Nationalisations, une question importante pour les communistes ?

, par  pam , popularité : 2%

Le débat sur les nationalisations a pris une place inédite dans le débat public. Certains n’y verront qu’un coup médiatique de Arnaud Montebourg, vite rangé au magasin des accessoires par François Hollande. Mais il suffit de suivre les nombreux débats que ce mot a généré dans les médias, y compris dans des émissions "économiques" qui sont obligées d’argumenter sur la différence entre les "nationalisations" décidées par les USA ou l’Angleterre et les "nationalisations" dont les travailleurs d’Aulnay ou Florange parlent...

Pour les communistes, à deux semaines du choix de leur base commune, c’est une question concrète qui leur permet de juger sur pièce...

Car si la direction nationale a publié un tract appelant à la nationalisation du site de Florange, c’est après le compromis négocié par le gouvernement écolo-socialiste avec Mittal... Pourquoi pas avant ?

Quelques semaines plus tôt, dans sa lettre à François Hollande, Pierre Laurent ne parle pas de nationalisation, il fait même appel à l’Union Européenne pour sauver Florange, autant dire, faire appel au loup pour sauver le mouton...

Un peu avant, dans son meeting de Lille, il ne proposait pas la nationalisation d’ARCELOR, ne faisant que critiquer le socialiste Sapin qui critique le socialiste Montebourg... Jamais il n’affirme une position des communistes pour la nationalisation !

D’ailleurs, le programme partagé qui portait la bataille des présidentielles en 2012 ne parle de nationalisation que dans le secteur de l’énergie. Il propose un service public de l’eau sans proposer la nationalisation de VEOLIA et SUEZ, et ne parle pas du tout de nationalisation dans la sidérurgie ou l’automobile...

Remontons aux derniers congrès. Des communistes ont tenté d’ouvrir le débat sur la propriété des grands moyens de production et d’échange... C’était notamment le cas du texte proposé par la fédération du Pas de Calais au 32ème congrès, du texte "Fiers d’être communiste" au 33ème, du texte "Faire Vivre et Renforcer le PCF" au 34ème... Mais la direction a toujours refusé ce débat en imposant un vocabulaire "humaniste" parlant de service public, de droits des travailleurs, d’appropriation des connaissances... sans jamais dire comment on fait si les entreprises sont toujours détenues par un capital dont la seule loi est celle de son accumulation toujours plus grande... Et ce n’était pas uniquement une question de congrès. Partout dans la vie politique, des dirigeants du parti ont expliqué que les nationalisations ne réglaient pas tout (certes, mais est-ce que c’est une condition ?), que la propriété n’était pas une question essentielle pour nous (CD du Rhône à propos du service public de l’eau)... et on se souvient des privatisations faites avec des ministres communistes...

La crise et son aggravation oblige quand même la direction du parti à s’adapter, et dans la base commune votée par le conseil national, le mot "nationalisation" réapparait, sans d’ailleurs dire précisément de quoi on parle "Des nationalisations doivent être opérées dans plusieurs secteurs stratégiques et pour reconquérir la gestion de biens communs. Nous voulons, sous de multiples formes, engager un grand mouvement d’appropriation sociale". Mais si le mot est dans le texte, comme on l’a vu, il n’est pas dans le langage public de la direction nationale dans la vie politique...

De fait, c’est la montée en force de la question dans les luttes et chez les militants qui conduit Chassaigne à poser enfin la question au plan national... Depuis des semaines, des travailleurs d’usines en lutte en discutent, et même le délégué CFDT de Florange le dit tout net, la seule solution, c’est la nationalisation...

Certains diront que les errements des derniers congrès sont derrière nous, et que Pierre Laurent retrouve un langage communiste. Mais a quoi sert un dirigeant qui ne fait que suivre avec retard ce qui se dit sur le terrain. Et de quoi parle-t-on ?
- nationalisation avec quelle indemnisation des actionnaires ? S’agit-il d’un "rachat" pour assumer les restructurations comme l’a fait le gouvernement US avec General Motors ?
- nationalisation avec quelle politique industrielle ? l’intégration européenne comme le propose Pierre Laurent, ou la coopération internationale dégagée de la concurrence non libre et faussée que nous impose l’Allemagne ?
- nationalisation avec quelles organisation du travail ? Oui ou non, faut-il une réduction massive du temps de travail ?

