plus forts dans la lutte anti-impérialiste, et face au capitalisme !

, par  Gilles Mercier

Le 10 novembre 2022 à 16:32, par Gilles Mercier En réponse à : plus forts dans la lutte anti-impérialiste, et face au capitalisme !

Il est pour le moins étrange que la déclaration ne consacre qu’à peine une ligne à la guerre en Ukraine qui est une guerre de très haute intensité en Europe. Alors que le texte met en cause la responsabilité des Etats Unis et de leurs alliés et de l’Otan dans la genèse des conflits dans le monde, il ne manifeste pas sa solidarité avec la Russie, malgré la présence du Parti Communiste de la Fédération de Russie, soutien indéfectible à la politique du Kremlin. Ceci pour deux raisons. 1°) A cette rencontre participaient le Parti communiste de Grèce qui a qualifié « l’opération spéciale » d’agression impérialiste et l’Union des communistes Ukrainiens dont on peut penser qu’elle n’approuve pas l’invasion de son pays et l’annexion de ses territoires 2°) Justifier « l’opération spéciale » comme réponse à l’encerclement de la Russie par l’Otan revenait de facto à justifier l’annexion de 20% de l’Ukraine, Etat aux frontières internationalement reconnues, ce qui n’était pas possible. Donc les rédacteurs ont préféré éviter les sujets qui fâchent et en rester à des généralités.
Il est écrit « La bataille de la classe ouvrière mondiale contre la système capitaliste d’exploitation exige en premier lieu l’unité du Mouvement communiste et Ouvrier …. »
Il faut éviter toute vision uniformisatrice. Le monde c’est une multitude d’Etats, chacun avec son Histoire, sa culture. Il n’y a pas de classe ouvrière mondiale. Il y a des classes ouvrières différentes dans chaque pays, avec leur histoire propre.
Le texte ne part pas des luttes nationales. Tout est globalisé. Il y aurait une classe ouvrière mondiale, il y a donc une bourgeoisie mondiale, puisque il est écrit dans le même paragraphe« des plans de la bourgeoisie et de l’impérialisme ». La bourgeoisie n’a pas de plan, pour avoir un plan, il faut avoir une vision à long terme. Dans ce monde de concurrence exacerbée qui a une vision à long terme. La bourgeoisie ‘c’est comme la classe ouvrière, il y en a autant que les Etats, puisque les Etats modernes naissent du capitalisme. L’Union européenne est une association économique et politique d’Etats en concurrence permanente.
Exiger en premier lieu l’unité du Mouvement communiste et ouvrier signifie que sans cette unité le combat est perdu d’avance. Mais l’unité est faite sur quoi ? Sur une unité factice comme pour l’Ukraine ? Pour être internationales les luttes doivent avant tout être nationales.
Il y aurait un Mouvement communiste et un mouvement ouvrier ? Un mouvement communiste est par définition un mouvement ouvrier mais un mouvement ouvrier qui n’est pas communiste, quel est il ? De quoi est il porteur ?
Or ce texte est daté, il a un côté archéologique ! La classe ouvrière en déborde de tous les cotés. Mais dans quel monde vivent ses rédacteurs. Depuis les années 1960 le salariat s’est profondément transformé. La part du travail intellectuel du travail de conception n’a cessé de pendre de l’importance, dans la production et hors de la production. Dans nos sociétés modernes la production non matérielle est devenue prédominante. En France, la classe ouvrière c’est 29% du salariat ! Quelles sont les autres catégories de salariés, quelles sont leur utilité dans la société ?
Les capitalistes exploitent le salariat et non la seule classe ouvrière. Le mot d’ordre de K Marx c’est « Prolétaires de tous les pays unissez vous »et non « ouvriers de tous les pays unissez vous ».
En France les 800 000 salariés des grandes surfaces ne seraient pas exploités, ou bien n’auraient-ils pas conscience de leur exploitation sans l’aide bienveillante de la grande sœur la classe ouvrière qui par définition formerait un ensemble homogène inaltérable imperméable aux idées dominantes ?
Si le mouvement révolutionnaire veut abattre le capitalisme, parce que c’est de cela dont il question que je sache, il doit représenter tout le salariat et non pas une fraction.
De ce texte qui ne veut faire de mal à personne, qui multiplie les généralités, il ressort un sentiment d’impuissance.
Il ne peut y avoir de lutte révolutionnaire sans l’exigence d’un travail théorique qui se confronte à la pratique. De ce point de vue le chantier est immense !

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