Le rôle de la violence

, par  Gilbert Remond , popularité : 5%

Depuis quatre mois que la mobilisation contre la loi travail met des centaines de milliers de personnes dans la rue, les violences policières ne cessent d’augmenter. Plusieurs articles rendent compte de ce phénomène qui commence a être connu dans des cercles de plus en plus larges des institution "démocratiques" mondiales. Leurs représentants commencent à s’en émouvoir. Ainsi des rapports tombent, des spécialistes parlent, donnent leur avis, critiquent la manière dont le maintien de l’ordre est assuré par nos gouvernants et leur exécuteurs.

Des député veulent un état des lieux et que soit désignée une commission d’enquête. L’ONU elle-même s’inquiète de la manière dont la police française exécute ses missions. Dans le même temps, certains dénoncent une volonté délibéré de faire dégénérer la situation. Le pouvoir se sait en minorité sur ce dossier. Il lui faut cependant imposer coûte que coûte, une loi qui lui est demandé par la commission européenne et les lobby du patronat des multinationales. Il sait que sa marge de manœuvre est courte. Il a choisi son camp. Depuis le début, l’ennemi de la finance n’était que le plus dévoué serviteur de celle qu’il dénonçait et prétendait pourfendre. Son appartenance à la gauche n’était qu’une ruse de langage. Nous savons que depuis 1983, cette référence n’est plus qu’un subterfuge pour permettre que se joue une alternance sans risque.

Le parti socialiste est depuis longtemps un des plus fidèles exécutant des mesures patronales. Il a fallu la parenthèse 68 pour que lui soit redonné un peu du vernis gauchiste apporté par les milieux de la petite bourgeoisie gagnée à la contestation. Cette illusion a fait tomber les masses populaires vers une gauche de transformation sociale qui s’empressait d’oublier ses promesses à l’épreuve des réalités. Nous en sommes la. Les réalités, cela veut dire que les rapports sociaux de production capitalistes ne peuvent engendrer qu’une sorte de politique, la leur, celle qu’exige le profit. Elle ne peut être populaire. Elle est toujours autoritaire et elle le sait dans son être profond. C’est pourquoi les capitalistes se sont donné un état avec des instruments de répression fondés sur l’utilisation de la violence.

La violence est donc institutionnalisée pour permettre au capital d’exister, de se reproduire et de s’accumuler. Si les années post 68 nous l’on fait oublié grâce à la culture mitterrandienne et ses minauderies rimbaldienne d’une vie à changer dans l’exigence d’être absolument moderne, cette vieille lune de la violence, un temps oublié, est redevenu un art de gouverner officiellement, pour la bonne raison qu’elle n’a jamais disparu des prérogatives de l’état républicain qui se rappelle à chaque fois à notre bon souvenir dès que la lutte des classes devient manifeste, c’est-à-dire dès l’instant où la classe ouvrière refuse de se plier aux dictats du patronat. Du coup il devient urgent de revenir aux fondamentaux pour comprendre la pertinence de son utilisation dans les conflits qui surgissent, y compris d’en connaitre l’origine et sa fonction dans l’histoire, son rôle dans l’évolution économique. D’où un retour en préliminaire de cette revue éditoriale, sur ce classique du marxisme tiré de l’Anti Düring qu’il me semble opportun de vous faire connaitre et dont me semble-t-il, il est urgent de conseiller la lecture. La violence joue un rôle dans l’histoire dont elle est, nous disait Marx, la parturiente.

