Tout ce qu’il me reste de la révolution Un film de Judith Davis

, par  Gilbert Remond , popularité : 4%

Angèle avait 8 ans quand s’ouvrait le premier McDonald’s de Berlin-Est… Depuis, elle se bat contre la malédiction de sa génération : être né « trop tard », à l’heure de la déprime politique mondiale. Elle vient d’une famille de militants, mais sa mère a abandonné du jour au lendemain son combat politique, pour déménager, seule, à la campagne et sa sœur a choisi le monde de l’entreprise.
Seul son père, ancien maoïste chez qui elle retourne vivre, est resté fidèle à ses idéaux. En colère, déterminée, Angèle s’applique autant à essayer de changer le monde qu’à fuir les rencontres amoureuses.
Que lui reste-t-il de la révolution, de ses transmissions, de ses rendez-vous ratés et de ses espoirs à construire ? Tantôt Don Quichotte, tantôt Bridget Jones, Angèle tente de trouver un équilibre…


Après l’appel à voir ce film de Danielle, un autre témoignage...

J’ai vu ce film samedi dernier. un vrai plaisir. Ce film fait du bien même s’il produit une critique féroce de la révolution, celle des fantasmes soixante-huitards dont les restes laissent au bord du chemin amère, désabusé. En effet, ils ne sont pas brillants ces deux anciens militants marxistes-léninistes autour de qui ils tournent (les restes de la révolution). En apparence, ils n’ont rien cédé, ils ne sont pas dans le système, du moins pas comme les deux patrons de gauche licencieurs, c’est du moins ce que croie leur fille, sauf que justement ils ont tout bradé, à commencer par ce qui avait fait la quintessence de leur engagement premier, le rapport à la classe ouvrière et à son rôle dirigeant. Les petits bourgeois redeviennent des petits bourgeois paumés et sans perspectives après avoir perdu le contact avec elle, soit la rudesse des matins quand il faut embaucher, la longueur des journées quand il faut produire enchainé au pied de la machine et puis aussi le sens de la lutte, avec le contenant qu’était l’organisation politique.

Que reste-t-il à leur descendants ? Tout réinventer après avoir tout questionné ? L’histoire ne s’est pas pour autant diluée dans un vide formel, le monde réel, lui, a continué d’exister quand bien même les appareils idéologiques d’état l’on ignoré, rendu invisible ! De ce fait, ils sont condamnés à tourner en rond dans leur grand débat, chacun réinventant une identité que leur métier ne leur permet plus d’avoir, c’est-à-dire leur identité de classe, puisqu’ils s’interdisent de se présenter en déclinant leur profession.

Leur être social ne fait plus lien, le combat et donc la vie ne s’y originent plus. Ils sont pour la plus part jetés dans un hors monde, un monde où ce qui fait société est absent à l’instar de cette rue coupée par le boulevard périphérique dont le flot de véhicules ne permet plus la communication entre ses parties. Il faut la réenchanter avec un projet urbain qui réunisse les deux tronçons en passant par dessus avec une dalle et des équipements sociaux.

Tout est dit dans le cri de colère des premières minutes du film sur cette société et sur ce qu’est devenue la gauche, ses compromis, son réalisme social et économique, ses trahisons. D’une certaine manière le film ne connait pas la réponse qu’il convient d’apporter sinon à poursuivre le grand débat et ses impasses individualistes, parce qu’il semble impossible de dégager un projet qui trouve l’adhésion de tous. Il y a un os de taille, de quoi somme nous sûrs, quelle valeur peut servir de fond commun au collectif. La révolution ? Elle est à retrouver et avec elle la question du socialisme ! Le film se termine sur une nouvelle adhésion, celle du beau-frère manager qui a pété les plombs après un délire ultra macronien sur la manière de concevoir l’être économicus !

