Je crois qu’il est important de souligner le caractère inadmissible et inacceptable du communiqué de Fabien Roussel.
 Empli de honte et de colère à la fois, j’ai d’abord considéré qu’il s’agissait d’un couac dans une campagne considérée comme réussie par beaucoup de camarades. Leur nombre considérant ce communiqué comme un couac reste à déterminer car beaucoup sont sans doute d’accord avec celui-ci !
J’ai évolué dans ma réflexion et je pense qu’il ne s’agit pas d’un couac du tout mais d’une continuité logique avec la façon dont a été prise cette campagne en sa base politique.
Considérer le fait politique évident qu’il y a d’abord une dictature du Capital avec ses effets nationaux et internationaux n’est pas le postulat d’analyse de cette campagne du PCF. La base d’analyse devrait prendre en considération les rapports sociaux de production qui naissent de cette dictature du Capital, les rapports matériels et historiques et ce sont les effets d’une Dictature réelle et non abstraite. Cette Dictature est celle d’une oligarchie essentiellement étasunienne et cela doit être la boussole pour toute analyse que cela concerne le nazisme ou la crise sanitaire actuelle. Dénoncer "la haine de l’Autre" lors de l’anniversaire de la libération des camps est une analyse bien courte de même que valoriser le scientisme dans le traitement de la crise sanitaire. Dans les deux cas la Dictature du Capital est oubliée alors qu’elle est centrale.
Par ailleurs, dans l’histoire française il y a une cinquième république. N’aurait-il pas fallu considérer d’abord la perversion de cette constitution et la retourner dans la pratique de la campagne ? Il y a un primat de la pratique sociale et non des idées. « Moi Président je ferai » est-il vraiment une posture dans le concret de cette situation électorale ? De même que situer cette candidature dans l’ensemble d’un concept « de gauche » est- il encore adapté ?
Ce concept de gauche est post-féodal, né avec la Révolution française fonctionnant jusqu’à La Commune puis la Révolution de 1917 dont la réussite promeut la révolution communiste. Se placer dans une gauche, responsable de l’état catastrophique dans lequel évolue notre société française, est une erreur. La valeur communiste est alors soumise à celle « de la gauche », hypocrite et trompeuse historiquement. Ainsi la valeur communiste prend cette forme. Reprenant la théorie des anneaux de Lenine, il serait à propos de valoriser l’anneau communiste dans la chaine de civilisation humaine.

Le communiqué inadmissible et inacceptable de Fabien Roussel s’inscrit dans l’histoire du PCF comme révélateur de l’absence d’analyse marxiste pratique évoluant depuis des décennies tout comme l’absence de référence à Lenine qui est pourtant d’une actualité brûlante à adapter évidemment aux conditions historiques actuelles. Cela est remplacé dans la campagne par « un discours dérangeant à gauche » ou encore par l’éloge du fameux « c’est le bon sens populaire ». Le slogan de l’Europe sociale dérange-t-il ? De fait l’ordre capitaliste demeure préservé.
Avoir comme boussole, le bon sens populaire est étonnant et dangereux à l’occasion. C’est le même qui considère l’Europe comme la défense de la démocratie face aux dictatures russes et chinoises.
A l’heure où la crise mondiale est si inquiétante, tous les ingrédients pour produire un réel renversement des pratiques sociales, économiques, politiques sont pourtant bien présents. La proposition « Pour un manifeste communiste au XXIème siècle » nécessite d’autres bases d’analyse et de réalisation, car il s’agit bien de produire une autre civilisation. Dans ce contexte, travailler l’oeuvre de Lenine sur « l’analyse concrète des situations concrètes, des contradictions du passage au socialisme » ( la Nouvelle Economie Politique ) est incontournable et rendrait impossible l’inadmissible et inacceptable communiqué.
De même en est il des propositions faites par Xi Jinping dans son livre « Construire une communauté de destin pour l’humanité » et ce titre illustre bien la seule alternative à la guerre. Ces propositions chinoises rendent concrètes des possibilités d’échanges gagnant-gagnant favorables à la paix.
Il ressort malheureusement de ce constat que l’autophobie communiste diagnostiquée par Domenico Losurdo est toujours là. Il sera indispensable quelque soit le résultat des élections, que j’espère très bon pour Fabien Roussel malgré ma critique, que ce qui provoque cette autophobie soit analysée et travaillée réellement, et non de façon idéologique, ce qui n’a jamais été fait dans sa globalité, pour que la référence au socialisme réel ne soit pas au mieux absente au pire ignominieusement calomniée.