Conseil national des 28 février et 1er mars 2009
Compte rendu de Caroline Andréani Fédération de Seine-Saint-Denis, Aubervilliers

, par  Caroline Andréani , popularité : 1%

Les conseils nationaux se suivent... et se ressemblent.

Le Conseil national des samedi 28 février et dimanche 1er mars aura été un de ces nombreux conseils nationaux où les questions de fonds, bien qu’étant à l’ordre du jour, sont restées largement inabordées.

La situation aux Antilles

L’ordre du jour débutait par un point d’information sur la grève générale en Guadeloupe et en Martinique. Jean-Louis Le Moing a présenté un compte-rendu des délégations du PCF dans les deux territoires d’outre-mer, soulignant que le déplacement de dirigeants nationaux du PCF n’avait pas fait couler d’encre. Sur place, l’accueil du LKP en Guadeloupe, du mouvement de grève en Martinique, a été très positif.

Jean-Louis Le Moing a rappelé les racines du mal : une population qui connaît un taux de chômage deux à trois fois plus élevé qu’en métropole et proportionnellement six fois plus d’allocataires du RMI ; des relations sociales sur lesquelles pèsent le poids d’une histoire coloniale et esclavagiste ; des territoires sous le joug économique de quelques grandes familles qui contrôlent les importations et la distribution, ainsi que l’emploi, ce qui leur permet d’imposer des prix exorbitants et de maintenir une situation d’exploitation extrême. Quant à l’État français, ses subsides servent essentiellement à maintenir le statu quo, ie la domination de quelques uns sur ces territoires.

L’enjeu aujourd’hui est donc bien d’imposer à ces familles et à leur émanation, le Medef local, des augmentations de salaires significatives et la fin d’une domination sans partage.

On comprend bien la résistance des puissants locaux, mais également celle du Medef en France et du gouvernement, qui s’inquiètent des répercussions que ce mouvement pourrait avoir.

Le débat qui a suivi n’a fait qu’abonder dans le sens du rapporteur. Pasquale Noizet a déploré le manque de visibilité du PCF dans les manifestations de soutien organisées à Paris, alors que les communistes étaient présents. Quant à Paul Barbazange, il a souligné que le rapport ne nommait pas le capitalisme comme principal responsable de la situation aux Antilles. Même si le rapport le sous-entendait, il n’y a pas de mal à nommer les choses par leur nom.

La commission de transformation

Deuxième point à l’ordre du jour, la commission de transformation du PCF. Le rapport a été fait par Patrice Bessac, qui a multiplié les lieux communs, ne donnant aucun élément tangible sur les pistes sur lesquelles devra travailler la commission. Tout ce que l’on peut tirer d’un rapport de plus trois quarts d’heure, c’est que le congrès a donné mission à une commission de transformation pour plancher sur des propositions de transformation. C’est évidemment un peu court !

Trois axes ont été définis :

- la culture commune : d’après le rapporteur, nous sommes au Parti pour défendre des valeurs communes, mais nous sommes incapables de construire une culture commune (chacun appréciera)
- le militantisme : le congrès a du prendre acte de la volonté des communistes de maintenir des cellules, des sections, de reconstruire des cellules d’entreprises... mais comment faire ? On notera au passage que si notre camarade avait un peu milité à la base, il n’aurait pas d’hésitation sur la manière de faire.

- La démocratie militante et nos statuts : les statuts ont fait l’objet d’une critique en règle parce qu’ils ne permettraient pas le respect des décisions majoritaires. Ce qui peut se traduire par la formule bien connue : « Je ne veux voir qu’une tête » (ou version Wurtz : « Il ne faut pas laisser parler Nikonoff dans nos meetings »...). Le rapporteur a également abordé la question des sanctions, des tendances (avec l’éternel refrain : « les communistes sont contre, mais nous devons assumer notre diversité ») et il a suggéré un mode de fonctionnement pour sortir des situations de blocage lors des discussions.

Autre volet, notre « image » et notre « communication ». Nous avons une image qui nous handicape - dixit le rapporteur - et nous sommes « maltraités » par les médias. Si au lieu de réagir en termes d’« image » ie de star business et de « communication », la direction nationale se positionnait en termes de contenu politique et de convictions, nous n’en serions pas là.

Ce rapport a fait l’objet de réactions diverses. Les suivistes se sont pâmés devant la pertinence du rapport. Dans les rangs des élus du 3e texte, plusieurs interventions ont souligné que nous serons attentifs à ce que transformation ne veuille pas dire liquidation de l’opposition et retour par la bande du cassage du Parti.

Plusieurs intervenants se sont émus, à juste titre, que l’on fasse passer la transformation du Parti par une réécriture des statuts en soulignant qu’il était surprenant de chercher à régler des questions politiques par le biais de réformes de fonctionnement.

Un calendrier de travail a été proposé : un pré-rapport sera présenté à la réunion d’automne des secrétaires de section.

