CN du 26 novembre 2010 : intervention d’Emmanuel Dang Tran (Paris XV)

, par  Emmanuel Dang Tran , popularité : 2%

Nous devons analyser le mouvement que nous venons de vivre avec précision et lucidité. Je regrette que le rapport de Pierre [Laurent] plaque une auto-validation de la stratégie du Front de gauche qui n’a pas lieu d’être.

D’un côté, le pouvoir n’a pas gagné la bataille des idées. Mais de l’autre, la loi Woerth a fini par être promulguée et le gouvernement s’est mis en ordre de bataille pour accélérer encore sa politique.

La mobilisation a été exceptionnellement nombreuse, témoignant de l’existence d’un rapport de force susceptible de gagner contre cette politique. Mais, après 2003, 2007 (régimes spéciaux), 2009, le mouvement fait à nouveau l’expérience de l’échec. Les relativement faibles taux de grévistes, notamment dans les entreprises en pointe les années précédentes, doivent nous interroger.

Le maintien d’une unité des organisations ne saurait représenter une victoire en soi. La recherche, comme préalable obligé, de l’unité des organisations a créé un décalage avec une lutte qui a explicitement accusé le capitalisme.

Quand j’entends ici se réjouir que Chérèque déclare dans l’Express que « la crise financière l’a changé », je tombe des nues. Il a fait expressément voter au congrès de la CFDT de juin l’acceptation de l’allongement sans fin de la durée de cotisation, ce qui a plombé le mouvement, et renvoie maintenant la question des retraites à une nouvelle contre-réforme structurelle en 2013.

Même double jeu de la CES : Son secrétaire, Mr John Monks peut bien aller essayer de chapeauter les manifestations au Portugal, c’est le même qui félicite Mme Merkel pour sa politique de l’emploi.

Du côté des organisations politiques, faute de clarification, notamment venant de notre parti, le PS a également lesté, vidé la revendication de la défense de la retraite à 60 ans. Sa mouvance s’est appliquée à déplacer l’objet de la bataille de la convergence des luttes contre la loi Woerth à un vague anti-sarkozysme renvoyant à 2012.

Le mouvement social continue de buter sur une perspective politique bloquée sur 2012, le schéma institutionnel.

Loin de contribuer à la dégager, la poursuite de la stratégie du « Front de gauche » y enfonce le PCF, au moment où l’attente, la recherche d’un PCF qui joue son rôle dans la lutte des classes se manifestent comme jamais depuis des années.

Mélenchon ou Chassaigne, Chassaigne ou Mélenchon, les deux ensemble dans un ticket, un troisième suivant les sondages : nous voilà dans les mêmes turpitudes que les autres, aussi loin de l’exigence émise par les luttes !

Tout a été dit sur le politicien Mélenchon.

Je m’interroge sur le sens de la candidature d’André [Chassaigne - absent] : une candidature individuelle, mais poussée par la direction nationale à la Fête de l’Huma ou au meeting de Japy. Est-elle destinée à rabattre les communistes vers le Front de gauche, à donner l’image d’un PCF encore plus inféodé au PS que le PG ?

Cette situation est le résultat absolument prévisible du choix imposé aux communistes, au faux congrès de juin, du principe de candidatures communes du Front en 2012.

Une solution pour sortir de ce piège, y couper court, c’est d’enfin donner aux communistes la possibilité de se prononcer sur une candidature présentée par le PCF. C’est indissociable d’une démarche de définition d’un programme communiste, sur la base duquel, ensuite, des alliances sont imaginables.

Le Front de gauche est à l’opposé de cette démarche.

Il porte en préalable le choix de l’effacement du PCF dans une mouvance de « gauche », « social-démocrate de gauche », avec comme objectif de tirer à gauche le reste de la social-démocratie dans une perspective de nouvelle gauche « plurielle » après 2012. Prétendre « tirer le PS à gauche » : on sait ce que cette stratégie a déjà coûté !

C’est pourtant le but qui est assigné au « programme partagé ».

J’ai été frappé, dans la rencontre suivant le dernier CN, avec des « personnalités » de la gauche associative et syndicale, par le rôle auquel on réduit le Parti : celui de prestataire de service en organisation de réunion et en interventions d’élu.

On laisse le beau rôle aux partenaires qui savent, tel Mélenchon, manier la radicalité, superficiellement, pour mieux rabattre vers la social-démocratie quand certains de nos élus se montrent enfermés dans leur compromis avec le PS.

Prenons les choses dans le bon ordre ! Nous avons besoin d’un programme communiste, partagé par les communistes, d’un programme communiste à partager. Et ce n’est pas un jeu de mots !

Il est notamment fondamental que nous remettions la perspective du socialisme à l’ordre du jour. Ne laissons pas le concept être repris et dénaturé par exemple par le PG ! J’invite le CN à utiliser le dernier livre de Léo Figuères « Capitalisme, socialisme(s), communisme ».

Les choix de ceux qui considèrent que l’histoire du Parti est un « boulet » [ex : Cohen-Séat au CN même], que le PCF n’a plus de raison d’être, qu’il doit être métamorphosé, les choix de ceux qui l’ont quitté sur cette position pour mieux revenir dans le Front de gauche [les « refondateurs – la FASE], menacent toujours l’avenir du Parti.

Donnons-nous les moyens de faire vivre et de renforcer le PCF, ses organisations, sur des bases de luttes !

Je rejoins ceux qui ont déjà dit combien il n’est pas acceptable que le CN adopte une déclaration le 7 janvier sur les présidentielles la veille de l’assemblée nationale des délégués de section.

Je demande que notre CN d’aujourd’hui définisse l’ordre du jour de la rencontre du 8 pour que les sections puissent en discuter avant les Fêtes.

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