Régionales 2021 : quel paysage et quels défis pour l’élection présidentielle ? par Agathe Cagé (AOC)

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Une lecture utile de ce site aoc.media déja référencé. Une lecture utile notamment sur l’abstention et aussi sur la critique des campagnes "algorithmiques"... qui devrait être connue des communistes. Pour relever le défi de l’abstention, il faudra se mettre en cause et chacun peut constater que les logiciels de campagne électorale n’ont rien apporté à la mobilisation...

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Faut-il que tout change, pour que rien ne change ? Les élections régionales n’auront jamais été aussi densément plates : une vie politique désertée par ses électeurs, une dramaturgie privée du piment des basculements politiques. Doit-on s’étonner que les citoyens ne se rendent plus aux urnes ? Ceux qui ont voté connaissaient leurs élus régionaux et leur action : un tel choix de proximité et de continuité doit inviter à reconsidérer ce que le tissage des relations locales fait aux élections.

Les résultats des élections régionales de 2021 illustrent l’encéphalogramme plat, désespérément plat, d’une vie démocratique française massivement désertée dans les urnes par les citoyens : aucun rebond de participation entre le premier et le deuxième tour (alors que ce dernier avait été de neuf points en 2015), aucune bascule politique dans les treize régions métropolitaines et même aucune nouvelle présidente ou nouveau président de région.

Le bilan chiffré et factuel de ces élections peut être fait autour de quatre constats.

Le taux d’abstention s’est élevé à 66,7% au premier tour et à 65,7% au second. C’est la première fois que, sur l’ensemble d’un quinquennat, l’abstention est majoritaire à tous les scrutins.

Les présidentes et présidents sortants ont été réélus dans treize régions métropolitaines sur treize, après avoir viré en position de force à l’issue du premier tour, région Provence-Alpes-Côte d’Azur exclue, où les électeurs avaient placé le Rassemblement national en tête.

Leurs résultats aiguillonnent l’ambition présidentielle de trois personnalités de droite, qu’elle soit assumée (Xavier Bertrand dans les Hauts-de-France), mise en réflexion durant l’été (Valérie Pécresse en Ile-de-France) ou putative (Laurent Wauquiez dans la région Auvergne-Rhône-Alpes). Quatre autres réélections à droite de présidentes et présidents sortants sont à noter : Christelle Morançais en Pays de la Loire, Hervé Morin en Normandie, Renaud Muselier en Provence-Alpes-Côte d’Azur et Jean Rottner dans le Grand Est.

Cinq présidentes et présidents de régions socialistes, à l’aura plus locale que nationale, sont confortés : François Bonneau en Centre-Val de Loire ; Loïg Chesnais-Girard en Bretagne ; Carole Delga, qui obtient, sans fusion de liste, le meilleur score de tous les présidents réélus, en Occitanie ; Marie-Guite Dufay en Bourgogne-France-Comté ; Alain Rousset en Nouvelle-Aquitaine.

En Corse, l’autonomiste Gilles Simeoni est réélu. Les deux seules bascules politiques se font Outre-mer, de la droite vers la gauche. À La Réunion, la liste divers gauche menée par Huguette Bello ravit le conseil régional à la droite et à son président. En Guyane, le président sortant, divers centre, de la Collectivité territoriale de Guyane, s’incline face à la liste de fusion de la gauche menée par Gabriel Serville.

Au-delà de ces constats, une question se pose : quel paysage ces élections régionales viennent-elles de dessiner pour la présidentielle de 2022, et à quels défis imposent-elles de répondre ?

Savoir voir le verre à moitié vide

Ce n’est pas la première fois dans l’histoire politique récente que les élections régionales sont le dernier scrutin avant la présidentielle. C’était déjà le cas en 2015 (avec toutefois dix-sept mois d’écart entre les deux appels aux urnes). Mais c’est peut-être la première fois qu’elles sont si riches d’enseignements en vue du scrutin majeur de la vie politique française. Des enseignements à appréhender avec la plus grande finesse, au risque d’accroître les incompréhensions désormais solidement installées entre les états-majors politiques et le corps électoral.

