Sur "l’autonomisation" de la finance, je ne partage pas du tout le point de vue de Sapir, bien que j’apprécie beaucoup toutes ses analyses techniques concernant l’euro, analyses qui aident énormément à notre compréhension. Ce point de vue concernant "l’autonomisation" relève de la même démarche que celle de la direction du PCF avec ses fameux mystérieux "marchés financiers" qui menacent de nous tomber sur la tête si l’on n’est pas sage, un peu comme le ciel menaçait de tomber sur la tête de "nos ancêtres les gaulois"… C’est d’ailleurs ce point de vue qui est partagé par l’ensemble de la "gauche de la gauche" (Front de gauche et "L’humain d’abord"), y compris des Verts. Lorsqu’on oublie la plus-value extorquée par le capitaliste (ou dit autrement l’exploitation de l’homme par l’homme), on tombe dans le travers du fétichisme de la finance, comme le soulignait Marx il y a déjà un siècle et demi. Lénine ne parle que de finance dans son célèbre ouvrage "L’impérialisme, stade suprême du capitalisme" (il y a déjà plus d’un siècle !), non pas pour nous dire qu’il y aurait "autonomisation", mais pour nous montrer que la finance est devenue une arme extrêmement puissante, indispensable au capitalisme, aux impérialismes. Il nous explique qu’ainsi, plus aucun mètre carré du globe terrestre ne peut échapper aux appétits impérialistes (je ne me rappelle plus de la formule exacte).

Cette dérive réformiste (fétichisme de la finance) est à l’origine de l’abandon de l’implantation du PCF dans les entreprises, car si seule la finance est le problème, alors il suffit de se faire élire (dérive institutionnelle bourgeoise) et de faire des lois pour contenir les financiers. Comme tu le soulignes, il s’agit d’une vieille lune réformiste qui consiste à opposer le méchant capitalisme financier au gentil capitalisme industriel ou productif, alors que les deux sont intimement liés.