A lire sur Faire Vivre le PCF !
Cet email ne s’affiche pas correctement ? |
Une candidature communiste pour sortir du piège présidentielPublié le : 19 octobre 2020 |
Pour sortir du piège présidentiel et reconstruire l’espoir populaire, il faut une candidature communiste en 2022 !Alors que la crise frappe durement le monde du travail, que la pauvreté explose, les médias entament la précampagne des futures présidentielles. Des candidats potentiels font semblant de ne pas se déclarer, les suppositions sur les intentions des uns et des autres se succèdent, et tout converge vers le même piège politicien devenu le coeur des présidentielles : Le Pen repoussoir pour imposer un vote qu’une majorité ne veut pas. On apprend que Macron parle à Sarkozy. Après avoir capté l’électorat de gauche en 2017, il pourrait cette fois capter celui de droite, ce qu’il a commencé aux européennes, mais qu’il n’a pas su traduire aux municipales. Il s’agit bien sûr pour les élites et leurs médias d’interdire que la colère sociale conduise à une critique du système économique et de ses institutions pour se traduire en projet politique alternatif. C’est la question directement posée à toutes les forces "de gauche". Comment construire une alternative politique ? Comment se sortir de ce piège d’une fausse compétition Macron-Le Pen ? Comment reconstruire un espoir populaire d’autre chose, et plus qu’un espoir, une force ? Les écologistes résument la question à pour ou contre l’écologie. Les socialistes sont émiettés et peu lisibles, entre élus associés à LREM ou derrière EELV. Les insoumis ont cru à la victoire décisive en 2017, mais leur mouvement "gazeux" n’a pas tenu le choc des batailles politiques. Les communistes avaient depuis 20 ans une stratégie d’union à tout prix, quitte à disparaitre derrière les autres, notamment aux présidentielles qu’ils n’ont pas affrontées depuis le terrible échec de Marie-Georges Buffet. La gauche apparaît ainsi incapable d’ouvrir une issue politique. Pourtant, la crise sanitaire a accéléré la crise politique et sa manifestation la plus forte, le niveau d’abstention record aux dernières élections locales de 2020. C’est le défi le plus difficile de ces élections présidentielles ; pourquoi voter ? quelle utilité au vote pour le monde du travail, les quartiers populaires ? Laisser croire que l’élection permettra de "changer la vie", c’est mentir au peuple. Il ne le croira plus. Pourtant la présidentielle est le moment clé de la légitimité politique du pouvoir, du lien entre le peuple et la politique. Comment faire des présidentielles, du vote populaire aux présidentielles, un acte qui porte la colère, les révoltes, l’exigence d’un autre système politique, d’une autre société ? Il faut évidemment autre chose que ce qui a raté depuis des décennies, il faut sortir à la fois du piège Macron-LePen, mais aussi du piège présidentiel lui-même qui conduit le peuple tous les 5 ans, à chercher une solution politique qu’il n’a pas construit lui-même. A leur dernier congrès, les communistes, tirant les leçons des stratégies d’union à gauche, ont affirmé que Le Parti doit travailler à créer les conditions d’une candidature communiste à l’élection présidentielle de 2022. N’est-il pas temps de mettre en oeuvre cette orientation et d’affirmer que pour sortir du piège présidentiel, pour reconstruire un espoir populaire, il faut une candidature communiste en 2022 ? Il faut alors affronter franchement des questions difficiles pour ne pas en rester à une candidature de principe ! Au contraire, une candidature communiste doit faire événement. Pour cela, elle ne peut pas être un simple outil électoral dans la logique présidentielle du 2ème tour. Elle doit sortir du piège présidentiel. Elle doit être l’outil de mobilisations populaires, de rencontres avec le monde du travail, de repolitisation des quartiers populaires comme des mouvements sociaux dans les entreprises. Cette candidature doit permettre de reconstruire un parti communiste de notre temps, capable d’affronter la crise d’un capitalisme mortifère, de recréer les conditions politiques de l’unité populaire, et donc du rassemblement et de l’union à gauche. 1/ Pourquoi voter aux élections présidentielles ?Le niveau d’abstention record de 2020 n’est pas seulement un effet du coronavirus, mais illustre la rupture politique entre l’immense majorité des citoyens et le système politique qui a produit successivement Mitterrand pour changer la vie, Chirac contre la fracture sociale, Sarkozy pour gagner plus, Hollande contre la finance, Macron pour un nouveau monde. Dans les catégories populaires, personne ne croit plus que ce système politique serve l’intérêt général, les conditions de vie du plus grand nombre, la tranquillité et la sécurité publique, encore moins notre système de santé dont la crise sanitaire a éclairé l’affaiblissement organisé. Pourtant, tout sera fait pour pousser des millions d’électeurs à croire une nouvelle fois à un vote providentiel, un nouveau discours pour "changer". Les communistes ne peuvent pas laisser croire que ce système présidentiel peut être l’outil du changement. Au contraire, il est temps de mener la bataille contre ce régime présidentiel dans l’élection présidentielle elle-même.
