Les communistes et l'Etat (2) - commentairesLes communistes et l'Etat (2)2013-04-27T06:24:02Zhttps://lepcf.fr/Les-communistes-et-l-Etat-2#comment8942013-04-27T06:24:02Z<p>Pascal a raison d'insister sur le premier objectif, pousser le maximum de militants à se réinterroger sur la nature de l'état aujourd'hui, et Jean-Claude a raison d'insister sur la dimension européenne de la domination de classe, mais la question de xuan mérite cependant d'être discutée... Car elle conditionne la crédibilité de la rupture dont ont besoin les travailleurs...</p>
<p>Or, on ne peut en rester à la formule "briser...", nécessaire pour faire comprendre qu'il s'agit de sortir d'une dictature, celle de la bourgeoisie), sans rien dire des formes (politiques, juridiques, institutionnelles) que prendrait le pouvoir des travailleurs (je mets de coté pour l'instant l'expression dictature du prolétariat...).</p>
<p>Or, l'état, en France entre autres, est marqué par les luttes de classes, celles de la révolution Française et de l'alliance de la bourgeoisie avec la paysannerie, celles des luttes du mouvement ouvrier qui se concrétisent dans l'état avec le Front Populaire et le conseil national de la résistance... et des outils comme le CEA, le CNRS, le statut de la fonction publique,... Faudrait-il "briser" toutes les fonctions publiques ?</p>
<p>Il me semble que la citation de Pascal est utile</p>
<blockquote class="spip">
<p>
Briser l'Etat bourgeois ne peut donc signifier que disparaissent les fonctions sociales publiques qu'il remplit, ni même telle ou telle forme que l'Etat leur a donnée, mais qu'il faut les transformer en les dépouillant de leur caractère de classe actuel.</p>
</blockquote>
<p>Dans l'état actuel du débat des communistes, ce serait une belle avancée que de partager cette nécessité de comprendre le caractère de classe des fonctions d'état, même de celles de "l'état social", et d'affirmer que nous voulons les "dépouiller"...</p>
<p>Certes, le mot "transformer" est trop vague, et il serait utile de préciser de quoi on parle. Ce n'est pas la même chose de "transformer" les services secrets, et de "transformer" l'école ou la SECU... Pour certains fonctions d'état, il faudra les briser littéralement, organiser l'occupation de leurs bâtiments par des travailleurs organisés... pour d'autres, il faudra les reprendre en main dans l'intérêt général... et donc bousculer les hautes administrations, mais en recherchant le rassemblement des acteurs de ces services, donc des fonctionnaires... Il ne s'agit pas de "briser" l'école, mais de la tourner résolument vers les intérêts du monde du travail, la formation de la classe ouvrière moderne, donc bousculer le rapport au travail, le rapport abstrait/concret dans l'enseignement... bref, de la transformer...</p>
<p>Les communistes ont une riche expérience dans les collectivités locales, dans le rapport entre militants et élus, élus et fonctionnaires... avec des leçons positives et négatives qui devraient nous aider à expliciter cette idée de "transformer pour dépouiller de leur caractère de classe actuel".</p>Les communistes et l'Etat (2)2013-04-26T13:06:09Zhttps://lepcf.fr/Les-communistes-et-l-Etat-2#comment8922013-04-26T13:06:09Z<p>Avec toutes mes excuses pour ne pas avoir répondu plus tôt, mais j'avais un peu déserté le site pour des problèmes personnels.</p>
<p>Effectivement, l'ouvrage cité aborde la question du devenir de l'Etat dans le cas de la prise de pouvoir par des forces antagoniques au capital. Mais, je n'en parlerai pas. Je voulais avant tout, remettre d'aplomb une véritable analyse du rôle de l'Etat dans le système capitaliste ; c'est pourquoi je n'ai retranscrit que ce chapitre. Cet ouvrage, en même temps qu'il permet un clin d'œil à la situation actuelle de certains des auteurs qui ont beaucoup renoncé, nous donne à lire une bonne synthèse de l'analyse de l'Etat capitaliste par les auteurs communistes référents (Marx, Engels, Lénine...), donc pourquoi ne pas la publier. Je pense qu'il y a effectivement beaucoup à faire pour que les communistes d'aujourd'hui se réapproprient cette réalité sans laquelle ils seront forcément désarmés dans leur combat. Pour preuve, avec la question de cette fameuse illusion qu'est la VIème république, on est en plein dedans. D'ailleurs, à propos de l'Etat, on entend et on lit à peu près tout et n'importe quoi... J'ai reçu récemment le texte d'un élu PCF qui utilise abondamment le terme d'Etat Providence, bien entendu hors de toute référence de classe !</p>
<p>Donc, ma volonté est des plus simples : réapproprions-nous une bonne analyse concrète de la situation concrète du rôle de l'Etat capitaliste et rouvrons des débats ; d'ailleurs, d'autres textes, d'autres auteurs, suivront dans les jours à venir. En ce qui concerne l'après, c'est-à-dire après une éventuelle prise de pouvoir par les forces au cœur desquelles seront les travailleurs les plus exploités, disons le prolétariat pour faire court, je laisse aux communistes le soin d'en débattre, ainsi qu'aux forces qui prendront ce pouvoir. Je pense que cela viendra naturellement. Mais d'abord, faisons cet effort d'analyser correctement ce à quoi nous faisons face actuellement, et en fonction de ce que nous aurons intégré collectivement, les prises de position viendront logiquement sur ce que nous devrons faire une fois au pouvoir... mais pas en pensant que l'Etat est la Providence ou a pu l'être dans le passé !</p>Les communistes et l'Etat (2)2013-04-02T14:30:33Zhttps://lepcf.fr/Les-communistes-et-l-Etat-2#comment8782013-04-02T14:30:33Z<p>Ce texte expose bien la nature de classe de l'Etat bourgeois, mais il fait à peine allusion (le mot ne figure qu'une fois) à la nécessité non pas de s'emparer de la machine d'Etat toute prête, mais de <strong>briser l'Etat bourgeois</strong> et le remplacer par un Etat de type nouveau.</p>
