Transformer la France pour transformer l’Europe et le monde... La bataille des européennes et la situation politique après le congrès...

, par  pam , popularité : 5%

La préparation des élections européennes se déroule dans un contexte politique bien différent des précédentes... qui rend impossible tout discours européen déconnecté de la situation sociale et politique de la France, impossible de faire croire à une europe "solution" de tous les maux. Les plus fédéralistes cherchent comment s’appuyer sur les enjeux politiques... nationaux ! Macron organise ainsi une véritable campagne électorale avec son "grand débat" qui tente de convaincre que la réponse aux colères populaires seraient dans l’accélération des réformes contre la république et les services publics, et donc dans plus d’europe. Il ne faut pas le sous-estimer, les moyens sont énormes avec la convergence de l’ensemble des médias aux ordres, des experts et du patronat. Il a bien compris qu’il avait besoin de reconstituer des corps intermédiaires à sa solde, ce qu’il fait en mettant en scène son dialogue avec des élus locaux, et en mobilisant l’état, sa police et sa justice, contre l’irruption d’un mouvement social inexpérimenté, ses dérives gauchistes qu’ont connu tous les grands mouvements sociaux de notre histoire, et ses récupérations politiciennes diverses.

Ce lien étroit entre enjeux nationaux et européens que l’actualité impose pourrait être une bonne nouvelle pour les communistes ! Leur dernier congrès a ouvert le débat sur l’union européenne et l’internationalisme, sans vraiment le trancher, avec des fédérations, notamment du Nord, votant des amendements pour le Frexit et un texte final qui constate des différences d’approche sur la manière « d’en finir avec l’actuelle construction européenne »...

Notre réseau et le site lepcf.fr ont apporté de nombreuses contributions depuis des années pour éclairer l’histoire capitaliste de l’union européenne, son rôle d’institution de la mondialisation capitaliste contre la souveraineté populaire symbolisé par le Non de 2005, montrer qu’il n’y a pas de rupture progressiste en France sans rupture avec l’union européenne. Si ces efforts ont aidé à ouvrir le débat, ils n’ont pas permis au congrès d’aller au bout de la critique de la démarche de « l’europe sociale ».

Que pouvons-nous faire alors d’utile dans cette campagne européenne pour contribuer à un résultat électoral qui marque la réaffirmation du parti que le congrès a décidé, et ouvre une issue politique progressiste et internationaliste à la colère populaire contre l’Europe ?

Les communistes savent très majoritairement qu’on ne peut attaquer le capitalisme seulement dans le cadre national, sans rien changer à la place de la France dans l’Europe et le monde. Au contraire, la mondialisation capitaliste est un fait essentiel et la situation du Venezuela ou de Cuba, comme celle du Vietnam montre à quel point les échanges internationaux sont une dimension essentielle de toute politique progressiste !

On le voit quand les médias multiplient les dossiers sur une Chine dangereuse, ses champions technologiques qui nous surveilleraient, ses investissements en Afrique qui bousculent notre domination traditionnelle, faisant grandir l’idée qu’il faut "se protéger" de ce monde dangereux, rôle dévolu alors à l’union européenne.

Tout est fait pour placer au centre de cet enjeu international la seule question de l’Union Européenne comme institution qu’il faudrait soit quitter soit défendre... avec la comédie du Brexit qui illustre le piège pour le monde du travail.
- Faut-il défendre Theresa May qui organise un Brexit "de droite" au service du capital anglais le plus mondialisé et qui se heurte à des institutions européennes qui veulent démontrer par l’exemple qu’il n’y a pas d’alternative ? Bien sûr que non !
- Mais faut-il justifier ou même ne pas dénoncer les manœuvres de l’Union Européenne sous prétexte qu’elle met en scène une bataille apparente contre Theresa May ? Faut-il accepter que le vote des britanniques de 2016 soit violé comme le vote des Français en 2005 ? Bien sûr que non !

Nous voyons bien qu’il y a dans le capital des forces qui poussent à l’intégration toujours plus forte autour du capital allemand, le traité d’Aix La Chapelle préparé dans le plus grand silence en est l’illustration. Mais il y a aussi des forces, notamment dans les bourgeoisies reconstruites de l’Europe de l’Est qui veulent un autre projet d’Europe des nations atlantistes dans le contexte du retour du "protectionnisme" capitaliste, un nationalisme guerrier à la Trump ou Bolsanaro mais aussi le contexte de l’affirmation chinoise d’une mondialisation heureuse.

Comme le décrivait Lénine dans l’impérialisme, nous assistons à un repartage permanent du monde dans lequel le capital n’est pas une force homogène, avec cette énorme différence à un siècle d’écart de la place persistante du socialisme comme modèle de société alternatif, divers dans ses composantes nationales et historiques, avec notamment le poids de la Chine dans le monde.

C’est dans ce contexte que nous devons aujourd’hui construire plus clairement une bataille populaire pour sortir de la fausse opposition entre progressistes macronistes et patriotes populistes, dont nous savons que les premiers ne sont pas du tout progressistes et les second pas du tout patriotes !

Une bataille politique ne se réduit pas à un bataille des idées, nécessaire et même vitale, mais qui ne suffit jamais à faire qu’une idée « s’empare des masses pour devenir une force concrète » ! Il y faut une bataille politique, c’est-à-dire des mots d’ordres simples, justes, clairs pour tous et qui sont portés par des militants dans les luttes sociales, les quartiers, les réseaux de connaissances personnelles...

