Chômage : pourquoi la courbe s’inverse en 10 graphiques sur www.alterecoplus.fr

, par  Bernard Gilleron , popularité : 3%

Je vous transmets le lien d’un article sur une "information" qui a déjà commencé à faire du bruit (les Échos la reprend ce soir aussi), de la revue Alternatives Économiques de son (ex ?) rédacteur en chef Guillaume Duval...
La courbe du chômage s’inverserait, enfin !

La fameuse inversion de la courbe du chômage est engagée, selon les statistiques de l’Insee comme celles de Pôle emploi. Mais au-delà de ce résultat global, dans quel état se trouve le marché du travail, huit ans après le début de la crise ? La situation reste encore très difficile, en particulier pour les hommes. Tour d’horizon des chiffres du chômage.

Je ne l’ai pas vraiment lu "à deux mains" cet article (bien documenté) je le ferai ultérieurement, mais d’ores et déjà on y relève deux facteurs noyés dans la masse des 10 tableaux qui laissent planer un doute sérieux :
- la part des emplois de circonstance créés par les stages aidés et organisés massivement par l’État et Pôle Emploi est loin d’être négligeable. Les statisticiens de l’INSEE étant assez forts pour ne prendre que ce qui accrédite leurs présupposés, je suggèrerais que les nombreux "dispositifs" d’évasion fiscale liés a l’accroissement ou la sauvegarde de l’emploi (CICE et autres), dont on se complait généralement à ne dire que leur inefficacité, soient néanmoins passés à la loupe pour dénicher les poches de faux emploi qu’ils ont pu créer.
NB : ça devrait être le job des brillants membres de la section économique du PCF (beaucoup étant aussi "Économistes Atterrés") tels les Boccara par ailleurs formés à l’ENSAE (école officielle des statisticiens en France), mais ceux-ci étant passés du marxisme au "néo-marxisme" (litote de Paul B. pour adoucir le fait qu’il se réclame ouvertement des keynésiens de l’école de la Régulation) et très proches de la direction du PCF, dont la stratégie électoraliste est de "construire une alternative à gôche" avec les non-hollandistes du PS (qui, à l’instar de Montebourg ou Filoche, vont pousser comme des champignons après la pluie), je serais surpris qu’ils crient bien fort à la manipulation de chiffres qui arrangeront aussi ces gens-là, dont le PCF-canal officiel soutiendra un membre [lequel restant la question non tranchée encore]. Donc les économistes -professionnels ou pas- à votre bureau de travail, nous ne pouvons compter que sur nos forces.
- deuxième facteur glissé en forme d’avertissement dans l’article : la part importante [qui s’accroît], de gens qui ne se présentent même plus sur le "marché de l’emploi". Confère l’article de Bernard Friot dans l’Humanité, sur l’aspiration croissante des jeunes notamment à chercher à valoriser leur force de travail non sur le marché de l’emploi salarié, mais sur celui des biens et des services (en PJ).
Présentée à juste titre par Friot comme un leurre, cette masse de gens brouillent beaucoup l’appréhension complète de la crise et du sous emploi.

Voilà, ma contribution à chaud à l’œuvre de dévoilement que les communistes conséquents devront faire dans les prochains mois (ne serait-ce que pour les membres du PCF de la liste, qui devront soutenir un candidat du PCF ou de la gauche unie[?!?!] aux législatives [qui restent la seule bataille électorale qui vaille le coup d’être menée].

Amicalement,

Bernard Gilleron.

Guillaume Duval

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Le 18 août dernier,l’Insee rendait publics les résultats de l’enquête emploi au second trimestre 2016. Ils indiquaient que le chômage avait diminué de 0,3 point au printemps dernier passant ainsi sous la barre des 10 %. Tandis que le 24 août, Pôle emploi confirmait à son tour que le nombre d’inscrits au chômage avait baissé en juillet dernier.

Pendant longtemps ces deux mesures ont affiché des divergences sensibles (voir notre article « quel est le « vrai » chiffre du chômage ? »), mais elles convergent désormais pour indiquer toutes deux que la fameuse inversion de la courbe du chômage est engagée. Au-delà de ce résultat global, dans quel état se trouve le marché de l’emploi, huit ans après le début de la crise ? Tour d’horizon.