Fraternellement

Gilbert Rémond

Le rôle de la violence dans l’histoire

Le rôle que joue la violence dans l’histoire vis-à-vis de l’évolution économique est donc clair. D’abord, toute violence politique repose primitivement sur une fonction économique de caractère social et s’accroît dans la mesure où la dissolution des communautés primitives métamorphose les membres de la société en producteurs privés, les rend donc plus étrangers encore aux administrateurs des fonctions sociales communes. Deuxièmement, après s’être rendue indépendante vis-à-vis de la société, après être devenue, de servante, maîtresse, la violence politique peut agir dans deux directions. Ou bien, elle agit dans le sens et dans la direction de l’évolution économique normale. Dans ce cas, il n’y a pas de conflit entre les deux, l’évolution économique est accélérée. Ou bien, la violence agit contre l’évolution économique, et dans ce cas, à quelques exceptions près, elle succombe régulièrement au développement économique. Ces quelques exceptions sont des cas isolés de conquêtes, où les conquérants plus barbares ont exterminé ou chassé la population d’un pays et dévasté ou laissé perdre les forces productives dont ils ne savaient que faire. Ainsi firent les chrétiens dans l’Espagne mauresque pour la majeure partie des ouvrages d’irrigation, sur lesquels avaient reposé l’agriculture et l’horticulture hautement développées des Maures. Toute conquête par un peuple plus grossier trouble évidemment le développement économique et anéantit de nombreuses forces productives. Mais dans l’énorme majorité des cas de conquête durable, le conquérant plus grossier est forcé de s’adapter à l’ « état économique » plus élevé tel qu’il ressort de la conquête ; il est assimilé par le peuple conquis et obligé même, la plupart du temps, d’adopter sa langue. Mais là où dans un pays, – abstraction faite des cas de conquête, – la violence intérieure de l’État entre en opposition avec son évolution économique, comme cela s’est produit jusqu’ici à un certain stade pour presque tout pouvoir politique, la lutte s’est chaque fois terminée par le renversement du pouvoir politique. Sans exception et sans pitié, l’évolution économique s’est ouvert la voie, – nous avons déjà mentionné le dernier exemple des plus frappants : la grande Révolution française.

Friedrich Engels, Anti-Dühring,
Éditions sociales, Paris, 1973, p. 210
Traduction d’Émile Bottigelli

On explique souvent le cours de l’histoire en accordant un rôle central aux guerres, batailles et autres conflits armés. C’est donc de la violence, en particulier celle des États, dont il faudrait partir pour éclairer une époque. N’est-ce pas là s’en tenir aux apparences ? Le fracas des armes, les victoires et les défaites, en attirant le regard, ne font-ils pas oublier d’autres facteurs, autrement plus déterminants  ? Engels cherche ici à développer une approche matérialiste en montrant que la violence politique est un phénomène dérivé, qui reste incompréhensible tant qu’on ne se réfère pas aux facteurs économiques qui la sous-tendent.

La violence politique comme fonction économique
La violence politique occupe le devant de la scène. Elle est, pour ses contemporains, le facteur le plus visible, celui qui s’impose avec le plus de force à la conscience. La démarche d’Engels va pourtant consister à remonter en deçà du fait même de la violence pour en faire la généalogie. Il va ainsi remonter de la violence politique à l’évolution économique et faire de celle-là une fonction de celle-ci. Autrement dit, les guerres et les répressions ne s’expliquent pas tant par l’arbitraire des tyrans que par les besoins de la production. Ceux-ci peuvent être de nature très différente au cours de l’histoire et aujourd’hui encore les exemples ne manquent pas : acquérir des terres agricoles exploitables ou des ressources naturelles, offrir des débouchés à l’industrie de l’armement…

Néanmoins, cette définition de la violence politique comme simple fonction économique ne fait pas pour Engels figure de loi universelle. Elle admet aussi des variations. D’une part, la place de la violence politique paraît s’accroître à mesure que disparaissent les communautés primitives et que s’impose au monde entier la production marchande. Marx et Engels avaient en effet pris appui sur différents travaux ethnographiques pour affirmer qu’existait, notamment dans les anciennes tribus germaniques ou encore dans les communautés paysannes russes, une forme de communisme des origines dans laquelle la propriété privée de la terre n’existait pas. La dissolution de ces communautés primitives va ainsi de pair avec un développement de la violence, l’administration des fonctions sociales communes prenant souvent la forme d’un État répressif et sans lien réel avec ses administrés. D’autre part, la violence politique peut s’autonomiser. Ce qui ne veut pas dire qu’elle n’a plus de cause économique, mais bien plutôt qu’il existe une pesanteur des conflits politiques. Un conflit dont le point de départ aura été un enjeu économique – l’accès à des ressources naturelles par exemple – peut très bien s’enliser et revêtir une forme culturelle ou religieuse.

La violence politique ne peut presque rien contre l’évolution économique
La violence politique n’est pas non plus le facteur historique le plus déterminant. Engels va le montrer à propos des conquêtes et de la violence d’État : elles n’infléchissent presque jamais le cours du développement économique. Pour la plupart des conquêtes, le caractère déterminant de l’évolution économique est évident. Le plus fort militairement est presque toujours le plus développé économiquement, la puissance militaire découlant de la puissance économique. « La victoire de la violence, écrit Engels, repose sur la production d’armes, et celle-ci à son tour sur la production en général ». Ce qui est vrai par exemple de la domination britannique de l’Inde, largement fondée sur la puissance industrielle de l’Angleterre.