Notons, tout d’abord, que les résultats des municipales de 2020 portaient déjà en creux plusieurs résultats des élections régionales de 2021. Ils révélaient en premier lieu, après un taux d’abstention de plus de 25% au second tour du scrutin présidentiel de 2017, que plus aucune élection n’échappe à la dynamique d’éloignement des urnes. L’abstention s’élevait en effet à 58,4% au second tour de ces municipales.

Ils montraient un décrochage progressif du Rassemblement national. Si sa présidente a mis l’accent au moment de commenter ces résultats sur la victoire à Perpignan, le bilan des municipales a été, en réalité, très mitigé pour le parti d’extrême-droite. Il a notamment perdu Le Luc dans le Var et Mantes-la-Ville dans les Yvelines, deux villes conquises en 2014, ainsi que la mairie des 13e et 14earrondissements de Marseille.

Ainsi que l’a indiqué le directeur de recherches au Cevipof Luc Rouban dans son analyse des résultats de la présidentielle 2017, le vote Rassemblement national (à ce moment-là Front national) ne peut être interprété ni uniquement comme un vote de protestation, ni comme un vote d’adhésion.

Autrement dit, le Rassemblement national, dont les résultats sont en retrait entre 2015 et 2021 dans presque toutes les régions métropolitaines (le parti perd au niveau national sept à huit points), fait face aujourd’hui aux mêmes défis que l’ensemble des partis politiques – construire une offre politique susceptible de convaincre les électeurs, et en premier lieu de les convaincre d’aller voter –, et s’y confronte avec difficulté. Sans doute pour la première fois depuis le début du quinquennat d’Emmanuel Macron, la présence de Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle de 2022 voit sa probabilité significativement réduite.

Les résultats des élections régionales confirment l’évidence des municipales de 2020, à savoir l’échec de l’ancrage territorial de La République en Marche sur l’intégralité du mandat présidentiel. Même nuancée par la jeunesse de la formation politique, qui ne doit toutefois pas faire oublier qu’elle se présentait alliée avec le Modem, la défaite que La République en Marche vient de subir sur les territoires est d’une ampleur historique pour un parti de gouvernement. Après l’élimination de ses candidats dès le soir du premier tour dans les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France et Occitanie, le deuxième tour est marqué par la baisse ou la stagnation de tous les candidats qui s’y sont maintenus.

Si l’élection présidentielle de 2017 a montré qu’un candidat pouvait l’emporter sans le soutien d’un parti ayant un ancrage électoral local et créer aux législatives une dynamique lui permettant d’obtenir une majorité, l’équation n’est pas la même pour un président sortant. Absence d’implantation locale et échec d’une implication locale sont deux réalités radicalement différentes. La première était porteuse d’une promesse sur l’ensemble d’un quinquennat. La deuxième interroge sur la faiblesse d’une équipe et nourrit l’image d’une déconnection entre les lieux du pouvoir central et les territoires.

À gauche, une forte incertitude règne désormais sur ce que sera l’équilibre des forces au premier tour de la présidentielle de 2022. Tant les socialistes, qui conservent leurs cinq régions, qu’Europe-Écologie-Les-Verts, qui peut se prévaloir de deux deuxièmes places symboliques, tenteront d’interpréter dans un sens leur étant favorable les résultats des élections régionales. Deux faits devraient toutefois retenir l’attention des futurs stratèges du scrutin présidentiel.

Le premier est que, dans plusieurs régions métropolitaines, ceux qui ont fait le choix de n’ouvrir des discussions qu’au soir du premier tour pour pouvoir préalablement « se compter » en sont largement, au lendemain du second, pour leurs frais ; les pourcentages se sont certes à peu près additionnés, mais aucune dynamique ne s’est créée.

Le deuxième est la relative fragilité de l’écologie politique. La percée historique des Verts aux dernières élections municipales a été portée par un électorat à fort capital culturel et à l’origine de processus de gentrification dans les centres-villes dans un contexte d’extrême faiblesse de la participation. En moins d’un an, les nouveaux exécutifs écologistes n’ont pas encore fait la preuve de la spécificité et de l’efficacité de leur gestion municipale. Sans doute plus que quelques polémiques médiatiques, le choix de Michèle Rubirola de démissionner de sa fonction de maire de Marseille a soulevé des interrogations sur le sens de l’engagement des nouveaux élus verts.