Une liste de 80 noms a été proposée aux membres du CN. Marie-Christine Burricand, seule d’entre nous à être proposée comme membre de la commission, a demandé que l’on nous fasse savoir qui représentait des sections, qui des fédérations, qui des quartiers populaires, qui des cellules d’entreprises... Malgré des propositions de notre part, Marie-Christine Burricand reste la seule de notre sensibilité dans la commission. Par contre, la direction nationale a jugé bon d’intégrer des refondateurs. Il faut ce qu’il faut.

La charte de fonctionnement du CN

La charte de fonctionnement du CN est revenue à l’ordre du jour. Au précédent CN, on avait essayé de nous vendre la sélection des intervenants en fonction de leur sensibilité, et la fin de la parution des interventions au CN dans L’Humanité, soi-disant parce que les communistes seraient incapables de comprendre la teneur des débats à la lecture des résumés des interventions (dixit Marie-George Buffet).

Là encore, nous sommes intervenus pour nous opposer à ces propositions, qui visent avant tout à verrouiller l’expression des communistes en ne leur donnant plus la possibilité d’être lus par les camarades. Nous avons été rejoints par de nombreux membres du CN, qui sont attachés à ce que les débats soient reproduits dans leur intégralité.

La direction nationale a réussi le tour de force de ne pas faire voter les membres du CN sur cette question, et d’entériner par contre le principe d’un compte-rendu journalistique qui sera testé prochainement.

La Charte a été adoptée par 81 voix pour, 30 contre et 6 abstentions (vous remarquerez au passage que cela fait 117 présents...).

L’Humanité

Un bref rapport a été présenté sur l’état de la presse en France et la situation de L’Humanité. Notre camarade Floriane Benoit a souligné l’importance du rôle de L’Humanité dans le combat communiste et demandé la transparence sur la situation de L’Huma.
D’autres membres du CN sont intervenus pour demander eux aussi des données puisque plusieurs fédérations ont fait des prêts pour sauver L’Huma et qu’elles veulent savoir quelle est la situation financière du journal.

Michel Laurent a fait un point financier rapide en expliquant que le journal avait perdu 2,5 millions d’euros en 2007, 3,5 en 2008 et que le comité de surveillance du journal prévoyait une perte de 2,5 millions d’euros pour 2009. Il a expliqué que sans la souscription, qui a rapporté 2 millions d’euros en 2008, L’Huma n’aurait pas passé le cap.

La vente de l’immeuble de Saint-Denis a pris du retard, mais elle devrait intervenir dans les trois mois qui viennent. Cela permettra de résorber les dettes, mais ça n’assure bien entendu pas la pérennité du journal. D’où des efforts de restructuration, la bataille pour l’aide à la presse, et surtout la nécessaire bataille pour relancer les abonnements au journal.

Les élections européennes

Le dimanche a été consacré à la discussion sur les élections européennes. Le rapport de Jacques Chabalier tournait autour de deux thèmes, le front de gauche et l’entrée en campagne du PCF.

Le front de gauche se résume pour le moment à un face à face avec le Parti de la Gauche de Mélenchon. Des discussions sont en cours avec les alternatifs et avec le MRC, mais pour le moment, rien n’est décidé du côté de ces deux organisations. Quant au NPA, compte tenu de ses exigences aux élections régionales, il est à peu près sûr qu’il n’y aura pas d’accord.

Dans la discussion qui a suivi, une partie des interventions s’est focalisée sur le refus du PCF de discuter avec la Fédération, entité politique à laquelle ont adhéré les communistes unitaires, en pointant le fait, réel, que la double appartenance posait un problème politique. Compte tenu de l’importance numérique des communistes unitaires, on comprend mal pourquoi certains ont perdu du temps sur cette question totalement mineure, sauf évidemment à préférer ne pas aborder les questions de fond.

Plusieurs intervenants ont souligné leur difficulté à appréhender la situation dans les mois à venir. Tout le monde fait le même constat : les licenciements vont exploser, la situation sociale va être dramatique. Dans ces conditions, alors que l’Union européenne est directement pointée du doigt comme un des responsables de la situation, faire une campagne européenne va s’avérer compliqué.

Jean Jacques Karman est intervenu pour mettre en cause l’Union européenne, qui ne sera jamais un outil au service des peuples, qui ne sera jamais le cadre d’une Europe sociale. Il a souligné que le rapport Balladur s’intégrait parfaitement aux desiderata de l’UE en matière institutionnelle, ie substituer à la commune, au département, à l’Etat, héritages de la Révolution française, l’intercommunalité, les grandes régions et l’UE.

Au total, une discussion décousue, de laquelle n’est pas sorti grand chose, excepté une date, le 8 mars, pour le meeting de lancement de la campagne au Zénith, et le nom des têtes de liste communistes, dont Jacky Hénin pour le Nord-Pas-de-Calais et Patrick Le Hyaric pour la région Ile-de-France.

Au total, un Conseil national très long, où la direction nationale n’a pas bougé d’un iota sur les décisions qui étaient déjà prises avant le CN !

Caroline Andréani

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