Le nombre d’inscrits à Pôle emploi se stabilise

Variation du nombre d’inscrits à Pôle emploi en catégories A, B et C par rapport au même mois de l’année précédente en milliers

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Ministère du travail

Cela fait plusieurs mois déjà que le nombre d’inscrits à Pôle emploi en catégories A, B et C (y compris donc ceux qui ont travaillé quelques heures dans le mois) tendait à se stabiliser. La baisse enregistrée en juillet en catégorie A ne constitue donc pas une véritable surprise.

Elle a certes été facilitée par la montée en puissance du plan pour l’emploi lancé au début de l’année par le gouvernement, qui prévoit davantage d’emplois aidés et de formations pour les chômeurs. Nous y reviendrons : ce n’est cependant pas la seule cause d’amélioration de la situation sur le plan du chômage.

Ministère du Travail

PNGCe qui est une particulièrement bonne nouvelle, c’est que le chômage de longue durée se stabilise enfin lui aussi. Depuis plusieurs mois déjà, le nombre de chômeurs inscrits à Pôle depuis moins d’un an était en léger recul, mais celui-ci était compensé par la hausse du chômage de longue durée.

Là aussi, la tendance commence donc enfin à s’inverser même si le nombre de ces chômeurs depuis plus d’un an atteint toujours le nombre considérable de 2,4 millions de personnes. En matière d’impact social, c’est en effet de très loin le chômage de longue durée qui cause les dégâts les plus lourds.

Le taux de chômage baisse à tous les âges

Part de la population d’âge donnée qui est au chômage en %

Insee, enquête emploi

PNGSelon les données de l’enquête emploi trimestrielle de l’Insee, cela fait en réalité déjà quasiment deux ans, depuis fin 2014, que le taux de chômage était stabilisé. Au second trimestre 2016, on observe cependant pour la première fois une baisse sensible.

Le taux de chômage est exprimé ici en % de l’ensemble de la population d’une classe d’âge, c’est la raison pour laquelle ce taux (6,9 % en moyenne) est plus faible que celui de 9,6 % qui se rapporte à la seule population active (ceux qui ont ou cherchent un emploi).

Autre facteur positif : ce taux baisse pour toutes les classes d’âge. Ce sont certes les jeunes qui sont le plus souvent au chômage, mais rapportés à l’ensemble de la classe d’âge, leur taux de chômage est assez proche en réalité de celui des 25-49 ans qui a beaucoup monté depuis 2009.

Le taux de chômage des plus de 55 ans, bien que plus faible que dans les autres catégories de la population avait lui plus que doublé depuis 2008. Le chômage des seniors est cependant lui aussi enfin orienté de nouveau à la baisse depuis le début 2016.

Les hommes plus touchés que les femmes

Part des 15-64 ans au chômage suivant le sexe, en %

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Ministère du travail

La crise de 2008 a marqué une rupture dans l’histoire du chômage : alors que cela a été très longtemps une plaie qui affectait davantage les femmes que les hommes, c’est désormais l’inverse qui se produit.

Le pourcentage des hommes au chômage est maintenant supérieur de plus de 1,5 point de pourcentage à celui des femmes. Sur les derniers mois, c’est cependant surtout le chômage des hommes qui a reculé.

l’emploi repart doucement

Evolution du nombre d’emplois dans l’ensemble des secteurs marchands par rapport au même trimestre de l’année précédente en milliers

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Insee

Si le chômage recule ce n’est pas seulement un effet des politiques de l’emploi du gouvernement, et notamment de la hausse de l’offre de formation pour les chômeurs. On assiste bien à un redémarrage de l’emploi dans les secteurs marchands.

Au second trimestre 2016, on comptait ainsi 140 000 emplois de plus qu’au second trimestre 2015 selon l’Insee. Avec un tel niveau de création d’emploi, on efface progressivement les pertes d’emploi consécutives au tour de vis budgétaire qui avait étouffé la reprise depuis fin 2011.

Ce niveau de création d’emplois, s’il peut permettre de stabiliser le chômage, n’est cependant pas suffisant pour le faire reculer rapidement : il reste en effet encore deux fois plus faible que celui que l’économie française avait connu avant la crise.

Le taux d’activité progresse légèrement du fait des réformes des retraites

Part des personnes d’une tranche d’âge qui ont ou cherchent un emploi en %

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Insee

Mais le niveau du chômage ne dépend pas seulement de celui de l’emploi, le taux d’activité joue aussi un rôle déterminant. Autrement dit, la proportion de ceux qui, dans une classe d’âge donnée, cherchent un emploi.

