La confrontation des analyses est nécessaire et même indispensable pour les forces anti-impérialistes. Elle doit aider à une analyse concrète de chaque situation et de ce point de vue, cette analyse détaillée du sens de l’intervention française au Mali est utile pour penser une position politique qui ne soit pas de principe. Mais l’analyse que proposait Samir Amin avait aussi utilement mis l’accent sur les contradictions entre impérialistes et alertait sur des déclarations déconnectées d’une analyse du réel, et notamment des positions des forces politiques progressistes maliennes.

Cette confrontation doit cependant toujours éviter ce qui a couté si cher aux forces anti-impérialistes, les jugements sur les personnes, les étiquettes qui peuvent être insultantes et favorisent les réactions légitimistes ou clientélistes au détriment d’une réflexion cohérente avec l’histoire de l’anti-impérialisme. Pour les forces politiques françaises, l’enjeu est d’être capable d’ouvrir une perspective de rupture avec l’OTAN et de nouvelles alliances avec les BRICS, de rupture aussi avec l’instrumentalisation de l’islam politique par l’occident, ce qui suppose de chercher les convergences possibles.

Il est pour cela essentiel de confronter l’analyse anti-impérialistes aux débats des forces sociales et politiques maliennes. Car tous les contacts que nous avons, suite aux rencontres internationalistes de 2012 notamment, nous transmettent les mêmes messages. De nombreux maliens communistes, progressistes, ont demandé et soutenu l’intervention militaire de la France. Ils disent aujourd’hui vouloir affirmer la nécessité de la souveraineté du Mali dans la recherche d’une solution politique, et certains s’inquiètent des objectifs de la France.

Bien entendu, quelques contacts, même militants, ne font pas une connaissance complète de la situation sociale et politique. Il est donc indispensable de multiplier les rencontres avec des maliens pour connaitre et comprendre les contradictions vues du Mali.

Nous avons besoin d’une analyse ouverte aux contradictions, capable de rassembler. Même avec des analyses différentes sur le sens de l’intervention française au Mali, on peut rassembler autour de l’exigence de la fin de l’intervention militaire, de la défense de la souveraineté de l’état malien sur tout son territoire, de la nécessité de redonner au Mali la maitrise de ses ressources minières pour lui permettre de dégager de réelles ressources pour son développement, d’exiger sa souveraineté dans la recherche d’une solution politique, et donc au fonds la rupture avec l’ordre néo-colonial économique, politique et militaire de la FrancAfrique et de l’OTAN.