Il faut sortir de cette présidentialisation qui vous donne l’illusion d’un choix tous les cinq ans pour imposer les mêmes politiques ensuite, toujours au profit des mêmes, les grands oligarchies qui dirigent l’économie, le système financier, comme les médias et les institutions.
Non, notre candidat communiste n’est pas là pour jouer comme les autres au jeu de cette présidentielle qui efface toutes les autres élections. Il ne vous promet pas de "changer la vie" depuis l’Elysée ! Il n’est utile que pour organiser un mouvement politique qui conteste cette république des premiers de cordées, cette république des inégalités et des injustices. Il n’est utile que pour mettre au premier plan des propositions politiques fortes de rupture avec ce capitalisme prédateur que vous devrez vous-mêmes faire porter à l’assemblée nationale, que vous devrez vous-mêmes faire vivre dans nos entreprises et nos quartiers. Nous n’appelons pas les millions d’abstentionnistes à voter pour "changer de président" qui pourrait "changer la vie" mais à s’organiser pour transformer la colère contre le système en action collective pour imposer une autre organisation de la société. Nous ne les appelons pas à voter pour se débarrasser du problème, mais pour initier un immense mouvement populaire de contestation du système, de construction d’une autre démocratie, de changement de société, un mouvement à la dimension des dates qui ont fait les conquêtes sociales françaises, le Front Populaire, le conseil national de la résistance, mai 68...
2/ Peut-on faire autre chose que voter pour éviter le pire ?Beaucoup de militants nous diront que c’est trop dur. Depuis des années, nous avons essayé de résister. Nous avons été des millions dans la rue contre la loi travail, contre la réforme des retraites, contre les casses de nos statuts à EDF, à la SNCF, dans la fonction publique. Et pourtant, toutes les réformes brutales contre nous ont été imposées. Et c’est finalement le coronavirus qui en a suspendu certaines. De moins en moins d’électeurs croient qu’un candidat pourrait apporter quelques pansements sociaux pour "adoucir" la dureté du capitalisme. C’était la promesse de la social-démocratie et l’histoire en a montré l’impasse. La promesse d’accompagnement social du capitalisme, de contrepoids social s’est transformé en accompagnement politique de la violence du capitalisme. Il faut se parler avec franchise. Nous connaissons ces difficultés. Les militants communistes qui se sont totalement investis dans toutes ces luttes sociales sont bien conscients du rapport de force défavorable depuis des années. Mais justement, pourquoi est-ce si difficile ? Les communistes ont des éléments de réponse et c’est un des enjeux du débat présidentiel.
Ce sont ces questions que la bataille de 2022 doit commencer à inverser
3/ Mais alors, pourquoi pas Mélenchon ?Pour une part, Jean-Luc Mélenchon pouvait sembler correspondre à plusieurs critères, l’affirmation de la rupture, d’un président s’engageant à un processus constituant, un projet se présentant comme une autre société. De plus, il est un excellent orateur, un tribun populaire capable de créer la mobilisation, un intellectuel avec une connaissance profonde de l’histoire de France, sans oublier un écrivain d’une qualité rare dans le monde politique [1] Mais Jean-Luc Mélenchon s’est toujours contredit lui-même au coeur de son discours, appelant à la révolution citoyenne, mais jouant le jeu de la médiatisation présidentielle, appelant le peuple à s’organiser mais lui refusant la forme parti qui est justement la forme organisée de l’engagement politique, appelant à la révolution en refusant toute filiation avec l’histoire communiste ! Car il ne le cache pas, il est de la famille socialiste, une branche turbulente et qui s’est battu contre les courants droitiers qui auraient selon lui pousser Mitterrand à droite, mais qui reste du coté qui a refusé le choix communiste en 1920 ! Comme si Mitterrand n’avait pas toujours été le même, un président qui n’a jamais eu l’intention de sortir du capitalisme, de construire une autre société, un président qui dénonçait le "coup d’état permanent" de la 5eme république pour s’en servir jusqu’aux pires bassesses de la France Afrique, un président socialiste à l’opposé d’un Allende !
