Quand l’idéologie se substitue à la réflexion

, par  Xuan

Le 21 octobre 2021 à 14:08, par Xuan En réponse à : Quand l’idéologie se substitue à la réflexion

Gilles Mercier a entièrement raison de souligner qu’il n’y a pas de "science prolétarienne", et de combattre le confusionnisme.
Par contre je ne partage pas la thèse de la science opposée à l’idéologie parce que l’une et l’autre ne jouent pas dans la même cour. L’idéologie concerne l’ensemble de nos systèmes de pensée, de nos conceptions du monde et des idées, qu’elles s’appuient sur la science ou non, qu’elles soient bourgeoises, prolétariennes, fascistes, religieuses, révolutionnaires, racistes, anti-impérialistes, etc.
A mon sens il faut opposer la science à l’obscurantisme ou au confusionnisme et non à l’idéologie.

D’autre part il faudrait nuancer sur Staline et Lyssenko.

L’affaire Lyssenko a éclaté en France en 1948, au milieu d’une lutte de classe très violente, tandis que le maccarthysme se déchaînait outre Atlantique.

« On ne peut pas comprendre la portée de la controverse sur Lyssenko et la génétique indépendamment des violents antagonismes de classe, particulièrement en France. »

Voir sur le sujet : ‘ Contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit’ – chapitre ‘L’affaire Lyssenko et la « science prolétarienne »’ p 50 et suivantes.]

La lutte des idées autour de Lyssenko opposa notamment le communiste défroqué Jacques Monod à Laurent Casanova, qui défendait la thèse erronée de la « science prolétarienne », d’ailleurs initiée par A. Bogdanov et reprise par Boukharine en 1931.
Ces conceptions retardèrent l’essor de la science soviétique comme le dit Gilles Mercier, tant dans la génétique que dans la mécanique quantique.
Staline écrivit par contre en 1950 :

« Il y avait chez nous, à un moment donné, des « marxistes » qui prétendaient que les chemins de fer restés dans notre pays après la Révolution d’octobre étaient des chemins de fer bourgeois ; qu’il ne nous seyait pas, à nous marxistes, de nous en servir ; qu’il fallait les démonter et en construire de nouveaux, des chemins de fer « prolétariens ». Cela leur valut le surnom de « troglodytes »...[idem p 53]

Les thèses de Maksimov et de Lyssenko furent repoussées en 1952.

Mais la controverse scientifique entre Lyssenko et Monod doit elle-même être réexaminée :

Lyssenko faisait des conditions externes la cause principale de l’évolution, reprenant certaines thèses de Lamarck qui attribuent au milieu un rôle exclusif dans l’évolution. Il allait ainsi à l’encontre d’une loi matérialiste-dialectique, et appliquait ce principe erroné comme un dogme au point d’interdire la génétique, présentée comme une science « bourgeoise ».
« Les biologistes soviétiques ont parfaitement raison quand, craignant le point de vue morganiste, ils se refusent à écouter la scholastique de la théorie chromosomique ». [rapport de Lyssenko 1948]
[…]
Par contre Mitchourine et Lyssenko défendaient dans la thèse de l’hérédité acquise une notion rejetée alors par des généticiens pour lesquels l’hérédité interdisait l’évolution.
[…]
Après Mitchourine, en pratiquant les croisements et l’hybridation, Lyssenko montrait que l’évolution peut être maîtrisée, contrairement aux thèses rétrogrades prétextant la génétique pour « démontrer » l’impossibilité de modifier la nature. Guillaume Suing consacre une partie importante de son ouvrage « Evolution : la preuve par Marx - dépasser la légende noire de Lyssenko - Ed. Delga » à l’analyse de la part négative et positive des travaux de Lyssenko en agronomie.

[idem – au chapitre « D’un âne on ne fait pas un cheval de course » p 139]

De son côté, J. Monod mit à profit les thèses erronées de Lyssenko pour s’opposer violemment au matérialisme dialectique, critiquant avec une mauvaise foi achevée les travaux d’Engels [Idem - chapitre « un se divise en deux » - p 104 et 105]
Tandis qu’il développait lui-même des théories relevant de la métaphysique (et non de l’idéalisme contrairement à ce qu’il prétend), dans sa conception finaliste et invariante de la « téléonomie ». [Idem - chapitre « Monod prend le relais » p 56 et 57] :

"La théorie du gène comme déterminant héréditaire invariant au travers des générations, et même des hybridations, est en effet tout-à-fait inconciliable avec les principes dialectiques. C’est par principe une théorie idéaliste puisqu’elle repose sur un postulat d’invariance. » [Le hasard et la nécessité - p51-52]

Cette polémique mérite donc d’être revisitée, en écartant à la fois le dogmatisme et la soumission aux thèses révisionnistes.

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