Lettre ouverte à Jean-Luc Mélenchon

, par  Gilles Mercier

Le 20 avril 2022 à 08:46, par Gilles Mercier En réponse à : Lettre ouverte à Jean-Luc Mélenchon

I)
Les résultats du 1er tour des élections présidentielles sont la conséquence du système mis en place par la bourgeoisie pour pérenniser son pouvoir. Au premier tour, les électeurs sont enclins à voter non pour le candidat qui correspond à leurs idées mais pour celui qui a le plus de chance de figurer au second tour. Au second tour, l’électeur est amené à voter non pas pour mais avant contre l’un des deux candidats restant en lice. C’est la logique du vote utile qui est une logique de dépolitisation puisque le contenu apparaît secondaire, surtout quand au second tour un des deux candidats sert de repoussoir.
L’opération mise en place par F Mitterrand et le PS en 1985 joue à plein. Le Pen s’était plaint à l’Elysée de ne pas passer dans les émissions politiques à la télévision. Grand prince, le chef de l’Etat a enjoint Antenne 2 d’accorder une émission politique à celui qui représentait moins de 1% du corps électoral. Compte tenu de la politique anti-sociale qu’il avait commencé à mener Mitterrand, dans la lignée de Machiavel, a popularisé Le Pen afin de réactiver le vote PS sous forme « de vote Républicain » pour faire barrage à l’extrême droite, et de cliver la droite. La suite nous la connaissons. La vie politique s’est structurée de plus en plus autour du FN devenu RN. L’enjeu à chaque élection se réduit à faire barrage à Le Pen et à la constitution d’un Fond républicain consensuel.
Il semble que le Front républicain soit moins consensuel pour ce second tour. Il y a 5 ans, l’ovni la République en Marche (LRM) a pu faire illusion chez tous les déçus par l’alternance PS-LR. En reprendre pour 5 années de politique antisociale sous prétexte d’empêcher le RN d’accéder au pouvoir, cela ne prend plus. Voter Macron : beaucoup sont conscients que c’est implicitement voter pour poursuivre une politique toujours plus défavorable aux salariés, aux retraités, qui accroit les inégalités, pour une politique qui nourrit le vote Le Pen.
Il faut sortir de ce piège dans lequel la bourgeoisie et tous ceux qui gouvernent pour elle veulent nous enfermer. Le journal patronal les Echos, le Monde, la presse bourgeoise dans son ensemble appelle de façon plus ou moins explicite à voter Macron. Dans la phase actuelle le capital a plus besoin de Macron au pouvoir que de Le Pen. La société capitaliste n’est nullement en danger, le capital n’a pas besoin d’un régime autoritaire pour assurer sa domination sur la société. Le Pen doit rester dans son rôle d’épouvantail face à un Macron présentable, consensuel, donc rassembleur. Avec Le Pen il n’y a pas de consensus, l’affrontement est inévitable, autant l’éviter avec une association capital/travail (Medef/CFDT) qui jusqu’à maintenant a fait les preuves de son efficacité en chloroformant le mouvement de lutte.
Ce d’autant que Macron si honni progresse de 1,2 million de voix comparé aux précédentes présidentielles. La LRM progresse et restructure le paysage politique au détriment des partis politiques, PS et LR, qui ont perdu toute crédibilité auprès de l’électorat. On ne compte plus les ralliements des personnalités d’élus PS à Macron, dont Chevènement qui écrivait en 1972 le programme du PS préparant le Programme Commun, sous le portrait de… Karl Marx ! ainsi que de personnalités et d’élus LR.
Le résultat de la présidentielle traduit une crise politique très profonde. Les Français ont exprimé par des votes différents leur mal-être, les difficultés de leur existence, face à l’absence de perspective et face à des partis politiques dans lesquels ils ne se reconnaissent plus.
On peut qualifier le vote Le Pen comme le vote Mélenchon de « dégagisme ». Les Français ne supportent plus Macron et son mépris à l’égard de ceux qui « ne réussissent pas ». Le vote Le Pen c’est le vote de ceux qui subissent un déclassement social et qui dans une économie mondialisée pensent qu’un repli identitaire sur la Nation les protègerait de ce déclassement. Le vote Mélenchon c’est l’illusion que la vie peut changer par le miracle des élections. Qu’importe le contenu : on n’en peut plus il faut que cela change !
Les résultats du premier tour contribuent à la restructuration politique. Il est nécessaire d’avoir une solution de rechange à la LRM autre que celle du RN. La FI peut constituer celle-là, comme l’a été Syrisa en Grèce, le mouvement 5 étoiles en Italie ou Podemos en Espagne. La défense du climat et l’écologie grandes causes consensuelle fédératrices s’il en est, constituent le cheval de bataille de la France Insoumise (FI). Elle lui permet de fédérer les jeunes en butte avec la politique de Macron. La FI a l’ambition de constituer le pôle de recomposition social-démocrate.

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