4/ Mais à quoi sert de voter communiste sans aucune chance d’avoir un président communiste ?Il est toujours difficile d’appeler à la mobilisation quand le rapport de forces n’est pas favorable. Il faut être sincère, on sait que la lutte peut mal finir, mais tous les militants connaissent cette maxime de Brecht « quand on lutte, on n’est pas sûr de gagner, mais si on ne lutte pas, on est sûr de perdre » La bataille des présidentielles sera un moment politique majeur. Les bourgeoisies, y compris étrangères, y porteront la plus grande attention. Toutes les forces attachées au système dominant seront mobilisées pour veiller à ce que rien ne change pour elles. Donc, tout sera fait pour qu’une candidature communiste ne soit pas possible, pour qu’elle soit marginalisée dans la campagne et pour que son résultat final interdise tout espoir de renverser la tendance à l’effacement communiste. Et alors ? Si nous voulons vraiment révolutionner notre pays, son système politique, si nous voulons vraiment changer de société, comment faire autrement que d’affronter ces immenses forces réactionnaires qui défendront leur domination par tous les moyens ? A l’inverse, on ne se pose cette question du résultat que quand on espère encore d’un président qu’il puisse faire la révolution à lui tout seul, ou tant qu’on espère seulement qu’il sera plus gentil que le précédent, moins brutal contre nos droits, ou encore tant qu’on se fout du président pourvu qu’on sanctionne le sortant ! Dans tous ces cas de figures le vote communiste est inutile. Mais dans tous ces cas de figures, c’est le même système qui continue, et donc parce-qu’il ne peut plus accepter de compromis, la même violence contre le travail, contre l’immense majorité de notre peuple. Autrement dit, il n’y a aucun vote utile pour avoir un "bon président". le seul événement qui viendrait mettre un grain de sable dans le système, ce serait justement qu’on vote non pas pour un président sauveur suprême, mais contre la présidentialisation, contre le système, pour un projet de changement de société, pour un parti proposant d’unir le peuple, de l’organiser pour ce changement de société.
5/ Mais alors, que devient la gauche ?Mais de quoi parle-t-on quand on parle de la gauche ? Celle qui avait promis de changer la vie avec Mitterrand ? celle de Jospin qui a avoué ne pouvoir rien faire contre la fermeture de Vilvorde ? Celle de Hollande qui avait promis d’être le candidat contre la finance ? Qui peut croire que la "gauche" va faire reculer massivement le chômage, la précarité, la pauvreté, les inégalités, les violences, l’insécurité ? La gauche a représenté politiquement au 20ème siècle une longue histoire de luttes, mais il faut reconnaître qu’elle est aujourd’hui d’abord une longue histoire de gouvernements impopulaires, de trahisons des promesses, de compromissions avec les puissances de l’argent ! Comment faire croire que la gauche peut avoir un sens aujourd’hui sans d’abord reconstruire la perspective révolutionnaire, donc le parti communiste ? La gauche du 19ème siècle a été confrontée à cette question dans les violences de la première guerre mondiale. Et c’est parce qu’une partie de la "gauche" s’était corrompue dans la guerre capitaliste qu’il a fallu faire un choix, celui du congrès de Tours, celui qui a fait naitre le mouvement communiste. La situation actuelle est assez proche. La gauche s’est corrompue dans une mondialisation capitaliste contre les peuples, elle a accepté la dictature du capitalisme financier, elle a accepté l’aggravation des inégalités, elle a organisé la remise en cause des droits sociaux ! Les militants de 2020 sont finalement confrontés à un choix proche de celui de Tours, accepter le réformisme donc le capitalisme, ou choisir la voie difficile de la rupture avec le capitalisme, choisir la voie révolutionnaire du changement de société, celle d’un socialisme à la Française du XXIème siècle. La gauche ne peut se reconstruire si ce choix communiste n’est pas revivifié, réactualisé dans la situation actuelle qui n’est plus celle de 1914. Malgré les défaites, le XXème siècle a fait progressé des alternatives au capitalisme, dans leur diversité, leurs difficultés et leurs contradictions. Nous ne sommes plus à l’ère du partage du monde entre les grandes bourgeoisies. Des peuples du Sud se sont levés, ils défendent leur souveraineté et imposent un monde multi-polaire.