Ce qui a beaucoup tendu la situation du marché du travail en France depuis 2008-2009, c’est que c’est précisément à ce moment-là que les réformes des retraites ont commencé à avoir un effet massif : depuis 2008, le taux d’activité des plus de 50 ans a gagné quasiment dix points tandis que celui des plus de 55 ans en gagnait 14. Considérable.

Cette hausse a été en partie compensée par une baisse du taux d’activité des moins de 25 ans de 2,5 points et d’un point chez les 25-49 ans. Au global, le taux d’activité moyen a quand même gagné deux points, aggravant d’autant la hausse du chômage dans un contexte où les créations d’emplois sont rares.

Le taux d’emploi retrouve son niveau d’avant crise (mais pas pour tout le monde)

Part de la population d’une tranche d’âge qui occupe un emploi en %

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Insee

La stagnation de l’emploi à laquelle on a assisté depuis 2008 se traduit par une stagnation correspondante du taux d’emploi, c’est-à-dire de la proportion des 15-65 ans qui occupent un emploi. Cette part s’est certes légèrement redressée au cours des derniers trimestres, mais elle ne fait ainsi que retrouver son niveau d’avant crise.

Avec là aussi une hausse impressionnante chez les seniors : le taux d’emploi des plus de 50 ans s’est accru de 7,5 points tandis que celui des plus de 55 ans bondissait de presque 12 points. Seulement du coup, comme les vieux ne partaient plus en retraite, les jeunes n’avaient plus de boulot et leur taux d’emploi a reculé de plus de trois points ainsi que celui des 25-49 ans… Le taux d’emploi de ces derniers s’est cependant légèrement redressé ces derniers mois, mais il reste nettement inférieur à son niveau d’avant crise.

Ce sont les hommes de 25 à 49 ans qui ont perdu le plus d’emplois dans la crise

Taux d’activité et d’emploi des 25-49 ans en %

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Ministère du Travail

L’effet de la crise sur les 25-49 ans, le cœur de l’emploi, est impressionnant. Et là aussi l’écart hommes-femmes est significatif.

Le taux d’activité des hommes de 25 à 49 ans a baissé en effet de près de deux points : 7 % d’entre eux ne sont plus actifs désormais sur le marché de l’emploi. Mais c’est surtout du côté de l’emploi que le plongeon est spectaculaire : leur taux d’emploi a diminué de plus de cinq points même s’il se redresse légèrement sur la dernière période. Un homme de 25 à 49 sur six n’a pas d’emploi. Une situation sans précédent.

Du côté des femmes, le taux d’activité n’a pas baissé. Mais il a en revanche cessé de monter pour converger avec celui des hommes. Quant au taux d’emploi des femmes de 25 à 49 ans, s’il a moins reculé que celui des hommes il a lui aussi perdu deux points… Un quart des femmes de 25 à 49 ans n’occupent pas d’emploi.

Le temps partiel progresse peu, c’est surtout le temps plein qui régresse

Taux d’emploi en %

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Insee

En termes de qualité de l’emploi, on observe une légère progression continue de l’emploi à temps partiel : il a progressé d’un point depuis la crise en moyenne.

Mais cette hausse se combine à un recul similaire de l’emploi à temps plein. Un recul qui concerne surtout les hommes : cette proportion a baissé chez eux de 3 points depuis 2008 tandis qu’elle montait de 0,6 point chez les femmes.

Celles-ci restent cependant quatre fois plus concernées par le travail à temps partiel que les hommes.

Le découragement et le sous-emploi se développent

Nombre de personnes en sous-emploi ou dans le halo du chômage, en milliers

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Insee

Au-delà des chiffres du chômage « pur et dur », l’Insee enregistre également une hausse sensible de ce qu’elle appelle « le halo du chômage » : il s’agit des personnes qui voudraient un emploi mais ne remplissent pas les conditions très strictes édictées par le Bureau international du travail pour être officiellement comptabilisées comme chômeurs. Ils sont désormais 1,5 million selon l’Insee contre 1,1 million en 2008.

De même l’Insee comptabilise les personnes qui occupent un emploi mais voudraient travailler plus longtemps. Elles aussi sont en forte croissance : 1,8 million aujourd’hui contre 1,4 en 2008.

Bref, même si la courbe du chômage s’inverse enfin – et c’est évidemment une très bonne nouvelle – nous ne sommes pas au bout de nos peines en ce qui concerne la situation du marché du travail…

Voir en ligne : source "pourquoi la courbe s’inverse..." avec des graphiques animés...

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  • (2011) Communistes de cœur, de raison et de combat !

    La déclaration complète

    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

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