Ne parlons pas du mot d’ordre de "l’Europe sociale" que plus personne ne veut employer, et dont nous avons largement montré que cet idéalisme désarmait les militants et les coupait de la colère populaire.

Nous avons cherché ces mots d’ordre autour du "Frexit de gauche", ou des "quatre sorties" associant sortie de l’OTAN, de l’UE et de l’euro à la sortie du capitalisme. Mais pour lier refus de l’Union Européenne et bataille contre le capitalisme, pouvons-nous considérer que ces mots d’ordre sont pertinents aujourd’hui ? Sont-ils capables de porter la colère populaire contre l’Europe au niveau d’une exigence politique progressiste de masse ?

La difficulté de toute bataille sur "la sortie" est d’être perméable au refus de la mondialisation, de laisser penser qu’un recul des relations avec le reste du monde peut résoudre les problèmes de la France, que l’urgence serait la "démondialisation"... Or si nous luttons contre la mondialisation capitaliste, nous voulons une mondialisation des peuples, nous voulons développer largement les coopérations et les échanges...

Les communistes grecs, souvent taxés de sectarisme par la direction précédente du PCF, ont toujours pris soin de centrer leur bataille sur la question centrale du pouvoir populaire. Nous mesurons sans doute aujourd’hui que cette position fondamentale a de nombreux avantages.

Elle permet de dénoncer les traités européens dans leur contenu de classe, privilégiant le pouvoir du capital, national comme international, elle combat sur le fonds la réponse fasciste du repli nationaliste dans la concurrence.

L’actualité pose d’ailleurs cette question dans le mouvement social lui-même avec la revendication du "RIC" ce référendum d’initiative populaire qui traduit la conscience que les pouvoirs institutionnels ne travaillent pas pour le peuple... conscience imparfaite et souvent ambiguë qui est loin de voir la réalité du pouvoir, épargne le MEDEF et ses élites de très haut revenus, et peut conduire à affaiblir encore ce qui reste d’une république "une et indivisible"... Mais conscience salutaire qui se construit après le rejet de Sarkozy, puis le rejet de Hollande, puis celui de Macron, et qui peut nous aider à faire progresser l’idée que « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes »...

Les mots d’ordre politiques nécessaires pour les deux mois qui viennent doivent s’inscrire dans cette actualité politique, s’appuyer sur les batailles déterminées des communistes contre tous les traités européens, être utile aux militants d’entreprises détruites par la mondialisation capitaliste, comme à ceux d’entreprises insérées dans cette mondialisation.

Il me semble que le mot d’ordre du Frexit, juste en soi, a donc des défauts.
- Comme slogan, il n’est pas par lui-même porteur d’un refus du capitalisme, et les médias dominants ont beau jeu de le travestir dans un "repli nationaliste"... d’autant que le Brexit de droite montre que "la sortie" n’est pas nécessairement anti-capitaliste !
- Ensuite, il ne porte pas, sauf à le compléter, une vision internationaliste du monde, et laisse supposer que la France aurait la puissance nécessaire pour défendre elle-même ses intérêts dans la concurrence, ce qui qui dans la réalité du capitalisme, ferait payer tout aussi fortement cette concurrence au monde du travail.
- Enfin, il ne peut après le dernier congrès unir les communistes pour une bataille électorale difficile et toujours incertaine.

Comment faire progresser le résultat du PCF et la conscience politique progressiste du refus de l’union européenne ? Il me semble qu’il y a deux mots d’ordre simples qui rassemblent largement les communistes et qui sont porteurs du même contenu à terme que le Frexit que défendent de nombreux communistes :

- abrogation des traités !
- souveraineté populaire, référendum d’initiative citoyenne !

C’est en ce sens que nous devrions contribuer aux discussions des communistes dans la préparation de la bataille des européennes, et ouvrir le chemin de la reconstruction de l’internationalisme au parti communiste. Un succès sur la base de l’abrogation des traités ouvrirait la voie au débat pour mieux affirmer la place de la France dans une autre mondialisation, une relance des coopérations internationales réinventant les "BRICS" que notre camarade Fuyet proposait d’élargir aux "FABRICS" en incluant la France, et qui doit évidemment tenir compte des avancées et des reculs, comme au Brésil.

La bataille européenne de 2019 peut être un tournant et nous pouvons y contribuer si nous l’abordons avec le même esprit que le 38ème congrès, unir les communistes.

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    Un film
    Sur une musique de Hans Eisler, le requiem Lenin, écrit sur commande du PCUS pour le 20ème anniversaire de la mort de Illytch, mais jamais joué en URSS... avec un texte de Bertold Brecht, et des images d’hier et aujourd’hui de ces luttes de classes qui font l’histoire encore et toujours...

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    Le 21 mars 2009, 155 militants, de 29 départements réunis à Malakoff signataires du texte alternatif du 34ème congrès « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps ». lire la déclaration complète et les signataires

  • (2011) Communistes de cœur, de raison et de combat !

    La déclaration complète

    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

    Un peu plus d’un tiers des adhérents a participé à cette consultation, soit une participation en hausse par rapport aux précédents votes, dans un contexte de baisse des cotisants.
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    Texte nr 3, Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF et son résumé.

    Signé par 626 communistes de 66 départements, dont 15 départements avec plus de 10 signataires, présenté au 37eme congrès du PCF comme base de discussion. Il a obtenu 3.755 voix à la consultation interne pour le choix de la base commune (sur 24.376 exprimés).