Mais il est d’autres conquêtes où l’on voit le moins développé économiquement s’imposer par la violence au plus développé. C’est le cas des Barbares envahissant l’Empire romain aux IVe et Ve siècles. Une telle conquête ne prouve-t-elle pas que l’économie n’a pas l’importance qu’on lui prête ? Que c’est la violence qui décide en dernière instance du sens de l’évolution historique ? Pour Engels, il n’en est rien. En effet, peu après sa victoire, « le conquérant plus grossier [...] est assimilé par le peuple conquis et obligé même, la plupart du temps, d’adopter sa langue ». Certaines tribus germaniques, les Burgondes, les Wisigoths et les Francs, par exemple, adopteront peu à peu le latin. La première cause d’assimilation linguistique demeure l’adaptation à l’état économique plus élevé du peuple conquis. Ainsi, et malgré la victoire militaire, la culture des conquérants moins développés commence à s’éteindre. La violence, finalement, a succombé au développement économique. Il existe quelques contre-exemples. C’est le cas des souverains chrétiens lors de la Reconquista, qui n’ont pas su tirer parti des forces productives développées par les Arabes en Andalousie. Mais pour Engels, les situations où le développement économique cède le pas devant la violence demeurent exceptionnelles dans l’histoire.

La violence d’État obéit à la même règle. Elle peut certes beaucoup de choses ; il serait naïf de nier son efficacité. Néanmoins, il n’est pas en son pouvoir de s’opposer à l’évolution économique. Engels prend l’exemple de « la grande Révolution française ». Il la conçoit comme « le renversement du pouvoir politique » de l’aristocratie au profit de la bourgeoisie. Mais cet événement décisif est le résultat du long processus au cours duquel la bourgeoisie est devenue dominante économiquement. Une fois établie, la domination économique de cette classe, la partie est perdue pour l’aristocratie. Elle peut utiliser la violence d’État pour se maintenir au pouvoir, elle peut même y parvenir un temps, mais sa dépendance économique finira par avoir raison de sa suprématie politique. La violence d’État qui se déchaîne est toujours pour Engels l’aveu de faiblesse d’une classe sociale aux abois.

« Monsieur Dühring bouleverse la science »
Au milieu des années 1870, l’influence d’Eugen Dühring, enseignant à l’université de Berlin se proclamant socialiste, prend de l’ampleur dans les rangs du Parti ouvrier socialiste allemand. C’est notamment parce que Dühring prétend offrir une vision du monde globale, touchant tous les domaines, de la physique à l’économie en passant par la philosophie, que ses travaux sont en vogue. Engels, tout comme Marx, voit néanmoins en lui un imposteur et profite de l’occasion que lui offre le journal du parti pour répondre à Dühring point par point.

Par Florian Gulli et Jean Quétier

La Revue du projet, n° 51, Novembre 2015

Des députés veulent un état des lieux des pratiques de maintien de l’ordre

Mercredi 29 Juin 2016 à 17:02
Mathias Destal
Des députés de gauche, dont Noël Mamère et Pouria Amirshahi, se mobilisent pour qu’un débat sur les pratiques du maintien de l’ordre s’ouvre en France, comme ils l’ont fait savoir lors d’une conférence de presse organisée à l’Assemblée nationale ce 29 juin. Pour faire entendre leur revendication, ces personnalités politiques, soutenues par des représentants syndicaux et des membres de la société civile, s’appuient sur la publication le même jour d’un recueil de témoignages édifiants réalisé par les journalistes du site Reporterre. Son titre : « Maintien de l’ordre : la dangereuse dérive ».

Des députés montent au créneau. Les écologistes Noël Mamère et Cécile Duflot, ainsi que l’ancien député PS Pouria Amirshahi, entendent bousculer le gouvernement sur la question du maintien de l’ordre et la stratégie déployée dans les manifestations contre la loi Travail ces derniers mois. « Nous avons conscience d’être à contre-courant, mais il est nécessaire de ne rien céder sur des éléments qui sont constitutifs de notre Etat de droit comme celui de la liberté de manifester », a expliqué Noël Mamère, en introduction d’un point presse organisé mercredi 29 juin à l’Assemblée nationale. « Nous faisons face à un changement de doctrine du maintien de l’ordre dans notre pays et ce développement nous apparaît dangereux », a-t-il poursuivi.

