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Une analyse de militants communistes après les régionales

Publié le : 2 juillet 2021

Prendre la mesure de la fracture politique et sociale, Reconquérir le monde du travail !

« L’essentiel reste qu’aucune force de gauche, quelle que soit la configuration des rassemblements, n’a été capable de mobiliser les électeurs jusqu’à gagner une participation significative. »

Dans un contexte de double crise économique et sanitaire qui a exacerbé les inégalités, l’abstention massive domine pourtant les élections régionales et départementales, plus de deux français sur trois, plus de 4 sur 5 chez les jeunes et les milieux populaires, sans sursaut au second tour quels que soient les enjeux.

Les forces politiques l’oublient vite, surtout quand il s’agit de se féliciter de résultats victorieux qui doivent être analysés au regard de ce qui est devenue « la grève des urnes ».

Cette abstention traduit une véritable perte de confiance dans les institutions et la représentation politique, le sentiment croissant que la politique est incapable d’apporter des solutions aux difficultés et aspirations des citoyens et du monde du travail. Nous sommes en quelque sorte devant une panne d’espoir quant à l’action politique !

Cette abstention, si elle touche prioritairement l’électorat populaire et les jeunes, s’étend dans l’ensemble du corps électoral. Elle interroge toutes les forces politiques et singulièrement le PCF qui veut contribuer par sa candidature à la présidentielle à ce que le peuple se réengage dans l’action politique, depuis le débat d’idées jusqu’au vote en passant par les mobilisations nécessaires aux victoires populaires.

Une telle fracture entre le peuple et les institutions peut entraîner notre pays dans le pire. Mais, nous ne pouvons nous contenter de la dénoncer. Nous avons nous mêmes combattus la constitution de la 5éme république et la présidentialisation du régime, l’alignement de la France sur l’Union européenne avec les grandes régions et les métropoles qui éloignent les citoyens des lieux de pouvoirs et décisions. Tout comme le Traité constitutionnel européen qui a confisqué la souveraineté nationale et populaire, installé la marchandisation de toute la vie humaine qui laisse le dernier mot au profit via la suraccumulation du capital.

Il n’y a rien d’étonnant donc que les citoyens se détournent de ces institutions. La vraie question c’est comment ne pas laisser le désespoir s’installer, comment imaginer et imposer une nouvelle république sociale, laïque et démocratique, permettant aux citoyens d’avoir le dernier mot sur le capital et ses détenteurs.

Nous ne reviendrons que brièvement sur les résultats de ces élections, largement commentés et analysés par notre parti : démenti du duel Macron /Le Pen, reconduction des sortants dans les régions, résistance de la gauche mais avantage à la droite, gains d’élus dans le cadre de listes d’union, bonne tenue des nos têtes de liste en Aura et Normandie, stabilité de nos conseillers départementaux malgré la perte du Val de Marne et des reculs dans des départements impactés par d’importantes poussées à droite. Notons en outre que le PCF s’est montré le mieux à même de faire reculer et battre les forces d’extrême-droite.

L’essentiel reste qu’aucune force de gauche, quelle que soit la configuration des rassemblements, n’ a été capable de mobiliser les électeurs jusqu’à gagner une participation significative.

Nous laisserons de côté les explications conjoncturelles qui ne sauraient éclairer un mouvement durable et croissant.

Il est certain que les différentes réformes institutionnelles, redécoupages des cantons et grandes régions, n’ont fait qu’éloigner les citoyens des lieux de décisions et de leurs élus. Mais c’est bien le sens même de l’action politique qui est interrogé. Car l’abstention nous renvoie à deux grandes questions que le PCF doit impérativement traiter.

La confiscation de la souveraineté nationale et populaire depuis l’adoption du Traité constitutionnel européen a délégitimé le suffrage universel. On ne peut reconstruire une légitimité politique sans dire pourquoi et comment la politique peut intervenir sur l’économie, comment une décision nationale peut s’imposer sur toute directive européenne. Le peuple doit donc reprendre ses droits et en conquérir de nouveaux. Nous devons dire que c’est possible et comment nous lui proposons de le faire.

Les crises successives témoignent de l’usure du système politique et économique, ne laissent plus de place à l’espoir de faire mieux dans le cadre, voire d’améliorer le système. C’est bien la question du changement de système et de société qui est interrogé. Le PCF existe pour mettre ce défi dans les mains des citoyens et permettre ainsi la construction d’ une société nouvelle meilleure pour la grande majorité, une société capable de répondre aux besoins des populations, de permettre un développement maîtrisé et de réduire les inégalités, de protéger notre environnement, de sécuriser la vie dans tous ses aspects du travail jusqu’à la santé en passant par l’éducation, les loisirs et la formation. C’est bien la capacité de transformation révolutionnaire de l’action politique qui est sur la sellette. Nous devons mettre en débat une autre société pour la France.

Pour le PCF, il ne s’agit pas seulement de tirer son épingle du jeu dans le « pré carré » d’une gauche qui ne tire toujours pas les leçons de ses échecs et trahisons. Nous ne voulons pas reproduire ce qui a échoué. Dans cet affrontement de classe décisif, partons à la conquête du monde du travail, de la jeunesse et des quartiers populaires. Traçons un nouveau chemin, un front populaire dans l’action, les luttes et les urnes pour un projet de société et d’espoir, les jours heureux.

Il est temps de s’y mettre !

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Cette analyse est signée par Caroline Andréani, Paul Barbazange, Luc Bazin, Marie-Christine Burricand, Michéle Carbonnier, Clara Gimenez, Gilles Gourlot,Fabienne Lefèbvre, Anne Manauthon, Jean-Pierre Meyer, Pierre-Alain Millet, Leila Moussavian Huppé, Willy Pepelnjak, Michèle Picard, Hervé Poly, Gilbert Rémond, Laurent Santoire, Danielle Trannoy...