Alors arrivé à ce point, le lien vient se faire avec la question des européennes soulevée par plusieurs camarades suite au meeting de Rouen et sur les tentatives de nous rassembler autour des chimères d’hier, c’est-à-dire sur tout ce qui a abouti à l’impossibilité de penser une véritable alternative à la situation de blocage et donc de soumission à laquelle la gauche nous a conduit. Leur proposition est inacceptable et cela fait plus que problème. En premier lieu du point de vue du parti et de ses principes d’organisation : il y a eu un congrès et des décisions prises, celles en particulier qui concernent notre effacement et les moyens pour sortir de cette situation. Un compromis sur les européennes, me semble-t-il, avait été trouvé pour éviter l’éclatement de l’organisation, en permettant à chacun de s’y retrouver : le mot d’ordre de la sortie des traités. Un principe avait été établi, composer une liste de gens qui soient le reflet du monde du travail.

Tels ont été les critères validés par le vote des militants. Or voila que la souveraineté des communistes devrait céder sur le désir d’un député proche de la France insoumise, et d’un secrétaire désavoué par le vote des militants sur son projet au dernier congrès ! Qu’est-ce à dire ? Comme le rappelait Jean Pierre Meyer, il fut un temps ou ces comportements valaient exclusion, revenaient à une mise hors du parti ! Tolérer cette situation revient à se faire hara-kiri. Un parti qui ne sait plus faire respecter le vote de la majorité ou qui s’assoie sur ses décisions de congrès n’existe plus. Il devient l’instrument de quelques-uns. Il se trouve mis au service de leurs stratégies personnelles et de leurs ambitions, si petites soient-elles, puisqu’il s’agit en l’occurrence de le dissoudre dans une entité plus vastes mise au service d’autres buts. Ce n’est pas l’ADN du parti communiste qui avait été conçu pour être un parti de type nouveau !

De fait il s’agit d’une destruction. Ce qui se passe est complètement dans la manière de faire des libéraux, car je pense qu’au point où nous en sommes, il ne s’agit même plus d’une social-démocratie avec qui pouvait se construire un front populaire ou un CNR, il s’agit de continuer une fausse bipolarité où le capital aura toujours la main et donc l’ascendant sur l’organisation des rapports sociaux de productions. C’est à l’opposé de ce qu’attendent les gens qui expriment leur colère depuis des semaines ou la soutiennent, mais choisissent toujours plus l’abstention parce qu’ils ne se sentent plus représentés !

Bien sûr, je ne peux préjuger de ce que diront et feront les secrétaires fédéraux ni de ce que conclura le prochain CN, pour autant, il me semble nécessaire de rappeler vivement la direction du parti à ses obligations. Il s’agit de celles décidées par la majorité des communistes en plusieurs occasions. En tout cas cette situation montre une chose, c’est qu’en matière de direction il n’y a pas à transiger, une direction doit être le reflet de la politique adoptée par la majorité lors du congrès. Elle ne peut pas s’accommoder de compromis tels qu’ils reviendraient à faire cohabiter des lignes politiques antagonistes tirant chacune de leur côté. Une ligne a été battue, une autre adoptée qui doit être appliquée et il faut des femmes et des hommes qui en soient convaincus pour la mettre en œuvre. Ceux qui font le contraire, sont des saboteurs. Ont-ils encore leur place parmi nous ? La question devrait se poser, en tout cas il arrive un moment où l’unité du parti avec eux n’est plus de mise, car c’est de notre survie dont il est question.

Il me semble que l’actualité politique de ce point de vue est claire, le mouvement des gilets jaunes porte en lui le refus de telles pratiques. Le retour des classes populaires dans le débat et l’action politique s’est fait contre ces pratiques. Si quelque chose est en train de bouger dans le rapport des forces, c’est sous l’effet de la lutte des classes pas des arrangements entre sommets politiciens. Je doute que le peuple soit dupe. Rassembler des petits bouts de la gauche ne permettra pas de rassembler des majorités d’électeurs qui s’en sont détachés par désillusion. Nous avons besoin d’une liste aux européennes qui soit homogène sur le plan de ses orientations politiques. Il n’y a pas d’unité possible entre des fédéralistes, des pro UE versus Europe sociale et des internationalistes anticapitalistes attachés à la souveraineté des peuples. Il n’y aura pas d’alternative sérieuse et crédible contre la politique du capital avec la configuration qui nous est proposée.

Gilbert Rémond

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