Ce rendez-vous, auquel participaient également des représentants syndicaux ainsi que des membres de la société civile (Solidaire, CGT, syndicat de la Magistrature, syndicat national des journalistes, Ligue des droits de l’homme), a été organisé à l’occasion de la publication le même jour d’un rapport au titre coup de poing : « Maintien de l’ordre : la dangereuse dérive ». Elaboré par des journalistes du site Reporterre, ce « rapport d’information sur les actions de maintien de l’ordre menées depuis le début des manifestations d’opposition à la loi sur le travail » compile une centaine de témoignages de manifestants parisiens, rennais, toulousains ou nantais qui racontent leurs expériences avec la police lors des journées de mobilisations au projet de loi du gouvernement.
Violence physique et verbale

Sur près de 80 pages, il est question de violence physique ou verbale ; de mésusages d’armes dites « intermédiaires » ; de « pressions sur les journalistes » ; de « non-assistance à personne en danger ou blessée » ou encore « d’entrave à la prise en charge rapide des blessés ». Certains de ces témoignages ont été glanés sur Internet. D’autres ont été recueillis par quatre journalistes du site dirigé par Hervé Kempf, ancien spécialiste des questions écologiques au journal le Monde (le rapport est téléchargeable ici). Outre les témoignages, le document fait état de « recommandations » précises qu’il faudrait mettre en œuvre pour, est-il écrit, « sortir du climat délétère qui s’instaure en matière de liberté publiques ».

Exemples : « L’interdiction de l’usage des lanceurs de balles de défense (LBD) doit être édictée en France, comme elle l’est dans d’autres pays, à commencer par notre voisin allemand » ; « L’emploi des Compagnies d’intervention devrait être recadré. Il apparaît en effet que leur action sur le terrain conduit à de nombreux actes incontrôlés et dangereux » ; « Une étude par un organisme indépendant du ministère de l’Intérieur doit être menée sur la composition exacte des gaz et produits chimiques utilisés dans les grenades lacrymogènes. La composition du contenu de ces grenades doit être rendue publique. »
"Une volonté politique que ça dégénère"

Parmi les intervenants invités à prendre la parole aux côtés de Noël Mamère, le Monsieur loyal de l’événement, figuraient également Alexandre Langlois de la CGT police. Le fonctionnaire a rappelé qu’il voyait dans le dispositif policier des derniers mois « une volonté politique que ça dégénère ». Il a ensuite déploré que les « donneurs d’ordres », à la différence des policiers de terrain, ne soient jamais inquiétés quand un usage disproportionnée de la force est constaté. « C’est d’autant plus embêtant qu’on a beaucoup moins d’intérêt commun avec la classe dirigeante qu’avec le peuple », a conclu le cégétiste.

Après Alexandre Langlois, ce fut au tour de Laurence Blisson de prendre la parole. Secrétaire générale du syndicat de la Magistrature, la jeune femme a rappelé qu’il existait aujourd’hui de véritables difficultés à connaître les chiffres officiels des plaintes déposées par les manifestants contre la police, tout comme il était impossible de connaître le nombre réel des blessés. Difficultés que la juge d’application des peines impute au fait qu’il n’existe pas de statistiques officielles sur le sujet. Une anomalie, selon elle : « Les policiers sont détenteurs d’un pouvoir particulier, il faut donc pouvoir les critiquer ».

Au-delà de la simple critique, le député Pouria Amirshahi préconise l’ouverture d’un débat national sur l’institution policière et ses prérogatives. Un débat qu’il aimerait voir engager au travers de deux questions simples : « Qu’est-ce qu’une police démocratique ? » et « Qu’est-ce qu’une police subordonnée aux citoyens ? » A ce débat est venue s’ajouter la volonté des participants que soit ouverte prochainement une mission d’information parlementaire sur la question du maintien de l’ordre en France. Mais dans le climat actuel, tous se sont accordés sur un point : c’est loin d’être gagné.

Violences policières : le rapport qui dit les faits

29 juin 2016 /Camille Martin (Reporterre)

Le maintien de l’ordre a pris en France un tour dangereux pour les libertés publiques et le droit de manifester. Animée par Reporterre, une Mission civile d’information a mené une enquête approfondie sur les dérives de l’action policière depuis le début des manifestations contre la loi travail. En voici le rapport. Il témoigne d’une dérive dangereuse pour la démocratie.

La situation devenait insupportable : manifestation après manifestation, nous observions des violences de plus en plus nombreuses de la part des forces de police, bien au-delà de ce que pourrait exiger le maintien de l’ordre. C’est pourquoi, fin avril, avec l’appui initial de plusieurs députés, nous avons lancé une Mission civile d’information sur les actions de maintien de l’ordre menées depuis le début, en mars 2016, des manifestations d’opposition à la loi sur le travail.

