Le PCF et l’Ukraine. De 2015 à 2023... Lettre des relations internationales - Spécial Ukraine - Avril 2015

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La position des communistes français sur l’Ukraine est marquée par leur engagement massif pour la paix, contre l’OTAN et ses guerres impérialistes, mais aussi par l’engagement de leur candidat Fabien Roussel en soutien à l’Ukraine pendant la campagne des présidentielles. Le dernier congrès est marqué par ce tiraillement. La guerre a-t-elle été décidée par Poutine en 2022 où a-t-elle commencé par l’intervention diplomatique occidentale en 2014 dans le contexte de l’expansion continue de l’OTAN ? Peut-on être solidaire de l’Ukraine et pas des ukrainiens du Donbass ? Ne faut-il pas faire la différence entre le régime et le peuple ukrainien, dont tous les militants de gauche réprimés, emprisonnés et parfois tués ?

La médiatisation de la vie publique est une incroyable machine à oublier... Voici donc ce que disait le secteur international du PCF en 2015 pour "comprendre les enjeux ukrainiens"... et le texte adopté par le dernier congrès qui semble avoir oublié ces positions fortes du PCF en 2015...

Texte du 39ème congrès

L’invasion de l’Ukraine décidée par le régime russe de Vladimir Poutine est injustifiable et criminelle. Nous sommes solidaires du peuple ukrainien.

Cette invasion a des effets en chaîne désastreux, dans un contexte mondialisé dans tous les domaines, et elle présente un danger extrême pour les peuples.

Elle fut aussi déclenchée dans le contexte de la politique d’expansion continue et de l’installation de bases militaires de l’Otan vers l’Est, en dépit des engagements étasuniens, et de la non-application par les gouvernements ukrainien et russe des Accords de Minsk, qui pouvaient mener à un règlement politique de la guerre civile en Ukraine et dont la France et l’Allemagne s’étaient portées garantes. La fourniture d’armes lourdes et offensives ajoute de la guerre à la guerre.

Ukraine : comprendre les enjeux (PCF 2015) Dossier réalisé et mis en page par le secteur international, avril 2015.

LETTRE DES RELATIONS INTERNATIONALES DU PCF - SPÉCIAL UKRAINE - AVRIL 2015

Il y a un an, la guerre a fait sa réapparition en Europe, dans un pays de 43 millions d’habitants, l’Ukraine, qui pourrait être un véritable "lien" entre l’Union européenne et la Russie. C’est la première guerre d’ampleur depuis celles qui ont ravagé l’ex-Yougoslavie et les Républiques caucasiennes de l’ex-URSS dans les années 1990.

Ce conflit brutal a déjà fait plus de 6.000 morts et un demi million de réfugiés, pour la plupart en Russie. C’est une véritable crise humanitaire qui se vit à nos portes.

La guerre n’est pas la solution

Ce qu’il faut, c’est une résolution politique de la crise par des moyens diplomatiques et pacifiques, donc en écartant la voix des armes. Une solution où prévaudraient la justice et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, sans intervention ni influence étrangères.

Cette destinée librement choisie des peuples n’appartient qu’à eux et il n’est pas question de décider à leur place de leur avenir. Les accords de Minsk 2 sont un premier pas dans la bonne direction parce qu’ils ont réuni l’ensemble des protagonistes. Certes, des difficultés demeurent ; le cessez-le-feu n’est pas partout respecté et le pays, notamment dans sa partie orientale, qui est russophone, est dévasté par la guerre.

Le gouvernement de Kiev porte une lourde responsabilité dans cette dramatique situation.

Notamment en ayant, dans un premier temps, voulu interdire la langue russe, pourtant langue maternelle des Ukrainiens de l’Est ; et en s’opposant à toute avancée constitutionnelle et administrative des parlements régionaux. Les gouvernements occidentaux, et singulièrement l’Union européenne, ont aussi une lourde part de responsabilité en ayant voulu tirer l’Ukraine vers des accords de coopération exclusive en la coupant de la Russie.

Au sein du gouvernement ultralibéral de Kiev, des forces ouvertement fascistes font monter la tension ; et des groupes paramilitaires, se réclamant ouvertement du nazisme, servent de supplétifs à l’armée ukrainienne dans les combats qui n’épargnent pas les civils. On ne saurait, pour autant, exonérer les responsabilités des forces « séparatistes » de l’Est et du pouvoir en Russie dans les exacerbations ultranationalistes en cours dans le pays.

Il est plus que temps de tout faire pour empêcher que la guerre ne perdure et qu’elle ne s’étende.

Cela passe aussi par un soutien aux forces démocratiques ukrainiennes, et particulièrement au KPU (Parti communiste d’Ukraine) qui combat la guerre, s’y est toujours opposé et se prononce pour l’intégrité territoriale de l’Ukraine, le respect de la diversité culturelle et linguistique du pays, et au renforcement de l’autonomie des Parlements régionaux.

Le KPU notait d’ailleurs que c’est la politique nationaliste agressive du gouvernement de Kiev qui a conduit à la sécession de la Crimée et son rattachement ultérieur à la Fédération de Russie en mars 2014. C’est bien la politique mise en œuvre par les forces nationalistes de Kiev qui risque d’aboutir à la division du pays, si le premier pas enregistré à Minsk ne se traduit pas par un accord politique et la fin des souffrances des populations civiles.

La crise ukrainienne

La crise ukrainienne n’est pas survenue d’un seul coup avec le rejet par les populations de l’Est de la souveraineté de Kiev, ni sous l’effet d’une politique expansionniste de la Russie.