Surtout, les Verts ont, comme d’autres formations, participé du brouillage de l’offre politique pour ce scrutin régional, avant le premier tour – en investissant un ancien député de la République en Marche, attaché successivement à trois groupes politiques différents depuis le début de la législature, comme tête de liste dans les Pays de la Loire – comme entre les deux tours (avec l’absence d’union entre les écologistes et la gauche en Bretagne et en Nouvelle Aquitaine).

Or les alliances à géométrie variable et les tractations aux fondements incertains, au-delà de contribuer à nourrir les rangs des abstentionnistes, sont tout sauf un gage de succès électoral. Les résultats du premier tour dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur l’ont parfaitement illustré. Ainsi que le souligne la professeur en science politique Céline Braconnier, la cartographie du paysage politique français est « devenue ésotérique à quiconque n’est pas très politisé » et cette réalité participe de la faiblesse du pourcentage des votants.

Dépasser la fatalité de l’abstention

Les taux d’abstention aux deux tours des élections régionales portent une exigence : s’interroger enfin en profondeur sur les phénomènes à l’origine d’un niveau de participation si faible, et y apporter des réponses fortes et adaptées.

Les propositions portées depuis une semaine sur les façons de faciliter formellement la participation (suppression de l’étape de l’inscription préalable à l’exercice du droit de vote, facilitation de l’établissement des procurations, vote électronique, vote sur plusieurs jours, vote par correspondance…) méritent la plus grande attention, et de faire l’objet d’un débat collectif sur ce qu’elles apporteraient comme sur les risques qu’elles pourraient faire courir.

Mais les sources profondes de l’abstention ne se trouvent pas dans la difficulté matérielle de l’acte civique. D’autres phénomènes en sont à l’origine, dans un contexte où, ainsi que l’a souligné Luc Rouban, « une partie des électeurs potentiels, et notamment des jeunes, [se] réfugient dans une abstention de contestation, associée à un fort niveau de méfiance à l’égard des institutions politiques nationales ». Il s’agit d’interroger la qualité de l’offre politique, de la parole publique, du débat public, le rapport aux engagements pris, la manière de faire campagne, ainsi que l’impact de la non-prise en compte des votes blancs. Une nouvelle éthique de la parole politique et de l’action publique sont indispensables pour apporter une réponse à cette question centrale : comment donner aux citoyens envie de participer dans les urnes ?

Il est incontestable aujourd’hui que la parole politique a perdu de sa superbe et de sa valeur. Les discours et les interviews politiques sont découpés en bandeaux pour chaînes info. Mieux vaut tenter de faire le buzz pour en être. Un ministre ne cisèle plus une pensée, il fait des variations sur des éléments de langage qui transpirent la facilité et la superficialité. Les débats télévisés servent à montrer les muscles, sauf ceux du cerveau.

Heureusement, tous les responsables politiques n’ont pas un rapport aussi compulsif que Donald Trump aux réseaux sociaux, et la grande majorité a compris qu’écrire en majuscules n’était d’aucune utilité. Ils n’en font toutefois pour la plupart qu’un usage désolant. On tacle, on s’indigne, on insulte. On commente. Puis on commente les commentaires. On compte les likes et les reprises. Mais quand prend-on le temps d’échanger, de dialoguer, de bâtir avec les citoyens un projet de société ?

Il y a urgence à ce que les responsables politiques s’attachent à agir comme des responsables. Les programmes électoraux prennent la forme de longs recueils de promesses. Pourquoi pas ? Dans De la révolution, Hannah Arendt a désigné la faculté de faire des promesses comme étant à ses yeux, dans le domaine politique, « la plus haute faculté humaine ». La promesse est naturellement au cœur de l’engagement politique. Mais il s’agit conjointement de promettre et, comme elle le souligne dans La Crise de la culture, « de tenir ses promesses face aux incertitudes essentielles de l’avenir ». Autrement dit, la profusion des promesses ne soulèverait pas de difficultés si elles n’étaient pas conçues comme des subterfuges de communication.

