Une question d’actualité.
QUI DIABLE EST CE DAECH QUI NOUS VEUT TANT DE MAL ? Tentative de synthèse.

, par  Paul Barbazange , popularité : 2%

Trois semaines après les attentats de Paris, les citoyens, les militants écoutent, lisent cherchent. Peu à peu nous essayons de nous dégager de la colère, de la sidération et de l’emprise de la propagande belliciste de l’état. Notre ami Francis Arzalier vient de publier dans la revue " Parlons clair" produite par la Polex un remarquable texte de synthèse dans un tout autre registre que la conférence donnée par Badiou aujourd’hui disponible dans une transcription écrite complète. Le califat est un état fasciste moderne. Le travail doit continuer dans les cellules, les sections, sans brûler les étapes. Hier nous avons eu à Béziers un large débat sur ce sujet. J’en donne par ailleurs compte rendu .
Paul Barbazange

QUI DIABLE EST CE DAECH QUI NOUS VEUT TANT DE MAL ?

La version officielle,formulée par Hollande est ressassée par les médias français : nous sommes "en guerre " contre DAECH, " une secte ", " fanatique ", " terroriste ". Un propos en soi contradictoire, car un porte-avions et des bombardiers semblent peu adaptés à détruire une secte, et l’idéologie qui l’anime.

En fait, Daesh ou El est la traduction occidentale du nom que se donne en arabe cette réalité surgie du Moyen-Orient bouleversé ces dernières années , Elle se définit elle-même comme Califat ou État Islamique : une façon de se proclamer successeurs des Califes médiévaux, héritiers du prophète-fondateur Mohamed, qui aspiraient à réunir sous leur autorité la totalité des Musulmans.Les Califes des siècles passés n’y parvinrent jamais, celui autoproclame de Daesh ne regroupe que des Sunnites Salafistes, une catégorie d’intégristes rêvant de restaurer en plein XXIeme siècle la société coranique d’il y a 1400 ans sous sa forme la plus brutale. Cela à l’exclusion de l’immense majorité des Musulmans : Chiites d’Iran, Alaouites syriens, Sunnites kurdes ou maghrébins, Malekites, Soufis ou simplement attachés au rationalisme, tous sont considérés comme mécréants et ne méritant que la mort. Une réalité que ne doit pas cacher l’enflure médiatique des faits qui se déroulent sur le sol français, si déplorables qu’ils soient : Morts et blessés lors des attentats au Liban ou à Ankarah, exilés de Syrie ou d’Irak fuyant combats et terreur, 90 pour cent des victimes de Daesh sont des Musulmans !

L’intégrisme de Daesh n’est pas une catégorie religieuse, mais une idéologie politique autoritaire,

justifiant par une lecture manipulée du Coran, texte sacré de l’Islam, la terreur exercée sur tous ceux refusant les lois imposées par le Calife et ses ministres. Ses dirigeants prônent une société très inégalitaire, non seulement au détriment des femmes, mais aussi et surtout au profit de trafiquants et affairistes : les milliardaires capitalistes ne manquent pas dans leur sillage, a côté d’une majorité de pauvres. Terreur politique et religieuse plus capitalisme, cet intégrisme-la est un avatar contemporain des Fascismes du siècle dernier en Pays d’Islam, ce que Mrs Hollande et Fabius ne disent pas.

Daesh, selon eux, n’est pas un état. Il en a cependant toutes les caractéristiques, même si son origine est insurrectionnelle ( comme le pouvoir de Mr Porochenko ,que la France et les USA cajolent, et qui représente l’Ukraine a l’ONU...).

Il en a les dimensions, contrôle un territoire grand comme le Royaume Uni Britannique, aussi peuple que la Belgique.

Il en a les structures fonctionnelles, un chef proclamé Calife, un Gouvernement et des Ministres, des sévices fiscaux collectant plus d’un quart de milliard d’impôts et taxes diverses, une banque centrale héritée des défunts états irakien et syrien, qui assure monnaie d’échange et salaires des fonctionnaires et policiers, une Armée de 50 000 enrôlés locaux et mercenaires étrangers, touchant une solde de quelques centaines d’euros, somme pas négligeable dans ce pays. Le budget de Daesh ferait envie à pas mal d’états africains....

Certes, cet état autoproclame ne se prive pas de ressources criminelles, trafics de réfugiés et d’oeuvres d’art, rançons de prisonniers, etc : Il n’est certes pas le seul à le faire...

