Ce que devrait nous apprendre l’épidémie de coronavirus

, par  Danielle Bleitrach , popularité : 5%

Une chose est sûr dans le flot ininterrompu de paroles et d’écrits cherchant leur place médiatique, il y a peu d’auteurs dont on peut relire utilement ce qu’ils avaient écrit avant que l’épidémie ne bouscule la société française. Ce texte de Danielle Bleitrach a été publié le 25 février, 3 semaines avant le discours du président reconnaissant enfin l’épidémie. Il dessine avec clarté les enjeux politiques de l’épidémie pour ceux qui veulent changer de société. Sa lecture est indispensable à tous les communistes...

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la première leçon devrait être le caractère contre-productif de la xénophobie.

Il ne suffit pas de dire que le racisme, la xénophobie c’est moralement inacceptable, que cela a conduit aux pires expériences des siècles derniers… Ou encore que “le plus jamais ça” était une nécessité et que l’on a trop tendance à l’oublier au fur et à mesure que les faits historiques s’éloignent de nous,quand fait rage la manipulation des mémoires, celle qui confond non seulement victimes et bourreaux, mais cause et effet. Visiblement, à défaut d’un peuple conscient, nous avons les ingrédients habituels d’un peuple que l’on transforme en pitre ivre pour mieux l’opprimer et on appelle cette grande peur du déclassement : le populisme , un peuple exhibé pour la grande satisfaction des “élites”. Bon il est trop tard passons à un autre niveau, celui des dangers réels.

On voit aujourd’hui un racisme, entretenu par nos médias et par l’alliance atlantique, par le complexe industrialo militaire qui en France a la particularité de posséder une partie de la presse, avoir des effets dangereux en matière de réponse à l’épidémie : où mène la haine des masses, l’inculture, les nouveaux ingrédients de la guerre froide ?

Les effets économiques de la manière dont on a prétendu en finir avec la Chine et sa croissance, parce que c’était bien de cela qu’il s’agissait, sont dévastateurs pour l’économie mondiale, pour la France en particulier dont le tourisme a déjà baissé de 30%, mais il y a aussi les produits de luxe ; la mise en sommeil du marché chinois alors même que Trump a décidé de surtaxer par exemple nos vins n’a pas fini d’impacter notre économie déjà en crise.

Mais il y a pire, alors que la Chine adoptait une attitude de transparence et de communication des faits à toute la communauté scientifique dont nos propres scientifiques, en particulier ceux qui comme l’institut pasteur œuvrent dans le domaine public, ne cessent de se féliciter, les rumeurs politiciennes et l’anticommunisme, le péril rouge venu en renfort du péril jaune, sont allés à contrario de ce qu’il fallait faire.

Cette épidémie demeure encore une inconnue et il y a toute chance qu’elle soit relativement bénigne mais il est évident que nous allons connaitre d’autres épidémies dont certaines risquent d’avoir des effets plus dévastateurs et il faut s’y préparer en créant d’abord les conditions de collaboration entre scientifiques. C’ est indispensable, c’est ce qui s’est mis en place et l’on a pu mesurer à cette occasion le rôle irremplaçable d’un secteur de recherche et d’un système de santé hors du profit. J’ajouterai que le système chinois qui combine une dynamique capitaliste désignée comme le marché et l’encouragement à l’initiative individuelle avec une organisation collective très forte, a dans cette occasion activé la deuxième caractéristique et mis en sommeil la première. La crise d’anti-totalitarisme de nos médias est donc une imbécillité supplémentaire.

La xénophobie est simplement l’art de créer des paniques stupides, le contraire de ce qu’il faut faire. Le cas le plus évident est celui de ce bateau de tourisme laissé en rade du japon, dans les pires conditions et où l’épidémie est rapidement passé de 10 à 630, c’est la politique de l’autruche.

En effet, les mesures de confinement prises à Wuhan avaient surtout pour vocation d’empêcher les gens de se ruer vers des hôpitaux publics où les conditions n’étaient plus maîtrisées et qui devenaient les pires foyers de contamination pour la population mais aussi pour le personnel soignant. Donc il a fallu créer les conditions d’une maîtrise à ce niveau-là. L’apprentissage des gestes comptant également. Les gens devaient attendre en cas de symptômes d’être pris en charge par une ambulance équipée et conduits dans des lieux adaptés, construits en quelques jours.

Et enfin, il y a un problème dans cette épidémie comme souvent dans les cas viraux, c’est une fraction dont on ignore le dénominateur réel des porteurs de virus. Des décès, des maladies peuvent ne pas être comptabilisées pendant un temps et simplement se révéler seulement quand l’épidémie est officiellement détectée, cela semble le cas de l’Italie, mais aussi de la Chine et bien d’autres pays. Donc il faut attendre beaucoup d’informations pour savoir la dangerosité réelle. Paradoxalement plus il y a d’infections, plus le nombre de morts devient limité avec la dangerosité, mais plus le traitement s’avère se compliquer. Donc il faut arrêter d’interpréter ce que les scientifiques eux-mêmes tentent de mettre à jour pour y faire face et étudier ensemble ce qui est efficace et ce qui ne l’est pas, les sources et les moyens.

