« La bête à deux dos » et « l’internationalisme aujourd’hui », analyse d’un débat

, par  Jean-Claude Delaunay

Le 15 février 2022 à 10:11, par Jean-Claude Delaunay En réponse à : « La bête à deux dos » et « l’internationalisme aujourd’hui », analyse d’un débat

A mon avis, on doit respecter totalement celles et ceux qui envisagent aujourd’hui de voter pour Mélenchon. Je regrette l’idée de ce vote, mais il faut convaincre et non insulter. On peut quand même échanger quelques idées.

Aujourd’hui, c’est d’une révolution dont nous avons besoin en France et non d’une évolution démocratique, parfaitement illusoire au sein de la démocratie bourgeoise, et tenu compte de la profondeur de la crise du capitalisme. Il faut chasser définitivement la grande bourgeoisie de tous les pouvoirs qu’elle occupe et couper les ailes de toutes ses alliances internationales. Deux pré-requis doivent être atteints.

Le premier est la reconstruction d’un Parti communiste digne de ce nom. Le deuxième est que les communistes élaborent et appliquent collectivement la politique de ce parti reconstruit. Je n’observe rien de tel avec Mélenchon. Ce dernier fait preuve d’une admiration sans complexe pour Mitterand, le condottiere charentais, et il n’ouvre aucune autre perspective que celle du Mélenchonisme. Un score établi sur cette base ne serait pas un pas en avant. Ce serait deux pas ou plus en arrière. Les communistes seraient-ils devenus des admirateurs inconditionnels de la samba ?

Fabien Roussel mène une campagne qui, parfois, et pour parler poliment, me paraît déconnante. Je l’ai dit sur la Chine et j’ai constaté que je n’étais pas le seul à penser ainsi. Par ailleurs, dans son programme, existent selon moi des points de faiblesse. Cela dit, il mène une campagne désinteressée, brillante. Il parle aux classes populaires. il le fait sur du contenu et non sur du vent. Ce n’est pas un démagogue. Essayons de mettre tout ça bout à bout.

La majorité des Français en ont marre de cette grande bourgeoisie au pouvoir, prête à les enfoncer encore plus dans la purée. Mais ils ne savent pas trop quoi faire. La gauche leur semble aussi inconsistante que soumise au grand capital. Les idées de l’extrême-droite sont par eux de plus en plus percues comme étant aussi courtes que dangereuses. Ils commençent cependant à écouter les communistes et envisagent de plus en plus d’en soutenir le candidat. A un moment donné peut donc se produire ce phénomène de cristallisation, qui montrerait aux ennemis du peuple que le chemin ne sera pas aussi simple qu’ils l’avaient cru. Il nous faut donc saisir cette occasion, car c’est de son aboutissement que pourront sortir les premières conditions d’une révolution nécessaire. Ce n’est pas en votant Mélenchon que ces conditions se feront jour. Il appartient au passé. L’avenir du monde, c’est le communisme.

Cela ne veut pas dire que, tout en soutenant et encourageant le candidat Roussel, nous ne réfléchissions pas déjà, et sans attendre, à ce qui nous apparaît comme des faiblesses ou des insuffisances de son programme. Je l’ai fait, par exemple, avant hier en disant quelques mots de ce que pourraient être nos rapports avec les pays d’Afrique. Je tire ces remarques de ce que font les Chinois. Ils savent que les techniques modernes conduisent à produire parfois beaucoup plus que ce que leur marché peut absorber. Ils développent leur marché intérieur. Mais c’est encore insuffisant pour tout absorber. Il faut donc qu’ils exportent. Leur stratégie s’articule autour des "routes de la soie". Comme ce sont de gros importateurs, ils doivent être aussi de gros exportateurs et ils fondent leur exportations sur le développement des marchés, c’est à dire des productions africaines ou dAsie entrale. Le développement du marché (de la division du travail) crée la demande capable d’écouler l’offre produite pour le marché. Cela dit, il faut amorcer la pompe et construire les infrastructures nécessaires. Les investissements chinois en Afrique écoulent une partie de l’acier chinois, mais créent ainsi les infrastructures portuaires et de transport qui permettront aussi bien les exportations africaines vers la Chine que les importations chinoises en provenance de l’Afrique. J’ai bien peur que Roussel et son équipe ignorent ce genre de choses et n’aient pas de claires idées sur la puissance contemporaine des forces productives. Le développement de chaque pays dépendra du degré d’ouverture commerciale du monde et ce degré d’ouverture engendrera les conditions du développement de chacun. Voici un terrain que Roland Diagne et ses amis pourraient approfondir pour aider le candidat Roussel. Il faudra d’autant plus y penser que l’indépendance productive absolue est quasiment impossible. Il n’y aura pas de développeent au 21e siècle sans que le commerce extérieur soit sorti de la griffe des impérialistes. C’est une autre raison pour laquelle la guerre doit être bannie à jamais. La paix internationale, la fin de l’impérialisme, sont des exigences non seulement politiques mais économiques de notre temps.

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