La pression des médias durant les campagnes électorales accentue parfois la tendance à présenter dans les programmes un inventaire de réponses à tous les sujets possibles et imaginables. Une fois au pouvoir, l’engagement à tenir les promesses fond comme neige au soleil, malgré l’affirmation de la volonté de rendre des comptes. On s’abrite derrière les excuses d’une conjoncture qui a changé, des difficultés de calendrier, des contraintes de l’Union européenne, ou même d’un imprévu budgétaire habilement mis en lumière par un rapport publié sur commande pour oublier une grande partie des engagements. La récurrence des promesses faites et non tenues n’a pas seulement démonétisé la politique et les politiques. Elle a mis à mal l’idée même d’engagement.

La confiance des citoyens a trop souvent été sollicitée à grand renfort de paroles en l’air. Comment s’étonner dès lors qu’ils ne se rendent plus aux urnes ? Et quand des citoyens s’éloignent des urnes, d’autres se retirent des réunions de partis, des distributions de tracts sur les marchés, des rencontres publiques.

Alors, bien sûr, les citoyens continuent à s’engager, loin, très loin du monde politique, dans des associations, en France ou ailleurs dans le monde, dans des projets locaux, pour des combats environnementaux, en soutien à des familles de demandeurs d’asile ou à des enfants malades. On ne peut que se féliciter de ces engagements. Les citoyens font souvent d’ailleurs ainsi bien plus de politique qu’à travers les partis ou les mouvements politiques, en se mettant au service de la justice sociale, en créant des relations humaines, en rendant le sourire, en donnant chair aux notions de solidarité et de fraternité, en contribuant à façonner une société meilleure. Ce n’est pas parce que l’on agit dans sa rue que son action est moins importante.

Le taux d’abstention aux élections régionales des jeunes – 82% au premier tour chez les 18-35 ans, et 87% chez les 18-24 ans – a été abondamment commenté. La directrice de recherche au Cevipof Anne Muxels’est notamment attachée à mettre en garde contre toute interprétation trop rapide et trop facile. À ses yeux, les jeunes ont une conscience politique aigue. Leur désengagement vis-à-vis des urnes ne traduit pas le fait qu’ils se détourneraient de l’intérêt général, mais leur attirance vers des formes directes de participation à la vie démocratique. Le sociologue Vincent Tiberj parle en ce sens d’une « transformation de la citoyenneté ».

Les engagements citoyens, des jeunes comme de l’ensemble de la population, sous des formes plus directes que le vote ne sauraient toutefois combler seuls les failles que fait naître dans notre démocratie représentative l’éloignement massif et récurrent des urnes. C’est dans notre régime politique le suffrage universel qui assure la légitimité politique des élus. Une participation active des citoyens au-delà des rendez-vous électoraux ne peut pallier aux conséquences sur la vie démocratique de la faiblesse de leur participation lors de ces rendez-vous. Le recul majeur, scrutin après scrutin, du vote automatique, c’est-à-dire du sens du devoir de voter, impacte directement le fonctionnement des institutions.

Faire campagne autrement ?

À l’aune des résultats des élections régionales et dans un contexte où les contraintes sanitaires liées à la pandémie se desserrent, la perspective des élections présidentielles et législatives de 2022 doit, enfin, conduire à réfléchir sur la manière dont faire campagne.

Faire de la politique en étant avant tout des responsables politiques, c’est-à-dire en étant à même de rendre compte des engagements pris et de faire la démonstration des principes qui guident les actions, exige en effet de s’interroger sur les relations à établir avec les citoyens, la forme des échanges à leur proposer, dans les mois qui précédent l’appel aux urnes. Fait-on campagne pour dérouler un programme ou pour écouter les attentes citoyennes ? Fait-on campagne pour fournir chaque soir des images aux médias ou pour échanger chaque jour avec les électrices et les électeurs ? Fait-on campagne pour suivre au point près la courbe des sondages ou pour partager un projet de société ? Fait-on campagne pour envoyer des cartes postales à chaque intérêt particulier ou pour donner naissance à l’intérêt général ?

Il ne serait pas inintéressant d’interroger le lien entre la place aujourd’hui accordée aux logiciels de stratégie électorale, que certains croient désormais indispensables, et la déconnexion de plus en plus rapide et de plus en plus forte entre une action présidentielle et les attentes citoyennes.