<p>On lit ainsi :</p>
<p><i>Briser l'Etat bourgeois ne peut donc signifier que disparaissent les fonctions sociales publiques qu'il remplit, ni même telle ou telle forme que l'Etat leur a donnée, mais qu'il faut les transformer en les dépouillant de leur caractère de classe actuel.</i></p>
<p>Les fonctions sociales de l'Etat bourgeois ont-elles simplement un <i>caractère de classe</i> bourgeois ou bien sont-elles elles-mêmes de <strong>nature</strong> bourgeoise ?<br class="autobr" />
Les <i>transformer</i> permet toutes les interprétations : suffirait-il par exemple de qualifier la police, l'armée et les grands corps d'Etat de "démocratiques" et leur donner d'autres objectifs pour réaliser une telle <i>transformation</i> ? <br class="autobr" />
Que deviennent la fonction présidentielle et la séparation des pouvoirs de la République bourgeoise ? Suffit-il de décréter un Parlement « démocratique » ou un Sénat « démocratique » ou bien reconstituer de fond en comble la représentation populaire à partir de l'expression démocratique créée par les masses révolutionnaires ?</p>
<p>La nécessité de <strong>briser</strong> l'Etat bourgeois est évidemment liée à la dictature du prolétariat puisque c'est la condition indispensable à l'exercice d'une démocratie mille fois plus large. Figure-t-elle davantage dans une autre partie de cet ouvrage ou bien les prémices du revirement y sont-elles déjà présentes en creux, sous forme d'omission ?</p>
<p>Cette tâche que Lénine qualifie d'<i>essentielle</i> est le fruit de l'expérience de la lutte de classe postérieure au <i>Manifeste communiste</i> mais déjà du vivant de Marx :</p>
<p>« Traitant de la question de l'Etat, qui nous préoccupe ici, Marx fait le bilan de la révolution de 1848-1851, dans son <i>18 Brumaire de Louis Bonaparte</i>,<br class="autobr" />
[...] <br class="autobr" />
Dans ce remarquable aperçu, le marxisme accomplit un très grand pas en avant par rapport au <i>Manifeste communiste</i>, où la question de l'Etat était encore posée d'une manière très abstraite, dans les notions et termes les plus généraux. Ici, la question est posée de façon concrète et la déduction est éminemment précise, définie, pratiquement tangible : toutes les révolutions antérieures ont perfectionné la machine de l'Etat ; or il faut la briser, la démolir.<br class="autobr" />
Cette déduction est le principal, l'essentiel, dans la doctrine marxiste de l'Etat. Et c'est cette chose essentielle qui a été non seulement tout à fait <i>oubliée</i> par les partis social-démocrates officiels dominants, mais franchement <i>dénaturée</i> (comme nous le verrons plus loin) par le théoricien le plus en vue de la IIe Internationale, K. Kautsky. » [Lénine - l'Etat et la révolution - Le bilan d'une révolution]</p>Les communistes et l'Etat (2)2013-03-29T09:43:24Zhttps://lepcf.fr/Les-communistes-et-l-Etat-2#comment8722013-03-29T09:43:24Z<p>Je trouve le texte de Pascal Brula particulièrement intéressant et important. Je ne reviens pas sur ses nombreux mérites mais souhaite simplement ajouter un commentaire à son idée selon laquelle il faudrait aujourd'hui étudier l'Etat de l'Union Européenne pour étudier et comprendre la forme de l'Etat qui s'impose en France. Je crois que la structure d'Etat qui nous domine complètement, en France, est une structure à trois composantes. La première est celle de <strong>l'Etat national, </strong> qui, après 1945, grâce aux succès pour les classes populaires, de la lutte des classes, devint un Etat social aujourd'hui en voie de démantélement. La deuxième composante est celle de <strong>l'Etat de l'Union Europénne</strong>. L'Union Européenne a un petit budget (1% à 2% de la totalité des budgets) mais un "gros Etat", c'est-à-dire une contrainte à 100% exercée par les bourgeoisies monopolistes mondialisées d'Europe et dans leur intérêt. La troisième composante est ce qui tient lieu <strong>d'Etat mondial. </strong> <i>Le paradoxe de l'Etat mondial capitaliste est qu'il n'existe pas. </i> Les Etats capitalistes pris un à un ne sont pas capables d'organiser un Etat mondial. La domination structurelle exercée par la bourgeoisie monopoliste mondiale s'exerce donc, à ce niveau, par l'intermédiaire de l'instance économique. C'est le marché mondial qui décide. On n'y peut rien, le marché mondial "a dit". La mondialisation capitaliste a été un effort supplémentaire (jusqu'à présent couronné de succès) pour spolier les masses populaires de leur Etat social. En plus du non-Etat mondial existent quand même deux autres forces, à ce niveau. 1) La force de l'impérialisme dominant, les Etats-Unis aujourd'hu, donc l'Etat américaini. 2) La force, plus discrète, de certaines institutions mondiales (FMI, Banque mondiale...). Je crois que nous avons, en tant que révolutionnaires, à comprendre aujourd'hui <strong>cette trilogie complexe </strong> pour la transformer, pour révolutionner nos sociétés.</p>