Il tirait en 2014 plus d’un demi milliard de la vente du pétrole et du gaz des gisements richissimes de la zone proche de Mossoul qu’il occupe, en les vendant en toute impunité jusqu’à ces derniers jours dans les pays voisins, notamment la Tuquie d’Erdogan, intégriste membre de l’OTAN.

Il a depuis sa naissance un objectif géopolitique parallèle à celui avoue de l’Imperialisme occidental, le redecoupage du Moyen Orient au détriment des puissances régionales nationalistes nées après 1945, l’Iran, l’Irak, la Syrie : cette convergence initiale explique la longue complaisance à l’égard des divers intégrismes des USA et de l’OTAN, et surtout le soutien constant en armes, en combattants, qu’ils ont reçu des régimes arabes islamistes et pro-occidentaux,Arabie Saoudite, Qatar, Turquie. Grâce à quoi Daesh a pu recruter des milliers de " djihadistes " venus d’autres pays, des jeunes gens en quête d’aventures, généralement anciens délinquants et inactifs, totalement ignares en matière religieuse, mais " convertis " par un discours qui leur promet le " baroud "exotique, le pouvoir absolu que donne une arme, et même l’impunité divine quel que soit le forfait accompli contre des " mécréants ". Daesh les recrute aujourd’hui comme certains chefs de guerre le faisaient il y a 9 siècles avec les Hashichins, tueurs fanatiques et drogués, dont la langue française a hérité le mot assassins. Le recrutement au dela des frontières est simplement devenu plus facile, grâce aux facilités contemporaines des voyages, et à la puissance propagandiste des " reseaux sociaux ".

Au reste,ne nous y trompons pas : Ces quelques milliers d’enfants perdus qui ont quitté notre pays où rêvent de le faire pour rejoindre le djihâd criminel de Daesh sont le produit de la société française, ses inégalités, son chômage massif, ses xénophobies réciproques, de son incapacité à leur inculquer des valeurs progressistes et les codes moraux à ne pas transgresser. comme le dit l’universitaire Olivier Roy, " Daesh puise dans un réservoir de jeunes déjà entrés en dissidence ( qui )cherchent une cause, un label, pour y apposer la signature sanglante de leur révolte personnelle. L’écrasement de Daesh ne changera rien à cette révolte.....Ils choisissent l’Islam ( de Daesh ) parce qu’il n’y a que ça sur le marché de la révolte radicale. Rejoindre Daesh, c’est la certitude de terroriser. " Seule la société française pourra guérir en elle-même les causes de ce désir de rupture criminelle.

L’état criminel qu’est Daesh a ses fragilités, notamment parce que ses revenus pétroliers et son financement ne dureront qu’autant que le voudront les alliés des USA qui les soutinrent. Mais il a aussi une force délibérément occultée par nos médias : L’emprise de ses dirigeants ne repose pas uniquement sur la terreur et le fanatisme intégriste quoiqu’ils en disent. Une bonne partie de ses ministres sont d’anciens officiers du nationaliste irakien Saddam Hussein, exécuté par les occupants états-uniens après l’invasion. Une partie des Sunnites d’Irak ont souffert du chaos sanglant et des exactions des milices armées chiites suscitées par les Américains. En Syrie, beaucoup ont subi les massacres perpétrés par les divers groupes insurgés contre le régime de Damas,et les bombardements qui en ont résulté : Tous ont payé très cher la destruction des états perpétrée à Washington, et sont aujourd’hui reconnaissants aux autorités de Daesh d’avoir rétabli une justice, certes brutale, mais qui leur garantit la sécurité quotidienne dans la rue.

Il est impossible aujourd’hui de savoir si cette réalité qu’est Daesh, qui se prétend abusivement Islamique,résistera aux assauts des bombardiers russes et occidentaux. Il est en tout cas évident que l’issue finale dans la region ne viendra pas des Rafale et autres porte-avions Charles de Gaulle, mais de l’intervention des peuples , seuls habilités à decider de leurs gouvernements, leurs lois, et leurs frontières. Puisse la France s’inscrire dans cette solution à long terme, sous le contrôle de l’ensemble des Nations représentées à l’ONU, et non des puissants d’Occident et leurs alliés du Moyen-Orient. L’engagement militaire français ces dernières années, en Libye avec Sarkozy, au Sahel, en Syrie, avec Hollande, a eu les résultats lamentables que l’on sait sur place ( la croissance des intégrismes ), et dans notre pays, ensanglanté en retour par des attentats : Le bon sens exige une autre politique extérieure de la France.

Francis Arzalier

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