« La bête à deux dos » et « l’internationalisme aujourd’hui », analyse d’un débat

, par  Jean-Claude Delaunay

Le 12 février 2022 à 08:27, par Jean-Claude Delaunay En réponse à : « La bête à deux dos » et « l’internationalisme aujourd’hui », analyse d’un débat

Bonjour Gilles. Tu as sans doute raison. Mes formulations sont certainement à revoir. Mais je voudrais éviter de pinailler, non pas pour éviter la discussion, mais pour tenter de clarifier nos idées et ainsi contribuer à la clarification générale. Je t’indique quand même que ce que j’ai écrit est « la nation est détruite et le nationalisme n’a plus cours comme idéologie du grand capital ». Et toi, ensuite, tu me critiques pour avoir écrit que l’Etat national était détruit, etc... » et que le nationalisme était toujours en fonction. Voyons le premier point. Ces deux notions, Etat et Nation, sont différentes. La nation, c’est une population, ayant forme de société, qui produit et qui consomme. L’équilibre entre ces deux termes a été rompu avec la mondialisation financière capitaliste. De ce fait, l’Etat (de la Nation) a été partiellement détruit mais n’a pas disparu : il a été recomposé au plan économique comme Etat financier et comme Etat placé sous le contrôle direct du Capital Monopoliste. On observe donc, à mon avis, un processus de destruction partielle de la nation française, doublé d’un processus de destruction-recomposition de l’Etat (de ce qui demeure de la nation), chapeauté depuis 2000 par un Etat de l’Union européenne, et soumis à la surveillance de l’Etat des Etats-Unis, tout cela inscrit dans dans des superstructures étatiques mondiales ou à vocation mondiale. Quant à l’idéologie de la grande bourgeoisie monopoliste, oui, elle a aussi évolué. A mon avis, l’hyper-individualisme et la défense des droits de l’homme sont les idéologies maîtresses du grand capital dans le stade actuel du capitalisme monopoliste financier mondialisé. Ce n’est plus le nationalisme. Cela ne veut pas dire que cette classe sociale ne soit pas capable d’utiliser les idéologies nationalistes propres aux catégories sociales déclassées de la lumpen-bourgeoisie, voire même de les susciter.

Xuan, à mon avis, définit bien la tâche de l’heure pour les communistes. « Les liens qui relient les communistes au réformisme social-démocrate et au radicalisme petit bourgeois devraient être rompus sans entrer en conflit avec la candidature du PCF, mais en partant à chaque fois des besoins et des préoccupations des plus démunis et du plus grand nombre ». Cela s’applique précisément à la question de l’Etat.

Une partie de la grande bourgeoisie française, et donc son alias macronien, rêvent vraisemblablement d’un Etat européen. C’est un fantasme, j’en suis d’accord. Napoléon eut le fantasme d’étendre la République à l’Europe. D’autres, aujourd’hui, ont le fantasme d’y étendre la suprématie du « Grand Capital Politiquement Unifié ». Cela dit, au nom de ce fantasme, ils vont, toutes choses égales par ailleurs, poursuivre la destruction de ce qui reste encore de l’Etat social en France, et amplifier, dans ce pays, le processus de soumission de l’Etat financier au grand capital (par exemple en accordant aux Fonds de pension des accès privilégiés aux ressources de la capitalisation).

Or le mouvement populaire réclame, conformément à ses besoins, la reconstruction au moins de l’Etat social. Par exemple, le besoin de sécurité dans la vie courante, est un besoin réel, de même que le besoin d’être prévenu de la maladie et soigné si nécessaire, de même que de pouvoir se former dans de bonnes conditions, ou de se déplacer, ou de téléphoner, tout cela sans être préssuré par les monopoles arnaqueurs. Pour satisfaire ces besoins, il faut que l’Etat fonctionne, ce qui soulève immédiatement la question de la nature de l’Etat. Il existe une « demande d’Etat », adressée par des couches populaires épuisées, inquiètes, à la fois impatientes et sceptiques. Or les acteurs politiques communistes auxquels cette demande est adressée ne se posent pas nécessairement la question théorique de la destruction de l’Etat bourgeois. Et pourtant, cette demande d’Etat ne pourra être vraiment et durablement satisfaite que si les communistes s’efforcent d’y répondre en des termes concrets, avec leur expérience communiste, sachant, notamment, que les monopoles doivent être chassés du pouvoir. L’échec du Programme commun, ce fut un peu ça. Construire le socialisme à la française, en étant soumis à l’Etat bourgeois, a conduit à la déroute. Pour réussir la construction d’une société nouvelle dans ce pays, le candidat communiste doit rompre avec le réformisme socialiste et le radicalisme petit-bourgeois. Il doit envisager clairement de rompre avec le capital monopoliste, de le chasser de tous les pouvoirs, et le dire. Nous devons l’aider à le faire, cela en respectant sa manière. Mais il doit se convaincre, s’il ne l’est déjà, que le moment de vérité sera inévitable.

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