Ces logiciels sont une promesse toute simple faite aux candidats : localisation des électeurs acquis, des électeurs qui ne le seront jamais, des soutiens potentiels…, les algorithmes ciblent et il n’y a « plus qu’à ». Plus qu’à ne pas taper aux portes où pourraient s’exprimer trop de désaccords et donc se construire un échange. Plus qu’à ne pas aller à la rencontre de ses électeurs les plus fidèles et à ne pas entendre leurs remarques critiques sur un projet. Plus qu’à se concentrer sur ce quartier, cette rue choisis mathématiquement, ceux des électeurs indécis. Plus qu’à abandonner les longs échanges sur les marchés. Plus qu’à demander à l’intelligence artificielle quels doivent être les thèmes prioritaires des tracts électoraux. Plus qu’à transformer la vie démocratique en une campagne marketing parmi d’autres. Ces logiciels ont parfois fait gagner des élections. Mais lorsque l’humain est mis à la porte de la politique, cela contribue à vider encore un peu plus la démocratie de sa substance et à l’étiolement à la vitesse grand V de la légitimité du pouvoir.

L’agitation des quartiers généraux de campagne est vaine dès lors que l’on n’y est pas en train de construire le nœud d’un engagement simple et sincère avec les électeurs. On ne « rationalise » pas une campagne électorale comme une campagne publicitaire. Hillary Clinton, lors de l’élection présidentielle américaine de 2016, a fait ce choix de la rationalisation marketing qui l’a conduit à ne pas faire un seul déplacement dans le Wisconsin, terre traditionnellement acquise au vote démocrate.

Bien mal lui en a pris de croire l’État gagné d’avance ; les électeurs de cette région du Middle West, à la forte identité rurale, ont porté leurs voix sur celui qui a paru leur montrer le plus d’attention pendant la campagne, en venant à leur rencontre. Cette erreur stratégique a en grande partie coûté la victoire à Hillary Clinton. Elle a symbolisé le manque de considération de la candidate démocrate pour ses concitoyens, et un rapport utilitariste à des électeurs que l’on se donne ou non la peine d’aller voir en fonction des estimations des sondeurs, alors même que dialoguer avec eux devrait être le cœur d’un engagement politique.

Depuis des décennies maintenant, les citoyens expriment leur volonté d’une démocratie plus participative, et qu’est-ce qui leur a été proposé ? La politique algorithmique. Celle qui permettrait de taper aux bonnes portes et de choisir les bons mots. De lancer des ballons d’essai et de mesurer l’état de l’opinion. Sans véritable dialogue préalable à l’élection et au rythme du petit jeu des renoncements une fois au pouvoir, les fondations mêmes de la démocratie représentative ont été mises à mal.

L’expression « prime aux sortants » est utilisée de façon récurrente dans les premières analyses des résultats des élections régionales. Elle est mise en lien par une partie des analystes avec le fort niveau d’abstention. Des études à venir des comportements électoraux lors de ce scrutin permettront de confirmer ou de nuancer ce lien. Il ne devrait pas être sans enseignement en vue des rendez-vous électoraux de 2022, et en tout premier lieu du scrutin présidentiel : les électeurs qui se sont rendus aux urnes connaissaient leurs élus régionaux et leur action, et ils ont fait le double choix d’une part de ce qui peut apparaître comme un soutien à une forme de proximité, et d’autre part de privilégier la continuité plutôt que la confiance dans les promesses faites par les challengers, dans un contexte de défiance toujours croissante à l’égard de la parole politique.

Voir en ligne : sur le site aoc


Agathe Cagé Politiste

Diplômée de l’ENS et de l’ENA, Agathe Cagé est docteur en sciences politiques (Paris 1-Panthéon-Sorbonne). Membre du cabinet de trois ministres de l’éducation nationale, elle a été secrétaire générale de la campagne de Benoît Hamon à l’élection présidentielle de 2017. Elle dirige aujourd’hui l’agence de conseil en stratégie Compass Label. Elle vient de publier Faire tomber les murs entre politiques et intellectuels (Fayard, 2018).

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