AG de Lyon : à propos des cantonales et de la présidentielle

, par  Pascal Brula , popularité : 2%

Ce samedi 2 avril 2011, avait lieu une AG de la section de Lyon pour tirer le bilan des cantonales et parler de la campagne des présidentielles. Environ 35 adhérents avaient investi les locaux. Très peu d’élus de Lyon étaient présents (deux à ma connaissance), ce qui rendait les débats plus libérés et plus offensifs. Également, l’assistance était largement rajeunie, ce qui en rajoutait à l’ambiance.

Deux impressions générales ressortent concernant cette assemblée. Premièrement, même si le Front de gauche semble faire recette parmi une majorité d’adhérents (beaucoup ne se sont toutefois pas exprimés), certains camarades ont tenu à dire qu’il n’était pas question de remettre en cause l’existence autonome du PCF, qu’il s’agissait d’une richesse politique indispensable, et même que l’exemple de "Die Linke" était plutôt un repoussoir. Cela met bien évidemment les mêmes qui pensent que le Front de gauche peut s’exprimer et vivre sa vie politique de manière autonome, au cœur d’une contradiction : vers lequel porter ses efforts ? Peut-on faire adhérer au Front de gauche sans remettre en cause le PCF ? Est-ce que le Front de gauche doit être considéré comme le cadre d’un rassemblement de femmes et d’hommes divers déterminés à lutter pour "une transformation sociale" et destiné à s’élargir et s’ouvrir encore, ou comme un futur parti politique ?

Une tonalité de protestation

La deuxième impression concerne le processus d’engagement du PCF dans la campagne des présidentielles. Clairement, une tonalité de protestation, plus ou moins feutrée, contre l’attitude inadmissible de la direction de soutenir Mélenchon contre un candidat communiste, s’est exprimée. Il est également ressorti que l’absence du PCF aux présidentielles serait préjudiciable à son devenir. Personne n’est intervenu pour soutenir la position de la direction ; au contraire, les supporter de la direction sont restés sur la défensive. Je pense que, si à la section de Lyon, une telle attitude s’est développée (nous n’étions toutefois que 35), la direction nationale risque d’être mise en difficulté, quelque soient ses choix (Mélenchon soumis au vote des adhérents ou imposé hors des instances du PCF).

Après m’être inscrit dans les premiers pour intervenir et avoir été "oublié", soi-disant parce que j’étais à contre jour, mon intervention était peu ou prou la suivante. Je tiens aussi à dire que la plupart des interventions vantait de manière enthousiaste la progression et la dynamique du Front de gauche, notamment sur Lyon. Le problème est que le document qui nous était distribué ne faisait état que du pourcentage des exprimés et non de celui des inscrits. Je rappellerai que par exemple sur la Croix-Rousse (Lyon 4ème), la candidate a fait cette année 7,1 % des exprimés (+ 193 voix) alors qu’en 2004, le PCF réalisait 3,4 %, ce qui peut laisser penser à une belle progression. Or, entre les deux scrutins, le nombre d’inscrits est passé de 20000 à 24000, l’abstention de 66 à 62%, et en fait, en pourcentage des inscrits, le gain n’est que de 0,5% (2,2 à 2,7%)...

2004-2011 : deux contextes différents

Pour pouvoir juger correctement des évolutions, il convient de rappeler que le contexte dans lequel se sont déroulées ses élections est complètement différent de celui de 2004. A l’époque, les cantonales venaient deux ans après la fin d’une participation déplorable du PCF à un gouvernement de collaboration de classe qui avait privatisé des sociétés nationales, mis en cause bon nombre de services publics, et qui avait donc géré plus que loyalement le capitalisme. La direction du PCF avait bien voulu nous faire croire que le "suivi longitudinal des athlètes" était une grande avancée vers le socialisme. C’était dans ces conditions que le PCF se présentait à ces cantonales. Aujourd’hui, MG Buffet est partie (elle mène la campagne de Mélenchon…), en 2005 a eu lieu un référendum victorieux et le scrutin est situé tout de suite après un formidable mouvement pour la défense des retraites. Il semblerait logique qu’un parti qui se dit communiste progresse en influence dans un tel contexte. Or, il n’en est rien. Si l’on se réfère aux résultats officiels, les candidats communistes perdent 230 000 voix par rapport à 2004 ; et si l’on rajoute le score du PG (1% des exprimés), cela fait - 140 000 voix. Et pour ce dernier, on peut se douter que s’il s’était présenté seul, il n’aurait sans doute pas fait le quart de la moitié de ce pour-cent…