Ce rapport, établi par les correspondants de Reporterre à Nantes, Rennes, Toulouse et Paris, nous le présentons ce mercredi 29 juin, alors qu’à l’Assemblée nationale, une conférence de presse réunit des députés, des organisations des droits de l’homme et de la société civile, des syndicats de salariés et de policiers, pour tirer l’alarme sur la dérive dangereuse en matière de maintien de l’ordre.

Les enquêteurs ont rassemblé les témoignages attestant de pratiques dangereuses de maintien de l’ordre — plus d’une centaine recueillis directement, à quoi s’ajoute la reprise d’une quarantaine de faits émanant de sources fiables. Nous avons par ailleurs demandé aux autorités publiques (ministère de l’Intérieur et préfectures) de répondre à nos questions. Ces autorités ne l’ont pas souhaité, ce que nous regrettons. Des entretiens avec des représentants syndicaux des personnels de maintien de l’ordre ont par ailleurs été réalisés.

Nous avons conduit cette mission avec le souci d’assurer que le droit de manifester soit pleinement respecté. Notre démarche est animée par le souhait que les principes de la démocratie et du respect de l’État de droit soient respectés, et s’imposent au pouvoir exécutif comme à quiconque.

Le rapport que vous lirez ci-dessous confirme que l’action de maintien de l’ordre a pris en France un tour très dangereux, qui menace l’intégrité physique de nombreux citoyen(ne)s pacifiques, parfois de mineurs et même d’enfants. L’usage des lanceurs de balles de défense est devenu courant alors qu’il devrait être exceptionnel, voire interdit. Les tirs tendus de grenades se multiplient de manière inacceptable. L’utilisation de policiers en civil non identifiables pour des actions d’interpellation ou de répression est devenue systématique. Le non-respect du droit des journalistes à couvrir sans crainte les événements est devenu habituel.

De nombreux indices conduisent de surcroît à penser que le maintien de l’ordre est conduit de façon à exciter les violences, dans l’intention de détourner l’attention de l’opinion publique des questions que posent les manifestant(e)s.

Nous formulons dans la conclusion de ce rapport plusieurs recommandations, dont l’application paraît indispensable pour sortir du climat délétère qui s’instaure en matière de libertés publiques. Si l’ordre est un pilier essentiel de l’application de la loi décidée démocratiquement, son maintien doit viser au respect de la démocratie et des libertés, pas à terroriser celles et ceux qui expriment leur opinion par des moyens pacifiques. Nous invitons fermement les responsables politiques à revenir à des méthodes de maintien de l’ordre respectueuses des lois et des règlements en vigueur, afin d’éviter de blesser les personnes qui manifestent.

Dix recommandations pour des manifestations sans violences

Romain Dussaux a été touché à la tête par la déflagration d’une grenade de désencerclement, le 26 mai, à Paris.

1 – L’interdiction de l’usage des lanceurs de balles de défense (LBD) doit être édictée en France, comme elle l’est dans d’autres pays, à commencer par notre voisin allemand.

2 – L’interdiction absolue des tirs tendus de grenade doit être impérativement rappelée aux membres des forces de l’ordre par l’autorité responsable, qui doit veiller à ce que ces consignes soient strictement respectées par les unités engagées.

3 – L’utilisation des grenades dites de « désencerclement » doit être interdite, ou à tout le moins très strictement limitée à des usages prévus par la définition de cette arme de dégagement d’une unité en difficulté.

4 – L’emploi des Compagnies d’intervention devrait être recadré. Il apparaît en effet que leur action sur le terrain conduit à de nombreux actes incontrôlés et dangereux.

5 – L’emploi de policiers en civil devrait être strictement limité. L’emploi de policiers en civil sans signe visible d’identification de leur qualité devrait être interdit.

6 - Une étude sur l’application des principes de « désescalade » en situation de maintien de l’ordre doit être menée auprès des autorités d’autres pays qui les pratiquent.

7 - Les personnes assurant des fonctions de secouristes au sein de manifestations ne doivent pas être privées de leur matériel de premiers soins ni être la cible d’attaques, de menaces ou de pressions lors des actions de maintien de l’ordre.

8 – Le respect impératif par les policiers et les gendarmes de la liberté des journalistes d’observer les manifestations et autres mouvements sociaux doit être assuré.

9 - Des études doivent être entreprises par des organismes indépendants sur les effets sanitaires de l’inhalation et de l’exposition cutanée des produits lacrymogènes, et autres composés chimiques utilisés dans les actions de maintien de l’ordre.

10 – Une étude par un organisme indépendant du ministère de l’Intérieur doit être menée sur la composition exacte des gaz et produits chimiques utilisés dans les grenades lacrymogènes. La composition du contenu de ces grenades doit être rendue publique.

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