Depuis la proclamation de sécession de l’Ukraine le 1er décembre 1991 et la dissolution de l’Union soviétique, qui a conduit à l’indépendance des anciennes républiques la constituant (Russie comprise), l’Ukraine est passée de crises politiques en crises Politiques, souvent avec des conséquences dramatiques.

L’Ukraine était devenue lors de son indépendance par la force des choses une puissance nucléaire, héritée de l’URSS. En décembre 1994, Kiev a remis son arsenal nucléaire à la Russie ; cette dernière ainsi que les États-Unis et le Royaume-Uni garantissant en échange son intégrité territoriale (Mémorandum de Budapest).

Toute extension de la guerre peut donc avoir des conséquences terribles puisque la Russie, la France et la Grande-Bretagne sont des puissances nucléaires, tout comme les États-Unis qui participent via l’OTAN à des démonstrations de forces autour de la Russie, notamment dans les pays baltes et en Pologne.

La révolution orange de 2004 avait opposé entre eux des oligarques de diverses obédiences. Viktor lanoukovitch élu en 2010, lors d’un scrutin qu’aucun observateur international n’a remis en cause, et dont le comportement autocratique avait été notamment dénoncé par les communistes ukrainiens, avait engagé son pays dans une alliance avec l’Union européenne avant de tourner brutalement casaque sous la pression de Moscou.

C’est à partir de ce changement de position qu’a éclaté ce que l’on a appelé la révolte de Maïdan qui, au-delà de légitimes aspirations démocratiques, a ouvert la voie à des confrontations armées. Il ne faut pas passer par pertes et profits les centaines de morts de la répression sur la place même de Maïdan — même si personne n’exclut des provocations à ce moment-là visant à accélérer le processus de renversement du pouvoir — qui a conduit à une situation insurrectionnelle, la destitution du président par le Parlement et sa fuite vers la Russie. A Kiev, avant les élections qui ont porté le Président Porochenko au pouvoir en juin 2014, le gouvernement mis en place s’est aussitôt appuyé sur des éléments nationalistes et ouvertement néo-nazis C’est ce gouvernement qui a déclenché les premières actions militaires contre les russophones de l’Est. Petro Porochenko a été élu alors qu’une large partie du pays ne pouvait voter (les provinces de l’Est et, naturellement la Crimée, rattachée à la Russie).

Il n’empêche que Petro Porochenko a été élu largement dans les régions où il y a eu vote tandis que, dans les régions russophones, les élections organisées par les républiques populaires du Donetsk et de Lougansk ont vu une participation très forte au scrutin distinct des élections générales du 2 novembre 2014.

La politique menée par les autorités de Kiev après la chute de Welor lanoukovitch aura donc conduit à deux légitimités au sein de la république ukrainierne.

La responsabilité de l’UE et de l’OTAN

L’UE et les Etats-Unis portent une lourde responsabilité dans la situation que vit l’Ukraine.

La signature par l’UE -dans le cadre de son partenariat oriental défini en 2009 de l’accord d’association avec l’Ukraine (ratifié par le Parlement ukrainien en septembre 2014 mais qui n’entrera totalement en vigueur qu’en 2015) a été l’un des détonateurs de la crise politique que vit le pays depuis novembre 2013 et des tensions grandissantes dans les relations avec la Russie.

L’UE, au lieu de tenter de mettre en place -dans son voisinage- des politiques de coopération sur une base d’égalité et de réciprocité, a décidé -en fait- depuis que le premier accord de partenariat et de coopération UE-Ukraine, est entré en vigueur en 1998 ; de favoriser une extension de sa zone d’influence sur la base d’une libéralisation économique visant à instaurer une économie de marché ; en démantelant progressivement la structure étatique de l’économie ; en favorisant ainsi la mise en coupe réglée des principaux secteurs stratégiques de l’économie par les oligarques qui se sont partagés le pouvoir.

Les conséquences de l’accord avec l’UE seront très douloureuses pour l’économie ukrainienne. Là comme ailleurs, les conditions des réformes structurelles imposées par l’UE et par le FMI se traduiront par un appauvrissement du pays et de sa population. Les restructurations en cours, notamment dans le secteur énergétique, ouvert dorénavant aux investisseurs européens et américains ; attisent d’autant plus les tensions avec la Russie qui tente elle de développer dans son propre espace de voisinage une union régionale eurasiatique.

Les préconisations de l’UE ne tiennent pas compte de la nécessité de relations égalitaires avec tous les États de la région, de la nécessité -dans ce cadre- d’aboutir à un partenariat économique et stratégique avec la Russie ouvrant la voie à la mise en place d’un système de sécurité collective qui englobe l’ensemble du continent européen.
Bien au contraire, c’est l’activation des politiques de l’OTAN dans les pays limitrophes de la Russie ; comme dans la politique d’élargissement et de voisinage de l’UE qui a été de plus en plus à l’ordre du jour sous la pression des États-Unis. La militarisation par les forces de l’OTAN des pays de l’UE limitrophes de la Russie ; tout comme la tentative de pousser les pays de la Communauté des États Indépendants issus du démantèlement de l’URSS à des partenariats/coopérations de plus en plus poussées avec l’OTAN ; ont aggravé les tensions et les risques de guerre ; comme on l’a vu en 2008 en Géorgie et aujourd’hui en Ukraine.

« Deux cent quatre-vingt-dix parachutistes américains vont débarquer le 20 avril sur le terrain militaire de Iavoriv », dans la région de Lviv près de la frontière polonaise, pour entraîner 900 soldats de la garde nationale ukrainienne, a précisé Arsen Avakov, le ministre ukrainien de l’Intérieur, sur son compte Facebook, le 30 mars 2015.

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