Le 1er enseignement de ces élections vient des abstentions. Il y a tout d’abord un rejet des partis qui se réclament peu ou prou des institutions, de ceux qui s’y complaisent et qui gèrent allègrement le capitalisme. Exigeons le départ des élus communistes de l’exécutif de la ville de Lyon et organisons la riposte à la politique antisociale du maire de Lyon. Notre parti, le PCF, est aussi rejeté par les abstentionnistes, certes plus ou moins selon les endroits. A Givors (69), le maire Martial Passi, conseiller général sortant perd 1200 voix au premier tour par rapport à 2004, et, alors qu’il était opposé à un candidat FN au second et que la totalité des maires des communes alentours le soutenait, il perd 2000 voix ! L’abstention est majoritairement portée par les milieux populaires, ouvriers, employés, chômeurs, qui sont de moins en moins représentés aux élections, aussi bien par les candidats que par leur politique. Ces milieux sont les plus touchés par la surexploitation capitalistes et ils ne se tournent pas vers le PCF : cela devrait soulever un problème fondamental pour des communistes. Enfin, alors que des millions de travailleurs se sont manifestés pour défendre les retraites, il faut se poser la question pourquoi ils ne se sont pas retrouvés dans les candidats en présence, notamment les communistes. Mais où était la section de Lyon pendant la bataille ?

Cantonales : persistance du fait communiste

2ème enseignement : le Front de gauche n’apporte rien. On a vu qu’il y avait moins 140 000 voix par rapport à 2004 si l’on rajoute le PG aux résultats des candidats PCF, soit - 1% des inscrits. De plus, le Front de gauche présentait 420 candidats de moins que le PCF seul en 2004. En réalité, le Front de gauche est un agglomérat politicien d’états-majors sans prise sur la réalité de la vie. C’est la reproduction de ce qui a déjà échoué à plusieurs reprises, à savoir l’union de la gauche ou encore la gauche plurielle, mais à une très petite échelle, et en plus, avec des groupuscules réformistes qui n’existent pas politiquement (le PG n’est que le fan-club de Mélenchon). En prenant comme drapeau le mot gauche, nous nous enfermons dans une opposition gauche/droite qui conduit inexorablement au vote PS et à une alternance à l’américaine, alors que notre conviction de communiste, c’est que la véritable fracture se situe entre le Capital et le Travail, entre le peuple salarié et la grande bourgeoisie capitaliste. Nous combattons non pas seulement pour battre la droite, mais pour éradiquer l’exploitation de l’homme par l’homme.

Le 3ème enseignement, et non des moindres, est la persistance du fait communiste en France, malgré la tentative de la direction de dissoudre le PCF dans le Front de gauche. Parce que paradoxalement à cette perte de suffrages, le nombre d’élus augmente de 108 à 113. Et c’est surtout dans les secteurs d’ancrage historique que nous gagnons des élus ou que nous maintenons les sortants, comme dans le Val-de-Marne, la Seine-Saint-Denis (félicitation à Aubervilliers), le Nord (cf. le Douaisis) ou le Pas-de-Calais. Là où les candidats portaient fièrement toute l’histoire de notre parti, tous les acquis du mouvement ouvrier, sans se diluer dans le Front de gauche. D’ailleurs, qui nous dit que le PCF hors Front de gauche n’aurait pas fait mieux ?

Nos idées ne peuvent progresser en additionnant des noms de groupuscules au bas d’une feuille, mais en prenant à bras-le-corps la réalité sociale, en existant politiquement. Les institutions et les élections ne sont pas tout mais le reflet à un moment donné du rapport de force. Nous sommes un parti de luttes et de combattants, et nous devons reconstruire sur cette base. "Lorsque l’on met son drapeau dans sa poche, ce n’est plus un drapeau, mais un mouchoir" nous dit une maxime maoïste.

De quel programme parle-t-on ?

A propos de la campagne des présidentielles, il est aujourd’hui question d’un "programme partagé". Mais il est partagé par qui ? Dans les réunions qui ont eu lieu, il n’y a pas de place pour d’autres discours que ceux des dirigeants, et il ne peut en être autrement dans cette configuration. Et si l’on définissait avant toute autre chose, notre propre positionnement, notre propre vision du changement ? Car je ne suis pas sûr que nous soyons tous sur la même longueur d’onde dans cette même salle. Nous parlons de "partager un programme" avec des réformistes alors que la direction refuse de dire clairement ce que nous voulons. En tant que parti communiste, il est essentiel que nous définissions un programme de rupture avec le capitalisme et avec les institutions qui l’accompagnent.

En ce qui concerne la candidature aux présidentielles, il est scandaleux que la direction mène ouvertement la campagne pour un réformiste, Mélenchon, dont les prises de position anciennes ou récentes (dernièrement son soutien à la guerre impérialiste en Libye) nous démontrent combien il ne peut être notre candidat, alors que deux camarades, et non des moindres, se sont proposés. Il y a eu un débat Gerin-Chassaigne et je n’ai pas vu beaucoup de responsables de la section à ce débat. Nous devons tout faire pour que ce soient les communistes qui aient le dernier mot. Ce n’est pas à la Conférence nationale de décider, mais ce sont les adhérents qui doivent être souverains. Les communistes du Rhône qui ont signé un appel à ce que le parti présente un communiste aux présidentielles, ont demandé une entrevue à Pierre Laurent qui sera à Lyon le mardi 5 avril prochain. Soyons nombreux pour lui dire que nous tenons à la souveraineté des communistes.

Pascal Brula

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