6/ Quelques éléments de programmeCe choix stratégique d’une candidature communiste ne peut être présenté aux citoyens de manière théorique, comme une décision d’histoire. Il doit être incarné dans des propositions politiques sur tout ce qui préoccupe les Français, l’emploi, la sécurité, la souveraineté, des propositions qui sortent du ronron médiatique bienpensant. Quelques exemples : - Eradiquer le chômage en organisant l’action publique pour l’emploi Ce ne sont pas les idées communistes qui manquent. La proposition de sécurité-emploi-formation portée par la commission économique met le maintien du salaire entre emploi et formation au coeur d’un nouveau statut du travailleur, et le débat public sur les investissements au coeur d’un nouveau modèle économique où la puissance publique oriente les capitaux vers la création d’emploi pour des productions utiles. La proposition de cotisation économique de Bernard Friot propose une approche parallèle sur le moyen de mobiliser les richesses du travail directement par une cotisation sans passer par le système financier. Il y a parfois des querelles d’écoles entre ces propositions. Elles sont inutiles quand l’urgence est d’affirmer des objectifs politiques concrets que porterait un candidat communiste : Par exemple,
On doit affirmer l’éradication du chômage dans un délai court, qu’il faudrait définir pour en faire un objectif politique majeur de la campagne. Construire la tranquillité publique en affirmant les droits et les devoirs de tous ! De fait, les trafics sont une forme primitive, violente du capitalisme, et une des manières dont il s’impose dans les couches populaires, développant les mythes de l’argent facile, de la richesse. La réponse policière actuelle montre son impasse, condamnant toujours plus de trafiquants sans jamais réduire l’impact du trafic sur les quartiers. Il faut affirmer résolument quatre exigences liées
Recréer les conditions d’une politique souveraine de la France Personne ne croira possible de changer de politique en France si on n’explique pas comment c’est possible dans le monde dominé par des institutions capitalistes, par les multinationales. Personne ne croira possible de changer de politique en France sans dire comment on peut décider de ne pas appliquer les directives européennes qui sont contradictoires avec les nouvelles politiques publiques que nous voulons conduire. Sur ces questions, le 38eme congrès n ’est pas allé au bout de la réflexion. Un candidat communiste porte un programme pour qu’il soit compris du plus grand nombre, notamment dans le monde du travail et les quartiers populaires. Le monde du travail connait bien la mondialisation, par la concurrence économique qui conditionne ’emploi, mais aussi par l’immigration qui a créé des liens nombreux dans notre peuple avec de nombreux pays du monde. On ne peut penser au changement politique en France sans décrire le changement politique dans le monde. Et tout le monde connait les termes du débat, rester dans une alliance occidentale contre les pays du Sud ? ou rompre avec l’OTAN et engager un partenariat gagnant-gagnant avec les pays du Sud, en premier lieu avec la Chine ? C’est un chantier politique essentiel à ouvrir, mais on peut être sûr d’une chose. Personne ne nous croira sur une autre politique économique si on ne répond pas à des questions claires. Pouvons-nous dire "non" à la commission européenne ? Pouvons-nous dire "non" à l’OTAN ? Pouvons-nous répondre à l’agressivité US dans la défense de nos technologies, de nos entreprises, de nos coopérations internationales ? Conclusion : Retour sur le 38ème congrèsLe texte du 38ème congrès est à la fois clair en affirmant qu’il faut « créer les conditions d’une candidature communiste à l’élection présidentielle de 2022 » et insuffisamment précis justement sur les conditions qu’il faut créer...
Le débat doit s’ouvrir rapidement pour que les communistes travaillent à créer les conditions de cette candidature, et pour cela, il faut qu’ils affrontent la question décisive de l’abstention et de l’utilité du vote dans une telle élection. Ce sera un des enjeux du prochain congrès, mais le débat doit s’ouvrir sans attente. Le bilan de la longue période électorale de 2020 peut justement nous aider à préciser ces conditions, autour de quelques idées fortes
|
Vous êtes inscrit pour recevoir des nouvelles par mail de : Faire Vivre le PCF !
Me désinscrire de cette newsletter |
|