mois après l’annonce par JLM de son départ du PS en novembre 2008, lors d’une réunion en province de l’ensemble des partenaires de toute l’Autre Gauche à gauche du PS pour la préparation commune des élections européennes, un représentant provoque le sourire général, quand il fait une allusion "au destin présidentiel vu par JLM".

5°) Pour la non-virtualité d’une candidature A. Chassaigne (ou d’un autre candidat PCF) :

A l’élection présidentielle de 1969, après que le PCF soit allé chercher comme candidat le vénérable Jacques Duclos, celui-ci a finalement fait un bon score de plus de 21 %, à rebours des sarcasmes initiaux de certaines âmes bien nées.

Tout en focalisant les énergies sur les luttes en cours , on peut naturellement aussi faire une proposition toute simple et économe en moyens : accorder au moins à A. Chassaigne qui semble un peu seul (ou à un autre candidat), quelques uns des moyens dont dispose le favori Jean-Luc Mélenchon, à savoir un minimum d’appui politique de la part de son propre parti, et une équipe technique de campagne chevronnée semi-professionnelle comme celle bien rodée entourant JLM qui s’est lancé dans la campagne depuis déjà 2 ans ; et il y a urgence au vu du court laps de temps restant pour ré-équilibrer les chances entre les 2 hommes (ainsi qu’ indirectement en creux entre les stratégies futures de la fédération incluant le PCF), car les sondages qui seront effectués prochainement et dans quelques mois au printemps 2011 par les nombreux médias-amis de N. Sarkozy testeront avec une insistance très intéressée , plutôt l’hypothèse Jean-Luc Mélenchon que celle relative à André Chassaigne, ou d’un autre candidat du PCF.

Ne pas donner d’appui politique minimum ni d’équipe de campagne semi-professionnelle à A. Chassaigne, équivaudrait à ne lui laisser vraiment aucune chance , avant le moment crucial proche où cela va basculer ; ce serait comme faire courir un 100 mètres avec des chaussures de plomb, ce serait une candidature purement virtuelle quant à la probabilité d’aboutir, en trompe-l’oeil et dans un théâtre purement d’ombres.

Et tout ceci, en supposant que la direction centrale du PCF veuille bien proposer au vote des adhérents autre chose qu’un seul nom unique pour l’ensemble du Front de Gauche et choisi par quelques personnes, c’est à dire un plébiscite léniniste, voire bonapartiste. Si cela se produisait, cela validerait les nombreux départs récents du PCF et à venir, et accélèrerait une recomposition rapide de la gauche hors NPA-LO, en 3 ensembles : PS, Verts-EE, et les Autres, ce qui est l’objectif personnel de JLM ; celui-ci caressant l’espoir de récupérer à moyen terme une partie des écologistes de gauche, pour aboutir à 2 gauches bien marquées, hors NPA-LO, et dont il serait à la tête de l’une des deux.

6°) Nécessité du débat interne réel, sans tabou et argumenté au sein du FdG :

En ce début d’automne 2010 il s’agit d’un débat de ligne politique future, induite nécessairement par le futur patron réel à moyen terme de la fédération du Front de Gauche incluant le PCF. Prononcer quelques mots de soutien au candidat de son propre parti, et lui allouer une équipe de campagne très chevronnée, n’empêche pas du tout de " penser aux retraites, à la politique raciste du gouvernement, au remaniement territorial ".

Si le débat n’a pas lieu maintenant, quand aura-t-il lieu ?

L’autocensure aseptisée et politiquement correcte régnant sur les médias dominés par la droite, n’est pas de mise au sein du FdG, et il n’y a pas de sujet tabou. Il est peut-être symptomatique que certains assimilent toute évocation non laudative de la personne JLM, comme étant une atteinte directe et essentielle au parti PG ; pourtant, même si nous sommes dans un pays de culture plutôt latine, ce parti ne se réduit pas à son président ; et puisque c’est le projet qui prime et non les personnes, on peut être en accord avec beaucoup de positions du PG, sans être nécessairement favorable à une candidature JLM du FDG pour la présidentielle.

Pour être sereins, les débats se doivent d’être argumentés. Pas mal de communistes partagent un certain nombre d’éléments cités ci-dessus. Si les modalités concernant la vie interne du parti ne sont pas claires, la gauche de transformation continuera de se fragmenter en petits partis, tandis que les Verts et Europe Ecologie ont enclenché entre eux malgré ce qui les divise, une dynamique de groupe positive devant déboucher sur une formation unique, qui grignote assez rapidement l’hégémonie du PS.

En regardant sur Wikipédia dans l’article sur le PCF, Le paragraphe sur la composition du groupe des députés communistes et républicains, on s’aperçoit qu’actuellement les députés du PCF ne représentent plus que la moitié du groupe, soit 12 sur 24 ; les 12 autres sont le dissident M. Gremetz qui se présente contre le PCF et le FdG, 3 FASE Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique, 1 CAP Convention pour une Alternative Progressiste, 1 Parti communiste Réunionnais, 3 PG et 3 Verts.

LES MODALITÉS DU DÉBAT AU SEIN DU PCF NE SONT DONC PAS UN SUJET ACCESSOIRE.

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