La seconde leçon est le caractère indépassable de la mondialisation.

Un des danger des futures épidémies réside dans les pays qui n’ont pas les moyens sanitaires de détecter et de soigner les épidémies. On ne fera pas face à ce danger par la fermeture des frontières, c’est une illusion. Les Chinois expliquent que le principal geste de soin à apprendre est celui de se débarrasser des vêtements de protection en sortant des chambres de décontamination. Ils ont aidé à cet apprentissage en répandant de la farine sur les combinaisons. L’analogie est juste, un virus a la volatilité de la farine et celui-ci y compris véhiculé par des porteurs sains est déjà partout y compris en France.

Donc la seule réponse juste est dans la lutte contre le sous-développement partout et chacun mesure bien à quel point la xénophobie va a contrario de cet objectif.

Mais il y a plus, cette épidémie risque de nous confronter au caractère artificiel de l’économie telle que l’impulsent les Etats-Unis. Pour faire simple, cette économie vit des dépenses militaires et de sa capacité à produire de la monnaie, le tout sans rapport avec une production effective. Le symptôme en est l’impossibilité de relever les taux d’intérêt et une masse financière de capitaux énormes est à la recherche d’effets spéculatifs. La Chine était le seul contrepoids à cette économie d’une fragilité extrême.

Cette épidémie peut avoir des effets momentanés, si elle s’arrête, les effets de cet arrêt seront rapidement compensés comme cela s’est passé dans d’autres cas. Si elle se poursuit, nous risquons à cause de ce qu’est l’économie financiarisée dominante un effondrement proche de ce qui s’est passé dans les années trente et qui a engendré on le sait la deuxième guerre mondiale. L’apparition d’économies socialistes y compris l’URSS ayant été un facteur de régulation qui a maintenu “l’impérialisme stade suprême du capitalisme” en état de survie.

L’imbécillité des effets de panique et des rumeurs sur une telle situation n’est évidement pas à démontrer.

La troisième leçon est la nécessité de lutter contre un autre aspect de ces formes de régression intellectuelle qui malheureusement vont avec la montée de l’extrême-droite, il faut que nous ayons une vision progressiste de l’écologie.

Si la préoccupation écologique est essentielle celle-ci doit arrêter de nous conduire à la régression et à la haine de l’humanité. Il y a deux facteurs qui doivent être intégrés à l’écologie ce sont l’humanisme, la compréhension des relations humaines, des sociétés et surtout la science.

Qui ne mesure à quel point les campagnes anti-vaccins, obscurantistes inspirées par des rumeurs complotistes sont des dangers. On a justement dit que la grippe tuait plus que le coronavirus, oui mais les effets se surajoutent. Alors si nos compatriotes reprenaient le chemin des vaccins se serait une protection parce que plus il y a de personnes vaccinées plus une population est protégée.

Mais il y a plus, le fantasme d’une nature vierge que l’homme détruirait est une imbécilité, ce que l’on appelle la nature est tout aussi fabriquée par l’intervention humaine que nos villes et un des problèmes auxquels nous sommes confrontés est l’abandon autant que les pratiques désastreuses sur ce jardin entretenu et développé depuis des millénaires. Les forêts réellement vierges sont invivables, elles contiennent des potentiels épidémiques monstrueux.

La quatrième leçon que nous devrions méditer est qu’en France le principal danger auquel nous sommes confrontés est la destruction systématique qui a été opérée contre notre hôpital public. Donc la conscience de la mondialisation des problèmes doit s’accompagner de politiques nationales de développement de soins et de recherche.

Déjà les urgences n’arrivent plus à accueillir l’ordinaire des malades, imaginons une épidémie et la panique provoquée par cette information de la rumeur… C’est là le véritable problème et Patrick Pelloux a bien raison de nous mettre en garde.

Ce n’est pas au niveau de l’UE et de son alignement des services publics sur le bas que l’on résoudra les problèmes de la lutte contre les épidémies, même si une coordination des informations est utile. Il en est de cette question comme celle de l’écologie, le refus de la régression ne doit pas ignorer que beaucoup de problèmes exigent un traitement très localisé, à l’échelle communale comme à celui de la nation.

La dernière leçon est que les communistes devraient retrouver le solide bon sens de l’intérêt public, de la confiance dans la science, dans le refus imbécile des a-priori contre les autres peuples sous couvert de “démocratie” et se battre pour le socialisme.

Voir en ligne : sur le site histoire et société

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