La défense de l’intérêt national oblige à lutter contre la grande bourgeoisie, tant au plan national qu’au plan mondial.

, par  Jean-Claude Delaunay

Le 31 mai 2017 à 00:26, par Jean-Claude Delaunay En réponse à : La défense de l’intérêt national oblige à lutter contre la grande bourgeoisie, tant au plan national qu’au plan mondial.

Bonjour Xuan. Je t’adresse mes fraternelles salutations et discute avec toi sans attendre. Faut-il envisager aujourd’hui, en France, de mener un combat d’ambition nationale ?
1) Un mot sur la dialectique. Je ne sais pas qui est "bon dialecticien". Mais quand je découpe l’histoire de la nation française du 20ème siècle en 3 étapes, je fais de la dialectique. C’est la logique du monde moderne parce que ce dernier est celui des grands nombres relativement au passé. Découper l’histoire de la nation française en 3 morceaux revient à dialectiser ce concept. Je dis que : a) Au moment de la 1ère GM, la bourgeoisie a mené les gens à l’abattoir. b) La bourgeoisie fut ensuite confrontée à un mouvement de classes puissant. La lutte contre les nazis a débouché à son tour sur le programme du CNR. c) Aujourd’hui, nous devrions y joindre une dimension internationale. Car le processus de la mondialisation capitaliste a modifié l’ensemble des processus capitalistes. De plus « les émergeants » se font jour. Derrière tout cela, existe nécessairement un combat de classes. Mais il ne devrait pas être mené comme un combat "classe contre classe". Il devrait être mené dans un cadre national et mondial, comme un combat populaire réunissant des catégories sociales distinctes. Le problème à mon avis est qu’un grand nombre de Français est favorable aux institutions européennes. Or on ne peut, à la fois, mener un combat national et soutenir l’euro ou l’OTAN.
2) La vie politique ne peut pas être rythmée par des thèses au quart de poil. Ce qui n’est certainement pas ta conception, cher Xuan. Mais quand, pour mettre en cause la validité de concept de combat national, tu notes que les nazis menaient un combat national, moi, je dis que les nazis menaient leur combat au nom de la race aryenne. Et toute cette racaille disait qu’elle était issue d’une race supérieure. Au delà de ce point, nous n’allons pas mesurer au millimètre la nature de classe de telle ou telle décision. Quand Fabien a lancé le mot d’ordre "A chacun son boche !", les résistants ne se sont pas demandé si "les boches" en question avaient un jour ou l’autre voté communiste. C’était un mot d’ordre terrible et nécessaire. De Gaule a eu une politique colonialiste. Cela a-t-il empêché la Résistance de prendre ce que De Gaule avait apporté de positif au peuple français ? La contradiction est elle-même contradictoire.
3) Je conteste ton idée selon laquelle "la grande bourgeoisie serait aujourd’hui nationale". La recherche du taux de profit maximum et la volonté de reprendre directement le pouvoir, fait que cette classe est de plus en plus embringuée dans un monde qu’elle veut totalement dérégulé et dont elle cherche, avec l’Europe, qu’il soit une construction contraignante des travailleurs de cette zone. Le combat social peut être mené directement contre elle comme combat national. Certes, elle a besoin des nations (en réalité des Etats) pour organiser ses luttes et ses propres combats au plan mondial, car il n’y a pas de super impérialisme et le concept de mondialisation capitaliste ne comporte aucune indication de ce type. Mais c’est la qualité même du combat national mené par les classes populaires et, s’il est possible, par tous ceux que la grande bourgeoisie exploite et détruit, que de se différencier de cette classe sociale exploiteuse. Je ne suis pas impressionné par les drapeaux déployés par Ségolène Royal. Pour ces gens, la nation est de l’histoire ancienne.
4) A mon avis, la France (ce terme a un sens, et bien des prolos sont morts pour sa survie) est en danger. L’intelligence de son peuple, ce qu’il a accumulé de capital culturel, social, politique, institutionnel, physique, par son travail et par celui de la paysannerie, des fonctionnaires, des artisans, des ingénieurs, etc. est en danger. Que faisons-nous, dans ce cas ? Nous essayons seulement de contribuer aux combats de la classe ouvrière ou bien, pour contribuer à ces combats et les rendre plus efficaces, nous nous efforçons de les élargir socialement, sur des bases claires, d’abord au plan national ? Voilà, en gros, l’enjeu du moment. Comme le dit Paule Menahem, l’opérateur national est un opérateur efficace.
Après la défaite du PCG (et non du PSG), la masse des Français a mené un combat « de gauche ». Elle se rend compte maintenant de son caractère illusoire. Il convient de réorienter cet effort vers un combat national. Ce dernier n’en sera pas moins prolétarien. On peut entrevoir 3 conditions nouvelles à respecter par rapport au PCG. 1) Ce dernier fut pensé comme un combat direct pour le socialisme alors qu’il était un combat national. 2) En raison de sa nature nationale, il ne doit pas être confié aux chefs, car la nation est une réalité contradictoire. 3) Il doit être mené dans le cadre nouveau d’un monde certes plein de grande bourgeoisie mais aussi plein d’Etats et de nations en formation.

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