Ce débat de congrès est devant nous et, ça tombe bien, le texte "Unir les communistes" est une bonne base commune de discussion

Dès l’introduction, le ton est donné

La tête dans les étoiles mais les pieds dans la braise sociale, avec le cœur et la raison, nous relevons le défi des chantiers du changement de société : la reconstruction de services publics qui garantissent l’égalité des citoyens, la reconquête de la sécurité sociale et de la retraite, la défense du salaire contre la baisse du coût du travail, le refus de payer la dette des usuriers de la finance, la nationalisation/socialisation de secteurs clefs de l’économie condition du changement de rapport de force entre capital et travail, la reconquête de l’industrie, les nouveaux droits des salariés, la souveraineté nationale et populaire contre l’Union européenne prison des peuples, le rassemblement populaire contre la division des exploités, le défi de la solidarité internationale et du droit au développement des peuples, une gestion de l’environnement et du cadre de vie au service des êtres humains et des générations futures, la paix dans le monde contre l’offensive de l’impérialisme et du colonialisme sous des prétextes humanitaires.

et le chapitre sur le socialisme part justement des luttes des travailleurs pour poser avec force la question des nationalisations pour que les travailleurs s’approprient leur entreprise...

Ces derniers mois, de Florange à Fralib, de PSA à Sanofi, la question du rôle de l’État dans les décisions industrielles est de nouveau portée par des travailleurs. Privilégions dans les luttes les revendications politiques qui portent cette exigence de s’approprier les techniques, les filières de production, les marchés, les besoins de financement pour être capable de diriger l’économie.

Nous nommons donc sans complexe notre projet de société comme une société socialiste, réduisant par de larges nationalisations des grands moyens de production et d’échange le pouvoir de la bourgeoisie, recherchant des coopérations internationales libérées de la domination des règles des marchés.

Nous défendons clairement et simplement l’idée d’un plan conduit par un État démocratisé de haut en bas, possédant les moyens de le mettre en œuvre, avec des services publics élargis facteur d’égalité, des cadres règlementaires et fiscaux plus contraignants pour tourner l’effort des entreprises vers les objectifs de la société, s’appuyant sur la mobilisation du mouvement populaire pour une nouvelle démocratie, de la cité à l’entreprise.

Le 36ème congrès doit ouvrir le chantier du socialisme !

Le débat est lancé ! Les communistes peuvent bousculer les réticences et affirmer avec force leur choix politique fondamental de la nationalisation des grands moyens de production et d’échange, condition pour l’appropriation sociale par les travailleurs

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  • (2002) Lenin (requiem), texte de B. Brecht, musique de H. Eisler

    Un film
    Sur une musique de Hans Eisler, le requiem Lenin, écrit sur commande du PCUS pour le 20ème anniversaire de la mort de Illytch, mais jamais joué en URSS... avec un texte de Bertold Brecht, et des images d’hier et aujourd’hui de ces luttes de classes qui font l’histoire encore et toujours...

  • (2009) Déclaration de Malakoff

    Le 21 mars 2009, 155 militants, de 29 départements réunis à Malakoff signataires du texte alternatif du 34ème congrès « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps ». lire la déclaration complète et les signataires

  • (2011) Communistes de cœur, de raison et de combat !

    La déclaration complète

    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

    Un peu plus d’un tiers des adhérents a participé à cette consultation, soit une participation en hausse par rapport aux précédents votes, dans un contexte de baisse des cotisants.
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  • (2016) 37eme congrès du PCF

    Texte nr 3, Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF et son résumé.

    Signé par 626 communistes de 66 départements, dont 15 départements avec plus de 10 signataires, présenté au 37eme congrès du PCF comme base de discussion. Il a obtenu 3.755 voix à la consultation interne pour le choix de la base commune (sur 24.376 exprimés).